Discours du Chevalier

Le passage du chevalier

Peinture de Mariusz Lewandowsk

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Ce monde passe et les hommes trépassent. Que de mémoires dissoutes dans l’absence ! Que de mémoires fugaces, dans les oublis du Temps ! Que de Lumières dans la Nuit, et que de modèles à suivre dans les sillons de notre corps ! S’il fallait s’étourdir, alors autant plonger dans un lac scintillant de Lumière ! Autant s’accrocher, à l’aide d’une corde, au Temple de l’Âme ! L’Appel est puissant. La Voix résonne depuis longtemps et le Verbe rayonne tandis que répondre à Son Appel vient sans nul doute de Lui. Il trouva un océan et y pénétra. Les vagues tanguent, Ô mon âme ! Les vagues rugissent et t’engouffrent en la nuit célestielle. Des mots qui surgissent, nous transpercent et les voiles de ténèbres deviennent ceux de la Lumière. L’Océan de ton offrande et l’océan entier submerge de densité, d’intensité, de crucialité, ce couloir obscur. Qu’est-ce donc que cette magistrale immersion, lors que ton cœur soutenu par les piliers de la Majesté, droite et auguste, triomphe et fait sonner le Cor ?

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A la lueur d’une pâleur

Peinture de Sir Joseph Noel Paton

Il est des Victoires qui appartiennent à l’Âme, lieu d’un monde au-delà du monde ; tout comme il est des conquêtes qui sont des prouesses de certaines batailles intérieures. Il les nomme à la faveur d’une pâleur, lors que le cœur s’épanche au sommet d’une montagne. Peredur entre sans hésitation, sans question, dans l’incessante lenteur, extrait, enfin, des dernières lueurs d’un monde périssant, balayant par la force de son âme, les scories d’une ruine. Aussi putrides que puissent être les agitations, ténèbres des derniers sursauts accablants, Peredur sourit et, les fleurs sous les pas de son cheval blanc, naissent, comme le possible d’un monde nouveau.

L'Amour est-il floraison,
Au sommet d'un arbre,
Sans couleur,
Sans odeur,
Sans saveur,
L'Amour de l'Être,
Épanouissance du Cœur, 
Source inépuisable,
Mots sans image,
Cueillant à la sève,
L'intensité impalpable, 
La ferveur d'une larme,
L'insoupçonnable lueur,
La nacre d'un fruit sans âge ?
D'une goutte suave,
La lumière est le lieu du Tabernacle.
En ce monde, Pureté et Grâce,
Il est Celui qui tient l'Horloge implacable,
Il est Le Gardien du Chant d'un Verbe secret
Lancinant Appel d'un Présent éternel,
L'alchimie d'une singulière Réalité : 
Amour est plus qu'une Semence,
Je n'ai de cesse d'être en Elle,
Et, il est un non-espace,
Où tout s'efface,
Indescriptible Graine,
Lors que d'une éclosion muette,
Le Silence traverse les Cieux d'un seul Ciel,
Et si l'océan déverse des larmes,
Les vagues sont l'encre d'une oriflamme.
Noblesse d'un rivage d'où le cœur émerge,
Puissante et presque cinglante lame,
Ton Amour est un Glaive,
Ni espace, ni temps,
Seconde qui ne jamais s'achève.
Ici, l'Amour détruit ce qui n'est pas Lui ;
Mais ici, l'Amour est une vibrante histoire,
Brûlant des milliers d'étoiles,
Incendiant les mondes crépusculaires,
Lors que depuis l'obscure Nuit,
J'aperçois mon semblable.

Chant du cœur ou la Quête de Peredur

Par le Cœur qui pivote,
Le Regard devient Un.
Par Celui qui en est Le Souverain,
Retour à la Lumière,
Des doigts de Son infinitude,
La Vision inversée s'unit à Toi,
Le Ciel devient Terre,
Le Miroir, une Ligne,
Le Regard a transpercé.
La Terre devient Ciel,
Quel est donc ce Secret ?
Par le Tout qui est Toi,
Je Te parle et Te vois,
Par Ton Amour,
J'ai aimé,
Par Ton Amour,
J'ai vu Ton Amour,
Oh ! combien Tu aimais !
Et j'ai pleuré de Te voir,
Et j'ai pleuré de T'aimer.

