Facétie d’un monde périssant

Il existe ce que l’homme politique actuel ignore, lui promptement occupé à paraître et à chercher des partisans à ses trompeuses aspirations, lui qui se nourrit des pires mensonges, des illusions et de l’ignorance du peuple, lui qui ne peut jamais, n’en ayant pas le temps, entrer dans la grâce de la Sagesse, se voulant très hâtivement en porter, jusqu’au ridicule, les impostures vêtures. Certes, la majorité des gens qui le suit, lui ressemblant sans doute, est sous l’emprise de la hâte et des superficialités obséquieuses. Ni la raison, ni la logique ne l’habitent et il use de stratégies si communes, que l’on s’étonne comment l’on peut encore l’écouter et le suivre. La seule possible réponse est que finalement, les occupations de certains, le discours artificiel et erroné, fait de syllogismes fallacieux, sont en vérité, une fois de plus, à révéler la grande supercherie politique. La politique actuelle est définitivement le lieu du bourbier mental, la révélation des champs d’actions les plus réduits, les plus totalisants, l’apothéose d’une fondamentale ruine sociétale, et qui, loin d’élever l’homme, l’abaisse en permanence et l’éloigne des réalités essentielles de l’être.

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Facétie d’un monde périssant : Splendeurs et misères des courtisanes

Déjà plusieurs masques s’étaient montrés en riant ce monstrueux personnage, d’autres l’avaient apostrophé, quelques jeunes s’étaient moqués de lui, sa carrure et son maintien annonçaient un dédain marqué pour ces traits sans portée ; il allait où le menait le jeune homme, comme va un sanglier poursuivi qui ne se soucie ni des balles qui sifflent à ses oreilles, ni des chiens qui aboient après lui. Quoiqu’au premier abord le plaisir et l’inquiétude aient pris la même livrée, l’illustre robe noire vénitienne, et que tout soit confus au bal de l’Opéra, les différents cercles dont se compose la société parisienne se retrouvent, se reconnaissent et s’observent. Il y a des notions si précises pour quelques initiés, que ce grimoire d’intérêts est lisible comme un roman qui serait amusant.

Extrait des Splendeurs et misères des courtisanes d’Honoré de Balzac.

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Facétie d’un monde périssant

Notes de passages :

Personne ne franchit le seuil de la vie sans apprendre et j’aime, depuis longtemps, malgré les contorsions, les inepties, malgré les incohérences, les extrêmes indolences, les impromptues déliquescences, les confusions et les spasmes vulgaires ainsi que leurs débauches purulentes, j’aime que nous ne soyons jamais dupes, ni même n’éprouvons la moindre peur. L’état vrai ravit l’état, plus loin encore que les mensonges dissous dans l’impénétrable monde naturel et primordial. Le bonheur est pérenne, et la joie vive, en la Présence de la Présence. Il est Celui qui anticipe, depuis l’aube déclarée, parfaite remembrance, et au sein même du rêve, qui comme effervescent de miroirs suppléés, agrémentés de reflets argentés, le cœur est étreint sans que nul ne puisse plus l’atteindre, tandis qu’un monde surgi d’un autre monde, définitivement donne accès à la pleine plénitude. Certes, dans les villes, rugissent des bêtes affamées. Leur bruit grossier, immonde, ne fait que les révéler. Le marécage putride de leur mental augure, hélas, que les temps sombres menacent, à l’horizon, la cité semblablement aux nuages flottant au-dessus de Ninive.

