« Nous serons comme des dieux. »

NeomNeom, projet d’une ville futuriste sur les bords de la Mer Rouge (Arabie Saoudite)

La dictature parfaite aurait les apparences de la démocratie ; une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où grâce à la consommation et aux divertissements, les esclaves auraient l’amour de leur servitude.

Aldous Huxley (1894-1963)

Un penseur ancien mais pourtant fort avisé
Dit que la démocratie est le dernier stade
Avant la dictature. Si l’on suit la visée
De ces mots, il n’est citoyen ni camarade

Qui n’en reconnaîtra, sans doute, le bien-fondé
Car notre temps en est l’illustration parfaite.
La société tout entière est à refonder
Quand les libertés fondamentales sont défaites.

Mais qu’on y prenne bien garde : ces nouvelles fondations
Ne sauraient reposer que sur la Tradition
Et donc rétablir le principe de transcendance,

Ce qui amène La question : « Quel est le Maître
Auquel je me soumets sans perdre mon être
Et qui partout assure mon intérieure guidance ? »

* * *

Seraient-ce le philosophe de cour ou de plateau,
Qui ne propose que postures et contre-postures ?
Ou le prébendier de la politique, plutôt,
Me flattant, jusqu’à obtenir l’investiture,

Puis tournant la veste, à l’envers ou à l’endroit,
Selon les nécessités de la contingence,
Arrangeant les lois pour mieux déjouer le droit ?
Celui, encore, qui au Veau d’or fait allégeance,

Persuadé que tout s’achète et tout se vend,
Me proposant le courant d’air au prix du vent
Et m’enfonçant dans le crâne, à coups de réclame,

Ce que je dois posséder pour être nanti ?
Qui donc, pour me donner l’absolue garantie,
C’est-à-dire le viatique pour sauver mon âme ?

* * *

« Sauver mon âme ? Encore faut-il que j’en aie une !
Pour moi, je ne suis jamais qu’un système nerveux.
Qu’ai-je ainsi à m’embarrasser de ces vieilles lunes
Que certains appellent à briller de tous leurs vœux ?!

– Toi qui contre les lois divines te rebellas,
Te voici à subir la loi de fer des hommes
Que le Diable cornu dans son projet scella ;
Lors, t’invitant, chaque jour, à remanger la pomme

Que tu avales en toujours chantant ce refrain :
Nous serons comme des dieux ; à nous la toute-puissance !
Consommons sans retenue et jouissons sans frein !

Et te voici à construire mille tours de Babel,
Telles des érections qui révèlent ton impuissance
Et que l’enfer à venir marque de son label. »

Marc

La nausée, peut-être…

1968-interdit-d-interdire

 

Ceux qui en leur temps placardèrent sur tous les murs
Cette phrase fameuse : « Il est interdit d’interdire. »
Se trouvent aujourd’hui, avec leurs descendants, mûrs
Pour un système carcéral, d’entre tous le pire.

Outre de les serrer dans une toile d’interdits,
De leur imposer ce qu’il faut penser et croire,
Quand la démocratie se fait à coups d’édits,
On les dépouille de leur honneur et anciennes gloires

Pour les mieux dissoudre dans le chaudron commun
D’une humanité nivelée et plasmatique,
Menant des existences sans saveur ni parfum.

Quand tout aura la même odeur et le même goût
Et qu’ils reviendront des mirages technologiques,
Peut-être la nausée suivra-t-elle leur dégoût ?

Marc

Vanités ordinaires

Pawel Kuczynski 9Illustration de Pawel Kuczynski

Beaucoup de personnes se donnent des airs de mystère
Et se pensent réellement impénétrables.
L’on affiche une mine sérieuse, souvent même austère,
Un peu comme le font les gens considérables

Ou qui, du moins, de le croire en ont la faiblesse.
Quand on est bien nanti économiquement,
L’on se rêve d’arborer des quartiers de noblesse
Dont on ne possède pas même le commencement.

Bon, il s’agit là des vanités ordinaires,
D’histoires où l’on tient pour Lumière tout luminaire,
Enfin, de ces postures que l’on peut observer

Dans le monde et le commerce avec l’espèce humaine
Où le nombre reproduit les mêmes spécimens,
La quantité se voulant toujours préserver.

Marc

Tourne-moulin

Igor Morski 1Peinture d’Igor Morski (artiste polonais)

Si être de son temps, c’est en suivre les modes,
L’on est, en réalité, sans cesse relégué
Dans le passé : rien n’est plus changeant que les codes
De l’affichage du moi dont on a délégué

La conduite aux gardiens de la conformité.
Savoir ce qu’il se passe sur la planète
N’est pas davantage incarnant, en vérité :
S’abreuver d’infos, c’est vivre sous la houlette

Des fabricants d’événements dont l’utilité
Au quotidien est proche de zéro, c’est peu dire.
Tout cela, au final, est à nous étourdir,

Encombrant notre mental de futilités
Et nous détournant de notre vie intérieure
Par une projection permanente vers l’extérieur.

Marc

Ab origine fidelis

81PuSpYaSbLIllustration de couverture du livre Le Cycle de l’Humanité Adamique

L’on n’est jamais trop sûr de soi-même, encore moins
D’autrui ; dès lors, c’est en Dieu seul qu’est l’assurance
Et l’on est de cela pour soi-même le témoin ;
Vers qui, sinon, aller porter son espérance ?

Certains disent, péremptoires : Je ne crois pas en Dieu
Mais en l’homme, paroles d’inspiration prométhéenne
Qui exposent à se retrouver sans feu ni lieu.
Tous les paradis promis finirent en géhennes.

Si l’homme est la valeur étalon, qu’on nous dise
Quelles en sont tant la mesure que le fondement.
Oui, quel homme pour faire tourner le monde rondement,

Tandis qu’il est plutôt partout de folie prise ?
Quant à croire en soi-même, il faut se connaître
Et donc pénétrer toute l’essence de son être.

Marc

Ab origine fidelis : « Fidèle à ses origines. Ne pas oublier d’où l’on vient. »