Ghayn

 

Mille.
Au nombre de l’indéterminé qui ne se manifeste pas.
Au nombre du Mystère de la poignée primordiale,
Au nombre des lettres et des vocables inscrits par le Calame sur la Table préservée,
Au nombre de l’œuf du monde avant qu’il ne soit polarisé,
Au nombre du Ciel premier couvrant notre mère la Terre,
Au nombre de l’Être conçu dans le secret du tout Puissant,
Au nombre des mondes ordonnés par la Sagesse éternelle,
Au nombre du Paradis lorsqu’il se posa au sommet de ce monde,
Au nombre d’Adam lorsqu’il nomma les créatures de l’Eden,
Au nombre de l’Adam-Ève lorsque mâle et femelle, Il les créa,
Au nombre des peuples dispersés quand le jardin fut fermé et que la terre déroula sa distance,
Justice de la Miséricorde.
Au nombre des grains de sable du désert,
Au nombre des gemmes que la terre recèle,
Au nombre des montagnes, des vallées et des plaines,
Au nombre des cascades, des rivières, des fleuves et des océans qui vivifient toutes choses,
Au nombre des feuilles qui bruissent dans le vent de l’éternel Esprit,
Au nombre des grains de blé nourrissant l’indigent,
Au nombre des roses et des jasmins qui ravissent les sens,
Au nombre des orangers qui enchantent les assoiffés,
Au nombre des oiseaux décrivant dans le ciel les versets de l’amour,
Au nombre de leurs plumes frémissantes à l’audition des psaumes du Prophète,
Au nombre des cavales parcourant le désert,
Au nombre des troupeaux qui décrivent l’espace, lui assignant sa limite,
Au nombre des félins qui montre le danger et enseignent la prudence,
Beauté de la Miséricorde.
Au nombre des négligents qui méprisent les lois de l’hospitalité,
Au nombre des patients qui se réjouissent de leur pauvreté,
Au nombre des pèlerins visitant les sanctuaires,
Au nombre des pénitents qui tournent leurs regards vers la source du pardon,
Au nombre des croyants qui soupirent à l’écoute de Sa Parole,
Au nombre des néophytes qui sourient à la Lumière de Sa vision,
Au nombre des connaissants qui scellent Son secret,
Au nombre des amants sous l’emprise impérieuse de Son Amour
Qui se délectent de Son absence,
Aspirant au débordement et à l’ivresse,
Et se noient dans une spiration adorative,
Jusqu’à l’évanouissement de leur être dans la présence de l’Aimé,
Amour de la Miséricorde.
LUI,
Sur qui se porte l’inclination des cœurs,
LUI,
Qui joue de la séparation et du rapprochement,
LUI,
Qui se voile et se dévoile.
Son nombre est sept.
Cycle des jours qui s’enroulent et se déroulent incessamment
Jusqu’à leur terme
Afin que les amoureux parcourent la terre à la recherche de l’Aimé.

Clé de Ghayn

[…]Dans l’Amour réside l’Être primordial[…]
Le croyant qui a donné sa foi plonge alors dans l’ivresse,
Subtile ivresse de celui qui, patient comme le félin,
Gravit les sept cimes du rapprochement,
Et réalise sa route vers les palais du pardon.
[…]Ce monde en rien ne se distingue de Lui[…]
Il est la beauté du ciel
Qui règne toute puissante sur les peuples,
Il est la séparation des mers,
Il est le désert de l’indigence…
Femelle comme l’œuf qui conçoit,
Mâle comme la poignée qui concentre et couvre
Car Il est sans détermination aucune.
[…]Pourquoi donc ce pèlerinage ?[…]
Le pèlerin n’est-il pas l’état limite de l’Adam uni à Ève ?
Nombre d’indigents jamais n’atteindraient au paradis
S’ils n’avaient d’abord été conçus en cette forme.
[…]L’amant le sait quand il entre en adoration[…]
L’espace et la distance sont absorbés par la source,
Le blé abonde en multitude,
L’oiseau à l’abri dans sa cage s’abreuve à l’eau de la rose
Quand le jour entre en lumière…
C’est dans cette cage que s’enseigne la Parole et la Vision intérieure,
C’est dans cette cage que paraît le sourire du Mystère
Et c’est là la raison de l’hospitalité envers le négligent.
[…]Il a disposé un voile entre Son aimé et le sanctuaire[…]
Du Temple sacré au fond de la vallée
S’élèvent les psaumes de l’Éternel Absent.
[…]L’amant le sait, tout est nombre dans le créé[…]
Et le nombre caché du cœur est celui du monde
Et le néophyte se nourrit des versets de la présence
[…]Et la Justice ordonne[…]
Et les cavales enchanteresses du vent,
Du terme fatal, préservent les regards.
[…]Vois la Table en son évanouissement[…]
Contemple ton Prophète et considère l’ampleur de son inclination !
Abandonne-toi à l’audition du Calame
Qui t’ordonne de te réjouir du Secret…
Sache que le Connaissant par Lui est un pénitent
Qui de la voie du Jardin sait les dangers,
Sache que même la Terre invite à la prudence
Celui qui comme toi désire ardemment la douceur de l’oranger.
[…]Les graines du Jasmin germent dans le terreau de la Loi éternelle[…]
Entends la spiration d’amour des lettres
Qui soupirent et se languissent de la Sagesse
Polarisée dans Sa Miséricorde…
Ô assoiffé !
Sois léger comme la plume,
Qui se laisse envoler dans les vents de l’espoir !

Vingtneuvième coffre : Ghayn

Ô Prophète de notre Prophétie !
Ô vierge réceptacle de la Parole infinie !
Ô confident de la montagne !
Ton cœur est apparu à l’aube des mondes
Avant que ne soit décrété le temps,
Avant que l’eau de la Vie et l’argile de la Forme
N’aient accompli leur œuvre primordiale…
Et que fut advenue cette humanité finissante.
Ô compagnon des compagnons !
Ô guide des guides !
Ô maître de tous les maîtres !
Initiateur de toutes les voies !
Refuge des cœurs égarés !
Ô manteau des sanctifiés !
Ô toi le bouclier !
Ô toi la flèche qui atteint toute cible désignée !
Ô médecin des cœurs !
Guérison des corps et leur remède !
Lumière des regards intérieurs et clarté des âmes endurantes !
Ô maître de l’éloquence et du calame !
Tu es celui qui tient la plume et qui écrit
Car enfin, qui d’autre que toi est pour nous
La source de l’inspiration et l’encre à laquelle nous puisons ?
N’es-tu pas le Livre des livres,
Le coffre fort des vocables précieux,
Le régisseur de la syntaxe harmonieuse
Et le sultan de la rhétorique amoureuse ?
Si nous avons suivi ta voie, le mérite t’en revient,
Si nous nous sommes égarés de la vérité, la faute nous incombe
Et que ma voix retourne au silence,
AMIN.

