Parfum

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Il était une fois, dans une contrée lointaine et proche tout à la fois, un vieux sage qui marchait le long des ruelles d’une bien belle cité. Enfin, c’est ce qu’il en semblait. Le sage avait fait un long voyage. Ses vêtements usés étaient pourtant propres et étonnamment lui donnaient une apparence majestueuse pour qui savait encore voir par le cœur. Il tenait de la main droite un long bâton, comme l’on n’en voit plus guère de nos jours. Ses cheveux longs et blancs ruisselaient sur son dos, à peine voûté. Il était à la recherche d’une boutique. N’allez pas croire que cette boutique ressemblât à toutes celles que nous rencontrons aujourd’hui. L’homme la connaissait. Il marchait avec une certaine lenteur, mais étrangement, de ses pas, l’on devinait une grande fermeté. Il avançait dans les rues de la cité et provoquait de la curiosité chez les passants. Cet homme n’est pas d’ici, ni même de son temps ! Sa robe, couleur de terre était pour le moins insolite. On eut dit qu’il sortait d’un autre monde, d’une autre époque. Il avançait toujours égal à lui-même. Quand il arriva au quartier des parfumeurs, il entra dans la première boutique. L’on vint de suite, avec beaucoup d’affabilité l’accueillir. On lui proposa même une chaise afin de soulager ses jambes.

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Histoire des hommes

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Le monde allait finissant, imperturbable aux jours des abolitions. Il achevait son cycle, intransigeant et tranchant, comme s’achevait un long jour, tout comme arrivait à son terme une révolution entière. Chacun des hommes se souvenait des jours affairés et ne saisissait plus ce qui s’était passé. La Phrase d’un monde s’achevait et le point était fixé, telle une signature ineffaçable. Ni apogée, ni culminance : la fin était inéluctable. Elle avait commencé quand les hommes s’étaient emparés du Vivant, tels des pirates, des rançonneurs de la vie. Ils avaient brisé les Lois de la Nature, outrepassé les frontières de l’honneur et foulé aux pieds les valeurs inestimables du Sacrée et de la suprême Connaissance. Ils s’entredéchiraient tels des vautours pour quelques piteuses miettes de leur rêve. D’ailleurs, ils n’en avaient plus. Ils tentaient, assez pitoyablement, d’en voler ici ou là, sans grande conviction, bien plus abattus que des bandits de grands chemins, ces malandrins errants qui en voulaient après la bourse des voyageurs. Ils volaient le rêve qui se transformait en cauchemar. Ils avaient beau s’emparer du plus beau des rêves, celui-ci devenait hideux dès qu’ils se l’appropriaient. Le Ciel s’était dangereusement approché de la Terre et brouillait les ondes ancestrales. La Terre accueillait son Epousée. Ne L’avait-Elle pas mandée très fort depuis tous ces siècles ? Rien n’échappait plus au Retour, tout était surnaturellement révélé. Les hommes n’avaient plus rien pour se cacher, pas même les rêves. Ils ne comprenaient plus ce qu’il se passait.

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L’Œuvre, l’Oiseau de l’Intellect pur

L’élan est l’Œuvre et l’Œuvre est un élan. As-tu considéré le Discours de l’Oiseau de l’Intellect ? Cet oiseau de la Primordialité s’est uni au firmament des infinités de fois et nous ne saurions plus les compter. Il a pris plusieurs formes durant des millénaires. Parfois, il devient un Soleil magistral et parfois, il descend sous la forme minuscule d’une étincelle. Il vit dans le Silence accompli de l’Univers. Il se tient très droit. Il lui arrive de déployer ses Ailes jusqu’au huitième ciel. Quand je vis ses yeux, et il en possédait une multitude, je faillis m’évanouir. Imaginez chacun de ses regards crucial et intense ! Chacune de ses pupilles lançait une myriade de faisceaux transperçant le plus infime obstacle. Il s’était perché sur la plus haute branche d’une Montagne-Arbre. Quand je vis tous ses regards, autant de fois, je fus submergée par une cascade de lumière. Elle ruisselait effusive et je fus transportée dans la plus immense des immensités. Ses Yeux fusionnaient avec mon âme et celle-ci était soulevée par toutes les cascades primordiales. Chacune de ces cascades devenaient à son tour les yeux du très noble Oiseau. Où que je me tournais, je voyais Sa puissance, Sa Clarté, Sa Fidélité, Sa Justice, Sa Pureté, Sa Beauté. Je voulus gravir la Montagne, or, une de Ses ailes se déploya et je fus de nouveau submergée par les Eaux de la Quintessence. L’Amour entrait comme baignant l’intérieur de mon corps et je devins aussi grande que l’univers. L’élan est l’Œuvre et l’Œuvre est l’élan. L’Oiseau est une multitude d’Univers, et chaque effluve de Son Esprit est une Grâce. Lors que l’on rencontre cet Oiseau, il envahit toute la Création, et l’on voit Son essence en toute chose. Il vous prend tout entier, parce qu’Il est tout entier. Il vous couvre des ailes de la Mansuétude et vous devenez Son Chant. Il n’y a plus que Lui. Vous pouvez mourir, Il est Celui qui Se soutient dans toutes les possibilités de Son Œuvre. Il vous place sur Son Cœur irradiant et vous y demeurez pour toujours.

