De l’Adoration

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Distinguer l’ivraie du bon grain

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Nous entrons dans un temps où il deviendra particulièrement difficile de « distinguer l’ivraie du bon grain », d’effectuer réellement ce que les théologiens nomment le « discernement des esprits », en raison des manifestations désordonnées qui ne feront que s’intensifier et se multiplier, et aussi en raison du défaut de véritables connaissances chez ceux dont la fonction normale devrait être de guider les autres, et qui aujourd’hui ne sont trop souvent que des « guides aveugles »

René Guénon, 1927

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Quel modèle de vie pour ceux qui aspirent à cheminer en Dieu ? Lors que ce qui est à l’extérieur ne coïncide pas avec l’intérieur ? Quelle cohésion, lors qu’au delà des préoccupations de subsistance, l’homme subit en permanence le joug de la recherche effrénée du plaisir et cela sous tous ses aspects ? Comment se situer dans un cadre qui n’est, certes pas un véritable cadre, mais une totale usurpation des droits fondamentaux de l’être ? En venant au monde, l’homme n’a-t-il pour seule occupation que de remplir sa panse, d’établir une norme de sécurité, de trouver à son vide existentiel, des palliatifs superficiels en surabondance ? La planète entière est devenue une gigantesque fête foraine, le lieu de la perversité de la nature humaine, une corruption révélatrice de la dérive dictatoriale.

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Le point du cœur

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Ne demandez rien à ce monde ! Ne vous y arrêtez point ! Continuez tout droit et s’il vous échappe un soupir, ne regardez ni à droite ni à gauche. Tremblez-vous d’effroi devant l’injustice ? Négligez-vous tel moment ou tel autre ? Que faîtes-vous de votre noble aspiration ? N’attendez rien de ce monde car il croule comme une lune vaste et pleine, le ventre rond d’un monde, qui s’effondre au firmament. Ce langage, pour être compris, nécessite une terre vierge, une terre d’accueil, un état d’âme prêt à s’extirper de toutes attaches. Il faut beaucoup d’audace pour rire devant les jeux qui s’enchaînent, les cadres qui nous dépassent, les morts qui n’ont de forme que celle d’un tremblement humain. Ne souhaitez pas l’emporter, ce monde, car, il s’efface au creux d’une vague scélérate, d’une écume chargée d’amertume depuis le fonds des âges, les soubresauts du Kali Yuga.

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Rencontre avec le Maître : Amour

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Lors qu’un état de rupture est à se vivre, peut-on considérer qu’un autre être, qui n’a pas vécu semblable fait, puisse saisir réellement cela ? Comment peut-on percevoir que celui qui le vit a basculé dans un autre champ de perception, et qu’il voit le monde, l’inframonde et même le supramonde à partir de cette ouverture ? Cela invalide-t-il l’expérience de l’autre, sa vie non rompue à cette ouverture spirituelle ? Lors, je dirai : n’est-ce pas plutôt le moment de la Rencontre ? D’une véritable Rencontre ? Or, peu sont amenés à vouloir vivre Celle-ci. Tout, hors du champ de perception connu, suscite une réaction, pour la plupart, de rejet et même de peur. La tentation de normalisation est récurrente. Elle est aussi, malheureusement, révélatrice d’une incapacité à s’émerveiller. L’on confond aisément joie profonde avec euphorie émotionnelle, cette pathologie de l’insouciance liée à un individualisme éhonté. L’on confond aisément Amour et Voie d’Amour. Les mots deviennent les projections d’un monde exclusif, réducteur, s’excluant de la substance, niant l’essence ; ce monde est celui que l’on se fabrique en permanence, car, hors des sentiers battus, la plupart éprouvent une viscérale peur. L’on traduit le vivant avec les outils programmés, stéréotypés, ceux que l’on croit posséder, connaître et maîtriser. Ainsi, l’on entre dans le règne de la solidification, celui de la quantité. L’homme s’inscrit derechef comme un numéraire de plus dans l’océan d’une multitude chaotique. Il façonne un océan à son image. Pour d’autres, il s’agira, tout simplement d’une minuscule flaque d’eau. Mais je gage qu’ils ne soient plus à même de voir celle-ci. Tout au plus, la contourneront-ils.