 

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ZHĀ

Neuf cent.
Racine carrée du Ciel
Rapportée au double mystère du Non Manifesté.
« Sois ! »
Consonne de l’occultation,
Consonne de l’apparence
Liées l’une à l’autre
Par le souffle ténu d’une lettre labiale.
Voici !
Sous Son manteau de Miséricorde,
Selon la nature de chacun,
En ordre préconçu
Sans généalogie ni descendance,
Tous les êtres assemblés
Sont engendrés d’une injonction unique et permanente !
Trésor à l’abri des regards indiscrets,
Enchâssé dans l’écrin de Son intimité la plus secrète,
Il fait jaillir la Lumière et l’Eclat de Son amour infini.
Or, cet Amour germinatif réclame sa part
D’attachement et de fidélité
En retour de sa générosité universelle.
Il fait éclore alors les êtres
En multitude sans limite assignable,
Variété sans nombre de couleurs et de formes,
Epanchement incessant du mouvement de la Vie,
Océan sans rivage !
Feignant soudain l’absence,
Il rend Ses serviteurs éperdus et sans souffle,
Soupirants et réclamant un terme à leur séparation.
Car Son apparition au cœur des cœurs fidèles,
Le dévoilement de Sa Parole révélée aux âmes bien nées,
La fraîcheur de Sa tendresse envers les corps purifiés,
Entraîne une inclination aussi soudaine qu’irrésistible
A Le connaître.
Toute noble poitrine le sait :
« Le connaître, c’est L’aimer et L’aimer, c’est Le connaître. »
Certes, Il se cache et pourtant, je le vois !
N’est-ce donc là qu’un jeu de miroir ?
Non !
Son occultation génère la vision de Sa Réalité Essentielle
Et son épiphanie efface toute illusion !
Il est l’Apparent !
Seuls, ceux dont les cœurs sont tissés d’une épaisse ténèbre
Le prétendent inaccessible dans Son occultation.
Si tu Le dis caché, autant Le nier sans ambages,
Du moins, seras-tu sincère
Et laisse-moi à ma solitude
D’où je converse avec tous les êtres de ce monde et de l’autre.
Ni le vocable extérieur ni celui d’intérieur
N’ont de sens pour moi.
Ne désignent-ils pas une Réalité identique ?
Si tu me dis : « Je ne suis pas toi. »
Voici ma réponse :
« Retourne à ton néant,
Je ne vois rien qui ne soit moi-même ! »
Si tu te rends à la Vérité et me dis : « Ô moi-même ! »
Je t’ouvre ma porte et te convie à ma table.
Assieds-toi à la place d’honneur
Et prends possession de tous mes biens
Car je suis ton humble servant et ton vassal.
Son nombre est neuf cent un.
Achèvement de la gestation universelle,
De la multitude des générations millénaires,
A partir d’un seul Être.
Son nombre est dix.
Retour dans le giron de l’Unique.

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Clé de Zhā

Discours de l’Unité.
De l’amour coule la vie de l’Être unique…
Or, il est une table préservée
Où s’écrit sans cesse un verbe de nature,
Parole sans fin de tendresse,
Nature inépuisable de gestation.
Puis, s’étend un manteau affluant un épanchement,
Issu de LUI,
Dans les lignages de la filiation universelle.
En retour, le nombre achevé de l’initiale
Ramène insensiblement toute réalité à Sa Réalité essentielle.
Discours de la dualité.
Et ce monde de l’ici-bas est l’empire de la fidélité au Ciel
Et de l’ultime séparation.
Ici, la Vérité est labiale tandis que l’illusion est germinative…
Occultation par l’apparition des apparences !
Discours du ternaire.
Considère la réponse en son écrin,
Considère l’ordre millénaire,
Comprends que celui qui soupire est un océan sans rivage
Dans lequel toute forme plonge ses racines…
Car l’apparent est le miroir de l’infini
Et le néant, celui du non manifesté.
Discours du quaternaire.
Sois le corps de la généalogie,
Sois le mouvement de la lumière
Qui se déploie dans les siècles des siècles
Et qui rejaillit dans les cœurs à chaque époque !
Sois le dévoilement qui ouvre les portes !
Deviens le vassal, deviens le noble !
Sois ennoblit par le fraîcheur de la vision
Et entre enfin dans l’intimité du mystère !
Discours du quinaire.
Les portes du Palais ! Les portes du Palais !
Entendez les éclats de rire issant de la salle au Trésor !
En livrée de couleur, les serviteurs vous accueillent
« Miséricorde aux âmes bien nées !
Prenez place à la table d’honneur selon votre nature ! »
Ô créatures natives !
Méditez selon l’ordre des neuf cent souffles de l’initiale de l’Apparent,
Lui dont l’intérieur est une absence,
Origine de toutes les descendances.
Discours de l’hexagramme.
L’universel engendre la polarité sphérique du ciel
Et le carré terrestre et les nombres à la suite.
Le cœur, lui, se tient debout en solitude volontaire,
De lui s’échappent des chapelets de vocables,
Sa parole est sincère qui fait éclore en sa poitrine
Les lys de la fidélité et les roses de l’achèvement du chemin.
Au dessus et au delà se tient une assemblée devant le Seigneur de Vérité.
L’on se doit de saisir dans l’instant donné les éclats de Son épiphanie
Et de Son essentielle Réalité.
Discours du septénaire.
Ô moi-même !
Tu es mon écrin
Et je suis ton regard.
Discours de l’octonaire.
Je veux suivre Ton inclination
Et plonger dans Ta générosité,
Je désire Te connaître,
Que notre conversation
Sans fin se poursuive,
Que je sois préservé
Des ténèbres de l’extérieur
Et que Tu m’acceptes dans ton intimité.
Discours du novénaire.
Ta vision de Moi est secrète
Et mes lettres sont voilées
Par le rideau de Ma Miséricorde.
Ainsi, je m’efface et me sépare
Bien que je reste apparent et présent
À cette multitude qui m’ignore, tout en me connaissant.

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Vingt-huitième coffre : Zhā

Qui connaît cette « science de chez Nous » ?
Qui a su lire Ses feuillets issus du discours de la Table ?
Qui a reçu la charge du dépôt afin de le restituer
Dans sa pureté originelle d’âge en âge ?
Qui, paré des joyaux du savoir et des convenances,
Peut s’asseoir sur une lande asséchée
Et lui rendre une vie florissante ?
Qui ?
Si ce n’est toi, Ô Verdoyant !
Qui depuis l’origine des siècles parle aux Prophètes et aux Saints ?
Ô Khadir !
Tu es l’éclair du dévoilement !
Car plus qu’une parole, ton verbe est l’acte d’un glaive
Séparant le vrai de l’erreur
Et une lumière qui dissout les ténèbres et rend la vue aux aveugles.
Le sceau de la sainteté a témoigné que, sans toi,
L’univers manifesté ne saurait subsister !
Et ta parole vivifie la moindre des créatures.
Ainsi, le poisson de Moïse est sorti de la mort
Pour retourner à l’océan.
Il en est peu qui savent que tu es une Miséricorde venue de Lui
Et que tu détiens les clés d’un autre monde
Et une guidance pour les ardents.
Ô Maître des maîtres !
Tu te ris de l’impatience de Moïse
Car les secrets t’apparaissent sans voile
Et ta connaissance embrasse sa science.
Soucieux des convenances, les apparences n’affectent pas ton jugement.
Alors, tu fends la conque du cœur
De crainte que l’âme malveillante n’en prenne possession.
Puis, tu anéantis l’âme déloyale
Et ainsi tu préserves la pureté de la foi
De l’âme bien née et du noble cœur.
Enfin, tu relèves le mur de inhospitalité
Pour maintenir séparés le monde inférieur et le monde supérieur
Si bien que le trésor enfoui reviendra le temps venu aux héritiers orphelins.