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Facétie d’un monde périssant

Convulsions en tout genre, crucialité des dispositions d’une société convertie depuis des millénaires au règne de l’ignorante abjection de l’ignorance, inconséquents actes, dépourvus de sagesse, quand celle-ci fait défaut et que règne la confusion la plus totalitaire, la plus incroyable manifestation d’une singulière suprématie de l’imbécilité, dans un monde fait de croyances, croyances élémentaires et croyances involontaires, croyances dans la magmatique idéologie confusionnelle, idéologie du simplisme et du manichéisme, idéologie de l’atrophie ambiante et des affaissements liés à la propagande obscurantiste, esclavagiste, dualiste et binaire, liés à l’inertie des mentaux embrigadés et du manque d’objectivité. Quelle est donc cette volontaire et lapidaire aliénation qui rend incapable l’homme sensé ? La Sagesse est totalement et sans doute à dessein réduite à un archaïsme, lors que les cerveaux, imbibés d’étonnantes tentacules mollusculaires, engendrent au sein de la civilisation, la caricaturale liberté. Une véritable poubelle qui élude tout simplement le bon sens. Le Bon Sens, c’est l’art d’apprendre, d’étudier ce qui est bon pour l’homme, ce qui est bon pour la société, ce qui fait évoluer un être et non le réduire à une bouillie de pensées émotionnées de réactions convulsives. Que l’on n’aille pas arguer d’arguments fallacieux, chose assez largement répandue de nos jours, je le reconnais volontiers, que des actes sauvages que l’on ne saurait tolérer, il en est qui sont légitimes et d’autres non, et que l’on n’aille pas répandre le fumet peu amène sur un terrain bien enfumé d’hypocrisie éhontée que le crime se justifie dans certains cas et dans d’autres non. Le crime est condamnable, car le crime est une violence indigne qui ne saurait être justifié d’aucune façon.

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Facétie d’un monde périssant

A ma grande surprise, ai-je éprouvé du plaisir, je ne saurais aller jusque-là, étant donné qu’il m’arrive rarement, aujourd’hui, de me contenter des biens maigres pitances que l’on nous octroie et, je fais ici acte volontaire de condescendance, tandis que l’on se voudrait acheter notre intelligence, mais achète-t-on réellement l’intelligence, je viens de découvrir l’acte civique par excellence qui me vaudrait de devenir à mon tour non moins civique, car l’on a déposé dans ma boite aux lettres, ce que l’on nomme un masque de protection ?

Sans doute aurais-je eu quelques années de moins, quelques longues années en moins, faut-il le préciser, et il faudrait revenir très certainement à l’enfance enfantine et juvénile pour me concéder cette sorte de frémissement joyeux dans le fait de découvrir béatement un tel gadget, euh pardon, ce précieux don, voulais-je écrire. J’aurais éprouvé assez naïvement une sorte d’empathie extasiée devant un tel geste gratuit de la part des autorités et aurais été profondément attaché, voire reconnaissant comme un bon toutou. Mais les années ont passé et nous ont enseigné. Elles ont d’abord et avant tout interpellé notre personne. Lors, je me pose aujourd’hui la question du civisme. Qu’est-ce donc que le civisme ? La Terre, où nous avons vu le jour, est-elle moins civique que nous le sommes à son égard ? Ce monde grouillant de vivant, indépendamment de ce que nous sommes, aurait-il fait preuve d’incivilité en nous proposant un lieu de vie pour le moins trop actif, pour le moins trop incroyablement exponentiel de ressources ? Nous qui nous considérons comme des primates sauvés de la dégénérescence bestiale, extraits enfin du chaos évolutif, animal pondéralement astucieux, singe ambulant et tressautant avec une ingéniosité telle que nous méconnaissons royalement et impunément la réalité du vivant. Sans doute avons-nous la superbe du déni de nos origines ? Quant à moi, j’ai dans l’idée que le singe descend plutôt de l’homme. Mais bon, il s’agit d’une tout autre histoire.