Majesté et Sagesse du Lion

Il était un Lion d’une placidité exemplaire. Tout en étant ce Lion majestueux et imposant, Il demeurait, tout le long du jour, d’une sérénité remarquable. Savez-vous pourquoi ce lion partait rarement à la chasse ? L’on croit, à tort, que le Roi est paresseux. Assis sur un Trône, l’on suppose qu’Il se désintéresse de ses sujets et même de son Royaume. Or, il n’en est rien. Absolument rien. Le Roi est une couronne stable qui sérénise le peuple. Il est le lien indéfectible, immutable. S’il vous vient à rencontrer le lion, vous ne pouvez plus jamais l’oublier. Ce Lion indomptable dépasse tous les lions de la savane. L’on pourrait comparer ce Roi aux Rois que furent David et Salomon. Pourtant, nulle comparaison n’est réellement possible. Tout au plus, l’on perçoit dans le Rayonnement magistral de certains, la solarité d’un Roi suprême.

Ce Lion contemplait le monde et le monde le contemplait. Il s’agissait d’un amour hébété. Il s’agissait d’une palpitante palpitation du cœur seigneurial. Cet Amour ne peut naître qu’au sein même de L’Amour. Ce Lion ne peut être vu qu’au sein même de cette Vision seigneuriale. Celle-ci absorbe toutes les visions, les unifie, leur donne à leur réalité primordiale et essentielle.

Grandeurs de la Manifestation, Sagesse immuable. Ce Roi, en Son Assise suprême et indéfectible assure à chaque chose sa réalité fixe. De même, la Réalité Seigneuriale du Roi est la garantie d’un Axe immutable, où toutes les convergences se rencontrent et se synthétisent puisque le Commencement et la Fin procèdent de la Sagesse-Une. Cette suprême Identité, cette suprême Finalité assure la Guidée, tout comme Elle garantit un cheminement sans faille.

Les trois frères (I)

Peinture de Gustave Moreau (1826-1898)

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Dans un pays lointain, que nul ne connaît de nos jours, hormis le présent et secret narrateur qui nous a soufflé l’histoire, vivaient trois Rois. Ils étaient tous des frères et rien ni personne ne pouvaient les séparer. Ils n’étaient animés par aucune rivalité ou désir de domination. Chacun possédait un vaste royaume. A eux trois, ils formaient un Empire indestructible. Il leur arrivait de se rendre visite assez régulièrement les uns les autres, compagnés par leurs gens, des domestiques, des valets de toutes sortes, et même de quelques étrangers qui se joignaient volontiers au cortège. Tout le long du voyage, l’on faisait vibrer les tambours, et divers musiciens s’harmonisaient au rythme de la marche des voyageurs. L’ensemble était joyeux, parfois même lyrique, car ces frères s’aimaient et se chérissaient sans limite, tandis que leurs chants le voulaient le manifester avec un enthousiasme sans borne. Leur royaume respectif se concentrait sur les sagesses mémorielles. Ils étudiaient assidûment les textes du passé, et offraient à tous les penseurs, les méditants, les saints, l’occasion de fonder de nouveaux textes basés sur l’observation de tous les éléments propres à la nature de chacun. Certains philosophes venaient de très loin. Souvent, l’on voyait se joindre à eux des poètes, nobles chevaliers de La Lyre Céleste. Lors de ces rencontres, tous ces hommes savaient, avec un esprit fort judicieux, synthétiser L’Esprit de leur maître intérieur. En ces temps-là, nul conflit entre eux ne venait ruiner les bonnes manières, les bons sentiments, le naturel des uns et des autres. Des pèlerins s’aventuraient jusqu’au château et y trouvaient toujours asile. Pourtant, il arrivait que quelques malheurs s’abattissent sur leur gracieuse entente. Des incursions depuis des temps et espaces reculés se voulaient assiéger leur monde. Les trois royaumes formaient alors une ligue et ripostaient face à leurs adversaires avec une grande véhémence, craignant que leur Empire ne sombrât aux mains de leurs ennemis acharnés, ceux-ci mus par une cruelle sauvagerie.