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Dād

Huit cent.
Vois ta faiblesse et ton aveuglement !
Considère-toi comme un égaré
Sur cette terre d’exil !
N’écoute ni les rires, ni les rumeurs,
Ni celui qui te conseille !
Éloigne-toi des paroles dommageables !
Ton âme est-elle contrariée par ta résolution ?
Veut-elle multiplier les obstacles ?
Traite-la comme une étrangère,
Bannis-la de ton intimité !
N’es-tu pas l’officier en charge de l’armée et du combat ?
Aussi, reste ferme !
Ton intime conscience sera,
N’en doute pas,
Épurée par la Voie de l’aspiration spirituelle.
Ta victoire est certaine !
Son nombre est huit cent quatre.
Victoire du Juste et de la Vérité.
Son nombre est douze.
Totalité des signes célestes,
Totalité des portes du Palais,
Multiplication des quatre éléments terrestres
par les trois principes célestes.
Son nombre est trois.
Ciel,
Terre,
Mondes en nombre sans nombre,
Premier Adam
Cuit et recuit dans l’Athanor universel.

Clé de Dād

Voici la résolution première !
Élever ton âme à la conscience universelle !
Voici ce à quoi aspire l’officier servant !
Car le Ciel préside
À la hiérarchie des mondes
Enracinés dans les profondeurs de la Terre-mère.
Si tu restais étranger à la victoire,
Tu n’entrerais pas dans le palais de l’initiale.
Tu serais l’égaré si tu manquais de fermeté
Et tu resterais sous l’emprise terrestre.
Efforce-toi de voir,
Épure tes actes,
Suis ta voie,
Écoute
Et cueille les éléments à ta portée.
Incline-toi et passe la porte étroite de l’au-delà
Car ce monde est un exil,
Exil du doute,
Comme un obstacle
Adossé à ta faiblesse!
Sois juste, si tu peux,
Et tu verras les signes se multiplier !
Ne te laisse pas aller
À l’aveuglement du quatre de nombre
Qui t’enchaîne à la terre
Et ferme tes oreilles à la rumeur de l’initiale
Qui te ralentit sur la voie…
De la certitude spirituelle.
Il t’est demandé de t’éloigner à jamais
Afin d’atteindre l’intimité du trois de nombre,
Nombre de la conversation divine,
Nombre qui, en se multipliant par lui-même,
Génère l’Adam du combat et du rire !

Vingt-septième coffre : Dād

Ô fils de l’abondance sans limite !
Ô père de la descendance sans nombre !
Savais-tu que ta richesse était le masque de ta faiblesse ?
Et ta puissance, le vêtement de ton indigence ?
Ô Ayyub !
Il ne fallut qu’une nuit pour qu’Il te révèle
La réalité de ta condition.
C’est toi qu’Il mentionne lorsqu’Il dit
Que tu fus créé dans la perfection
Puis fus précipité au pied de l’échelle !
Il ne fallut qu’une nuit de dix-huit années
Pour que ce prêt d’excellence
Devint le tissu de ton être !
Dix-huit années à tisser la robe de l’endurance et de la foi.
Dix-huit années à tenir l’orientation de ton Seigneur.
Jamais dans l’épreuve, ton âme-épouse, ta miséricorde,
Ne t’a abandonné, s’humiliant dans les menus travaux
Jusqu’à vendre sa chevelure !
Sachant qu’elle s’était abandonnée elle-même
Pour préserver ta constance,
Ton cœur s’ouvrît à la pitié et implora son Seigneur.
«Frappe la terre du pied ! »
« Fais jaillir la source des profondeurs de la terre ! »
Voici l’eau de la guérison et de l’abondance renouvelée !
Voici l’eau des retrouvailles de l’épouse et de l’aimé !
Voici l’eau du couronnement de l’âme fidèle et de l’esprit fidélisé !
Voici l’eau de la consécration de l’âme
Revêtue du voile lumineux de la miséricorde !
Voici l’eau de l’alliance nouvelle !
Ô Prophète des patients et des endurants !
Ta parole est celle du silence et de l’écoute,
Ton action est celle de la confiance et de l’abandon,
Ta foi est celle de la certitude et du regard,
Ta station celle de la permanence et de la pauvreté !

AYYUB

 

Dhāl

Sept cent,
De ton essence
A l’essence immuable,
L’illusion d’un monde d’ombres changeantes et de voiles.
Voici les flots de la pensée agités de mille tempêtes
Et les sables des exils soulevés par les vents de solitude.
Mais tout cela n’est rien que le produit des âmes versatiles,
Livrées au désordre et la sédition.
Élève ton regard vers la Majesté
Et quémande avec insistance les fruits de sa générosité.
Tu recevras en signe d’élection
Le chapelet du souvenir
Qui te rendra force et acuité,
Les degrés t’apparaîtront
Et ton chemin sera clarifié.
Engage toi et ne te livre pas au renoncement,
Nul abandon pour celui qui se hausse !
Son nombre est onze,
Unité dédoublée,
Face à face des cœurs essentiels,
Pérégrination du multiple,
Fusion non encore fusionnée,
Lieu de tous les possibles

Clé de dhāl

Par la vertu des âmes ascendantes
Et par l’élévation des degrés de l’Être-Un en multitude sans nombre !
Est-il un signe en ce monde qui surpasse la raison ?
Est-il un vent d’outre-monde qui araserait les montagnes et courberait les corps ?
Voyez, le nouvel aspirant a reçu de la main de son Maître le chapelet de sa délivrance.
Aura-t-il la force de cesser les suppliques ?
Deviendra-t-il indifférent aux tempêtes qui s’annoncent .?
Pourra-t-il veiller, tel une vestale, le feu du souvenir, de nuit comme de jour,
Et attendre avec constance
Que la graine enfouie dans la terre donne le fruit espéré ?
Verra-t-il son néant à l’ombre de la Majesté suprême ?
Saura-t-il enfin tourner le dos aux formes illusoires ?
Que son regard acquiert chaque jour une acuité plus forte !
Qu’il suive la route sans s’écarter du sentier !
Qu’il déambule librement parmi les mille courtisans du Sultan
Demeurant néanmoins à l’abri de sa solitude !
Que le toupet de son front reste lié à son nom immuable
Tandis que les partisans sont enchaînés à l’ombre
Et sombrent dans les marais de la sédition !
Que sur son cœur, son âme et son corps,
S’écoulent à chaque instant les effluves de la lumière de l’Essence !
Et qu’il échappe ainsi à l’enchaînement perpétuel des mutations cycliques !
Dans sa droite, il tient fermement la crosse mosïaque de l’unité
Afin de clarifier son désordre intérieur par l’abrasion du renoncement.
Il marche au milieu de la foule qui l’ignore,
Son visage est voilé
Cependant qu’en lui-même,
Il goûte les délices du face à face des âmes et des cœurs !
Certes, il est en exil en ce monde
Mais sa poitrine est en fusion !
Si les flots se déchaînent,
Si la conque de cœur menace de chavirer,
Peu lui importe !
Le secours est toujours possible…
Il suffit d’un signe de la main de Majesté.
Son chapelet, boussole dans le fracas de la tempête !
Son chapelet, viatique universel du voyage vertical !
Son chapelet, source de lumière qui accroît l’acuité du regard !
Sept cent est le nombre de l’initiale et du rappel incessant…
… Qui ouvre la porte de la Générosité
Et éloigne l’esprit de révolte…
C’est ainsi qu’en chemin il délaisse ce monde de sable et de vent,
Que chaque jour nouveau,
Il tente de s’élever d’un degré vers la cime de l’Unité,
Vers cette demeure où la versatilité de son âme
N’aura plus d’effet sur la stabilité de son cœur.

