Prophète

Mon sang s’envole à l’orée de ton ombre

Dans l’instant du silence s’épuise le souffle comme une aile brisée qui décroche le vent

Mais nulle ombre à ton corps ne marque ta présence

Délié de ton fardeau ton éloignement me rapproche de toi

L’adieu est une promiscuité indicible

L’Alpha et L’Oméga (1)

 

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Aux limbes de L’Êtreté, lors que Tu es en L’Alpha, en ce tournoiement de Non-être, Tu es La Perfection absolue des possibilités de La Toute Manifestation, Toi, en ces Descentes successives, en L’Apparition, lors que Tu es L’Être en L’Oméga, s’extirpant de ce qui n’est pas. Perfection en cette Réalité Valvaire ! Ô Cœur de La Réalité du mouvement, du changement, des mobilités et des vagues successives de L’Interstice, Ô Danse en ces dévoilements ! Pureté à Toi ! A TOI tous les Noms flottants sur Les Eaux de La Primordialité. Ô Âme noyée en L’Océan de La Compassion. Viennent butiner les substances du Pollen de Ton Or, les ouvrières, lors qu’en ces deux mains, Tu tends Les Deux Clés. Balancier au Souffle de L’Alchimie, lors que L’Epousée est Le Retour en La Connaissance. D’aucuns répugnent à la dualité des Mystères et d’aucuns répugnent à L’Assemblée de L’Unité en ce fusionnement. D’aucuns ignorent La Réalité de L’Intelligence Evolutive et d’aucuns fléchissent devant les fluctuations de La Puissance que Tu accordes aux êtres. Tel est Le Pacte Initiateur, tel est Le Pacte de L’Alliance, lors, Tu lanças L’Appel Suprême et enseignas à L’Homme Sa Lieu-tenance. Oh ! ne sois pas celui qui œuvre à la contre-initiation, lors que Ce qui te pousse à rejeter est encore les effluves de Sa Miséricorde. Au Souffle de Lumière, en ces alanguissements, en cet océan d’Amour, Tu es Cela. Pétri de Lumière en la coque substantielle, en Ta Fluctuation, ne sois pas celui qui œuvre à la déchéance, Sois en Les Qualités attributionnelles des Parures de L’Homme Universel et sois en La Gloire qui se clame aux quatre points cardinaux, lors que courent les cheminantes stellaires et que s’extasient les constellations des douceurs de l’hébétude. Ni je ne te renie, ni je ne te condamne, car en Toi est Lumière et Lumière de Joie. Les beautés sont à l’œuvre et s’imbibent des ténèbres. Nul n’échappe à Ce Verbe d’Amour. A Tes Lèvres, je bois, je bois ! Du Nectar des vignes éthérées, L’Âme se réjouit et chante. Elle T’accueille et Tu ne le sais pas ! Sont balayées les cimes de l’aspérité, et Le Cantique de notre Périple est L’Ode de cet Emoi  ! Au Souvenir crucial, je te conterai ce mal que tu rejettes, et au souvenir, en cette Présence permanente, je te conterai ce bien qui est L’Ultime de La Contemplation. Tel est le plomb changé en or, lors que tout se résorbe en La Beauté. Telle est L’Apogée du cœur de l’initié.

Histoire de L’Âme

Psyches Last Task by Susan Seddon Boulet #goddess #artPsyches Last Task by Susan Seddon Boulet

 