Ma pauvre bonne et vieille Terre, l’on pense sérieusement à t’asphyxier de toutes sortes de chimie pulvérisée afin de lutter contre toutes les possibilités que Tu as de maintenir et réguler les excès de l’homme. Ce dernier estime que Tu es trop dangereuse, que Le Chaos naturel est une calamité pour l’espèce humaine et qu’il doit sans cesse Te plier à ses caprices. Même quand l’homme désire renouer avec Toi, c’est dans l’inavoué désir de perdurer le plus longtemps possible dans sa totale et inepte bestialité. Il pense à ses enfants qui n’auront plus le loisir d’en profiter comme eux. Ils se lamentent car le réservoir Terrestre est en train de leur échapper, le réservoir qui alimente leur licence et leur déconsidération de La Vie. Ils s’affolent et de façon bien égoïste, s’éloignent étonnamment plus de la Réalité. Comme ils ne peuvent, ni ne veulent, se remettre en cause, ils vont trouver toutes les stratégies, celles qui sont les plus inavouées afin de maintenir leur rythme destructeur, sous couvert de civisme éhonté, éhonté pour la simple raison qu’il est tout à fait hypocrite et qu’il ne cherche, ni à sauver l’humanité, tiens donc, ce serait même inédit soudainement, ni à T’épargner. Tant que le monde ne comprendra pas que le civisme est un voile qui en cache un autre, bien plus terrifiant, alors les masques sont de bon aloi. 

Nous n’avons, heureusement, pas attendu pour nous interroger viscéralement sur notre existence, son sens crucial, car nous sommes tous responsables de notre réveil, tandis que nous fûmes aussi témoin d’un monde finissant de s’essouffler à force de perdre son âme. Les facéties d’une singerie qui tient de la plus grande bouffonnerie de la fin des temps.

Extrait de l’article d’un hebdomadaire imaginaire, sous le titre : Facétie d’un monde périssant ou les confidences d’un homme du siècle©

Facétie d’un monde périssant

Souvent ma sœur m’appelle et vient aux nouvelles de son frère confiné au beau milieu de Paris. Je pose alors le téléphone tranquillement sur la petite table, près de la fenêtre, et je l’écoute à moitié. Les oiseaux chantent et à vrai dire, j’ai remarqué qu’un petit jardinet sur le balcon d’en face avait attiré les oiseaux ces jours-ci, plus que de coutume. Comment vont ceux du grand parc où j’ai l’habitude d’aller ? Je m’interroge. De ne plus les voir, les font-ils changer de vie ? Les choses existent-elles vraiment hors de notre regard ? Une fois que ma sœur a cessé sa conversation, et alors que je n’ai guère prononcé un seul mot, à peine marmonné de-ci de-là quelques borborygmes, nous voilà quitte. La plupart des conversations sont de plates réassurances. Nous prenons le soin de nous rappeler que nous existons. Puis nous disparaissons chacun dans les combinaisons multiples de la vie. Mais les dernières nouvelles sont tombées. Il en pleut assez ces derniers temps, de tout acabit, il faut le reconnaître. Seulement, comment démêler le vrai du faux ? Il est facile de nos jours de comprendre qui est qui. Il est même assez troublant de deviner ce qu’il se passe. Plus la confusion règne et plus elle est révélatrice de la clarté. Si si, je vous assure. Pourtant il ne fait pas bon de crier cela sur tous les toits. Peu importe. Quelques-uns saisissent un bout des faits, d’autres un autre bout et cela forme des morceaux de vérité. Néanmoins, au point où nous en sommes, je ne me donne plus aucun choix si ce n’est celui du vrai. Je dirais que c’est la seule chose qui en vaille la peine, car, si nous sommes encore à vouloir reculer devant la vérité, tôt ou tard, elle nous rattrapera. Quelques minutes plus tard, alors que je sirotais un café refroidi, ce fut au tour du Docteur Edouard. Il m’appela afin de me confier son inquiétude grandissante face à l’inconséquence scientifique des temps modernes. Voici ce qu’il me transmit sans préambule :