Vingt-sixième coffre : dhāl

Ô héritier de la Sagesse !
Ta lignée remonte à l’origine désertique de la Religion !
Et tes ancêtres ont élu domicile dans la ville d’Alexandre !
C’est là que tu reçus
Les sciences du dehors, de la lettre et de la loi,
Les sciences de la parole prophétique et du récit,
Et la science de l’interprétation du Livre des livres.
Ta voie semblait tracée…
Or, un jour,
Attiré par le parfum de sa renommée,
Tu vins t’asseoir devant le Lion de Murcie
Qui te fit goûter le vin de son éloquence !
Ce fut le signe que ton cœur attendait à ton insu,
Ô Iskandari !
Un seul choix ! Suivre Sa Voie !
Devenir son intime !
La suite relève de l’évidence…
L’étoile de la Religion a versé dans ton cœur
Le miel de sa connaissance
Et fit de ta poitrine le coffre de ses secrets !
En tous lieux où tu venais rendre témoignage à la Vérité,
On entendait vibrer les cœurs et les poitrines soupirer !
C’est pourquoi,
Par delà les contrées et par delà le temps,
Ta Sagesse est devenue la clé du succès des aspirants
Et nous avons conservé intacte la mémoire de tes sentences
Que nous ont transmis nos pères.
Ô notre Maître par alliance !
Tu es la lampe des esprits
Et le flambeau des cœurs amoureux !
Nous puisons dans ton livre les conseils du Miséricordieux
Et quand nous embarquons sur l’esquif de la navigation océanique,
Tes écrits sont notre carte et notre boussole.

 

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Thā

Cinq cent.
Comme un appel à l’armée des hommes
Au combat de la clarté !
Témoignage de l’élévation du ciel et de l’étendue des terres !
Reconnaissance de l’ambivalence des âmes,
Effort de purification !
Les hordes révoltées crient au mensonge !
Non contentes de laisser la chamelle assoiffée,
Elles sacrifient l’animal sacré à leur vice !
Leur monde est destruction !
Leurs âmes ténébreuses !
Seul un flambeau peut contrer le scandale de leur ignorance !
Son nombre est six,
Sud, Est, Nord, Ouest, Nadir, Zénith,
Retour à l’ordre immuable,
Justice sans faille.

CLÉ DE THĀ

Première équerre
Dans leur corruption, les âmes humaines suivent sans discernement
Les voies des six horizons terrestres et célestes
Mais dans leur clarté, ne s’ouvre à elles qu’un unique chemin,
Le sentier escarpé de la purification.
Seconde équerre
La racine de la corruption est le chardon de l’ignorance
Qui envahit les champs de labours et ne nourrit que les ânes !
Le ciel est alors comme absent,
Le germe de la destruction est à l’oeuvre,
Un vent pernicieux souffle du nord
Et inspire aux pervers l’inique sacrifice de la chamelle miraculeuse.
Règne le mensonge sur la terre, sans retour,
Livrée au scandale et aux ténèbres de l’injustice.
Tous les regards pointent vers le nadir des mondes
D’où ne vient jamais la moindre lueur.
Troisième équerre
Sans l’effort du salut,
Les âmes se couchent sous leur propre bétail,
Préférant s’enliser dans la négation de l’Ordre,
Et plutôt que répondre à l’Appel de l’Immuable,
Elles s’emprisonnent elles-mêmes dans une révolte insensée !
Quatrième équerre
Or, toute âme se doit au témoignage et à l’attestation,
Des sept cercles planétaires,
De l’Homme Universel
Et de l’Être UN.
Cinquième équerre
Mais elles se laissent aller à leur ambivalence
Sans prendre garde aux hordes qui déferlent
Sans frein ni retenue des six directions du monde.
Sixième équerre
Or, le nombre est la mesure de ce monde !
Or, le nombre est la racine de toute norme
Et la norme est l’équerre qui redresse toute chose !
Ici, le Sacré ordonne la Justice !
Celle qui vient du Levant des jours,
Celle qui ouvre la voie de la purification,
Celle qui mène au zénith des mondes et des mondes !
Septième équerre
Du sud désertique, accoure la Chamelle blanche et son armée
Suivie du petit bétail de son peuple sans nombre,
Pour faire retour en sa légitime vallée
Et pour éteindre l’incendie du scandale.
Huitième équerre
Qu’enfin les âmes entendent l’appel qui jamais ne cesse,
Que les âmes abandonnent les voies de la révolte,
Que les âmes prennent la mesure sans mesure
De NUL AUTRE QUE LUI
Et que prévale l’étendue sans limite du Témoignage
De l’Unité céleste se mirant dans l’unité terrestre
Afin d’engendrer l’homme
Et que ce dernier s’en retourne à l’Unité
Qui se cache dans le cinq cent de nombre.
Neuvième équerre
Contre l’ambivalence des âmes,
Un seul combat !
Celui de la soif !
Une seule direction !
Fuir le crépuscule d’un monde finissant
Pour rejoindre le soleil levant d’un océan sans rivage !