Il me disait : Aimer et être aimé,
Sauras-Tu comprendre la différence ?
Ceci par-derrière le Voile de Ton Auguste Face,
Par Ton Noble Désir,
Par Ton Aspiration et Ta Constance,
La chaleur de Ta Bienveillance,
La Lumière de Ta Transparence,
Tout est Toi.

Les Deux se sont unis, et leur danse prospère,
Au Firmament de leur Harmonie,
Voici la douceur du Printemps.
Lumineuses étoiles qui valsent,
Et s'est agrandi l'Espace,
Des infimes et des vastes.
Tous se saluent.

Armoiries attribuées à Peredur ou plus connu sous le nom de Perceval

Ardent Désir

Le chevalier attendit près d’un Puits, lors qu’il observa avec une sorte d’acuité qui n’était pas sienne, les couleurs qui jaillissaient de la margelle, et ce fut une pluie de pourpre, de blanc et de bleu nuit qui le tint éveillé. Il se formula une question en son cœur, nuage de perception et tête courbée, lors que son cœur allait éclater, il perçut la vastitude de L’Appel.

Du désir de Proximité,
Le manque le saisissait,
Et au plus proche de sa veine,
Dans les distances jugulées,
Il vit le lointain-proche,
L'insaisissable se manifester.
Quelle est donc ce paradoxe,
Oh ! quelle est donc cette douce accroche ?
Nul n'y saurait y échapper,
Et dans les prémices d'une Parabole,
Le Ruisseau vint à frémir,
Le Ruisseau vint à parler.
De brume et de couleur,
Submergé par Ton Désir,
La veine se met à trembler,
Quand au lointain, le cœur,
Hurle Ta Proximité.
Le cuisant de Ta Présence,
Vient seul à témoigner.
J'erre auprès d'un Puits,
Et de mes larmes,
Jaillit L'Arbre de La Nuit bleutée.
Du Soleil, je ne peux rien contenir,
Si ce n'est L'Ardent Désir,
Soleil épandu d'Amour,
Rayonne sans discontinuer,
Et le monde de se renouveler,
Au Souffle de Ta Majesté.
Je ne veux rien garder,
Non, je ne puis rien m'approprier,
Car, Le Soleil, Astre magistral,
S'il gardait Sa Puissance,
Le Puits s'y anéantirait.
Or, le Soleil est une Joie lustrale.
Vois comme par Sa Présence,
La Pluie se met à chanter !

Orient de L’Occident

Il saisit La Rose et embrassa Le Lys, unissant des lèvres, L’Orient et L’Occident. Il tint L’Auréole subtile de ses doigts et rompit les chaînes de la tyrannie. Son cœur exhala le long soupir de la Souvenance et depuis son cœur, jaillirent les rubis d’une noble Vigne. Le chant devint son Viatique, L’Orient de L’Occident.

De la nature du cœur,
De la nature des flux,
L'irrévocable senteur,
Effacé, l'anonyme, cet inconnu.
Sauras-tu qui pourfend les ténèbres,
Ces indicibles abîmes, 
Aux flots des tyrans,
Martelant la cité horrifiée ?
De la nature du cœur,
De la nature des tréfonds,
Le miroir d'un Soleil naissant,
Au lac irrigué de L'Occident,
L'Union de deux âmes,
L'Orient et Son Amant,
Epousailles des Bienheureux,
En ce Berceau du Bien-Aimé,
Terre Bénie d'une Jérusalem,
Puis, porté au Mont Carmel,
Deux Anges, des Vignes du Ciel,
Te soulève de Grâce et de Lumière,
Tandis qu'un Dôme se meut,
Telle est L'Envolée. 
Les Portes sont les bras de Ton Désir,
Au Puits de Ton Amour,
Comme l'Âme chante et magnifie La Louange !
De la nature du cœur,
Des semences du Diadème,
Il suinte un pur Diamant,
Glorifiant l'Eternel,
Les écrits d'un Océan.
Annonce de Ton Retour
Ô Jérusalem ! Yerushalayim !
Cité émergente atemporelle,
Effluve d'un encens à nul autre pareil,
Avènement d'une Délivrance.
Ô Jérusalem ! Yerushalayim !
Remembrance de notre Mariage,
J'embrasse le sol céleste de Ta Réalité.
De la nature du cœur,
Des joies du nectar éthéré,
De la nature de L'Espoir,
Au ciel où je suis né.

