Ardent Désir

Le chevalier attendit près d’un Puits, lors qu’il observa avec une sorte d’acuité qui n’était pas sienne, les couleurs qui jaillissaient de la margelle, et ce fut une pluie de pourpre, de blanc et de bleu nuit qui le tint éveillé. Il se formula une question en son cœur, nuage de perception et tête courbée, lors que son cœur allait éclater, il perçut la vastitude de L’Appel.

Du désir de Proximité,
Le manque le saisissait,
Et au plus proche de sa veine,
Dans les distances jugulées,
Il vit le lointain-proche,
L'insaisissable se manifester.
Quelle est donc ce paradoxe,
Oh ! quelle est donc cette douce accroche ?
Nul n'y saurait y échapper,
Et dans les prémices d'une Parabole,
Le Ruisseau vint à frémir,
Le Ruisseau vint à parler.
De brume et de couleur,
Submergé par Ton Désir,
La veine se met à trembler,
Quand au lointain, le cœur,
Hurle Ta Proximité.
Le cuisant de Ta Présence,
Vient seul à témoigner.
J'erre auprès d'un Puits,
Et de mes larmes,
Jaillit L'Arbre de La Nuit bleutée.
Du Soleil, je ne peux rien contenir,
Si ce n'est L'Ardent Désir,
Soleil épandu d'Amour,
Rayonne sans discontinuer,
Et le monde de se renouveler,
Au Souffle de Ta Majesté.
Je ne veux rien garder,
Non, je ne puis rien m'approprier,
Car, Le Soleil, Astre magistral,
S'il gardait Sa Puissance,
Le Puits s'y anéantirait.
Or, le Soleil est une Joie lustrale.
Vois comme par Sa Présence,
La Pluie se met à chanter !

Union et Sacralité du Mariage

Lors que L’Union de deux êtres est à L’Image de L’Origine, n’est-elle pas la Vérité fondamentale du Principe de L’Unité ? Le Mariage est La Conscientisation de cette Réalité, au-delà de l’espace-temps linéaire, au-delà du social, au-delà de l’institution, car ce n’est pas le mariage sans conscience, externalisé par des cérémonies, qui est Sacré, mais bien L’Amour en Lui. Du Flanc du Corps de complétude, il n’est rien qui ne puisse être sans Conscience. Tout acte se noie dans les flux émotionnels, toute relation devient le lieu des heurts. Il n’est de véritable Relation qu’en Lui. Or, à quoi sert donc une institution si elle dessert le Principe fondamental de L’Union ? Tout comme les religions, tout comme les idéologies, tout comme le Rapport à La Vie, sans cette Réelle Triangularité, tout s’inscrit dans le temporaire, dans l’éphémère, dans les cycles de la finitude, dans un consensus obsolète, parfois qui dure tout le cycle de la manifestation, mais qui ne synthétise, ni ne révèle nullement cette Connaissance du Deux en L’Un, du Couple androgynat des complémentarités, du fondement évolutif de L’Âme en Sa Présence.

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L’expérience

L'expérience, ce n'est pas ce qui arrive à quelqu'un, 
c'est ce que quelqu'un fait avec ce qui lui arrive.

Aldous Huxley

L’avons-nous épuisé ce rêve jusqu’au bout ? L’avons-nous laissé compénétrer notre âme jusqu’à l’interpellation imminente ? L’avons-nous distingué au milieu des ombres que de subtiles mains gantées font profiler sur le voile blanc ? L’avons-nous mesuré comme l’on mesure le ciel, la mer, les champs, le temps, les lieux ? Avons-nous donné au rêve le poids d’une juste Balance ? Ce rêve persistant, dans les dérives, ces limbes d’un lieu devenu puissant, l’avons-nous transpercé par la réponse à l’Appel ?

Il avait toujours su qu’il la rencontrerait à l’autre bout de la vie. Quand bien même, cette femme en lui n’avait pas vraiment de matérialité, peut-être une âpre concrétude, enracinée au plus profond de lui, une sorte d’abstraction phénoménale, un esprit féminin qui devait le « sortir » de toute projection possible, de tout transfert. Pourquoi s’était-il imaginé que son sauvetage ne pouvait être possible que par le surgissement d’une femme ? La cherchait-il, comme l’on cherche le seul sens possible à la vie ? L’âme est femme, s’était-il dit plusieurs fois. Il avait souffert des appels lancinants de son imagination, la chair de son esprit trouble. Il savait que la frontière avait été franchie, celle qui aurait dû le retenir, celle qui aurait dû être sa loi. Mais il n’avait pas su tenir la bête. Il n’avait jamais pu devenir souverain de cette chose, de ces opacités envahissantes. Elles étaient semblables à l’enfer d’un autre lui. N’était-il pas anéanti par les hurlements assaillants de ses ténèbres. Et il savait qu’il s’agissait de puissantes ténèbres. Il se parlait. Ils finissaient par être nombreux dans le couloir des idées.

