Nous allons

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Nous allons. Telle est notre démarche. Nous allons. Nous allons par L’Être suprême, par Lui. Par l’Intention pyramidale. Nous allons, en cet élan qui est notre totale soumission à La Réalité-Une et nous aimons ; nous aimons aller en Lui, par Lui. Nous marchons, oui, nous marchons en cette perpétuelle occupation, Ô douce Occupation, et nous louons le Seigneur pour avoir saisi notre cœur, notre esprit et les avoir orientés vers Lui, Orient de notre âme. Nous nous sommes heurtée à un monde et, parfois même, il nous a effrayée. Mais, nous allons.

Il est Centre ; au Centre. Il est Réalité manifeste du Vivant. Cette Pyramide, Anse d’une Verticale stabilisée, stabilisante s’est plantée au centre de notre cœur et nous ne voudrions aucunement vivre une autre vie que celle qui nous a été confiée. Ici, tout s’est déployé en Sa Perfection et tout nous a conté le Réel Principiel. Nous n’avons aucun complexe, d’aucune sorte et nous tenons haut le flambeau qui nous est apparu. Les temps sont durs, certes, mais, la Joie nous gouverne, car, l’Arche est maintenue dans les Eaux primordiales. Que s’achève ce cycle, qu’il en débute un autre, cela nous est complètement égal. L’Arche vogue au-dessus des flots. Elle est ivre. Ivre de reconnaître la Promesse de Dieu s’accomplir en Elle.

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Histoire d’un frère et d’une sœur (9)

Il est un crépuscule dont Le Soleil est sans fin à caresser l’horizon, lors que du Temps, nous enfilons, non pas les souvenirs, mais bien les perles de La Présence et il me plait, mon frère, de t’offrir cette quintessence, lors que Le Cœur est en Lui, détention suprême. Tu nous as donné à rire de nombreuses fois, lors que ton propre rire retentissait en L’Echo du précédent. Il s’agissait vraisemblablement d’une cascade et je l’entends encore rutiler de joie.

Yuri Kugach. In love with this "Women Who Read (Art)" pin board....

Peinture de Jurij Petrovič Kugač (1917-2013)

Je n’ai écarté aucune possibilité et c’est non pas en la pensée, mais au creux de La Main ardente que se posent les lèvres de la fraternité. Je n’ai éludé aucun des moments qui s’offraient en Ton Jaillissement : temps suspendu, fragmenté, temps interrompu, temps relié, temps du Hors-Temps. Comme la poussière des villes est terne, lourde et affligeante de négation. Comme l’effervescence se vient heurter incessamment le vide, le voulant le camoufler de vertiges fantomatiques. Mais, il s’agit bien pourtant de cette poussière mordante, qui nous rappelle à la vie, inoculée des troubles de toutes sortes, élargissant les lumières de la fraternité, mais plus encore, nous laissant hébétée. Mon frère, le sentier est de poussière d’or, et l’âme s’élève aux frémissements des branchages, lors qu’au silence de la solitude, l’enfant est soudain suspendu par le mouvement. Ô subtil mouvement, subtil et presque imperceptible ! Il n’est aucune interruption en l’innocence des yeux, épousant chaque balancement d’un Hors-Temps et c’est bien là, oui, là, que « je » sait. Il n’est plus ni père, ni mère, ni frères, ni sœurs, mais Le Rendez-vous sauvage et Ô mon frère, nous nous retrouvons et je tends les mains vers toi. Je suis sans crainte, en me glissant dans le délicieux plumage de L’Oie Marguerite et je ne bouge plus, craignant qu’un rien ne vienne rompre le doux sortilège. Et je chante à tue-tête dans la nuit de l’hiver, car les étoiles me donnent ce vertige. Je me fonds en la nuit, amoureuse du Ciel. Quelques enfants me suivent et se mettent à chanter. Clameur ! Ô Spontanéité ! Ô Joie ! Dès mon plus jeune âge, j’enroulais à mes doigts l’exaltation, Amour vaste qui se refusait à cogner à aucune espèce de réduction. Océan ! Océan ! Océan ! Lune éclatante que je caresse et retiens un moment sur mon cœur. Le Soleil m’intrigue et au balancement des majestueux peupliers, je ne sais plus qui est qui. Nos têtes se sont touchées, penchées que nous étions sur des textes parallèles, et nous plongions dans la concrétude qui ne donne ni son nom, ni son origine, lors que bien plus tard, j’embrasse la fleur de l’églantine et que je m’émerveille longuement des abeilles qui la butine. Nous restons durant des heures, fascinés par les boutons de fleurs sauvages. Les genêts annoncent l’été florissant tandis que les herbes folles autour des champs de blé, ces fétuques, nous frôlent nos petites chevilles. Ne t’ai-je pas dit : j’ai six ans ?  Ne t’ai-je pas dit : Je t’ai toujours attendu ? Nous avons marché, si proche en nous pensant si loin et nous levions à l’unissons le même regard, nourrissant le même esprit. Je t’ai appelé « Homme », et je sentais l’odeur, ce parfum qui nous dévoile tant de choses. Nous n’avons pas couru comme des fous sur les chemins de campagne, ni avons lu tous ces livres, ni veiller tard dans la nuit en vain. Nous n’avons pas répondu à L’Appel, ni ne nous sommes laissés impacter par les questions en vain. Or, qu’est-ce donc que cet Appel si ce n’est celui de l’âme et qu’est-ce donc que L’Âme si ce n’est L’Amour ? …

Dialogue de L’Âme en L’Âme

Echo à Du guerrier de la conscience ; La voie du Samouraï ou le Rônin

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Essentialité en L’Enthousiasme, spontanéité de Rencontre en L’Âme, car qui ne fige, reconnaît. Le Juste, suspendu en cette Conscience d’Amour, du Regard en Le Regard :

De l’intériorité des choses que l’on soupçonne à peine, en cette Ascèse impeccable, en son impeccabilité d’imperfection et d’altérité, en l’observation méthodique, en ce ralentissement en ce basculement, lors que plus rien n’est réellement effort, mais seconde féconde de suspension, au souffle uni à L’Âme, et donc au Souffle, juste ce Retour qui devient témoignage, déploiement et fidélité à l’instant, lui, équilibriste dont on est étreint de par La Présence : Beauté ! Comment reconnais-tu Le Juste ? Lors que libre, tu marches et que Le Maître est en toi, nouveau-né émerveillé, Lumière qui donne à L’Harmonie…
Révérence en L’Âme !