En ce qui concerne les projets de la 5G, il me semble opportun, mon cher ami, de signaler que ceux qui ont pour projet de l’installer un peu partout dans le monde, ne savent pas vraiment ce qui les attend. A force de vouloir ouvrir toutes les boites de pandore, on va vers une catastrophe mondiale. Ce qu’il faut savoir c’est que les conséquences seront pires que la pandémie actuelle. Les ondes qui relèvent toujours du Vivant, puisque rien n’est crée à partir de rien, vont ouvrir des réalités de perceptions dont on ne soupçonne pas la nuisance. Ces ondes vont révéler ce que nous sommes réellement et faire tomber tous les masques. Or, la réalité de ceux qui se meuvent sur la terre n’est pas une réalité qu’on laisse s’échapper ainsi impunément, car c’est comme si vous donniez libre-court à tous les résidus psychiques, que vous leur accordiez une puissance amplifiée à un point tel que l’homme lui-même ne saurait plus qu’il est un homme et le réveil devant ces horreurs sera épouvantable.

Quand j’insistais pour qu’il m’en dise plus, le Docteur Edouard hésita et m’avoua qu’il ne pouvait m’en révéler d’avantage. L’affaire est grave m’a-t-il dit, et les gens vont s’en mordre les doigts.

Extrait de l’article d’un hebdomadaire imaginaire, sous le titre : Facétie d’un monde périssant ou les confidences d’un homme du siècle©

 

Facétie d’un monde périssant

 

Comme toujours, d’un revers de main presque languissant, nous balayons tout ce qui vient confirmer la perspective ténébreuse du monde périssant et nous nous en excluons définitivement. Apocalypse ou non, quelle vêture à l’imposture, si ce n’est la non-connexion et le non-agrément, ici, maintenant, à tout jamais, devant ces scénarios catastrophes d’un univers dont le mental s’épuise sans guère de reliant Amour ? Mais que voulez-vous que l’on se dise ? Quel est notre devoir ? Faut-il déposer son cerveau dans les filets de l’improbable déstructuration ? Qui est démembré, peut-il retrouver ses membres ? Je me réveille le matin et je m’allonge dans les vicissitudes du nécessaire écartement. Je préfère aller au plus près de la pensée réflexive, m’y noyer sans modération, plonger dans le puits ou dans un océan. A ce stade, Le Vide ne chancelle pas devant La Chandelle.  Car, à ne plus rien perdre, l’on gagne tout. Quel est le plus grave danger pour l’homme ? Est-il son propre ennemi, ou se fabrique-t-il de l’ennemi, comme il ferait monter la mayonnaise dans son laboratoire-cuisine dernier cri ? Quelqu’un est venu me voir, tout à l’heure, en gardant, bien comme il faut, ses distances sur le pallier, mais en maugréant : ma femme aime le vernis rouge sang, slogan qu’elle affiche comme une guerrière impénitente, pourfendant la sottise de la femelle vampirique. Elle marche en se dandinant et martèle le trottoir avec un air faussement mystérieux. Je ne sais pas quoi en faire. – L’aimes-tu, lui ai-je demandé ? – Non…enfin si… je l’aime… un peu, c’est ma femme. – Alors tais-toi ! lui ai-je lancé. Ne viens pas te plaindre ! A un moment donné, il faut choisir. Cela devient une obligation nécessaire. Certains choix sont des engagements solennels, même s’ils sont à nous perdre. Mais dans le fond, pourquoi nos choix seraient-ils à nous perdre ? Bien sûr, ce pour quoi nous optons a forcément des conséquences. C’est vrai. Alors pour conclure, faut-il choisir ou se laisser choisir ? Telle est ma question fondamentale. Autrement dit, doit-on subir ou se taire ? Ou bien doit-on subir et maugréer ? Doit-on ne pas subir et parler ?  Doit-on choisir ou ne pas choisir ? Que faut-il choisir ? Le choix n’est-il pas une action en soi, de toutes les façons ?