L’on se voudrait en permanence jeter un filet, telle une toile d’araignée, sur la clarté de l’esprit. Mais l’on ne vainc jamais, en ce qui se déploie en sa parfaite Réalité, L’Âme qui est Lumière des Cieux et de La Terre. L’on s’épuiserait à la vouloir L’assaillir, lors qu’Elle est libre et qu’aucune prison, ni aucun contexte ne sauraient la réduire. En parcellement, Elle est à se retrouver en ces cris, en ces voix qui se disent, en leur Discours encore occulté par les voiles de l’ignorance. Seule l’ignorance se dresse comme la plus triste des réactions face à ce qui la voudrait enfin la rejoindre et lui donner la connaissance. Néanmoins, il est des êtres qui se réduisent à l’échec volontairement et s’assèchent en une sorte de mécanicité et de refus absolutoire. Se refuse-t-on à L’Eclosion ? Se refuse-t-on aux questions ? Se refuse-t-on aux réponses ? Se refuse-t-on à l’évidence ? Il s’agit d’un vrai mystère… Quand même nous aurions des larmes abondantes pour essuyer les ténèbres de ceux qui ne saisissent pas la vérité de l’interdépendance, cette sorte d’effet papillon dont on connaît pourtant aujourd’hui les réalités physiques. Ondes de choc ! Ondes du monde vivant ! Imaginal du psychisme qui s’auto-détruit sans même en avoir conscience. Le sort du devenir de l’homme est en son individuation, en sa profondeur archétypale, en sa Reliance avec L’Intime, non pas celui qui nous veut nous gouverner en une schématisation et en le mimétisme flagrant de notre ego. Le Seigneur est absolument inidentifiable. Il est au-dessus de toutes images, de toutes compréhensions. Il est L’Un, sans semblable. Il est Le Transcendant qui donne à La Transcendance. Rien ne le saisit, lors qu’Il saisit toute chose. Rien n’est engendré de Lui, puisque Le Verbe est Sa Descente illocutoire et vibratoire. Tout est en Sa Reliance à nous donner à Sa Réalité. Tout est notre acte d’être en La Manifestation sensitive de notre Conscience qui se donne en Témoin de Son Témoignage. Ceci est Le Voyage de L’Âme qui est à se parler. En Elle, plus rien n’est projeté ni ne concerne ce monde en sa finitude et l’on aurait tort d’assimiler ces réalités à des réalités mécanistes d’une vie purement linéaire. L’Âme ne cherche nullement à gouverner le monde, ni à le posséder, ni à défendre aucune idéologie. L’Âme s’accomplit. Elle se visite en Sa Demeure. Il lui est donné parfois la possibilité d’en visiter plusieurs, et parfois aussi, elle a accès à toutes les Demeures. Certes, Elle a pour mission de se tourner vers les autres et de rappeler, rien de plus. Jamais, il n’est question de contrainte. La pluie se déverse partout, sur le désert, les vallées, les vertes prairies. Tout cela, indifféremment. Telle est sa nature. Au Centre, il n’est ni animosité, ni revendication. Mais en cercles concentriques, les ondes s’adressent selon chaque strate, selon les possibilités et aptitudes de chacun, mais aussi sur les plans subtils les plus insoupçonnés, car, L’Âme est en Son Universalité, à connaître Le Vivant.

Clameur d’une vie

Image by Havas Eva.