En ce Temps qui s’écoule, au bruissement furtif de L’Eau, le cœur compagne, subtil, en secret tous ses frères, lors que Le Samouraï est Le frère du Temps, éternité fécondée au goût des promenades solitaires.

Merci

Genèse d’une Rupture : L’état de Rupture (1)

De fait, en venant au monde, nous sommes déjà en état de Rupture. Nous sortons du ventre matriciel, ce ventre chrysalide, nidification et compénétration de notre être en son Alchimie, processus de transformation et éveil du premier stade de notre conscience. Nous sommes en La Primordialité, pure, sans concession, sans altération. L’Essence connaît Sa Réalité et se prépare à circuler en ce couloir de vie. Le Corps, L’Âme, ainsi que L’Esprit sont en cette danse intérieure du Silence et des Retrouvailles. Ils sont aussi en ce fusionnement actif des données préliminaires de L’Être. Cela ne veut pas dire pour autant que nous sommes innocents, vierges, neutres, mais cela veut dire que notre modalité de Retour est pleine en Sa Réalité. Voilà pourquoi l’on dit que l’enfant naît en son état de Primordialité (Fitra). Il est entier en ce processus du Retour. Ce qui va altérer les conditions de cette Oeuvre vient de l’ignorance plus ou moins avérée dans laquelle il va se retrouver. Le lieu géographique, temporel, l’héritage physiologique et intellectuel, les mises-en-œuvres conscientes ou inconscientes des parents, ou tout autre conditionnement sont les premiers états de Rupture avec sa Primordialité. Pourtant, tout est intact, et tout se rappelle en chacun. Tout est pour ainsi dire programmé pour nous aider à entendre, écouter, à rencontrer, à retrouver. Sans cette essentialité de L’Être, sans cette absoluité, le monde serait injuste. Mais, au contraire, il n’existe aucune injustice : tout est régulation. Tout est invitation. Tout est Champ possible de régulation et d’Eveil. En connaissant Cela, nous pouvons enfin rétablir le Lien avec notre Nature Primordiale. Cela peut prendre du temps, mais, lors que nous procédons à cette ré-orientation, nous activons ce programme intérieur et nous pouvons lors être en mesure de l’accueillir avec bienveillance. Ce qui ne s’accorde pas avec notre nature initiale va inévitablement générer des dissociations et des maux qui peuvent être graves, tant sur la marche du monde, qu’en nous-mêmes. Nous sommes cette Nature Essentielle. Nous sommes ce Tout. Nous sommes nos déviances et nos guérisons. La Nature a tout prévu. Nous pouvons contrevenir à ces Lois immuables, mais nous ne saurions les anéantir. Si nous faisons, Elle fait avec nous. Si nous défaisons, Elle défait avec nous pour rétablir L’Oeuvre. En sa complète neutralité, de fait, Elle est nous. Elle est Le Gardien qui manque en nous. Elle est La Veilleuse qui manque en nous. Elle est La Parole qui manque en nous. Elle est La Justice qui manque en nous. Elle est L’Acte qui manque en nous. Cela est La Concomitance que nous serons amenés à comprendre tôt ou tard, inévitablement. Ce que nous ne désirons pas d’un côté, Elle le désire pour nous, car, La Nature, Elle, n’a jamais dévié de Sa Réalité. Mais ce savoir n’est pas une menace. Bien au contraire : il s’agit de La Bonne Nouvelle.

De La Solitude (2)

Creation Date: ca. 1725 Display Dimensions: 13 3/8 in. x 9 17/32 in. (34 cm x 24.2 cm) Credit Line: Edwin Binney 3rd Collection Accession Number: 1990.375 Collection: The San Diego Museum of Art

Te conterai-je la sublimité du Compagnonnage ? Il n’est de solitude qu’en la non-présence, car telle est La Réalité de L’Être. Il est en Sa Singularité, non pas isolement, mais bien Lieu de La Rencontre. Qui sommes-nous pour éprouver la crucialité de l’esseulement, et pour entrer en La Marche ? C’est parce que nous sommes tous seuls, que soudain, nous comprenons, à proprement parler, la limitation de la sociabilité. L’Autre est-il un autre moi-même ou bien révélateur, tantôt de l’éloignement, tantôt du rapprochement ? Que signifie donc la solitude si ce n’est le sentiment d’être en solitude ? Soyons en cette clarté et distinguons nettement, le ressenti de la solitude et la solitude en tant que telle. Tout être est en sa singularité et de fait, en sa solitude. Tout être est en ce désir d’Union et de fait, en ce désir de L’Autre. Or, celui qui ne cherche pas expressément à s’extraire de la réalité de la solitude mais plutôt à se re-centrer, n’est pas dans la sociabilité, ni dans la complaisance sociale. Il a non seulement évité les pièges que sont le paraître et la vanité, mais il s’est affranchi aussi de toutes les considérations affaiblissantes de la masse mécanique et systémique. S’unifier, c’est être partout le même, c’est-à-dire, en sa complétude, quand même l’on serait encore à chercher son unité, l’on y serait déjà et donc n’éprouverait jamais le sentiment de la solitude, ni le désir de la compensation. S’il est un esseulement indéniable, préalable à toute Réalité conscientisée et verbalisée de L’Unification, il n’est qu’à renforcer le désir d’être en l’entièreté de L’Être. Le plus étrange, et le plus caractéristique, sont la solitude éprouvée au milieu des autres. Il est comme un écartement, une distinction, une évidence : l’autre qui n’est pas en son désir d’unification, ne manifeste pas les mêmes aspirations, ni en ce monde de contingences, ni même en lui. Il est observable en sa singularité mécanique, en son devenir possible et non en sa singularité et manifestation unifiante et unifiée. Néanmoins, l’autre n’est jamais perçu comme une menace immédiate. Celui qui n’est pas en ce désir d’unification, de rassemblement, en cette immersion en la douce perplexité existencielle, considère ce qui n’est pas semblable à lui comme étant une menace. Celui qui est en sa singularité individuée ne ressent jamais, dans l’a-priori, la crainte de la différence. Bien au contraire. Le Compagnonnage est donc une Révélation, parfois même innée. Il est Les yeux qui s’ouvrent en La Permanence des choses. Il est Contemplation. Il est réjouissance et intimité de L’Être. Il est Alcôve des confidences de La Rencontre du petit et du Grand, de l’intérieur et de l’extérieur. Il est L’Unification permanente de La Vie en Sa Singularité compagnonnée de la manifestation multiple des Signes et du Langage des Signes. Il est Le Cœur suspendu en La Gemme Royale de La Reliance en Lui, L’Un, L’Origine, Le Mystère et La Compénétrabilité du Mystère en L’Illimité. Lors, il n’est jamais de Solitude ressentie, ni de troubles, ni de frustrations, ni de compulsions. Le Livre est grand ouvert et La Vie en est Son Mystère re-transcrite en la Conscience. Telle est La Sublimité du Compagnonnage, de L’Amitié élective et abondante, car L’Ami est Source inépuisable. Efflorescence auto-suffisante en Son Éclosion permanente en l’impermanence conquise, ayant vécu la conversion de la Vanité par Les Vertus attributionnelles de L’Être. Je te conterai les ruissellements du Rapprochement… Je te conterai les sublimités de La Solitude qui est le doux Compagnonnage, lors que Le Centre rayonne aussi loin que ne finit jamais Le Voyage. Je te conterai les re-semblances effectives des réalités infinies de L’Occultation et des réalités infinies de La Visibilité des choses.