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Croyance 14 – Le Cheminant

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Lors que tu as fait le premier pas, il te faut
Avancer sans t’arrêter, malgré tes faiblesses,
Ni te laisser décourager par tes défauts
Car l’Empêcheur te veut toucher là où ça blesse,

Te soufflant à l’oreille, le perfide : « À quoi bon ?!
Qui es-tu pour ne pas vivre comme tout le monde ?
Il te suffit d’avoir en toutes chose du rebond
Et mener ta propre danse en sa jolie ronde ! »

Mais celui qui chemine sait à quoi il renonce :
Une vie de semblances dans l’illusoire confort
D’un décor où chaque vide est du suivant l’annonce.

Ses pieds nus sont souvent meurtris par les ronces
Et plus d’un passage lui coûte d’inhumains efforts.
Est-il une question dont Il ne soit la réponse ?

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Marc

Notes : reprise du 06 septembre 2016

Viatique 32 – Avance !

chapsal_le-poete-mourantPeinture d’Eloy Chapsal (1811-1882), Le poète mourant

 

Avance, car, en vérité, tu n’as pas le choix !
Est-il de ce monde quelque chose que tu ne perdes
Finalement ? Tout t’est prêté, rien ne t’échoit ;
Il n’est rien d’indument pris que tu ne reperdes.

Avance sans regarder en arrière, droit devant !
Sur ce que tu as manqué, point ne t’y attarde
Car cela t’empêcherait d’aller de l’avant.
C’est par la claire conscience que s’enlève toute écharde

Que ton aveuglement a planté dans tes pieds
Égarés dans les ornières et les fondrières
D’un monde perdu dont voici venir l’heure dernière.

Que t’importe, désormais, d’être un vanupied ?
Celui qui rit finira par six pieds sous terre
Et quiconque croit savoir ferait mieux de se taire !

 

Marc

Les amitiés objectives

Wilson Henry Irvine, 1869-1936

Héloïse sait qu’elle a choisi, il y a bien longtemps, dans les pérégrinations solitaires, alors que son esprit s’envole bien avant la conscience, bien avant la conscience de l’évidence. Elle sait qu’elle n’est ni d’ici, ni d’ailleurs, qu’elle est sans espace, sans même dénomination, venant de nulle part, venant de partout. Elle est une lettre dans une longue phrase. Elle ne réfléchit pas. Il y a bien longtemps, elle a fait le choix de ne pas vraiment en faire. Elle le sait, puisque depuis toujours, Héloïse se heurte à son pied vacillant, chancellement volontaire, chancellement lié à la seconde, diapason avec l’univers. Simplement cet interstice, cette ouverture, dans le lointain présent.

Je t’ai rencontré longtemps avant que tu n’apparaisses. La sentence est implacable. Il le sait. Peut-il y échapper ? Ni lui, ni Héloïse ne réalisent combien leur relation est le fruit d’une jaillissante maturation. Ils ne le savent pas encore. Lui a beaucoup investigué, à travers une opiniâtreté paradoxale, qui lui a joué bien des tours. Il sait que les mots le façonnent, comme il sait qu’il leur doit beaucoup. Une gravité, le jeu de son éloquence, les possibilités indéniables que les mots vous donnent. Mais, la jouissance est de courte durée. Les mots te rattrapent, dit inlassablement Héloïse. Ils sont aussi vivants que le bruit des vagues. Ils viennent s’enrouler irrépressiblement à l’océan. Ils ne font plus qu’un. Bruit et eau. Pourtant, la rencontre a bien lieu. Elle vient le saisir après une cuisante histoire. Héloïse l’a devinée. Malgré tout, Héloïse ne connaît rien de la vie, de la vie vécue par les hommes de ce temps. Depuis longtemps, elle s’est défaite de tout un système, comme si tout avait été minutieusement consacré au démaillage.