Ces Rois étaient des Soleils, et ils attiraient semble-t-il, depuis les siècles passés, des ignorants qui les jalousaient et méconnaissaient assurément les grandeurs de l’authenticité humaine.

Qui n’a pas reconnu la splendeur d’un arbre, n’en voit guère les nobles ramures. Qui n’a pas vu les rayonnements du Soleil, ne peut reconnaître la solarité d’un Roi. Qui ne s’est pas assis en La Présence de ces trois astres, ne peut être saisi par les affres de leur absence, ni pleurer leur perte.

 

Se lit aussi sur Noblesse et Art de l’écu

Petit discours de La Huppe (2)

La Forêt primordiale est une forêt qui prend parfois des teintes bleues, mais la plupart du temps, Elle est d’un vert émeraude. Elle se situe à l’intérieur d’un écrin, serti de rubis et de perles nacrées. Lors que l’aube se lève en cette contrée devenue occulte depuis que les hommes sont entrés en l’âge de fer, ( las ! parce qu’ils ont perdu peu à peu le nom initial de La Forêt, et qu’ils n’ont plus eu accès aux subtilités des mondes, ni plus eu accès au chemin qui y mène) trois soleils montrent leur visage, tandis que La Lune opale les rejoint en une course singulière et fusionne pour ne faire plus qu’un seul astre. Comment les hommes ont-ils bien pu perdre ces richesses ? Ne se sont-ils pas consacrés frénétiquement à développer de façon assez singulière des stratégies pour ornementer leur jour et faire montre de leur puissance chimérique ? Ils ont échafaudé d’étranges tunnels en ce labyrinthe de vie, ce qui les a figés malheureusement dans les sphères intermédiaires et même, ne se sont-ils pas souvent retrouvés à la dérive, au pays des limbes ? Là, règne une atmosphère enfumée et pestilentielle, qui se répand en nues, opacifiant ainsi complètement leur esprit et leur faisant oublier l’essentiel. Depuis, ils ont malencontreusement ouvert les brèches des divers mondes subtils et ont permis aux démons de toutes sortes d’empiéter sur leur territoire, cela depuis des millénaires, tandis que ces derniers s’évertuent à anéantir les fils d’Adam et les déposséder de leur réalité intrinsèque.  Lors de la descente de l’humanité, leur Père avait fait en sorte d’emporter avec lui des pans entiers du Jardin. Il lui avait été accordé de faire plusieurs voyages. Ainsi, il permit le tracé d’un sillon éthérique et fluvial afin que jamais ses enfants n’oublient leur origine primordiale. Le Père de l’humanité avait pris soin de répandre ces effluves édéniques. Il avait découvert en lui le pouvoir de la transformation et celui des reliances. Les arbres du Paradis, qu’il avait ramenés lors de sa descente, s’étaient adaptés aisément à leur nouveau milieu de vie. Ces arbres sont en vérité de grands sages, dont la patience et la loyauté sont, de nos jours, devenues légendaires. Ils éprouvent à l’égard d’Adam ainsi qu’envers sa descendance, un Amour incommensurable et c’est pour cela même qu’ils n’ont pas hésité une seule seconde à s’enraciner dans la Terre Matricielle.