VINGT-QUATRIÈME COFFRE : THĀ

Lorsque la terre a été corrompue
Et que les convenances sont outrepassées !
Lorsque les fils du frère de jadis
Couvrent la plaine d’édifices orgueilleux
Et creusent leurs maisons dans la roche des montagnes !
Le ciel lui-même tremble et se détourne.
Ô Çalih !
Tu fus la voix de l’Unité !
Ta parole était entendue en haut lieu,
Inaudible pour ce peuple sans oreille,
Et ta foi était guidée par l’oeil de la certitude.
Or, la corruption appelle la purification,
Et le scandale, le retour à l’Ordre.
Ô Prophète !
Ce peuple était divisé en deux factions,
Forts et faibles.
Les puissants se sont détournés de toi
Tandis que les petits ont cru ta parole.
Force, faiblesse…
Ô Çalih !
Ils voulurent comme preuve de ta sincérité,
Une chamelle miraculeuse surgissant du flanc de leur montagne.
Il t’a suffi de lever les mains au ciel
Pour qu’elle apparaisse !
La chamelle se réservait l’eau de la source, un jour,
Le lendemain, le peuple pouvait puiser et s’abreuver de son lait.
Mais l’ignorance est la pire des corruptions…
Ils ne savaient rien de la vertu de ce lait,
Il n’ont pas vu que l’eau qu’il puisaient était devenu lumineuse.
Mais les êtres injustes sont voués aux ténèbres.
Neuf d’entre eux décidèrent de supprimer la preuve de leur sédition
En tranchant les jarrets de la chamelle sacrée,
Ajoutant la corruption à la corruption
Et le scandale au scandale !
Alors, la menace devint le Cri
Et le Cri fit trembler la terre qui s’effondra sur eux,
Effacés à jamais avec leurs œuvres !

Lorsque l’Envoyé traversait cette contrée,
Il ne s’arrêtait ni ne permettait que la caravane fit halte en ces lieux,
Car, Ô Çalih !
De là où les ténèbres ont élu domicile, la lumière se détourne…
C’est un signe pour les sincères afin qu’ils évitent
De souiller leurs talons et le bas de leur robe,
De crainte de gangréner leur être tout entier.

 

Quatre cent.
Révélation aux dix mille terres
Aux cieux innombrables !
Le Roi incomparable
A prononcé le décret,
Libérant toutes créatures de l’indifférencié.
Dans les cieux,
Sur la terre,
Entre les deux
Et sous la terre,
Il a enfermé les secrets
Pour que Son Verbe soit proclamé
Et que ses Noms soient connus de tous.
Que celui qui veut ramener un tison du buisson
Ôte ses sandales afin d’être agréé.
Diffusion de la descente dans la hiérarchie des mondes,
Inscription des pôles dans la matrice unifiée,
Son nombre est cinq,
Terre augmentée de l’unité
Donnant naissance à l’homme.

Clé de Tā

À moins qu’il n’ôte ses sandales,
Et qu’il craigne la puissance des quatre cent décrets,
Il ne pourra honorer la descente du Verbe.

Car le Ciel est un Nom,
Et les dix mille Terres ne sont pas assez vastes
Pour contenir l’innombrable et l’indifférencié,
Seul le cinq de nombre peut retenir l’un et l’autre.

Car en lui le secret est scellé et il est agréé.

Car lorsqu’il s’unifie à l’Unité, il se libère,
Sans effort, il monte au buisson ardent pour en retirer le tison,
Il porte alors témoignage à toute créature qui se présente à lui.

Sa matrice est tissée d’une miséricorde incomparable !

La Révélation est connue de tous les mondes qui en reçoivent la diffusion.

Sa matrice est cordiale,
Afin que soit prononcé et proclamé face à l’immensité des cieux…

…le Scriptuaire…
Car Entre…

…Le Roi et l’Homme
Se tiennent les pôles qui connaissent les secrets…
De la naissance et de la haute valeur des hiérarchies !

Vingt-troisième coffre : Tā

Ô terre noire de l’exil et de la fuite !
Ô terre des deux détroits qui séparent et divisent !
Ô terre des limites de l’esprit et de la fermeture des âmes !
Songes-tu parfois à la noble vertu de Moïse ?
Ô Moïse, berger de nos âmes égarées !
Ô Moïse, Prophète des passages d’une rive à l’autre du Jourdain!
Ô Moïse !
Le livre de ton cœur nous parle du pays de Madian
Et de la noble vallée de Tuwa,
Terres promises avant la Terre Promise !
Ton livre mentionne les sept filles de la science universelle
Lorsqu’elles puisaient pour le petit bétail
L’eau de la source profonde !
Sept étoiles brillant au firmament du mont Horeb !
Ô Chu`aïb ! Toi, l’ami du Vrai !
Père des quarante ans du rendez-vous divin !
Quarante années comme quarante nuits
Qui ont vu le mariage de l’étranger
Avec ta première née à la douce voix flûtée
Et la naissance du fils de l’exilé !
Ô Chu`aïb, tu as vu dans les yeux de ton gendre
Les signes de son élection !
Ô Sinaï !
La mort du pharaon fut le signal de la vocation de l’envoyé !
Ô Buisson ! Toi qui brûles sans te consumer !
Ô noblesse du “labayk” !
Lorsque LUI proclame au milieu de l’incendie
“ Me voici à toi !”
Voici , ô Moïse, que tu ôtes tes sandales
Car la Présence ardente sacralise toute terre,
Canaan ici-bas, Éden dans le ciel !
Voici, ô Berger que tu pares ton visage d’un voile de gaze
Pour n’être pas réduit en cendres
Car devant la vision ignée, tu te sais nu et sans force
Et qu’Il ne se montre qu’au travers des voiles
Dont Il revêt les êtres et les choses.
Ô Moïse, père des peuples à venir !
Ton oreille est bénie qui a entendu l’annonce d’une terre nouvelle !
Un pays où coulent le lait de la connaissance de l’unité
Et le miel de la connaissance du nom “JE SUIS”
Qui est la porte des sept cieux !
Bénie ton oreille qui a connu le nom
“JE SUIS QUI JE SUIS”
Qui est la porte des sciences de l’homme !
Bénie ta main qui a saisi et jeté le bâton de la Transcendance !
Bénie ta main de justice qui a blanchi en signe de ton élection !
Bénie ton pied qui a ouvert le chemin de la mer Rouge !

Et la Lettre engendra le Verbe – Šin

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Šin

Trois cent.
Trois points à la surface de l’océan.
Secret du Ciel retenu dans le Saint des Saints du non manifesté.
Contemplation perpétuelle du maître
agréée par la main de l’autorisation.
Allégeance des cercles angéliques.
Pacte conclu entre l’aspirant
Et l’ultime maillon de la chaîne immémoriale.
Tu t’assois et prends part à la conversation des commensaux…
Ouverture du cœur !
Injonction de l’Attestation !
Reconnaissance de la noblesse du discours entendu !
Voici, l’échanson s’avance muni de l’aiguière et de la coupe.
Il verse abondamment le vin dont tu t’enivres
Et tout ton être exhale le parfum de la gratitude indicible !
Alors, ton âme t’apparaît dans sa faiblesse…
Prends garde et ne laisse pas la maladie te ronger.
Sans délai, fais appel au médecin
Qui connaît ton remède et te conduit à la guérison.
Son nombre est trois cent cinquante.
Homme sous le toit céleste,
En chemin vers la totalité.
Son nombre est huit.
Retour et refuge des caractères rendus à leur perfection première.