 

Se lit aussi sur Noblesse et Art de l’écu

Koptevsky (Russie)

Compagnonnage

Le temps qui passe dans le jardin d'Eugénie

 

L’Ami,

     Lors que Le Temps s’offre en Son Absoluité, lors qu’il nous est permis de par une pure grâce d’entrer en La Révérence, peu importe comment Cela arrive, peu importe comment Cela se décline, nous sommes en Lui, fils de L’Instant, Lui, Le Fécondant à L’Infini, Lui, Le Souffle qui nous visite de différentes façons ; qui nous appelle en Son Discours incessant, Lui, La Vie en Lui, Lui, qui nous dit va vers Ton Frère.
Nul ne peut soupçonner combien ce Labyrinthe est en fait le prétexte en L’Alchimie de La Transformation, les états multiples de l’Être. Cela se vibre de Lui et Cela nous éclaire. L’Ami, Toi, en La Caverne de Ton Âme, en ce processus du Retour, en cette Re-découverte de Toi qui n’es pas éteint de Son Cœur, qui as pressenti cette Rencontre, tout comme je ne l’ai non plus cherchée, lors qu’Elle était depuis si longtemps partie, cette Flèche, dès L’Enfance, intacte et préservée de tous les écueils. Je te rencontrais déjà, partout en ces sauvages échappées, en ces drôles de vagabondages, lors que Quelque Chose me disait que je n’étais pas qu’une enfant, tant Sa Présence me donnait en L’Entièreté de Cela. L’Intelligence est cette acuité qui nous empoigne et nous enseigne. Elle nous donne un fil conducteur et nous ne sommes plus à le lâcher. Il est ancré en L’Océan de notre âme mouvante et fluide des contingences. L’Ami, Ce Jour de La Rencontre, Ce Jour est La suite d’une longue marche, une sorte de pèlerinage continuel, de plongée en L’Appel qui nous donne à répondre. Ce Jour est de réelles Retrouvailles. Peu importe où nous en sommes, L’Esprit se reconnait en chacun et Le Parfum de La Maison est Puissant de Sa Réminiscence. Nous sommes exactement ce qu’il fallait que nous trouvions en L’Ipséité de notre être. Nous sommes Celui qui en Son Grain se veut éclore des arrosées de Sa Pluie Bienfaisante.

     L’Ami, Le Jour qui fit que nos âmes se reconnurent est Le Jour de notre Destin qui s’est révélé. Le Temps se suspend à ce premier regard que nous cherchions en une parfaite lucidité, en une vigilance étonnante, en une lenteur inouïe, en ce Temps de Convergence. Depuis cette Origine, nous nous sommes vus. Te souviens-tu comme je souhaitais que nos âmes vivent l’instant en sa plus cruciale intention ? Une Contemplation, Temple de notre Instant. Je t’ai dit : ne vois pas en moi une femme. C’est L’Âme qui rencontre Ton Âme. Berceau de Notre Naissance, en nos douleurs du passé. Nous avons alors marché. J’ai placé en Toi La Confiance que j’ai en Lui. Chaque fois, je Te disais, c’est Lui que je vois en toi. Ou bien, c’est l’oeuvre Divine. Je marchais de ce petit pas qui compagnait le tien, rapide et chargé des sentiers qu’il avait fréquentés. Je T’ai vu arriver sur la terrasse, et j’ai vu aussi cette hésitation en la gauche et la droite avant que tu ne sois à trouver, enfin, le face à face. Souviens-t’en.

     A ce moment, j’ai disparu, complètement, afin de laisser Ton Être entier venir à moi. Je t’ai vu marcher, et j’ai dit : c’est Toi ? Aujourd’hui encore, ne suis-je pas à te dire : Est-ce Toi ? Est-ce bien Toi ?
Tu me dis : tu aurais fait Cela avec n’importe qui. Je te réponds : non. Je ne le fais pas avec n’importe qui. Ce serait simplifier et réduire cette rencontre à un clone de rencontres possibles. Je ne suis pas d’accord avec toi, L’Ami. C’est nier que les yeux savent plonger en L’Âme et savent jeter Le Pont de La Confiance mutuelle. Il s’agit d’une Reconnaissance. Il s’agit d’une fréquence vibratoire que les champs de nos êtres retrouvent comme ils ne se sont jamais quittés. Et quand ce que tu dis serait quelque peu juste, je ne suis pourtant pas à Le vivre avec tout le monde. En toi, se cristallisent toutes les rencontres possibles. Or, une Amitié, une telle fraternité, un Amour libéré de toutes spéculations égotiques, résultent d’abord de l’intention réciproque : les Deux sont sur Le Chemin.