La huppe, qui séjourne toujours en la Forêt primordiale, attend. Parfois elle vient rendre visite à celui qui demeure aujourd’hui dans le grand secret, s’étant réfugié sciemment loin des hommes de son époque. Elle aime tout particulièrement sa compagnie. Ils s’entretiennent longtemps et se remémorent l’âge d’or. Pourtant, la huppe est d’humeur très chagrine.

– L’homme ne sait plus se mettre en son silence et cette matrice qui lui tient de lieu de vie tend à révéler combien le bruit intérieur de son mental, les futilités de ses orientations, au demeurant très rétrécies et limitées, sont à se manifester de plus en plus à l’extérieur. Même son recueillement est entaché de distraction. Il est sans cesse en mouvement. Cette précipitation fait basculer ce monde en une frénésie sidérante. Ils schématisent les relations humaines en un bivouac métallique. Tel est l’âge de fer : ne plus savoir accéder aux réalités de L’Être. Que de bruit ! Que de bruit ! Leur âme a fui leur corps qui s’articule tel un pantin. Tandis que les uns éprouvent la peur de ne plus être, d’autres s’accrochent à la matière comme étant la seule concrétude existentielle. Ne réalisent-ils pas enfin que ceci est une magistrale impasse ? Leur âme pleure et ils ne le savent pas. La peur les gagne et ils ne le savent pas. Ils sont manipulés par toutes sortes de ténèbres, et ils ne le savent pas. En eux est le pouvoir du renversement. Mais, ils ne le savent plus. Les gens ont peur de perdre leur confort. Comment en sont-ils arrivés à miser sur ce qui est impermanent ? Je trouve que les hommes sont devenus fous.

– Peut-être que les hommes ne sont plus des hommes…

C’est alors que la huppe scruta longtemps son ami et émit son chant très particulier. Elle semblait soudain gagnée par une grande mélancolie.

– A quoi reconnait-on les fils d’Adam ? demande-t-elle soudain.

– Tu connais la réponse, noble huppe.

– Les hommes connaissent leur âme.

 

Lire aussi Petit discours de La Huppe (1) et Histoire des hommes

                                                                                                

Secret de L’Enfant

Image associéePeinture de Heather Theurer

Secret bien gardé par le dragon ailé, des contrées défrichées en l’âme pacifiée. Tel est L’Enfant qui repose en La Lumière et l’auréole des cheveux blonds sont les transparences de la vision. Elle joue incessamment auprès de la cabane, au fond du jardin. Te souviens-tu des heures entières échappées sans que personne ne sache vraiment si les papillons couvrent tes pas fragiles et éthérés afin d’effacer toutes traces ? Intrépidité de l’émerveillement qui ne sait plus si le Temps est une réalité lors que seul un point se concentre en l’offrande de la contemplation. Ces yeux ne sont pas les tiens et, qui donc te donne ainsi à cette intensité ? Tu le sais aujourd’hui combien ce qui passe annonce la nouveauté et c’est Ici, Le Temps de Vérité. Enfant embryonnaire lors que les mots valsent en la joie effusive. C’est l’univers entier qui s’invite et le cœur est capturé. Virginité de L’Aube incandescente de L’Amour, et Oh ! comme tournoie cette danse que tu sais venir depuis les âges reculés. Vierge enfin et libérée ! Ainsi, le rire est profus. As-tu chassé la poussière en grande quantité dans la maison d’un monde usé ? Ce sont les torrents qui ont tout charrié. L’Enfant joue devant l’océan qui tempête et attrape l’anse d’une nef argentée. Debout, assise, couchée, rien ne lui fait perdre le secret. Lors que le monde s’entrouvre en ce centre, le cœur semble mourir en l’incendie d’une météorite et Le Jardin pleure le voile des tréfonds. Mais, Il est Le Droit. Vois-tu Sa Robe ? L’Enfant tient les pans de Sa Drapure et lui lance : je vais tenir, Ô Souverain, je ne vais jamais Te lâcher. Or, Il est L’Impétueux et se montre à toi en ton océan houleux.