Dois-je dire, qu’en vérité, le choix s’est fait, il y a déjà fort longtemps et que nous sommes telle une flèche hébétée qui se doit de reconnaître, à la fois le parcourt et la cible ? Bon sang ! Quand donc allons-nous comprendre ?

Petit fait divers notable : ce que l’on croit nous imposer est en vérité totalement inefficace. Il n’y aura de conséquences graves que pour ceux qui agréent ces conséquences. Quant à ce qui nous sauvera viendra de la plus Grande Reconnaissance du fond des âges illustres. La grande confusion atteindra les confus, ou les confis… Mais cela ne me fait pas rire, pas le moins du monde !

       

Extrait de l’article d’un hebdomadaire imaginaire, sous le titre : Facétie d’un monde périssant ou les confidences d’un homme du siècle©

Facétie d’un monde périssant

 

La mort rode, partout, comme un phénomène cyclique, la mort, inéluctable, Ô Mort ! comment t’avait-on à ce point oubliée ? Dans quelque contrée perdue, bien loin des moulinets, la montagne avait occulté les simples d’esprits, réjouis cette fois pour avoir échappé depuis longtemps à la complice et mouvante croyance du monde moderne. De quoi parlons-nous ? Terribles heures infatuées de siècles déviants ! Est-ce aujourd’hui important ? La mort, flegmatique impotence des marchands de vents, mais où est donc passé la superbe ? Prostitution des âmes, quand celle des corps à outrance se repaît d’avoir mal bu, d’avoir avalé un mauvais vin, bel et bien empoisonné, celui qui circule, sombre, dans les veines du délire. Pour combien de temps, l’acte amnésique qui ne recule devant rien ? La mort rode, mais est-elle une frénétique nouveauté ? Hier, la caissière armée jusqu’aux dents, enfermée dans un mur digne de la plus grande parade, dérive de la claustrophobie : je ne vous vois plus, ensevelie que vous êtes sous le coup du masque. Mais, la mort rôde, et la peur emmure d’avantage le cerveau, que dis-je, la peur liquéfie. Plus de logique, plus aucune résistance, une uniformisation de la peur, une uniformisation de la pensée, un alignement totalitaire du plus grand syndrome, celui de la bêtise. Des siècles de plasma ambulant, croulant d’imitations, monde de la matière grise. Qui veut bien continuer à ma place, je n’en puis plus ? Il y en a pour toutes les devises. Aigreur, imposteur, mais n’est-ce pas la sinécure ? La caissière n’existe plus. La peur ruisselle pour chaque emballage qui passe, reculade, rebuffade, cerveau gélatineux de la psychose, lourdeur des fantomatiques rayonnages, pantomimes des évincements de la cellule luminescence. Avez-vous donc compris ? La mort surnaturelle rôde dans tous les étalages et c’est une ombre qui se répand comme un relent du passé. Comprenez-vous ? Quelle est donc cette lâcheté ? Achetée depuis longtemps contre de l’endormissement, le temps acculé, inconstant. Quel dépérissement ! Quand la nudité vous racle jusqu’à l’os, vous pouvez rire. Mais, je suis sûr que cela vous paraît démoniaque. Quelles sont les années folles qui perdurent et qui finissent en bouffonnerie ? Corsets et cambrures, des vertigineuses insouciances, que dire ? Attendez, attendez… J’ai lu cela quelque part : on nous avait prévenu :

Le mot de Révolution n’est pas pour nous, Français, un mot vague. Nous savons que la Révolution est une rupture, la Révolution est un absolu. Il n’y a pas de révolution modérée, il n’y a pas de révolution dirigée – comme on dit l’Économie dirigée. Celle que nous annonçons se fera contre le système actuel tout entier, ou elle ne se fera pas. Si nous pensions que ce système est capable de se réformer, qu’il peut rompre de lui-même le cours de sa fatale évolution vers la Dictature – la Dictature de l’argent, de la race, de la classe ou de la Nation – nous nous refuserions certainement à courir le risque d’une explosion capable de détruire des choses précieuses qui ne se reconstruiront qu’avec beaucoup de temps, de persévérance, de désintéressement et d’amour.
Mais le système ne changera pas le cours de son évolution, pour la bonne raison qu’il n’évolue déjà plus ; il s’organise seulement en vue de durer encore un moment, de survivre. Loin de prétendre résoudre ses propres contradictions, d’ailleurs probablement insolubles, il paraît de plus en plus disposé à les imposer par la force, grâce à une réglementation chaque jour plus minutieuse et plus stricte des activités particulières, faite au nom d’une espèce de socialisme d’État, forme démocratique de la dictature.