Clé de Shin

L’aspirant est dans la main de l’Être
Et dans celle du médecin
Qui reconnaît sa prime allégeance.
il trouve refuge dans l’étendue du pacte
Donnant accès à la coupe de la perfection et à l’assise.
Sans le ciel, nul n’entendrait son cœur
Ni le chant de l’homme,
Ni la psalmodie du saint,
Ni le pas légèrement dansé de l’échanson parmi les convives.
Ultime le ciel-océan… Indicible !
Comme un toit qui reflète l’injonction du Secret.
Il est un parfum dont s’enivrent les lettres,
Il est une aiguière perpétuelle
Qui verse incessamment son eau,
Éloigne la maladie,
Exhale en chemin la fraîcheur et la rose…
La Totalité et le maillon !
S’avancer ! S’avancer ! Toujours !
Car la chaîne du discours est un cercle
Dont le point central est comme un retour,
Comme une attestation initiale !
Se soumettre à l’autorisation,
Goûter le vin de la conversation,
S’unir au maître de l’ouverture,
Accepter la faiblesse,
C’est là qu’apparaît l’abondance du huit,
Puis, vient le triple,
Source de l’agrément et du trois multiplié.

Vingt-deuxième coffre : Shīn

Il est une aiguière perpétuelle
Dont le nom “expir du Miséricordieux”
Verse sur la cascade des mondes enchevêtrés,
L’eau limpide de son fleuve infini.
Il est une miséricorde inconditionnée comme une douce colombe
Par laquelle le Clément donne ce qui est dû à tout être.
Il est une miséricorde mesurée comme un aigle attentif
Par laquelle le Miséricordieux donne ce qu’il veut
A qui il veut.
Ainsi tu fus élevé au-dessus de ton père
Et tu reçus la science instantanée de la Justice infaillible.
Ô fils de Dawud !
Ô Sulayman !
Il t’a donné le Royaume !
Il t’as confié Son Ordre !
Par cette double dignité, tu as régné sur les trois mondes !
Tu es l’aigle des oiseaux, leur secret te sont ouverts,
De même, tu comprends l’esprit de leur langue.
La milice des iffrit est sous ton empire et les hommes te rendent hommage.
Il n’est pas une créature sous la terre avec laquelle tu puisses converser
Comme ce jour où tu souris au discours de cette humble fourmi, alarmée par l’avancée de ton armée.
Même le vent souffle dans la direction que tu lui impose !
Açaf en un clin d’oeil a saisi pour toi le trône de Bilqis.
Dès lors ton âme était privée de sa puissance !
Victoire sans bataille et combat sans armée !
Sans reproche, la Reine se soumit à ton invite
Car la robe de sa science était brodée d’illusion,
Car elle sut reconnaître la Preuve évidente
Quand la huppe lui remit ton message.
Ô Sulayman !
Tu es la grâce surabondante dont s’abreuve ta Bilqis !
Tu es le alif tranchant qui sépare
Le vif du mort,
Le juste de l’inique,
La vérité de l’erreur !

Jean d’Armelin

Et la Lettre engendra le Verbe – Rā

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Deux cent.
Ô dualité unitive !
Ô Unité dualisée !
Jardin du dévoilement de la Seigneurie et du secret de l’intime,
Me rendrez-vous à la présence miséricordieuse
Du maître de mon élévation ?
Serai-je autorisé à cueillir le subtil parfum du lotus caché ?
Et atteindrai-je de mon œil cordial
Les prémisses de la beauté
Et les rigueurs de la plénitude ?
Je disais à mon cœur épuisé :
« Sois vigilant et ne t’endors pas !
Que ta tête reste ferme
Et que ta main ne lâche point l’anse solide de la droiture !
Ne crois pas que Celui qui t’a formé
Dans la matrice du multiple
Soit différent du Souffle Sanctissime
Qui pourvoit chaque instant à ta subsistance !
Ne sois pas négligent
Et reçois le message secret et apparent,
Dans son esprit et dans sa lettre !
Si le Seigneur t’ordonne l’épreuve et le retrait,
Ôte-toi du chemin des hommes
Et, sans hésitation aucune, abandonne-toi à l’abandon.
S’il te demande de t’abaisser jusqu’à la terre,
Ne doute pas que ce soit pour toi
Le signe indubitable de ton élévation au faîte des sept cieux ! »
La Miséricorde est le tissu de l’univers,
La Seigneurie, le pôle de toute réalité.
Son nombre est deux cent un,
Retour inéluctable de toute créature deux fois née à son Seigneur.
Son nombre est trois,
Retour à l’initiale de la Révélation
Et à la toute puissance bienveillante de la Miséricorde Universelle.

Clé de Rā

Ton Souffle !
Notre subsistance !
Ta Révélation !
Ô Seigneur ! Ô Maître !
Ton chemin n’est-il pas l’étroit sentier
Qui mène au Ciel de Ton Élévation et de Ta Toute Puissance ?
Et Ta beauté, Ô Subtil ?
N’est-elle pas le pôle de ma rectitude ?
Ô Bienveillant !
Par le deux cent de nombre qui régit l’initiale !
Ta Beauté n’est-elle pas encore
Le tissu de notre mère la Terre ?
Je dis à mon âme mais elle se refuse :
“Regarde l’univers dont les sphères en multitude,
Selon Son ordre et son désir,
Orbitent avec élégance et constance
Autour du soleil de l’Être !
Toi qui, jadis, reçus l’autorisation
De la part du Gardien agréé des secrets,
Ouvre l’œil de la Réalité,
Sois vigilante au dévoilement de l’unicité,
Éloigne-toi des négligents
Et cesse d’être négligente toi-même !
Et deviens présente à la présence !
Si tu crois que Sa Main s’est retirée,
N’oublie pas que Sa Miséricorde est la matrice de ton bonheur
Et Sa Rigueur, le Trône de Sa Majesté.
À toi, le multiple et l’hésitation,
À Lui, la Seigneurie absolue !
Il t’a donné un Maître,
Un cœur ouvert et sanctissime comme un livre
Dont chaque lettre est tracée par la main du Miséricordieux.
Ô mon âme !
Abaisse la matrice de ton cœur
Afin que ton esprit reçoive le message
Et que tu évites l’épreuve.
Désires-tu devenir intime du secret ?
Sais-tu que les prémisses du Secret
Sont l’abandon de toutes les apparences ?”
Car l’homme est à la tête pour conduire,
Un parfum le guide sans qu’il le sache,
Un tissu le couvre et le protège
Quand il oscille et balance
Entre la dualité du monde et le jardin de la miséricorde.