Dragon, j’ai vu en toi l’infamie et la laideur, je me suis échappée et ai couru si loin. Les nuits entières, je t’ai combattu, et tu as su atteindre l’innocence de mon origine. Pourtant, c’est toi qui as réveillé mon âme guerrière et tu m’as menée jusqu’à L’Épée. « Je cherche le combat », m’as-tu dit et je me vais te ruiner. Comme les secousses sont violentes en ces distances. La Forêt est L’Inconnu. Cette Épée est un Esprit acéré. Elle est aussi une Lumière qui se soumet à La Sincérité. Elle ploie de Générosité devant L’Intention et devient Le Flambeau dans l’obscurité. Ainsi est La Lumière qui joue avec La Ténèbre, tel le chat avec la souris. En vérité, lors que Deux sont sur le chemin, La Lumière tournoie et il n’est que Lumière sur Lumière. Dragon, tu es devenu mon allié en m’extirpant de l’indolence et Le Soleil a brillé de sa pleine cohérence en La Lune, Son Épousée. Je réalisai alors, comme il n’est qu’un seul point, minuscule et je vis qu’en Lui, tout est à se déployer. Il est L’Enseignant du Cycle actuel, et c’est Lui Le Vivant : Gloire à Lui. J’ai vu ! J’ai vu ! J’ai vu ! Or, Il est Le Témoin qui donne au Témoignage. Et lors que ploient les genoux du chevalier, lors que son armure est sa foi persévérante, lors que l’acte de la souvenance perpétuelle est sa seule Terre ferme, lors que l’oraison devient louange, lors qu’il passe par le blâme, recueilli au sein même de ce Jardin du Royaume infranchissable, lors que les océans entiers charrient les écumes insoupçonnées, lors que les plus infimes détails se révèlent et que rien ne peut nous consoler, lors que Le Fidèle adjoint à ton cœur les amis fidèles en ces bienveillances angéliques et supra-naturelles, lors que tu courbes la tête et que Le Roi te soulève, lors que Sa Main est ferme et qu’Il te donne enfin l’autorisation de parler, alors, tu courbes de nouveau la tête et depuis ton cœur jaillissent Les effluves et les effluves de L’Amour. Celles-ci ouvrent Le Livre Sacré et chaque lettre devient une Gnose. Cœur ardent en Son Ardence. Tel est Le Chevalier qui s’efface et telle est Sa Vassalité !  Tel est le Devenir du fils d’Adam.

Tout est périssable et, tout est ce qui passe : tout est décor et seule persiste la mention pérenne. Tout ce qui t’attache est duperie qui vient de l’illusion. Tout est ombre et la substance est quintessence de Lumière en l’intérieur. Tout est prétexte au creux du Chemin du Chemin. Tel est Le Pont qui te fait passer d’une matrice au Réel. Telle est la pureté de L’Eau vive. Tel est Le Rappel. Ne t’arrête pas, ne t’arrête pas, quand bien même les anges se prosternent devant toi. Continue, car Le Voyage en Lui est Beauté et Éternel, Jardin dans Le Jardin, Maison en La Maison. La Connaissance s’illustrent par les jalons de Son Approche. Ô Âme ! Merveille de La Merveille !

Petit discours de La Huppe (1)

Image associée

Lors que les choses se seront figées en la superficialité sans qu’il n’y ait plus aucune substance en La Réalité unitive des actes, des paroles et de l’origine, alors tu verras combien les sables seront mouvants sous les pas. La hâte sera la compulsion et la distraction, le signe de l’opacité des cœurs. Lors que tu verras que l’on prendra pour guide des aveugles et lors que les confusions seront légion, tandis que le discernement sera pris pour son contraire, fuis dans les montagnes et ne te retourne pas. Tel est l’enseignement du maître qui, en sa véracité, ne trompait pas et ne cherchait nulle approbation. Tandis que les rois s’éventaient de paresse et qu’au grand jour des révélations de leur fausseté, les peuples les suivaient, un, sur la cime éloignée, balayait de son regard l’étendu des dégâts. C’est alors que la huppe qui venait de temps à autre lui rendre visite s’enquit de tant d’obscurantisme.

– L’homme s’évertue en son acte le plus démentiel à renouer avec Le Jardin perdu. Le fait-il avec tant de flagornerie et de nonchalance inconsciente ? Je le soupçonne de confondre durée existentielle et éternité. De même, je le soupçonne de vouloir se vêtir de l’innocence, sans pour autant en comprendre la vraie signification. Serait-il à oublier sciemment que tout est retour, que chaque souffle qui s’éteint est une perte s’il ne s’unifie pas à sa réalité ?