Extrait de l’article d’un hebdomadaire imaginaire, sous le titre : Facétie d’un monde périssant ou les confidences d’un homme du siècle©

 

Facétie d’un monde périssant

TOINETTE

Ignorantus, ignoranta, Ignorantum. Il faut boire votre vin pur, et, pour épaissir votre sang, qui est trop subtil, il faut manger de bon gros bœuf, de bon gros porc, de bon fromage de Hollande; du gruau et du riz, et des marrons et des oublies, pour coller et conglutiner. Votre médecin est une bête. Je veux vous en envoyer un de ma main; et je viendrai vous voir de temps en temps, tandis que je serai en cette ville.

Molière : Le Malade imaginaire, scène X, Acte III.

 

Après avoir fait une deux courses à l’épicerie locale, celle qui fait l’angle de la rue, entre la rue Poissonnière et la rue des Jeûneurs (je ne l’ai pas inventé, je vous l’assure), me voici bien calé dans le fauteuil rustique que j’affectionne tout particulièrement, surtout quand il s’agit d’écrire quelque impressionnante nouvelle, ou le dernier scoop de la semaine. Je viens de rencontrer par télé-virtualité notre médecin préféré, ce cher Monsieur Édouard, Archibald de son prénom. Mais personne ne l’appelle ainsi. Tout le monde se contente de Docteur Édouard. Je n’ai pu m’empêcher, comme vous pouvez l’imaginer de lui poser quelques questions sur l’actualité. Il est vrai que je ne risque pas d’attraper un virus à distance, quoique, sait-on jamais… mais la curiosité est autrement plus forte pour le journaliste que je suis. Tout d’abord, je lui ai posé cette question :

– Devient-on nécessairement un dissident lorsque notre opinion est contraire aux idées qui circulent communément ? Devenons-nous dangereux par le fait de ne pas accorder plus de crédit à ce qui se dit, même lorsqu’il s’agit de toutes sortent d’officines qui exercent leur pouvoir ? Ou bien… ou bien la suspicion est-elle à bannir complètement de notre cerveau ?

– La réalité dépasse souvent la fiction, mais sans vouloir paraître baroque, je dirais que la suspicion n’est pas de mise. L’on peut se tenir sur ses gardes. L’on peut vouloir appréhender les événements de façon rationnelle, mais être intelligent n’est pas une dissidence. Être intelligent est simplement un devoir. Un devoir que l’on se doit à soi-même, puis aux autres. Vous me demanderez : que peut bien être l’intelligence ?

– Oui, Docteur Édouard, que peut bien être l’intelligence…

– A tort, on croit que douter est une forme inévitable d’autonomie intellectuelle. Mais l’intelligence relève d’une autre force que l’on peut définir comme irréductible. Parfois, même l’intelligence ne s’explique pas.

– Revenons-en à l’actualité oppressante, si vous le permettez, Docteur Édouard. Le virus aura-t-il des répercussions sur l’humanité ?