Il s’est jeté contre la grève au loin pour clamer enfin la défaite de toute une vie. Quelle est-elle donc, au soupir du jour, lors que les nuits sont les aridités des souffles, lors que l’âme en cet écueil se fracasse en l’écume de mes folies ? Mon âme, mon âme ! Qu’ai-je donc fait de ma vie ? Le temps s’est écoulé et je me suis longtemps égaré en  l’illusion de mes passions. Mon âme, mon âme ! Je suis l’écorché vif au déclin de mon regard. Je me suis accroché aux ailes des mouettes blanches, et j’ai désiré ardemment me fondre en l’azur éclatant. La mer rugit des souffrances de mes remords et se contracte à la tempête de mes amers oublis. Les vagues s’élèvent en la complainte jaillissante et mon corps gît aux éclaboussures de mes viles passions. Mon âme, mon âme ! Que ne suis-je désespérément effacé ! Quel est donc cet instant qui me rattrape et qui me fait soudain languir? Des larmes et des larmes qui ensanglantent un chemin fait de multiples turpitudes et de multiples mensonges, lors que s’entremêlent les images infâmes de mon idolâtrie. Vaine vie qui me scrute en la tourmente de mes derniers jours, lors que la mer entière m’engloutit en ces dérives. Mon âme, est-ce toi qui te rappelles à moi ? Je suis les mille déferlantes de mon retour et je ploie auprès de La toute Puissante Vérité. La détresse de mes jours se cogne au désir du souffle de la transparence. J’écris pour enfin voir se tisser les larmes de mes regrets et j’écris en ce feu qui me dévore. Mon âme, mon âme, est-ce toi qui pleures silencieuse aux secousses de mes épaules alourdies et qui me relèves en ta pure grâce ? Est-ce toi, clémente qui m’enveloppes de tes bras de Lumière ? C’est en toi que se trouvent les réalités de tous les moments de mon absence, lors que le réveil me surprend à l’horizon de mes souffrances. Je vogue jusqu’aux rivages de mes complaintes et tends à mon tour les mains vers ceux que j’ai lésés de mes prostrations effrénées en ce monde de succubes. J’ai vu les yeux de la dévoreuse qui, en sa cruauté, me donnait encore les lucidités de ma perdition. Qui donc me sauve de ses doigts acérés, de ses fausses tendresses, lors qu’elle trempe son venin en mon corps pétri de toutes ses déviances ? C’est en moi que sévit l’illusion d’un monde dérisoire, lors que j’entends l’océan fougueux s’emplir de mes larmes et de mes soifs. Mon âme, mon âme ! Je me languis du Retour. Soudain, l’océan m’étreint et je me noie en sa clameur. Que font-ils de mes vagues ? Les puretés de L’Aube rafraîchissent le feu de mes blessures. Et je ne sache pas plus bel instant que celui qui me donne enfin à la réalité du blâme. Qu’en est-il encore de mes larmes ? Elles me poursuivent et me défont de tous les leurres. Je vais ici et là, et je vois s’élever les poussières d’un chemin de torture. Qu’en est-il enfin de mon réveil ? Qu’est-ce donc que tout ceci ? La mouette passe et me le dit : homme, lève-toi, le jour n’est pas fini. Ton âme te cherche en ce périple secret. Tes pas t’ont mené jusqu’ici.

Méditation (5)

sufiness

 

On demanda au sage ce qu’était la vie et il répondit qu’elle était un long réveil. Puis, on lui demanda ce qu’était le paradis, il dit alors en respirant profondément : le paradis est un Jardin qui répond au jardinier qui le cultive. Mais qu’est-ce donc que l’enfer alors ? L’enfer est un Jardin que l’on ne voit pas et qui meurt d’avoir perdu son jardinier. On lui demanda : y a-t-il un paradis pour chaque conscience et un enfer de même ? Le sage soupire puis de répondre : il est autant de vagues que de mouvements et chaque mouvement qui est perdu dans la vague est une autre vague qui clame son reflux. Si chaque vague perdue aux récifs de son mouvement ne se dissout pas en l’océan, la vague s’épuise sur le rivage. Pourquoi les réponses peuvent parfois sembler absconses ? C’est que le monde de L’Esprit s’échoue depuis longtemps sur un sable sans trace. Chaque grain qui perd le sens de son origine est un échec en plein désert. Qu’est-ce donc alors que la vie ? Le sage se tourne vers celui qui l’interroge et le regarde longtemps. Un seul grain qui perd la mémoire de son commencement s’assèche sur les lèvres du quémandeur et un Jardin dont on méconnait L’Origine est un grain qui ne sait plus rien nommer. Or, Le Jardin est Le Livre dont les semences sont à parler à chaque instant au Jardinier. Une vie sans signe est un Livre sans alphabet. Imagine un Jardin sans Jardinier. Imagine un livre qui attend qu’on le lise et dont les pages muettes deviennent des yeux voilés. Comment recouvrir la vue, Ô maître ? En purifiant les yeux du cœur…

Les perles de la lumière des secrets – XXII

L’alif ا de l’unité produit en unissant la verticale des êtres et l’échelle du retour,
Puis il s’incline et dessine l’horizon…
Insensiblement, le voici qui se courbe à devenir le nūn ن de la subtilité, l’encrier et le calame que nul ne verra poindre…

La nukta du nūn caché, point central de l’émanation universelle,
Traverse alors la conque et engendre le bâ ب des mondes manifestés
Comme la terre malléable des commencements,
Comme le réservoir des corps et des formes…

Alors, la libre Volonté plante cet invisible point, insufflant aux mondes une promesse germinatoire…

Que le bâ de l’aurore et des prémisses s’ouvre en deux brins afin que naisse le jīm خ de la polarité et que s’accomplisse le royaume du ciel, de la terre et de tout ce qu’il contient !