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Parfum

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Il était une fois, dans une contrée lointaine et proche tout à la fois, un vieux sage qui marchait le long des ruelles d’une bien belle cité. Enfin, c’est ce qu’il en semblait. Le sage avait fait un long voyage. Ses vêtements usés étaient pourtant propres et étonnamment lui donnaient une apparence majestueuse pour qui savait encore voir par le cœur. Il tenait de la main droite un long bâton, comme l’on n’en voit plus guère de nos jours. Ses cheveux longs et blancs ruisselaient sur son dos, à peine voûté. Il était à la recherche d’une boutique. N’allez pas croire que cette boutique ressemblât à toutes celles que nous rencontrons aujourd’hui. L’homme la connaissait. Il marchait avec une certaine lenteur, mais étrangement, de ses pas, l’on devinait une grande fermeté. Il avançait dans les rues de la cité et provoquait de la curiosité chez les passants. Cet homme n’est pas d’ici, ni même de son temps ! Sa robe, couleur de terre était pour le moins insolite. On eut dit qu’il sortait d’un autre monde, d’une autre époque. Il avançait toujours égal à lui-même. Quand il arriva au quartier des parfumeurs, il entra dans la première boutique. L’on vint de suite, avec beaucoup d’affabilité l’accueillir. On lui proposa même une chaise afin de soulager ses jambes.

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Traducere

Par le Nom d’Allâh, le Tout-Rayonnant d’Amour, le Très-Rayonnant d’Amour
1 – A L M (Alif – Lâm – Mîm).
2 – Cette Écriture-là, nul doute en elle. C’est une guidance pour ceux qui prennent
garde, (sont les gardiens intérieurs de leur âme)
3 – qui, à cause du mystère, (invisible, caché) mettent en œuvre le Dépôt confié, et élèvent l’action
unifiante de grâce, et distribuent de ce dont Nous les avons pourvus,
4 – et ceux qui mettent en œuvre le Dépôt confié, par ce qu’on a fait descendre jusqu’à
toi et par ce qu’on a fait descendre avant toi : ils ont la certitude de l’Ultimité.
5 – Les voilà sur une Guidance venant de leur Enseigneur et ceux-là prospèrent !

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Coran, essai de traduction par Maurice Gloton

la grotte dite des Sept Dormants à Éphèse en Turquie

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Le Vivant-Dieu (Hayy, Yuhyi) guide vers le Traducteur et cogne si fort sur l’opacité de notre cœur. Tout cela est en nous. Il suffit de répondre à l’Appel. Mais, l’entendons-nous ? Entendons-nous l’imposante crucialité de Sa Présence ? Nous laissons-nous à entendre cet Appel ? Quand tout s’agite, l’arbre vient jusqu’à nous. Il est l’Assise et Il est le souffle dans les branches. Trois cents jours et neuf qui s’ajoutent, jours où l’on échappe à la persécution des illusions au sein de la Caverne. Le Gardien, au seuil, notre gardien, notre état de vigilance, notre verticalité, lors que la mort nous submerge par la réalité de ses effets. Chaque fois que les pages s’ouvrent, chaque fois que la Phrase compénètre le cœur intérieur, chaque fois que souffle le vent venu d’Orient, l’âme s’éveille durant le sommeil. Elle ne peut retourner en arrière et les plans subtils de la Traduction, ce passage d’un état à un autre, d’une ignorance à une connaissance, d’une ténèbre vers la Lumière, l’éloigne des mondes où gisent les dissentions et les confusions. Solitude nécessaire et pétrissage depuis ce monde, faits de faits et de réception de l’état de réceptacle.

Histoire des hommes

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Le monde allait finissant, imperturbable aux jours des abolitions. Il achevait son cycle, intransigeant et tranchant, comme s’achevait un long jour, tout comme arrivait à son terme une révolution entière. Chacun des hommes se souvenait des jours affairés et ne saisissait plus ce qui s’était passé. La Phrase d’un monde s’achevait et le point était fixé, telle une signature ineffaçable. Ni apogée, ni culminance : la fin était inéluctable. Elle avait commencé quand les hommes s’étaient emparés du Vivant, tels des pirates, des rançonneurs de la vie. Ils avaient brisé les Lois de la Nature, outrepassé les frontières de l’honneur et foulé aux pieds les valeurs inestimables du Sacrée et de la suprême Connaissance. Ils s’entredéchiraient tels des vautours pour quelques piteuses miettes de leur rêve. D’ailleurs, ils n’en avaient plus. Ils tentaient, assez pitoyablement, d’en voler ici ou là, sans grande conviction, bien plus abattus que des bandits de grands chemins, ces malandrins errants qui en voulaient après la bourse des voyageurs. Ils volaient le rêve qui se transformait en cauchemar. Ils avaient beau s’emparer du plus beau des rêves, celui-ci devenait hideux dès qu’ils se l’appropriaient. Le Ciel s’était dangereusement approché de la Terre et brouillait les ondes ancestrales. La Terre accueillait son Epousée. Ne L’avait-Elle pas mandée très fort depuis tous ces siècles ? Rien n’échappait plus au Retour, tout était surnaturellement révélé. Les hommes n’avaient plus rien pour se cacher, pas même les rêves. Ils ne comprenaient plus ce qu’il se passait.