     Depuis, nous marchons, et parfois, nous nous heurtons à ces limitations et à toutes sortes de questionnements. Ne T’ai-je pas dit : je ne veux pas perdre Dieu ? Je ne veux pas perdre La Réalité de L’Être. Je ne veux pas vivre une quelconque illusion, ni aucune dérivation.

     La juste perception, le juste Cheminement, le juste en toutes choses ! Voilà ce qui nous donne à vivre. Voilà ce qui nous unifie à La Cohérence. Voilà L’Architecture entière d’un chemin fait de beaucoup de souffrances et étonnement, de  beaucoup de Lumières. Pouvons-nous nous en écarter un seul instant ? Pouvons-nous prendre ce qui nous arrange et délaisser ce qui nous bouleverse, sous prétexte que nous cherchons une sorte de réassurance. Réassurance de l’endormi ! Combien d’endormis qui font du mal, combien qui sont à clamer la sincérité et qui trébuchent tout de leur long ? De quelle sincérité parlons-nous ? Il n’est qu’une bienveillance, et il s’agit de La Verticalité de notre Union. Triade de notre intention, concrétude d’un cadre qui nous protège ! Nous n’avons pas fini de marcher en cette allée qui ne semblait pas s’achever. Nous n’avons pas fini de nous regarder et de nous aimer en Lui. Seule cette Réalité nous empêche de tomber dans les rapacités prédatrices de notre ego.

     L’Amour est La Mesure de Toutes Choses, car L’Amour en Sa Lumière bienveillante est L’Amour qui ne tue pas l’autre, qui ne le plonge pas dans les abîmes de la souffrance. Je sais aujourd’hui que les combats viennent des différents niveaux de consciences qui s’affrontent en ce désir de territorialité aveugle. La plupart des gens jouent encore à la conquête. Une terrifiante ignorance et trivialité sont à assombrir notre Réalité et ce depuis des milliers d’années. Nous sommes à nous heurter en la plus dangereuse des confrontations. Nous sommes en permanence le jouet de La Tour de Babel.

     Des pas que nous faisons, de ce compagnonnage qui nous invite depuis le Jour qui nous vit naître ensemble de Nous, nous n’avons pas fini d’apprendre, ni de nous abandonner en ce que dit notre cœur : en Lui est La Seule direction possible. L’Ami, je marche collée à ta jambe, comme la petite sœur qui ne sait rien et qui ouvre larges les bras au frémissement d’un Platane qui est témoin de notre tablée.

Le Monde Imaginal selon Corbin

Yaratıcı Projeler: Tezhip Sanatı

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     C’est en 1945 que Corbin se rend en Iran et sa rencontre avec cet « Iran » ouvre une période intense de travail et de réflexion. De sa participation au cercle d’Eranos dès 1949, où il rencontre Jung et sa pensée, à l’élaboration en 1964 d’une Anthologie des philosophes iraniens depuis le XVIIème siècle jusqu’à nos jours, en passant par sa nomination (il succède à Massignon) à la section des sciences religieuses de l’Ecole pratique des hautes études, l’auteur explique les rencontres et les découvertes de Corbin. Après cette brève biographie, D. Shayegan consacre un petit chapitre au lien entre la pensée de Heidegger et la sagesse iranienne. Il établit avec clarté que c’est à partir de la façon novatrice dont Heidegger conçoit la philosophie (comme interprétation des structures constitutives de l’existence, comme  » être-dans-le-monde  » permettant de ressaisir un rapport authentique à la temporalité) que Corbin trouve une clé pour comprendre et analyser la spiritualité iranienne à laquelle il a consacré ses plus grands efforts. De même que Heidegger expose les structures constituantes du Dasein, horizontalement, c’est-à-dire en s’astreignant à la vie avant la mort, à une existence pensée comme « être-pour-la-mort », Corbin va développer une herméneutique (s’inspirant du geste philosophique et herméneutique de Heidegger) de l’homme verticalement, c’est-à-dire en prenant en compte ce qu’apporte la sagesse orientale, l’existence après la mort et le monde de l’imaginal, dimensions qui sont absentes de la pensée heideggérienne et, plus généralement de la philosophie occidentale. Il y a, pourrait-on dire, une tentative pour prolonger les analyses de Heidegger (qui sont des interprétations philosophiques de catégories de l’existence et des réflexions sur les différents modes de la temporalité) sur un terrain pour lequel elles ne sont pas primitivement faites, mais qu’elles permettront d’éclairer et de comprendre .