Dans le juste milieu, sur le tapis de la bienséance, est assis le méditant,
Le dāl د de la vie végétale, secret du souvenir invocatoire,
Qui plonge ses racines dans les profondeurs
Et ouvre sa ramure dans le ciel,
L’esprit de l’eau court dans ses veines, fleurit
Et donne tous les fruits de l’amour et de la miséricorde.

Se pliant sur lui même, le méditant devenu connaissant
Se prosterne dans l’immobilité du hā ه,
Il initie la danse universelle des sphères concentriques,
À la rondeur de sa forme répondent les courbes innombrables des mondes enchevêtrés,
Alors chante le choeur des astres
Et voguent les planètes en une feinte dérive !

Lorsque le regard se penche doucement sur le côté, hā se déroule
Et devient wā و, lettre cruciale de l’existenciation,
Sans elle, point de sources vives pour les assoiffés
Ni d’abeilles virevoltant en quête du miel diapré,
Sans elle, pas de tribu parcourant les sentiers de l’Unique
Ni de blé pour nourrir les hommes.

Genèse d’une Rupture : ce monde

Eugene de Blaas (Austrian, 1843-1931Peinture de Eugène de Blaas (Austrian, 1843-1931)

 

Nous ne pouvons vivre comme si notre petite vie n’est rien qu’une sorte de dû, et nous ne pouvons continuer de nous amuser, comme si tous les jours sont un grand carnaval, où le délire est collectif. L’un des plus grands enfers sont les sévices mentaux, incarcérés eux-mêmes dans l’égoïsme le plus éhonté. L’irréductible s’émancipe des opinions et voit la souffrance de l’autre, au quotidien, celle qui nous fait, telle une opacité réelle, nous demander ce qui se passe en cette indifférence, en ce surcroît de nombrilisme, en cet affairement à défendre un monde qui se laisse tout au plus engloutir par les sables mouvants de ses propres créations machiavéliques. Les solutions proposées sont du rapiéçage qui ne servent qu’à préserver un monde égocentré, énervé par la gène qu’enclenche le trouble-fête, celui qui dit : combien de temps allez-vous encore vous bercer de vos illusions et générer par votre égoïsme, par votre goût effréné de consumérisme, les maux du siècle ? C’est cela qui m’a choquée depuis ma plus tendre enfance : l’opacité des cœurs, la nonchalance, la soumission vile aux passions, les haines fébriles de l’ego, les distorsions entre le paraître et l’Être, entre l’acquis et l’avoir. Qu’est-ce que regarder l’autre, lors que l’on méconnaît sa propre réalité, lors que le monde ne cherche pas tant à libérer les esprits mais à les plier, et encore plier en la prosternation béate devant le matérialisme et les prostitutions qui ne sont pas celles que l’on croit. J’ai souvent regardé en un amour profond ces femmes qui offrent leur corps et parfois même des qualités que l’on méconnaît, de par leur abnégation qui m’a beaucoup appris. J’ai voyagé jusqu’aux favelas et j’embrassais le cœur des petites filles dont le destin tragique n’empêchait ni la candeur, ni la beauté de jaillir. Elles m’ont beaucoup appris. Je les aime. Lorsque nous sommes en cette expansion, est-elle uniquement pour nous ? Devons-nous la garder égoïstement ? Impossible ! L’Expansion intérieure est une Lumière qui ne nous appartient pas. Elle a sa propre loi. Elle est faîte pour rayonner là où on ne l’attend pas. Sans nous couper du monde, nous sommes des chercheurs, et nous plongeons aussi loin que possible pour comprendre et restituer. Ce monde m’a appris par son opacité à voir la transparence et à m’interroger. Je n’ai pas voulu être cela. Cette négation, ce déni de soi, de l’autre. Non ! Cela ne pouvait être. Très tôt, j’ai ramené les estropiés, les va-nu-pieds à la maison. Ceux qui souffrent d’isolement, d’ingratitude, de misère. Je me suis assise avec eux, à la table de ces gens que l’on méprise. J’ai embrassé les petites filles roumaines dans le métro qui quémandaient, et même si je savais que tout cela était une organisation ; je pensais : ce sont des petites filles. Nous finissions dans les bras l’une de l’autre. Je leur disais : je vous vois. Elles me répondaient : nous sommes là.