– La disparition des dinosaures a sans doute été moins visible que l’apparition d’un virus : une fois qu’ils ont disparu, on ne les a plus revus. C’est un fait avéré et je le dis très sérieusement, je vous l’assure. Quant au virus, il ne disparaîtra jamais. Il est même l’annonce d’une série de virus en tous genres. Mais entre nous, un virus a nécessairement son remède, et de fait, la nature n’a pas cessé de nous étonner depuis des millénaires. Or, l’homme a oublié qu’il fait aussi partie de cette nature. Comment peut-il imaginer qu’il y ait autre chose que le vivant, au sein du vivant, puisqu’il ne sait rien tirer du néant ? Alors, virus ou pas virus, ce que la nature a programmé, elle l’a très bien programmé, et ce, à l’insu même de l’homme qui est toujours compris dans la nature. Même ce que nous appelons chimiquement transformé vient du vivant. Alors, je vous le dis très clairement :  le fait que le virus apparaisse est en soi une guérison.

– N’est-ce pas là une sorte d’anticipation sur les phénomènes ? Je vous trouve bien sûr de vous, Docteur Édouard.

– Non, je vous l’assure, il s’agit d’une constatation aux conséquences inéluctables.

– Donc, selon vous, nous n’avons pas à nous inquiéter des réactions en chaîne ?

– Malheureusement, je ne suis pas sûr que tout le monde possède l’intelligence que nous évoquions tout de suite, et qui est le seul guide véritable pour l’espèce humaine. Alors, il me faut vous confier ceci : le vrai malheur vient de l’ignorance.

– C’est bien ce que je disais au début : Ignorantus, ignoranta, Ignorantum… Merci Docteur Edouard pour cette interview. Peut être serons-nous bientôt à vous recontacter. Portez-vous bien. Haut les cœurs !

– Portez-vous bien aussi !

Les humoristes de jadis copy

 

Ps : Entre nous ce Docteur Édouard m’a semblé complètement hors de la réalité, mais je ne sais pas pourquoi, derrière son esprit farfelu, il me semble lire entre les lignes un certain bon sens.

Extrait de l’article d’un hebdomadaire imaginaire, sous le titre : Facétie d’un monde périssant ou les confidences d’un homme du siècle©

 

Facétie d’un monde périssant

 

Quelque part, pourquoi sommes-nous autant impactés par les chiffres ? Quelles sont les réalités de l’économie qui est devenue, à proprement parler, L’Art Divinatoire des temps modernes ? L’économie, du grec οἰκονομία, désigne étymologiquement l’administration de la maison. L’administration, du latin Amenestraison fait référence à la portion servie à table. Nous sert-on depuis tous ces siècles d’indigestes nombres que la fourchette soulève vers nos mâchoires rigides ? Quand parle-t-on de pauvreté ? Qui influence autant nos réalités quotidiennes ? Quel est le poison qui affirme sans pudeur l’absoluité virtuelle des nombres et les transforme en des concrétudes illusoires ? Le monde périt des croyances qu’il s’auto-suggère avec la frénésie de la folie conséquentielle. La dérive pompeuse des chiffres, les statistiques, la variabilité des quantités, sont portions gonflés d’hallucinogènes massifs. Pourtant, le soleil brille et le vent souffle sans conteste comme l’inéluctabilité d’une vie, Terre à Terre, ou Terre à Ciel ? Quand la loupe obséquieuse des paroles mensongères aura mis en relief les faussetés de l’économie, l’on reviendra à manger des navets. L’herbe a ses facéties et l’homme compte ses pas à mesure qu’il recule. Il voit l’échéance qui n’a lieu que dans les repas frugaux de ses désirs déjoués. L’eau coule en l’abondance et le monde revient, en la nécessité simple de porter les petits fagots. Marchands, négociants, que les sincères rampent, que les autres renoncent ! J’ai planté non loin quelques poireaux et des choux. Le ciel passe, l’oiseau me chante des fariboles et je lui réponds avec cette légèreté des pauvres. S’il faut tout quitter, qui effacera ces chiffres volés à la criée ?

 

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Extrait de l’article d’un hebdomadaire imaginaire, sous le titre : Facétie d’un monde périssant ou les confidences d’un homme du siècle©