Cheval de calligraphie arabe PrintDarwish par EveritteBarbee

     Sur quel objet spécifique vont donc être réaménagés les outils d’interprétation heideggériens ? Ce que Corbin trouve de propre à la philosophie ou à la sagesse iranienne, c’est ce qu’il appelle le monde de  » l’imaginal « . Si Corbin forge ce terme, c’est pour distinguer les réalités auxquelles il renvoie de ce qu’on entend habituellement en français par le terme imaginaire. En effet, quand on parle d’objets imaginaires, on sous-entend qu’ils n’ont d’autre réalité que dans notre imagination, ce qui implique qu’ils ont un mode d’être défaillant, lacunaire. C’est comme s’ils n’étaient pas assez réels pour exister ailleurs que dans notre imagination. Dès lors, la science et la rationalité occidentales tendent à les penser dépourvus de toute teneur ontologique. Ce qui n’existe que sur le mode de l’imaginaire n’existe pas vraiment, on n’a pas à en tenir compte quand on raisonne avec rigueur et méthode. L’imaginaire est relégué au statut de scorie de la pensée, il n’a aucune valeur pour la connaissance. A l’inverse, l’imaginal, tel que l’identifie et le définit Corbin à partir de sa lecture de la spiritualité iranienne, relève certes de l’imagination, mais cette imagination n’est pas discréditée et est considérée comme une faculté de connaître propre, spécifique et non dévalorisée. Ce qu’elle permet de connaître, l’imaginal, a une consistance ontologique spécifique et certaine. Ce qui relève de l’imaginal n’est pas irréel ou négligeable. C’est quelque chose qui a une consistance et une teneur propre . . D’après Corbin, cette prise en compte du monde de l’imaginal est ce qui fait la spécificité de la pensée orientale (ici l’Orient, comme le précise tout au long du livre D. Shayegan, est moins un Orient géographique ou culturel, qu’un Orient symbolique ou imaginal). Ce monde de l’Imaginal est un intermédiaire entre le monde des idées et le monde sensible, et pour être plus exact, il est ce qui rend possible le passage de l’un à l’autre. Et il a un rôle particulier à jouer dans la réflexion sur la résurrection et la connaissance de la vie post-mortem. Ce qu’on peut connaître de cette outre-vie (qui, rappelons-le n’était pas l’objet de la réflexion philosophique de Heidegger), provient de la vision de mystiques/philosophes . Ces visions appartiennent donc à cet Intermonde (on parle d’Intermonde dans la mesure où ce monde se situe, on l’aura compris, entre le monde des idées et celui des choses sensibles), le monde de l’imaginal. C’est donc à cette connaissance et à cette interprétation que va se livrer, durant la plus grande partie de sa vie, H. Corbin, à l’aide d’outils herméneutiques de provenance heideggérienne. Par cette faculté de l’imagination, nous avons accès à une temporalité tout à fait spécifique, qui va d’une sorte de préhistoire par laquelle l’âme connaît sa descente dans le monde à une posthistoire, par laquelle l’âme connaît ce qu’il adviendra d’elle d’un point de vue eschatologique.

"Qui peut conter l'histoire des coeurs qui saignent ?" Hafiz (1320-1389)   calligraphy, Hassan Massoudy

     Dans la suite de son étude, qui clôt le premier livre, l’auteur expose le programme des quatre prochains (qui font partie du même volume) : il analyse quatre « itinéraires » de la pensée de Corbin dans le monde irano-islamique (que l’on retrouve dans le soufisme de façon plus globale), et il consacre un livre à chaque itinéraire mis en évidence. Ces quatre itinéraires sont d’égale importance et sont en quelque sorte quatre voies d’accès parallèles : « elles ne se traduisent pas en termes d’évolution, elles ne se suivent pas selon le processus de développement historique, mais demeurent quatre structures simultanées, isomorphes et somme toute interchangeables » (p.76). Ces quatre itinéraires sont en quelque sorte quatre itinéraires de conversion spirituelle, voire mystique, qui aboutissent à une réelle individuation de celui qui les parcourt. Ces quatre voies ont lieu dans l’Imaginal et permettent une réelle connaissance de soi.

Extrait du traité de l'Amour d'Ibn Arabi : « Mon coeur est devenu capable de prendre toutes formes : Il est pâturage pour les gazelles, Couvent pour les moines, Temple pour les idoles, Kaaba pour le pèlerin. Il est les tables de la Torah et le Livre du...

.     Le premier est intitulé par l’auteur « du cycle de la Prophétie au cycle de l’Initiation ». Dans ce mode de connaissance, il s’agit de bien comprendre la prophétie pour la reconduire à son sens originel. Il s’agit d’une philosophie prophétique. Le guide intérieur permettant l’accès de soi à soi est la figure de l’Imâm ou du Prophète (inspiré par des anges) pour le cheminant. Qu’est-ce à dire ? Il s’agit, dans cet itinéraire, de passer du sens exotérique du livre saint, du Coran, à un sens plus profond, plus spirituel et plus personnel permettant une réelle connaissance du divin et de soi. Cette interprétation vers le sens ésotérique est appelée « ta’wîl« . Très schématiquement, on pourrait dire que « si le Verbe en inspirant l’âme des prophètes a effectué une sorte de descente dans le cœur du prophète, sa lecture ésotérique sera le chemin inverse de sa descente, elle sera un ta’wîl, c’est-à-dire la reconduite du sens apparent au sens ésotérique » (p.90-91). Cette reconduite n’est pas simplement théorique, objective, il ne s’agit pas d’élaborer objectivement une juste compréhension détachée de toute implication existentielle du Coran. Bien plutôt, il s’agit d’une lecture personnelle grâce à laquelle on vit une sorte de conversion intérieure. Sans entrer dans les détails de l’analyse longue et minutieuse que propose l’auteur, en cela fidèle à la méthode et aux exigences rigoureuses de Corbin, on peut noter qu’à partir de là on peut comprendre la distinction entre le formalisme doctrinal et figé, et le cœur mouvant et vivant du cheminement alchimique de l’être.

 

