Yusuf and Zulaikha, painting by Mahmoud Farshchian
Tel un arbre majestueux qui nous captive, dans la radiance verdoyante, solitude de l’implacable réverbération, au cœur palpitant sans que la moindre rupture se puisse concevoir, étonnante continuité, simultanéité et impermanence, quand je le vis, lui, mon semblable, semblable à mon âme, je fus saisie par je ne sais quelle errance, et perdue dans le tourbillon de l’ineffable scène, je ne pouvais plus ni reculer, ni m’avancer. Cet arbre avait un visage. Tantôt, il était impossible de le définir, et malgré tout, je le voyais, lors que l’océan de jade tanguait, je le voyais semblable à un soleil en pleine Nuit, et tantôt, il brisait toutes les chaînes de nos carcans, de nos voiles opaques et devenait le Jouvenceau, l’excellence d’un Ephèbe. Ses yeux étaient pareils à des lunes montantes, aux courbes bien précises, et ses sourcils formaient les plus munificents dômes. Son teint rayonnait d’Amour. Il exprimait toute l’intensité de l’éternelle étreinte et le cœur se suspendait à son apparition. Beauté s’incarnait. Beauté s’élançait en l’instant fugace et se découvrait en l’éternité. Il tint mon âme entière sous son emprise et navigua en maître dans ce qui était sa demeure. Je ne pus ni l’en déloger, ni m’enfuir. Parfois, il n’avait aucune forme, et l’intensité de sa présence me donnait à la pleine souveraineté de son règne. Je n’avais plus de bouche pour parler, ni de yeux pour voir, ni de cœur pour palpiter, car il me tenait si fermement que son cœur était le mien et le mien était le sien, tandis que le temps disparaissait, indicible Remembrance, l’union de nos âmes. Il me disait ces choses : Tu ne peux vivre en dessous de cette Réalité ! Il me répétait cela sans jamais manquer de me le répéter et je demeurai comme saisie, submergée de reconnaissance.
Pouvais-je me défaire de Ton Soleil ?
M'inonder de Ta Nuit, onde de Lune ?
Plonger dans Ton Silence au goût vermeil,
Déchirer les voiles de mon infortune,
Insoutenable présence qui T'appelle ?
Beauté est née dans le lac d'un cœur,
L'océan ourdit une ruse que ceint un Diadème,
Et, je tremble de ne plus m'appartenir,
Car Joseph a ravi ma prunelle.
Il a ruiné tous mes élans, tous mes désirs
Dans la défaite d'un tourment sans pareil
Tandis que mon âme goûte à la joie et je L'aime !
Il entre en cette demeure, ma citadelle :
Fais de moi le chemin que trace L'Amour !
Sont-ce mes larmes, sont-ce mes veines ?
Je vois en cette prison, disparaître ma peine.
Ne comprends-tu pas que Femme de Putiphar
Sanglote et aime sans espoir de Retour ?
Mais quand vient L'Aube nouvelle,
Ce cœur de femme est aussi celui de Joseph ;
Les étoiles dansent dans la Nuit noire.
Beauté est Le Verbe Divin éclos soudain,
L'âme éprise ne cesse jamais d'aimer,
Cette histoire est le Jus savoureux d'un Vin ;
Il prend sa source auprès de L'Eternel,
Qui boit à cette Eau vive y revient comme hébété.