– La huppe ! ton apostrophe me réjouit du fait qu’elle annonce ta présence et je te salue de daigner nous rendre visite en cette modeste tanière. Il y a bien longtemps que nous ne t’avions vue. Tes questions sont à mettre en relief une crucialité évidente. Je sais que ton esprit est vif, et que chacune de tes paroles est, en vérité, un puits de sagesse.

– Vieil homme, ne sois point en de tels éloges qui glissent assurément sur mon plumage sans compénétrer mon âme aucunement. D’ailleurs, te souviens-tu comme nous devisions de cette façon, et comme nous avions compris tout l’intérêt de nous garder de penser que nos mots étaient saisis en leur justesse ? Certes, je suis venue te rendre visite à maintes reprises, et j’ai en mémoire cette conversation concernant les signes que nous renvoie la nature. Néanmoins, il me semble urgemment nécessaire de clamer haut et fort ceci : chaque acte de l’homme est de fait à révéler ses moult tentatives d’imiter l’essentialité de la création. Il ne le sait pas encore. Il le devine à peine. Considère-t-il que chaque concept, que chaque idée, que chaque individu, que chaque singularité, que chaque senteur, que chaque beauté, que chaque éloquence sont de puissantes manifestations liées au hasard ? Pourquoi se réduit-il ainsi ? Le jardin n’est pas perdu. Le Jardin est un trésor phénoménal. Toute sa vie, l’homme marche si près qu’il ne s’en aperçoit plus. Il ne sait plus ni s’étonner, ni explorer l’inédit. Il tourne en rond. Je me suis réfugiée au fond de la forêt primordiale, en ce secret bien gardé, et j’attends.

– Qu’attends-tu noble huppe ?

– J’attends que Le Silence pousse son cri de ralliement.

Le Roi et L’Échanson (2)

Peinture de Andrea Solario (1460-1524) et Bernardino Luini (1482-1532)

 

L’Échanson dit : je n’ai jamais désiré voler une seule larme de Vin au Roi et en mon âme, la Révérence du doux Nectar est en Son Jeu à m’offrir L’Élixir de Son Désir. Je n’ai pas craint de devancer La Mort, et Le Roi ouvre large les Mains de Son Assentiment. Au plus proche de Son Cœur, La Fleur éclot et c’est en mon corps que L’Étreinte a lieu. Si près du Souffle, si près du risque, Il se tient si droit devant mes genoux tremblants. Il s’avance et enlacés, nos présences ne font qu’Un. Des lèvres trempées en Son Vin, j’ai vu La Coupe. Le Chant d’Amour suinte de ma poitrine écartelée. Des Rayons de Sa Lumineuse Bienveillance, je ploie encore les genoux. La Majesté de Sa Puissance est Le Versant même de Sa Grande Beauté. Le Roi est à ma pauvreté collée et je ne sais plus si Lui est ou si moi je suis encore. La douce perplexité est autant de perles suaves au creux d’un chapelet et les étoiles dansent en ronde de Joie. Tel est Son Enseignement, et Rien n’est illusion, mais Révélation au Souffle de Son Amour. Si tout Cela était une illusion, que serait Le Sens à Ce qui est en Sa Singularité, multiplicité de Sa Manifestation ? L’Illusion persiste au regard qui s’appauvrit des éphémérités du passage. Tout en ce Décor est Pureté de Concrétude en La Matière de Sa Volonté. L’illusion consiste à croire que tout Cela est permanent. Des crudités des figements du matérialisme, des mécanicités sans Le Souffle relié à La Réalité de notre existence, alors, la déviance est grande. Le Roi convie à la suspension et en L’Apnée. Une Seconde en Lui plie des distances insoupçonnées.