MATIN LUMINEUX: L'art Arabe et Persan: part 1

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     Le second itinéraire est appelé « de la métaphysique des essences à la théosophie de la Présence ». Dans cette voie, il s’agit de passer des essences qui caractérisent l’ensemble de l’étant à la présence de l’acte d’être comme témoignage. C’est une réflexion à l’inflexion ontologique. Le guide intérieur est l’intelligence agente du philosophe, et c’est effectivement à la figure du philosophe que s’intéresse Corbin. Pour la spiritualité orientale, c’est-à-dire pour la pensée islamique qui résista à l’averroïsme au profit de la pensée d’Avicenne, il n’y a pas de rupture ou de discontinuité entre la prophétie et la philosophie : ce que pense le philosophe et ce que voit le Prophète sont une même réalité s’exprimant si l’on peut dire sur un mode différent . Le philosophe a besoin de l’Intelligence agente pour parvenir à cette conversion intérieure. C’est Sohrawardî qui formula une synthèse permettant la tradition de l’iranisme et la philosophie, ce qui rendit possible la commune visée du philosophe et du prophète. Sa théosophie donne l’image du savoir comme un arbre généalogique de la sagesse, dont un versant est représenté par les sages orientaux et l’autre par les sages occidentaux : tous sont « gardiens du logos ». La synthèse opérée par Sohrawardî accorde une grande place à Zarathoustra (représentant du fond de sagesse iranien), comme à des maîtres du soufisme, ainsi qu’à Empédocle, Pythagore et Platon, qui sont des maillons de cette sagesse et qui ont pour successeurs les Pythagoriciens en Islam. Il apparaît, en conclusion, que les deux façons orientales (au sens de Sohrawardî, c’est-à-dire prophétique ou encore illuminative, car l’Orient est défini comme le lieu d’où vient la lumière) et occidentale (philosophique) sont inspirées par la même intelligence sainte, le même « Ange-Esprit qui est à la fois l’ange de la Connaissance et l’ange de la Révélation ». D’ailleurs pour Sohrawardî, non seulement prophétie et philosophie sont compatibles, mais qui plus est, elles sont complémentaires chez le vrai sage qui doit posséder à la fois la connaissance spéculative et l’expérience mystique (p.195). A partir de cette pensée, Corbin analyse celle de Mollâ Sadrâ, qui prolonge en le modifiant le lien entre philosophie et voie d’accès à une connaissance intérieure par l’intelligence. Pour Sadrâ, « l’homme ne parvient à la perfection du monde imaginal et du monde intelligible que dans la mesure où il s’élève (…) ontologiquement au niveau de présence qui lui correspond. » (p.220-221). Qu’est-ce que cela veut dire ? Pour schématiser la pensée de Sadrâ, on pourrait dire que l’homme connaît par son âme et que plus il connaît de choses intelligibles, plus il progresse en se métamorphosant, c’est-à-dire plus il se libère d’une situation ontologique dans laquelle il ne pouvait pas avoir accès à lui-même dans le monde imaginal. Autrement dit, au terme d’un processus de métamorphoses successives par lequel l’âme humaine se libère progressivement, cette dernière parvient à s’unifier dans un acte d’intellection avec l’Intelligence agente, médiation entre Dieu et l’homme. C’est par cette voie qui met en jeu la capacité humaine d’intelligence que l’homme philosophe peut parvenir à une conversion intérieure lui permettant de connaître qui il est et d’avoir un regard juste et clair sur le monde, en s’unifiant à l’Intelligence agente, qui a une fonction Théophanique.

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     Le troisième itinéraire est baptisé « de l’exposé doctrinal aux récits visionnaires ». Par là on part de la narration d’un récit pour arriver à l’événement se produisant actuellement dans l’âme. Cette conversion opère sur un mode essentiellement narratif, porté et donné par l’Ange du visionnaire. C’est encore Sohrawardî qui est ici le penseur central pour Corbin. En plus d’avoir réaménagé et repris la philosophie orientale d’Avicenne, il a inauguré une série de récits dans lequel, à travers des figures de l’Orient ancien, il ouvre un passage de « l’épopée héroïque à l’épopée mystique » (comme l’écrit Corbin). Il y a déjà chez Avicenne des « récits d’initiation qui éclosent en une sorte d’angélophanie advenant entre la veille et le sommeil, se développant en dialogues au cours desquels l’Ange qui est le guide intérieur, initie son disciple à la voie initiatique » (p.243-244). Encore une fois, c’est le motif de l’ange qui est crucial et qui intéresse Corbin. A partir de ces récits, Sohrawardî va infléchir ce mode de connaissance selon trois points que relève D. Shayegan résumant les analyses de Corbin : d’abord, Sohrawardî fait intervenir dans ses récits initiatiques la vision de la lumière, héritage du fond de la pensée iranienne. De plus, il met sur un plan d’égalité la connaissance philosophique et la connaissance mystique. Enfin la connaissance qu’apporte le récit initiatique est vue comme un événement intervenant dans l’âme : à partir du récit initiatique qui est passé et que j’interprète, en particulier grâce à mon imagination (comme Imagination agente évidemment), il se passe quelque chose de réel et d’actuel en mon âme qui transforme cette expérience en événement. En fait, par les récits et leur interprétation, je parviens à une vraie découverte existentielle, pourrait-on dire de mon âme. Corbin distingue trois niveaux de compréhension. Le premier, superficiel, correspond à une compréhension littérale, factuelle, de l’objet du récit. Le deuxième niveau correspond à une compréhension conceptuelle du récit, mais qui reste extérieure à ma vie, que je ne m’approprie pas complètement de façon existentielle ; en quelque sorte, je comprends à partir du récit un message conceptuel, c’est un peu le modèle par lequel je comprends une allégorie . . Le troisième et véritable niveau de compréhension, c’est le niveau par lequel le lecteur lisant le récit prend conscience que l’événement raconté lui arrive réellement, il le fait sien. Cela correspond à une expérience mystique personnelle liée à une métamorphose de l’âme. Cette transformation a bien sûr lieu dans le monde imaginal, qui apparaît encore une fois comme le lieu propre et nécessaire à toute conversion intérieure et spirituelle. L’épopée héroïque devient ainsi une épopée mystique. L’ange apparaît, dans les récits initiatiques de Sohrawardî, sous l’aspect d’un guide sage, doté d’une jeunesse éternelle. C’est grâce à cet Ange-guide, à cet Ange-initiateur rencontré au cours des récits, que l’âme peut s’éveiller pleinement à elle-même et parvenir à s’individuer, s’individualiser véritablement.

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Farah Ossouli

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     Le quatrième chemin est dénommé « de l’amour humain à l’amour divin ». Il s’agit de substituer à l’amour humain l’amour divin, sous une forme érotico-mystique, dans le sillage de l’Aimée pour l’aimant. Dans cet itinéraire, la fonction théophanique est encore occupée par l’Ange, qui est en même temps l’Aimée et la sagesse. Cette « Sophia » assume la « fonction du guide pour le mystique pèlerin » (p.80). L’idée est que par l’amour, on peut voir Dieu dans la personne de l’aimée. Celle-ci est donc une figure médiatrice, théophanique (puisqu’elle montre Dieu), analogue de l’ange dans les autres itinéraires. Ainsi le fidèle d’amour, parvenu à un authentique amour permettant une conversion spirituelle « perçoit la face humaine transfigurée par la Face divine, et c’est avec ce regard nouveau qu’il redécouvre la face humaine » (p. 321). Par l‘amour, qui est exercice de patience, d’endurance, de persévérance, je peux accéder à une autre façon de voir, une forme de transfiguration. Pour que cet amour ait lieu, un amour qui échappe aux pièges de l’amour simplement charnel et de l’amour pour une abstraction poussé jusqu’au vertige, il faut un lieu propre de cet amour. Et ce lieu est à nouveau le monde imaginal, propre, comme l’a vu à chaque fois, à assurer la conversion spirituelle de l’homme. Sans l’imagination l’Aimé n’aurait aucune réalité concrète. Cet amour est à l’abri de la « pure abstraction et de l’idolâtrie anthropomorphique » (p.361). L’aimé apparaît finalement comme le miroir dans lequel l’Aimant, celui qui aime d’un amour véritable, contemple sa propre image, celle de celui qu’il peut être en prenant conscience de celui qu’il est. Il s’individue par ce geste.