De l’autre côté du miroir

A Dorine

Image associéeAquarelle de Stephanie Pui-Mun Law 

 

C’est au miroir rare que les faits sont à nous poursuivre de leur lumière, et c’est d’Amour que pleuvent les larmes de ma sœur. Est-elle depuis l’ombre d’une autre vie, sortie et soudain, nous avons tendu nos deux mains, si loin, si près ? Je t’ai gardée au creux de mes nuits, petite fille. Je t’ai bercée comme tu m’as bercée, et je sais que nous avons vécu l’étrange féerie. De nos mots suaves et plein d’écorchures, j’ai gardé bien plié les mouchoirs de nos envolées. Je t’ai attendue, toujours et je t’ai vue me confier tes peurs. Or, voilà que soudain jaillit l’espoir ! Comment pouvons-nous nous dire, lors que l’âme en ce par-delà, le sait, le sait… Je te suis fidèle, car la vie est sacrée, et je t’ai offert tous ces moments qui n’en font qu’un, lors que tu venais et m’enveloppais. Tantôt forte, et tantôt si désespérée, et je pouvais saisir l’insaisissable, car, quelque chose nous lie et c’est un trait d’union qui a commencé depuis l’éternité. Est-ce coïncidence, lors que je marche en cette nuit et que je ne sais plus où aller ? J’ai gardé secret notre lien et… Il est en ce lointain, la main que je te tends sans jamais me lasser. Te souviens-tu ? Tu me parlais de la Beauté ; je me suspendais au gré de mes oraisons et tu étais de l’autre côté. Il est une alchimie qui vient nous étreindre et les mondes subtils sont à nous parler. Je te voulais t’offrir encore, les paroles de l’amitié. Celles qui durent, lors qu’en son commencement, le germe est déjà fécondé. Les mots nous échappent, et je sais qu’en ta bouche, il est sorti ce que toi-même tu ne savais. Nous avons couru dans la clairière. J’ai observé tes combats et certes, tu es guerrière. Aujourd’hui, je me souviens du dragon, venu souffler quelques mots apaisés dans le secret de l’oreille, car les mots ne sont pas le hasard. Ils savent qui trouver au bon moment. Nous croyons tout maîtriser, mais en fait, l’étrange est un mystère qui nous rappelle que rien n’est de notre fait.

 

KINUKO Y.CRAFTPeinture de kinuko.Y. Craft

La Réalité a toujours dépassé la fiction. C’est en Le Cœur, ce Centre que tout se joue entièrement. Nul qui ne vit en Lui, ne peut soupçonner comme bien des histoires qui se lovent aux feuillets des légendes, sont pourtant des réalités. Nous souffrons de la platitude et des crudités du quotidien qui s’ennuient et se sauvent dans les fausses hauteurs et empruntent les mots sans les gestes du cœur. La vie est cet « étrange » qui se rencontre lors que l’âme vibre d’Amour. En cette jungle où l’on craint de déchoir socialement, le fou marche d’un pas tranquille et se tient debout, bien droit, en une sorte de provocation. Le fou est celui qui dit ce qu’il fait, et fait ce qu’il dit. Il pratique tous les jours. Il possède un violon, une mandoline et tous les pianos lui chantent des allégories mystérieuses. Il voit le monde, lui sourit, mais continue de marcher, car les océans se rejoignent et fougueusement l’entraînent en cette féerie. Et s’il souffre un peu de la faim, de la soif, de la poussière, il se drape de la nuit et parle à la lune. Le fou a dépassé toutes les frontières. Il peut mourir de froid… Cela ne le gène pas. En son cœur est un feu ardent qui lui réchauffe le corps entier. Il reçoit les indigents, comme lui, et ils conversent ensemble longtemps, parce que le temps n’est pas compté. 