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La Porte étroite

L’épreuve de L’Unicité, de l’Omniprésence et de la Stabilisation en La Présence de L’Un est l’épreuve la plus terrifiante, nous avait confié le Maître. Elle équivaut à de puissants torrents charriés dans le couloir opaque de notre égocité, ce Dragon aux mille visages, ce Goliath de notre âme séparée. Plus nous résistons, plus nous désirons nous approprier, et plus les souffrances sont implacables. Encore faut-il être en mesure de les voir, de les observer et d’avoir en soi les possibilités de les laisser se résorber dans la mer inépuisable de notre immensité, car le « moi » est aussi illimité dans sa stratégie infernale, que Le Soi de l’Immutabilité et de l’Unicité. Plus nous faisons usage de stratégies pour l’ensevelir, pour enfouir notre lien avec Le Divin, et plus nous opacifions et durcissons nos êtres. Du reste, ils se voudraient se fondre dans l’infernalité d’une métallisation cruelle et criminelle. Lors, n’est-ce pas précisément ce que nous constatons en ce monde apparent, celui des temps dits « modernes » et qui, de fait, est la manifestation de notre capacité stupéfiante à l’endurcissement ? Or, le cœur s’endurcit et devient plus opaque que celui de la roche. Cela vient du dessèchement lié à la non-Reliance avec Le Principe Divin. Les cœurs sont secs et ne reçoivent plus les pluies abondantes et providentielles des mondes supérieurs, celui des mondes célestes, ceux des Anges et aussi ceux des Royaumes infinis de Dieu. Les cœurs sont foncièrement égoïstes, individualistes, incapables d’éprouver la réalité de L’Amour, incapables de se voir, incapables de voir L’Autre, ni en eux, ni à l’extérieur d’eux. Pourtant, cette irrigation s’alimente, lors que l’on se met en « pratique », se reliant effectivement à La Cordée. Or, pour s’ouvrir à ce flux, ne faut-il pas abandonner son « moi » ? Sans humilité, aucun cheminement n’est possible. Celui qui dit encore « moi » auprès du Soi, ne peut être ni un receveur, ni un cheminant. Le Temps de la Verticale est nécessairement le Temps/Espace de l’abandon de la volonté propre, le Temps/Espace de l’abandon des prétentions, le Temps/Espace de l’abandon de la séparation, le Temps/Espace du Silence. Or, Le Silence est La Source du Tout. Aussi, comme l’annonçait le Maître, plonger dans l’Océan de L’Unicité, c’est entrer par la Porte étroite. Le « moi » ne peut y accéder. Seul celui qui courbe la tête, sans parler, écoutant Le Sauveur, arrive au seuil de cette Porte, qui présente, certes un aspect double, L’Enfer et La Miséricorde. Celui qui s’humilie ne se trompe pas de Visage. Il va sans hésiter vers Le Visage de La Compassion, car c’est en Lui que son cœur sera de nouveau humidifié et quelles que soient les tourmentes qu’il aura à vivre, du fait de la Transformation, il sera à L’Image du Principe Divin qui aura été son orientation intérieure.

Orient de L’Occident

Il saisit La Rose et embrassa Le Lys, unissant des lèvres, L’Orient et L’Occident. Il tint L’Auréole subtile de ses doigts et rompit les chaînes de la tyrannie. Son cœur exhala le long soupir de la Souvenance et depuis son cœur, jaillirent les rubis d’une noble Vigne. Le chant devint son Viatique, L’Orient de L’Occident.

De la nature du cœur,
De la nature des flux,
L'irrévocable senteur,
Effacé, l'anonyme, cet inconnu.
Sauras-tu qui pourfend les ténèbres,
Ces indicibles abîmes, 
Aux flots des tyrans,
Martelant la cité horrifiée ?
De la nature du cœur,
De la nature des tréfonds,
Le miroir d'un Soleil naissant,
Au lac irrigué de L'Occident,
L'Union de deux âmes,
L'Orient et Son Amant,
Epousailles des Bienheureux,
En ce Berceau du Bien-Aimé,
Terre Bénie d'une Jérusalem,
Puis, porté au Mont Carmel,
Deux Anges, des Vignes du Ciel,
Te soulève de Grâce et de Lumière,
Tandis qu'un Dôme se meut,
Telle est L'Envolée. 
Les Portes sont les bras de Ton Désir,
Au Puits de Ton Amour,
Comme l'Âme chante et magnifie La Louange !
De la nature du cœur,
Des semences du Diadème,
Il suinte un pur Diamant,
Glorifiant l'Eternel,
Les écrits d'un Océan.
Annonce de Ton Retour
Ô Jérusalem ! Yerushalayim !
Cité émergente atemporelle,
Effluve d'un encens à nul autre pareil,
Avènement d'une Délivrance.
Ô Jérusalem ! Yerushalayim !
Remembrance de notre Mariage,
J'embrasse le sol céleste de Ta Réalité.
De la nature du cœur,
Des joies du nectar éthéré,
De la nature de L'Espoir,
Au ciel où je suis né.