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a thousand desires

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     La figure du guide intérieur qui conduit à la conversion est polymorphe, mais a à voir essentiellement avec l’Ange. Cette fonction que remplit l’Ange, qui permet le passage de l’humain au divin, sans être évidemment de la divinisation, est pour Corbin absolument capitale. On pourrait dire qu’elle constitue l’un des centres de son travail. Elle a une importance fondamentale. Elle est, d’après lui, la médiation nécessaire, dans toutes les religions monothéistes, entre Dieu et l’homme sous peine de tomber dans une alternative aporétique. Sans elle, sans cette fonction Théophanique (c’est-à-dire qui montre Dieu) jouée par l’Ange ou l’un de ses substituts dans les quatre itinéraires, on est contraint soit de sombrer dans un monothéisme abstrait (dans lequel on ne parvient pas à savoir ce qui relie la perfection divine et la nature humaine et leur permet de communiquer), soit dans une forme d’idolâtrie, dans laquelle on croit reconnaître du divin dans du créé ou de l’humain . Dès lors c’est bien une icône et non une idole qu’aime l’amant, le pèlerin en quête de Dieu dans le quatrième itinéraire. La conclusion que propose l’auteur sur l’actualité de la pensée de Corbin propose une vue assez juste de la place de ce penseur et de son geste : il met H. Corbin au nombre des penseurs qui ont montré les limites (et les dangers de ces dernières) de la tradition rationaliste de la pensée. Comme Heidegger, Husserl ou l’école de Francfort, Corbin montre l’appauvrissement contemporain de l’esprit ou de la pensée (à cause d’une raison qui n’est plus qu’un instrument tant elle a perdu le lien avec son origine) et comme eux, il redécouvre quelque chose à propos duquel il faut relancer des investigations. Ce vers quoi il veut proposer des recherches, c’est l’Islam spirituel. Et avec ce programme de réflexion, ce qu’il veut mettre en évidence, c’est la possibilité d’un changement de perspective, un changement du  » mode de perception  » (p.371)..

 

D’après les Sources :

Le monde de l’imaginal et la fonction Théophanique, article de Yoann Colin.

 HENRY CORBIN, ORIENTALISTE ET IRANISTE Conférence du 24 janvier 2002, de Jean Moncelon

Et d’après l’ouvrage de Daryush Shayegan : Henri Corbin, penseur de l’Islam spirituel.

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Dialogue 22 – Pèlerin éternel

 

C’est aujourd’hui que je saisis La Belle Flamme de Ton Serment.
C’est aujourd’hui que je sais que Toi seul décrètes, et que Ton Verbe vibre de Toi en ce Germe du Premier Mot.
Il ne se lasse jamais de marcher, ce Pèlerin de L’Âme.
Un jour, il est né en ce Dedans qu’il n’a jamais quitté.
Tu es tel L’Oeuf de Ta gestation, Pureté de La Matrice.
C’est en Ton Centre que L’Essence est Parfum du Pur Parfum.
Celui qui vit ainsi est en Paix.
Il ouvre les yeux du cœur en La Perception de Ta Fragrance.
Il voyage sans besoin de quitter un seul instant cet espace.
La Fidélité de L’Esprit est une Flèche qui parvient à la lucidité de Sa Cible.
La Flèche possède soudain les yeux de Son Périple.
L’Alpha rejoint L’Oméga : jamais il ne l’avait quitté, sache-le !
Il voit que Deux sont sur Le Chemin.
J’ai entendu la petite voix s’extasier du palpable.
En ce qui se touche, est aussi L’Intouchable.
La petite voix s’unifie au Regard de La Présence et se retrouve en La Palpitation de ce qui se dit.
Et que se dit-il ?
Des Révérences de La Réalité Unifiée en Ses Yeux !
Que soit ainsi Ton Extase, car les yeux contemplent ce qu’aucun œil ne voit.
Es-tu parvenu sur les Rives de L’Autre Monde ?
La Force de Le chercher est antécédente à La Conscience déployée, et pourtant, comme celle-ci est à se déployer!
L’observation est telle une vaste Terre que l’on laboure.
As-tu labouré ce champ ?
La Terre, à mes mains émues, danse de Joie.
Des effervescences de mon Amour, elle parle et me confie Ses Secrets.
Je désirais tout garder et tout te révéler, Ô Archéologue de L’Âme !
Des beautés de La Matière, La Lumière s’unifie et te donne à La Vision.
Suffisance d’une Vie qui s’est émancipée.
T’es-tu échappée ?
J’ai fui ce qui ne savait plus me parler et j’ai conduit la petite fleur sur cette île de L’Esprit.
Ce bouton de semence est plus précieux que tous les trésors réunis, bien plus qu’un Royaume terrestre, bien plus qu’un Dogme dévoyé, bien plus que mille pensées qui s’éparpillent, bien plus que ces guerres qui n’ont aucune consistance et deviennent les révélations de l’étroitesse.
Veux-tu dire que les combats extérieurs sont une grande déviance ?
L’absurdité est à son comble et la domination est usurpation du véritable combat.
Les uns révèlent l’âge mental de leur être, et pourtant, ils se croient intelligents des inventions de leur nouvel asservissement, les autres révèlent la duplicité de leur intention.
La fin des temps est le chaos de l’intériorité des tréfonds de l’humanité.
Tant que tu ne seras pas à unifier tes mots à ton quotidien, tant que tu ne seras pas en unité avec tes élans et non tes pulsions, tant que tu verras un* en ta dualité, tant que le noyau ne sera pas fendu, tant que le discernement n’aura pas éclos, tu seras en le sommeil le plus profond.
Tant que tu n’auras pas cessé de croire, tu ne vivras jamais pleinement ton cheminement.
Cesse de te coller à la coquille du fruit.
Comment ne plus croire ?
Un jour, Il est Le seul, et Il fend Le Noyau.
Tu entres en la réalité de ton être, et tu entres en ta nuit obscure…

*un en la dualité, signifie que l’on croit que la dualité est la seule perception figée alors que la dualité est une vision séparative de La Réalité unifiante et n’admet pas la différence.