***

Les rencontres s’unifient en L’Âme et c’est parce que nous sommes immatures d’ignorance accumulée que nous ne savons plus les souffrances que l’âme est à manifester. Nous ne savons plus décoder ses signaux. Certes, il est une route avant la route, mais le premier chemin est un arrêt. J’ai rencontré souvent ces âmes esseulées et qui souffrent sans savoir pourquoi, ni comment relier leur souffrance, ni comment les dépasser. La vie spirituelle est la vie tout court, et c’est parce que nous souffrons des douleurs des autres que nous nous tournons vers eux, nuit et jour.

Résultat de recherche d'images pour "Peinture"Peinture de Zhao Kailin

 

Texte de Dorine :

C’est de la souffrance, de la peur aussi. Beaucoup d’oppression et de craintes qui s’emmêlent, se nouent et s’ancrent dans les tréfonds de l’âme. Il faut l’accepter et apprendre à vivre avec mais ce n’est pas simple. J’en étais arrivée à ne plus dormir la nuit, par peur. La distorsion de la réalité en est la cause. L’esprit n’est plus maître du corps, nos actions et nos raisonnements deviennent automatiques : vivre dans la vigilance et la crainte. C’est comme attendre la fin, l’horrible et cynique fin. Imaginer le pire chaque instant, au point de ne plus pouvoir le concevoir et de ne plus ressentir le besoin de l’attendre. Puis le miroir se brise et c’est comme se détacher de la menace qui résonne en soi. On en perd la notion du temps. On se perd dans le brouillard de son cœur, on s’oublie dans ce dernier. C’est faire le deuil de soi-même. Chercher ce que l’on ne peut pas atteindre dans l’espoir de retrouver ce que l’on a un jour perdu. On ignore ce qu’il manque mais on souffre de son absence. On ne peut l’ignorer. Vivre dans le monde et ne pas ressentir le besoin de s’y attacher. Quand on y réfléchit c’est comme être la jonction entre soi et l’autre, c’est incarner la fine couche les séparant. N’être ni soi ni l’autre et pourtant les ressentir comme une vile et vive douleur dont on ne peut se préserver. C’est un peu comme se nier soi-même seulement on ne se nie pas, on espère se trouver. Se trouver là où l’on ne peut se voir. Chercher dans cette jonction le corps qui portera notre âme car on ne le ressent pas, il ne nous contient pas. L’esprit vague à ces occupations tandis que l’âme reste seule dans un corps qui ne la retient que par contrainte. Elle pleure sa liberté et ses pertes tandis que l’inconscient qui est durement immuable tentent de forger son identité, seul. C’est comme vivre malgré son autre. Un tout, saccadé et désorganisé. Une horloge dont le cadran aurait été brisé. Le mécanisme ignore le mouvement de l’autre en tentant de se raccorder à l’image qu’il désire projeter. Vivre seule en soi mais sans soi et se jeter dans la vie comme dans le vide que porte la mort.

 

L’envoyé

 

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Sous le figuier,
Le passant est assis qui attend son heure
Dans la contemplation de la multitude unifiée.
Il s’efface et dépouille son vêtement d’autrefois,
Regard fermé à toute autre vision que celle de son Roi
Qui rassemble toute chose en sa main.

Sous l’olivier,
Le suivant authentique reçoit son ordre et son viatique éternel,
Il ouvre alors son regard
Et saisit pour toujours la trace de l’Unique
Dans la procession incessante des créatures.
Le voici désormais à la cime du mont
Homme étendard de feu,
Phare des mondes et de l’univers.

Prophète investi, il dirige ses pas vers la Cité sacrée
Pour l’ultime et première rencontre
Car il connaît la fin et l’origine
Et la beauté extrême
Déposée en chaque être
Du plus infime au plus insigne.

Le guide pleure la déchéance humaine,
Et la corruption du monde
Et les meurtrissures de la Terre

C’est pourquoi il dépose en lieu sûr
Les joyaux de la sagesse ancestrale
Et tend ses mains à la détresse
Et couvre de son manteau
Les blessures et les larmes.

Il connaît son Seigneur et sa servitude
Il est parmi la foule et sa parole est claire.
Et bien que tous l’entendent, peu comprennent sa langue.