Le chant du chevalier

Ô instant pur de Grâce,
Que nous est-il arrivé ? 
L'Écho des montagnes avive mon ardeur,
Et le genou à terre, ma joie pleure.
Que nous est-il arrivé ? 
Parle-moi de nous ! 
Ni ma faim, ni ma soif
Ne me détournent de Toi.
Quelle est donc cette  détresse,
Qui du désert aride,
Continue de m'abreuver,
Depuis les profondeurs exhalées ?
Le soleil me terrasse, 
Malgré tout, entière est mon audace 
Et la lune s'épanche à l'Aube levée. 
Qui donc est né ? 
Le monde entier. 
Quel est donc le secret ?
L'insatiable témérité ! 
De douceur inviolable,
Voici qu'une voix aimable 
Me fait le récit de la Beauté. 
Que nous est-il arrivé ? 
Le tréfonds palpite, 
Puis, comme incapable, 
Jaillit l'étoile sans résister.
Nuit et jour, insolite,  
Mon âme ne cesse de Te chercher. 
Quel est donc le secret ?
Est-il possible de T'oublier ? 
Même après la chute, 
Ta Main soulève mon âme 
Et d'un languissement 
Toi Seul, dans les décombres,
Investis mon corps hébété, 
Le transforme encore par le feu de L'Amour.
Ta fidélité est plus forte
Et Tu vaincs toute trahison, 
Venin et poison.
Dès lors, nous ne nous sommes jamais quittés. 
Ô Toi, veuille éternellement me chercher ! 



Chant du gisant

Dans la  nuit profonde de l'âme,
J'ai entendu ta plainte, 
Enveloppée d'écorchure,
L'indicible brûlure,
Sous les griffes acérées,
Ton corps gisant dans  les flammes,
Lors qu'un cri surgit du désert incendiaire,
Âtre matricielle de ton enfantement, 
Puis, qu'un Souffle puissant te transperce,
Étreignant et compressant ton coeur.
Ô gisant ! Délaisse cet insignifiant corps ! 
N'entends-tu pas le chant du ruisseau ? 
Des pierres, suinte le firmament.
Victoire ! Le dragon s'est soumis. 
Le voici ton ami.
Gardien vigilant des combats, 
Porte et Rosaire des effluves du trépas,  
L'épée même de ton Épousée, 
Le Ciel te compagne et te salue.
L'Amour ardent de l'âme a vaincu
Brigands et imposteurs ! 
La noble Dame ceint du doux baiser 
La Rose rose, née d'un pur et blanc suaire. 

Rose du Cœur

Nastassja Korolevichna Sergey Solomko #art #nouveau #jugendstil #painting #sergey #solomkoPeinture de Sergueï Solomko (1867-1928)

Échappé ! Lors qu’échappé, nous l’avons toujours été en ce Regard qui nous prenait en otage. Comme sont belles ces deux perles, parfois brunies par les profondeurs du Lointain ! Comme sont belles ces prunelles d’intenses vivances dont Il est La Rencontre ! Nous sommes ces déploiements inattendus, perfectibles en leurs apparentes imperfections. Nous sommes cette hébétude rejoignant l’infini Rivage. Le Cœur recèle L’Essence et avec toutes choses, n’en excluant aucune, nous marchons sans discontinuité et veuille, Ô mon Âme, veuille cueillir La Rosée empourprée de Lumière et veuille suinter des vibrations de L’Amour pur ! Quand Le Corps rayonne d’une seule seconde de Ta Révérence, le monde entier change comme il ne s’est jamais absenté.