Le Fidèle

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Le Cœur est Virginité de L’Aube de Son Âme.
Je Te l’ai confiée.
Des états de La Présence et des secrets de L’Unicité.
Tu as donné à la main qui tremble La Corde, Anse Sûre et Tu as donné La Rigueur de La Constance.
L’Amour cherche.
Plus Il croît, et plus Il est Sa réelle Ténacité.
Aimer, des lances de La Destinée, et ne jamais faiblir !
Tu m’as confié les douceurs de Ta Fidélité.
Tu m’as parlé de La Lucidité.
J’ai entendu L’Enseignement, et Tu es à donner à toutes choses, Un Nom.
Tu es Celui qui de ce Magma des mots, révèlent leur densité.
Tu ne renonces pas à Ton Bien-Aimé, puisque Tu L’appelles et ne jamais ne Te lasse.

Le cœur ne périt pas des sincérités de L’Amour.
Ô Toi, Le Fidèle qui marche en la caverne de mes jours,
Ô Toi, qu’a-t-on su de Tes meurtrissures ?
Tu T’es jeté sur les fracas de Ton Aspiration,
Tu as bu à outrance de ce vin-là.
Ô Toi, qui titubes de Ton Ivresse, je suis à marcher aussi et mes propres yeux sont à la Source exaltée de Ta Beauté, ravis.
Je n’ai plus de mots pour décrire mon état, et les Cieux ne m’aident pas, ils sont tout autant ivres que moi.
Je n’ai plus de religion, si ce n’est cet état.
Je n’en sors pas !
C’est en cette folie que je partirai, sache-le, Il Est Là, Il est Là !
Lui, qui me verse sans cesse cette boisson que je bois, que je bois.
Suis-je sage ?
Que l’on me montre un autre chemin !
Je n’ai plus de raison, et ce sont ces élans qui sont ma Joie, Ô Ma Joie !
Des raisins d’une Vigne Céleste, Il est Un Jardin, et c’est Là que se trouve mon Roi, Ô Mon Roi !
Souvent, je suis à Te tendre la main, et je Te dis : prends-moi, je ne suis qu’à Toi !
Mille sentiers, ou bien L’Un, il n’est que Toi.
Qu’ont-ils cru ?
Des vagues de L’Océan, celui que je connais n’est pas Celui que l’on croit !
Mille façons de Te dire, et mille façons de Te toucher, c’est à Toi que revient Le Chant du Retour.
Mille façons de sentir, et mille autres qui me mènent à Toi !
Peu m’importe que je sois ce vaurien, ce misérable, le gueux de tous ces états.
Sois témoin, Ô Toi, puis Toi, puis encore Toi !
Il est mon seul Jardin et j’ai ceint une corde à ma robe de poussière.
Tu es Celui qui vient vers moi des seuls désirs qui sont Les Tiens.
Tu ne trompes pas, Ô Toi Fidèle Amant, Fontaine dont Le Secret est une Jouvence !
C’est en cette lente marche, en ce renoncement, en Ton Exclusivité que Ta Réalité est Tienne.
Si je dis Tu, il n’est qu’un Jeu, et Seigneur de tous les univers, je T’aime !

Dans le secret d’une nuit

Henry_Ossawa_Tanner_-_Jesus_and_nicodemusPeinture de Henry Ossawa Tanner (1859-1927), Jésus et Nicodème
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Les uns voudraient faire de moi un roi temporel
Après avoir chassé les Romains du royaume ;
D’autres me voient comme un être incorporel
Venu demeurer tel un dieu parmi les hommes.

L’on m’appelle Fils de Dieu ou de l’Homme tout autant ;
L’on nourrit de moi des opinions contrefaites.
Les gens du Temple me prennent pour un imputant
Et les nantis de tous bords pour un trouble-fête.

Ce n’est pas l’homme de chair qu’il faut considérer
Mais le Verbe qui en moi s’incarne par mes paroles.
Ce n’est pas à l’apparence qu’il faut adhérer
Car la lettre sans son esprit n’est qu’une idole.

Les Prophètes qui m’ont précédé vous ont donné
Des lois ; je suis venu éclairer leur principe,
Car voici, les temps sont mûrs et l’heure a sonné
De révéler la Vérité qui émancipe.

Non pas du joug de Rome qui n’a aucun pouvoir,
Mais des illusions qui obscurcissent la conscience.
C’est en chacun de nous que Dieu se donne à voir ;
Il n’est que l’Amour qui ouvre à la Vraie Science.

Vénérable Nicodème, je sais que ton cœur
Me comprend car je sens bien la soif de ton âme,
Même si tu t’es déplacé dans la nuit, par peur
Des tiens dont tu crains qu’ils ne t’en inflige un blâme.

Sois en paix, mon frère, car je ne te juge point.
En ton intime, je sais que tu n’es pas un tiède,
Que souvent tu es à devoir serrer tes poings,
Implorant Dieu de te porter secours et aide.

Vois-tu, cet instant que nous partageons en Lui
Est éternel car prévu depuis l’Origine.
Dans ta pupille profonde est une étoile qui luit…
Advient-il une chose hors la Volonté Divine ?

Marc
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La rencontre de Nicodème avec Jésus est rapportée dans Jean (3.1-21)