Vingt-et-unième coffre : Rā

Ô fille de l’Imran !
Quand Il te revêtit du manteau de Sa Préservation
Et qu’il t’honora de son choix entre toutes les femmes
Qui peuplent les dix-huit mille mondes !
Ô Pure, purifiée par l’océan de Sa Bienveillance !
Immaculée à l’instant de ta conception,
Vierge encore au lendemain de l’enfantement,
Le récit de ta Geste est le mystère inépuisable de Sa Miséricorde
Et l’œil du bonheur incommensurable !
Dès l’enfance, Il te confia au père du Baptiste…
A peine, t’avait-il laissée à la garde des anges invisibles,
Voici qu’appaissaient devant toi
Fruits et boissons délectables !
Par le Décret immuable !
Ta subsistance n’incombait pas à l’homme,
Fut-il le plus éminent des prêtres !
Ô Maryam !
Ton nom est le musc de la Beauté !
Et si le Tout-Miséricordieux accorde existence et perfection
À la toute-possibilité,
Ton mīm initial est la source des êtres et du vivant !
Et si le Très-Miséricordieux octroie Sa perfection
À la nature humaine en lui révélant le but,
Ton mīm final est le fanal qui guide le voyageur
Vers sa demeure céleste
Et dans sa boucle se cache l’écrin de la Révélation.
Vois comme il a placé à égale distance
Le râ de Sa Miséricorde, la matrice de son Verbe
Et comme Il a lié le yā de Sa Préservation
Afin que ton nom jamais ne s’efface !
C’est pourquoi après avoir été élue ,
Sa Volonté, à l’annonce du Signe,
T’inspira de t’écarter des hommes
Et de sceller aux yeux vulgaires
Le Secret de cette incarnation.
C’est pourquoi, au jour de la douleur et de la désespérance,
Le palmier s’inclina pour te nourrir toi et ton enfant
Et le ruisseau te prodigua sa fraîcheur.
C’est pourquoi lorsque fut venu le temps
De retourner parmi les tiens,
L’Enfançon fut doué de parole, de science et de sagesse
Dès le berceau !
Afin de faire taire les calomnies.
Ô fille de l’élection !
Ô fille de ton fils !
Par le kūn !
Il a existencié son Verbe dans le sād de la forme parfaite
Car dès qu’Il veut une chose, Il lui ordonne
“Sois !”
Et Sa volonté apparaît clairement
Aux yeux des témoins véridiques.
Mais la Science des mystères inépuisables
Appartient à Lui-Seul.

Jean d’Armelin

 

Et la Lettre engendra le Verbe – Qâf

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Qâf

Cent.
Enroulement du face à face des cœurs
Dans le déploiement de la pure potentialité
Mû par le mouvement du Calame Suprême
Sur la Table du Décret Immuable.
Entre la lettre Kâf et le Nûn,
Voici que se réalise la prédestination
Et que se fixent les qualités des créatures dans la science du Vivant.
Ainsi, à chaque instant, l’univers se renouvelle,
Donnant l’illusion de sa permanence.
Entends bien !
Sans la trace de Sa présence
Qui donne poids et mesure à chaque chose,
L’univers et la superposition des mondes
Seraient pur néant.
Comprends que l’occultation de l’Un
Te prive de ta propre existence
Et te voue à l’illusion et à la cécité.
Mais, si tu t’absentes de toi-même
En parcourant la voie du détachement,
Ta vie s’agrémente alors des douceurs de l’union.
Vois comme semble incertaine la richesse de ce monde !
Tandis que l’abandon de l’âme t’ouvre la porte
Du palais des allusions unitives.
Ô Vivant !
Ô Subsistant !
Tu crois être celui qui marche quand tu marches,
Et que ta main saisit quand elle saisit,
Mais ton œil ne voit rien du monde qui t’entoure…
Car ta volonté n’est autre que la sienne.
Connais-tu le secret de l’amour qu’Il te porte ?
As-tu senti la subtile oscillation de ta poitrine
Dans le double mouvement de son ampleur et de son exaltation ?
Sais-tu qu’à chaque instant,
Saisissant ton cœur entre Son index et Son majeur,
Il le tourne et le retourne
Afin que jamais il ne soit en repos,
Cherchant sans cesse à Le trouver et à L’aimer à Sa mesure sans mesure?
Contemple l’enchainement des secrets les uns dans les autres !
Car du premier s’engendre un nouveau secret,
Celui de ton orientation terrestre et céleste.
Si tu te places sur le tapis de la pureté,
Porte ton regard loin vers la Cité préservée
Et tiens-toi debout, soutenant l’univers tout entier en ton axe.
Pénètre que c’est là que réside le secret de l’intelligence intuitive,
Clé de la proximité et de la conversation spirituelle !
Sache-le !
Tu es l’éloigné,
Il est le proche.
Ton ignorance à cet égard ne change rien à ce qui est.
Fortifie donc ta conviction
Qui est le socle de ton envol.
Que la spiration de Son amour
Te propulse dans la cohorte des rapprochés
Qui jouissent de la plénitude de ses jardins parfumés !
Ne sois pas affecté par la contraction de ton âme,
ni par sa dilatation,
Ce ne sont là que distractions pour te ralentir sur ta voie.
Attache-toi à Sa permanence
Qui réside en l’amande cordiale de ton intimité subtile
Et ne doute pas que Sa contrainte est le gage de ton élargissement,
Ô prisonnier de toi-même !
Sois le servant du Pôle de ton temps
Car il est la pupille de l’œil de ton cœur
Et le mandataire universel.
Son palais est ta poitrine
Qui chante l’inspir et l’expir du monde.
Si tu te joins au chœur des créatures,
Si tu épouses les plaintes et les prières,
Les larmes de la peine et celles du réconfort,
Tu seras le passant ici-bas comme dans au-delà,
Préservé en ta sérénité.
Son nombre est cent quatre-vingt un.
Unité de l’Être produisant la totalité des êtres
qui retournent à l’Être.
Son nombre est cinquante.
Moïse au Sinaï.
Elie emporté sur son char de feu.

Clé de Qāf

Par l’amour, mon âme en son existence
Désire son abandon à l’ampleur de Son oscillation,
Et par amour, mon âme craint le déploiement de Son décret.
Car sans cesse, Il renouvelle !
Lui !
Kāf suprême occulté dans le giron de la douceur
Qui il ouvre l’instant de chaque créature
Car il est le Subsistant en Son Palais.
Par Ses Qualités immuables et Sa Volonté
Il saisit hors du non-être…
L’Univers tout entier,
Tandis qu’un seul clignement de Son Œil signe l’occultation de toute chose.
Car Il est la Porte…
En sa main, tu trouveras la Science
Et Sa Face te donnera à voir et la Voie et la Vie.
Aussi, absente-toi !
Trouve la permanence en ton cœur
Afin que le monde réside en ta poitrine,
Te livrant sans compter ses richesses.
Scrute l’illusion par le Nun de la Foi intense
Qui guérit la cécité et ouvre le voyage de l’exaltation.
Admire devant toi la table gardée
Et comprends l’allusion du calame,
Comme une écriture sans trace
Affleurant la trame et la chaîne des secrets.
Car Il est Lui, le Vivant !
Qui crée selon le poids et la mesure,
Car Il est la Voie du détachement
Sur laquelle, tous, nous marchons…