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Le début de l’Eveil (4)

Il est bien de franchir chaque jour une étape, comme l’eau vive qui ne stagne pas. Hier s’est enfui, l’histoire d’hier, elle aussi est passée. Il convient aujourd’hui de conter une nouvelle histoire.

Rumi

Il dit encore : A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle parabole le représenterons-nous? Il est semblable à un grain de sénevé, qui, lorsqu’on le sème en terre, est la plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre ; mais, lorsqu’il a été semé, il monte, devient plus grand que tous les légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre.…

Marc,4.

Hors Lui, il n’est rien si ce n’est Lui.

Sans doute, la semence contient-elle toutes les informations de la semence. Mais, toutes les semences éclosent-elles ? Ce que certains des pseudo-spirituels chevronnés de nos temps ne disent pas, c’est que la semence nécessite, comme toute sorte de graines, une préparation à l’ensemencement. Beaucoup de gens vivent à la périphérie de leur graine. Beaucoup demeurent au sein de l’enveloppe sans pouvoir trouver ni les gestes, ni les moyens pour entrer en éclosion. Voilà pourquoi, le monde de l’Esprit est un monde qui nécessite, désir ardent, patience et persévérance. Aujourd’hui, et je l’écris avec beaucoup de précaution, j’ose déclarer que l‘homme qui entre en spiritualité est un homme qui voit s’activer une des toutes premières et fondamentales dynamiques du mouvement intérieur de son être. Est-ce frémissement de la semence ? Est-ce le premier voile qui tombe ? L’on pourrait comparer cela à une déchirure, à une brisure, à une béance.

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Théophanie

Illustration par Jonas Åkerlund

Quand l’Arbre est révélé, tout de Lui devient éclosion. Il devient le grand Livre ouvert et depuis les tréfonds de la terre, jusqu’à la cime des branches, l’Arbre connaît tout de Lui-même. Il a le souvenir de toutes choses, de toutes transformations, jusqu’à la moindre de Ses cellules. En Sa Totalité, l’Arbre peut se visiter autant de fois qu’Il le désire. Il peut retourner dans la ténèbre de ses racines, s’enfouir de nouveau dans les profondeurs de l’Origine, recueillir la Source abreuvante, se nourrir des sucs du frémissement, quand de Son Ciel, Il découvre les parfums de la Terre, remonter chaque étape de Son ascension, s’arrêter et observer, puis reprendre Son Périple. Aucune limite ne Lui est imposé, et tout est Lieu pour réaliser autant de fois qu’Il le désire l’évolution de Son Êtreté. La puissance qui le fait s’élancer est illimitée et tout en apprenant, Il est à même d’être présent à la Présence suprême. Il s’assoit en Son Essence et dans Son immutabilité et dans Son Immobilité, il tend pourtant les bras de toute la Connaissance acquise.

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La Pierre Philosophale

Empreinte par frottis du célèbre marbre astronomique du XVIe s. de la chartreuse de St-Denis d’Orques.

Chapitre II

Où il est question de l’Alchimiste, Détenteur du seul pouvoir de transformation, des effets de celle-ci et de la Connaissance qui en résulte.

Il n’est jamais plus près que de toi-même et Il n’est jamais ailleurs qu’en toi-même. Tu ne peux Le rencontrer que s’Il désire ta rencontre, et tu es à apprendre s’Il veut t’enseigner. Ainsi Se manifeste-t-Il à toi. Ainsi te fait-Il Le découvrir. Il te donne à marcher vers Lui, jusqu’à ce qu’Il se révèle en toi. Telle est la Réalité de l’Alchimiste. Ne te dissocie pas de Son Pouvoir. Sans Lui, il n’est aucune transformation et sans Lui, tu n’es jamais venu au monde. Il t’irrigue et t’insuffle de Lui, Souffle dynamisant, plénitude du perpétuel renouvellement. Il te prend dans Ses Bras et tu Lui es entier acquis, Lui qui te possède sans que tu ne sois à pouvoir Le posséder. Il t’entraîne sur un sentier que nul ne peut voir si ce n’est Lui et tu ne peux le voir qu’en Lui, en Sa Vision, celle qu’Il ouvre en toi. Il t’apprend à entrer dans la Sagesse de la Création, (MULK), Royauté créationnelle où tous les éléments semblent compacts, semblablement à la Roche, depuis l’Alpha et depuis l’Oméga.

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