Ni Prométhée, ni feu ardent dérobé, ni précipitation, mais Don en Sa Générosité. Couronne du parachèvement au Retour des Joailleries d’une Chevalerie qui se décline à L’Apogée du Cycle actuel. Précieuses Révérences et vêtures qui sont Ses manteaux accordées aux plus démunis. Et qui sont donc les démunis ? Ils sont telles les feuilles d’un arbre à chanter leur pauvreté et oublier au frémissement du Vent les rigueurs de la mendicité. Vêtus de haillons, nus et décharnés, lors que L’Aurore cueille leur chant, les enfants s’approchent et ne doutent jamais de La Lumière qui en leur petit cœur, est La fenêtre du doux regard.

Histoire des hommes

Ciel étoilé

 

     Il y a bien longtemps, lors que les hommes connaissaient encore l’accès à d’autres mondes, des mondes qui s’offraient à leur vue et à leur entendement avec une grande clarté, et que les portes étaient des ponts réels entre ces mondes, un homme avait eu pour sagesse de graver dans la pierre certaines de leurs pratiques, de sorte qu’un jour, les hommes de nouveau puissent retrouver les vérités essentielles de leur être. En effet, de par les cartographies du ciel, il avait découvert, avec beaucoup de tristesse que plus tard, bien plus tard, les fils d’Adam ne connaîtraient plus les noms. Or, chaque nom avait pour vocation d’ouvrir ces fameuses portes. Celles-ci permettaient d’être délivré d’un immense sortilège : L’Oubli. Deux portes seraient encore efficientes, mais tenues secrètes par le sortilège même. L’homme bien scrupuleux avait passé sa vie durant à établir des parchemins, des codifications et à tailler des pierres qu’il avait ensuite placé un peu partout dans le monde sans que besoin ne lui fut de se déplacer hors de chez lui. Aujourd’hui cela nous semble improbable, mais il fut un temps où les fils d’Adam se déplaçaient par la pensée. Ils avaient ce pouvoir. L’homme avait programmé des percées d’informations grâce aux fluidités permanentes et ondoyantes. Une fois tous les mille ans, parfois moins, ces fluides de pensées en ondes vibratoires s’échappaient et cherchaient l’homme le plus pieux ou le plus à même de porter ces informations qui se devaient d’aider l’humanité afin de renouer avec l’essentialité de son Être.

     L’oubli est une véritable peste mentale qui tel un virus atrophie le cerveau des hommes. Son épouse et lui avaient donc travaillé d’arrache-pieds et avaient ainsi conçu ces outils vibratoires. Deux portes permettent d’entrer dans ce que l’on sait être une caverne transitoire. Mais, si le besoin se fait sentir, celui qui entre en cette caverne peut ou bien revenir au monde ou définitivement en sortir. Les Portes se nomment solsticiales. En fonction de la capacité que l’on éprouve à désirer recouvrir la mémoire, la caverne sert de lieu de transformation. Tandis que les hommes qui ne peuvent ou ne veulent pas sortir du monde du rêve, celui-ci devient de plus en plus souffrance et déviance, parce que ce monde n’a pas vocation de durer en l’oubli : il est l’exactitude prétexte à la transformation. Il n’a pas d’autres possibilités d’être autrement qu’en La pleine Présence, sinon, il se désagrège. Le pire, c’est qu’en son oubli, l’homme pense qu’il a parfaitement raison et que rien ni personne ne peut le faire changer d’avis. Il s’emploie à discuter.

     L’histoire nous fait le témoignage de ces hommes qui ont eu ces sortes d’ouvertures de conscience et de souvenance. Ils ont été la plupart malmené par leurs concitoyens qui ne saisissaient pas les subtilités des noms, ni du discours auxquels ces noms  étaient à se relier. Voilà pourquoi la peste mentale fait rage et détruit le monde et l’humanité. Pourtant, telle est la destinée des hommes : un jour, ils comprendront ce qu’ils ont manqué en se refusant de sortir de la boucle infernale.

     Je vous raconterai comment ces ondes cherchent toujours les lieux les plus adéquats et les plus purs. Je vous raconterai comment cela est et comment l’infinitude et la complexité sont en fait une évidence bien étrange. Un jour, nous serons tous à comprendre la réalité des noms, des lettres, des ondes. Nous serons tous à nous extasier de L’Intelligence Suprême qui est loin, bien loin encore d’être approchée. Je l’ai lu dans un des parchemins que l’on m’a confié, et j’en suis encore hébété…

 

Christian SchloePeinture de Christian Schloe