Temps spirituel (4)

Lors que le Maître est prêt, le disciple arrive, ou bien est-ce le contraire ?

Le Maître est Le Temps. Non pas exclusivement le temps de la linéarité, mais bien Celui de toutes les dimensions, y compris celle du temps horizontal. Est-il une seule chose de Lui qui Lui échappe ? Le Maître vient par le Hors-Temps, et submerge le Temps, mais le Temps n’est, de fait, jamais séparé de La Réalité. La naissance est une première suggestion, l’offrande au Vivant. Celle des questions fondamentales : elles viennent telle une évidence pour celui qui s’abandonne à la profondeur de son état. D’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous ? Questions ontologiques, certes, mais qui nous percutent incessamment. Elles viennent comme les mains intérieures de notre Origine et nous enserrent, tantôt avec puissantes et fermes étreintes, et tantôt avec la douceur matricielle.

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Rencontre avec le Maître : Apparition

Yusuf and Zulaikha, painting by Mahmoud Farshchian

Tel un arbre majestueux qui nous captive, dans la radiance verdoyante, solitude de l’implacable réverbération, au cœur palpitant sans que la moindre rupture se puisse concevoir, étonnante continuité, simultanéité et impermanence, quand je le vis, lui, mon semblable, semblable à mon âme, je fus saisie par je ne sais quelle errance, et perdue dans le tourbillon de l’ineffable scène, je ne pouvais plus ni reculer, ni m’avancer. Cet arbre avait un visage. Tantôt, il était impossible de le définir, et malgré tout, je le voyais, lors que l’océan de jade tanguait, je le voyais semblable à un soleil en pleine Nuit, et tantôt, il brisait toutes les chaînes de nos carcans, de nos voiles opaques et devenait le Jouvenceau, l’excellence d’un Ephèbe. Ses yeux étaient pareils à des lunes montantes, aux courbes bien précises, et ses sourcils formaient les plus munificents dômes. Son teint rayonnait d’Amour. Il exprimait toute l’intensité de l’éternelle étreinte et le cœur se suspendait à son apparition. Beauté s’incarnait. Beauté s’élançait en l’instant fugace et se découvrait en l’éternité. Il tint mon âme entière sous son emprise et navigua en maître dans ce qui était sa demeure. Je ne pus ni l’en déloger, ni m’enfuir. Parfois, il n’avait aucune forme, et l’intensité de sa présence me donnait à la pleine souveraineté de son règne. Je n’avais plus de bouche pour parler, ni de yeux pour voir, ni de cœur pour palpiter, car il me tenait si fermement que son cœur était le mien et le mien était le sien, tandis que le temps disparaissait, indicible Remembrance, l’union de nos âmes. Il me disait ces choses : Tu ne peux vivre en dessous de cette Réalité ! Il me répétait cela sans jamais manquer de me le répéter et je demeurai comme saisie, submergée de reconnaissance.

Pouvais-je me défaire de Ton Soleil ?
M'inonder de Ta Nuit, onde de Lune ?
Plonger dans Ton Silence au goût vermeil,
Déchirer les voiles de mon infortune,
Insoutenable présence qui T'appelle ?
Beauté est née dans le lac d'un cœur,
L'océan ourdit une ruse que ceint un Diadème,
Et, je tremble de ne plus m'appartenir,
Car Joseph a ravi ma prunelle.
Il a ruiné tous mes élans, tous mes désirs
Dans la défaite d'un tourment sans pareil
Tandis que mon âme goûte à la joie et je L'aime !
Il entre en cette demeure, ma citadelle :
Fais de moi le chemin que trace L'Amour !
Sont-ce mes larmes, sont-ce mes veines ?
Je vois en cette prison, disparaître ma peine.
Ne comprends-tu pas que Femme de Putiphar
Sanglote et aime sans espoir de Retour ?
Mais quand vient L'Aube nouvelle,
Ce cœur de femme est aussi celui de Joseph ;
Les étoiles dansent dans la Nuit noire.
Beauté est Le Verbe Divin éclos soudain,
L'âme éprise ne cesse jamais d'aimer,
Cette histoire est le Jus savoureux d'un Vin ;
Il prend sa source auprès de L'Eternel,
Qui boit  à cette Eau vive y revient comme hébété.