Vingtième coffre : Qāf

Ô Ami !
Cueille et recueille en ton coeur le plus subtil,
La parole enivrante du Serviteur de la Subsistance,
Maître incontesté des significations occultées de l’Écriture.
Ô Fils de l’Instant !
Ouvre ton coeur au voyage allusif
Vers la montagne qui ceinture notre monde…
Ô délicatesse des nobles caractères alphabétiques !
Et admire la majesté de Qāf, l’initiale montagneuse et polaire,
Qāf dont les sommets embrassent toute terre assignable !
Ô Frère de la perplexité !
Connais-tu cette montagne vers laquelle convergent tous les regards amoureux ?
Autour de laquelle circambulent toutes les âmes pérégrines ?
Étonne-toi de la beauté ineffable du mont Sād, initiale centrale et circulaire,
Sād dont le sommet est l’immobilité parfaite et la base mouvement cyclique et perpétuel !
Ô Noble Indigent !
Prends place à la table des secrets de l’initiale
Et sois attentif à la lettre Qāf encore et encore.
Car si tu fixes ton regard, tu contemples le coeur de l’Envoyé lui-même,
Et si tu armes ton oeil avec la perfection de l’aigle,
Tu sauras que ce coeur est le Trône du Miséricordieux .
Sois certain, ô Pauvre,
Que ni ciel ni terre ne peuvent épuiser l’ampleur de Sa miséricorde
Mais qu’un coeur fidèle est le siège de Sa résidence et de son gouvernement !
Ô Assoiffé du désert !
Approche tes lèvres de la coupe du subtil
Et goûte à la douceur du miel diapré des versets de l’Écriture !
Sois attentif à la lettre Sād encore et encore.
Courbe ton âme afin qu’elle comprenne
Que Sād est un vêtement, la robe immaculée et le manteau de l’Envoyé !
Retiens et porte témoignage que sa boucle
Est le piédestal du Trône de Sa Réalité !
Ô Voyageur des océans célestes !
Que ta Voie te conduise aux confins de ce monde,
Que la Lumière de l’oraison te révèle le chemin de ton alcôve cordiale
Et que le Flambeau de ton horizon t’élève
Jusqu’à la station du Coeur Universel,
L’au-delà de la montagne t’apparaîtra alors
Sous la forme du flamboyant Phoénix!
Ouvrant ses ailes et se consumant dans les flammes
Pour naître à nouveau,
Il enveloppe le neuf de nombre dans l’unité de l’origine
Pour le produire aussitôt en une oeuvre incessante !
Ô Disciple accompli !
Sâche que l’initiale et le Livre sont une seule Réalité !
Un seul Intellect universel en perfection d’écriture !
Un seul Intellect, océan sans rivage, réservoir sans limite de tous êtres possibles !
Un seul Intellect qui distingue et sépare,
Qui conçoit et génère,
Qui rappelle et résorbe chaque créature de la plus imposante à la plus infime !

 

Jean d’Armelin

Et la Lettre engendra le Verbe – Sād

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.

Sād

Quatre-vingt dix.
Boucle fermée au monde du multiple
S’ouvrant à la louange de l’Unique,
Clé instituée de l’Épiphanie de Sa Présence,
Porte de l’invocation.
L’Adam primordial, bien longtemps avant d’avoir été modelé dans d’argile,
En sa forme divine,
Fut alors revêtu du manteau de la pureté des mondes incréés,
Unissant en son intimité secrète
Le Bien universel et la Vertu totalisante.
Il prononça dans le berceau de la perpétuité
L’attestation de la Seigneurie suprême
et reçut les insignes de la science des noms.
Chaque jour, chaque instant,
L’Artisan divin est à Son œuvre,
Ordonnant les mondes selon Son décret
Et façonnant les êtres selon les attributs de Son essence.
Ainsi, le sultan est abaissé dans son élévation,
Le sage se voit confier le gouvernement et la puissance vraie,
Le riche est mortifié par l’accumulation éhontée de ses avoirs,
L’indigent est enrichi du diadème de l’endurance.
Le Juste en sa Justice inaltérable !
Il a fait de David son héritier,
Lui offrant la sagesse et la soumission des montagnes.
A son appel, tous les oiseaux du ciel se rassemblaient en chœur,
Psalmodie à l’unisson des sphères innombrables !
De ses infaillibles jugements, nous gardons la mémoire !
Puis, couronnant sa vertu,
Il lui donna son fils Salomon
Qui dédaignait les nobles cavales,
Préférant les trésors infinis du Souvenir.
Impénétrable !
Singulier sans second !
Son nombre est quatre-vingt quatorze.
Unisson du premier homme et des mondes soumis,
Perfection de la Loi qui harmonise la vertu des nations.
Son nombre est treize.
Purification des êtres en vue de leur retour,
Mort apparente,
Cycle de vie dans son renouvellement.
Son nombre est quatre.
Racine de toute chose,
Qui révèle et stabilise
La totalité de la création !

Clé de Sād

Si notre humanité est unique, notre nature est primordiale,
Si notre caractère est noble, notre perfection est le manteau de la perpétuité
Tissé par l’Artisan de notre création,
Ceint de la boucle des vertus,
Cousu de l’insigne de Son Décret.
Au jour de notre élévation, le Ciel n’a pas de nom
Et les nations prient à l’unisson de l’Incréé,
Au jour de son élévation, Salomon reçoit le gouvernement
Par l’investiture de la puissance, de l’instant et du souvenir.
L’oiseau qui s’élève et l’indigent qui mendie
Sont les deux attributs de sa seigneurie
Car sa forme est l’au-delà de toute forme
Et son essence, la quintessence des essences.
Alors, son nombre devient treize par le couronnement du Ciel fécondé par l’Unité.
Il est le berceau et la racine de l’endurance,
Sa richesse, il l’obtient par l’accumulation des vertus et les bienfaits de la présence.
La dernière porte de son temple est celle du Jugement,
Elle cache un trésor, celui de la science des oeuvres,
L’Oeuvre se nomme “invocation sans retour”
Qu’on murmure entre la vie et la mort.
Au choeur du multiple, monte le chant de l’Héritier Universel,
Capté par les quatre piliers cardinaux et propagés vers les quatre horizons du monde.
Son père David est une argile,
Il est le sage de ce monde,
Le sultan de justice,
le singulier de l’attestation,
Le signe de la purification,
l’épiphanie de l’Impénétrable.
Ô louange, Ô pureté, Ô cavale de l’homme !
Le quatre de nombre est ta clé,
La psalmodie est ta porte.
Ô Homme !
Sois riche de ta mémoire !
Le Bien comme une montagne,
L’homme juste comme un diadème,
L’Être comme une sphère d’intimité !
Car Adam est l’homme investi de sa loi
Dont l’âme est la sagesse et le corps, la soumission.

Dix-neuvième coffre : Sād

C’est au coeur des montagnes du nord-ouest
Que ton secret apparut et fut aussitôt occulté
Afin d’être préservé des indiscrets.
Tu revêtis la robe de l’extravagance et devins un infréquentable plaisantin,
Un homme du blâme.
Ô guide ! Ô fils de la louange !
Toi, le jardin élevé des deux arbres,
Toi, l’excellent des sciences de l’extinction !
Lorsque tu pris la main du maître de mes maîtres,
Tu le fis s’allonger à l’ombre du figuier
Sous lequel il s’endormit
Pour s’éveiller en homme renouvelé au pied de l’olivier.
Tu connaissais l’avenir de mon maître…
Souvent, sur le banc de l’école tu t’asseyais à ses côtés,
Te laissant bercer par sa voix d’ange qui psalmodiait le Livre…
Que dis-je, bercer ?

Jean d’Armelin