Je l’ai su, il y a bien longtemps, se disait le chevalier, je l’ai su de ne l’avoir jamais oublié, lors même que la nostalgie incendiait mes entrailles, et mon cœur entier cherchait comme un fou ce qui l’appelait depuis les réalités d’une autre vie. En allant, j’allais en ce par-delà sans relâche, me concentrant en cette unité de l’unique orientation. Lorsque Le Roi nous mande, nous ne pouvons ni plus nous y soustraire, ni non plus être comme cela n’étant pas. Je l’ai toujours su en mes maints balbutiements, en mes trébuchements sur les limites temporelles. Soudain, je savais comme ne l’ayant jamais su, comme le retrouvant en cette exaltation originelle, ondes poursuivant mon propre corps devenu La Coupe de Son Appel. La Lumière est L’Amour qui te transporte en L’Accord de Ta Réalité. Quand même mille maux s’y révèlent, qu’importe, Le Chemin est déjà tracé que les pas retrouvent en L’Aube du Regard virginal et ici, ni Rien ne s’efface, ni Rien n’est condamné, mais La Rose au Cœur de L’Amant est un Pouls qui bat au rythme de L’Éternité et quand même le corps se repose, Le corps aussi trépasse de n’avoir jamais veillé, comme si Le Rêve était l’incarnation de L’Essence en ce Périple de L’Aimé.

La Reliance est le prodigieux arrêt, lors que les mondes s’effacent, aussitôt mille renaissent en leur étrangeté, en leur étonnement. Le Chevalier sut que La Quête est à toujours commencer. C’est en La Connaissance que Le Nouveau Monde renaît. Non plus des cendres, mais bien des braises que l’on tient fermement dans la main comme une Épée d’où La Lumière jaillit et donne au visage du Contemplé.

 

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Rencontre avec un voyageur

Ferdinand Leeke (1859-1923), Parsifal en Quête du Saint Graal - 1911Peinture de Ferdinand Leeke (1859-1923)

 

– Te veux-tu que je te révèle ce que l’âme intrigante ourdit chaque jour et chaque nuit sans relâche ? Te veux-tu t’asseoir auprès de moi, Ô noble Chevalier ? Ainsi parla un vieil homme sur le chemin rencontré, qui fouillait avec son bâton quelque poussière sur le sentier. Le chevalier qui avait attaché sa monture à un arbre, s’approcha de l’intrigant voyageur.

– Souvent, l’on fait de la route son contraire. C’est ainsi que l’âme concupiscente est sans cesse active et s’emploie à porter les plus immondes masques.

– Comment alors reconnaître les stratégies du Vivant ?  interrogea le chevalier.

– Lors que tu vois avancer la ruse, elle se signale souvent par ses moult mensonges. Jamais, elle ne s’assoit longtemps en ta compagnie et s’évertue à t’inquiéter. Elle prononce une myriade de promesses et ne jamais les tient. Ainsi est faite la tromperie. Sans cesse, aie à ton esprit les discordes qui s’y associent. Prends garde à l’âme entachée de sorcellerie. N’écoute que le vent qui en sa soudaineté te vient cingler et te faire sursauter. Combien de mielleries cachent des serpents et des scorpions dans les fourrés ? Comme est fat l’homme qui perd les nuances et le discernement ! Il met à son cou les chaînes de son propre blâme.

Que faire, donc ? demanda le chevalier, je me sens mille fois en danger, et mille fois je prends refuge sur un Mont qu’un Sage m’a montré, il y a quelque temps, mais suis-je réellement en sécurité ?

– Apprends, Ô Chevalier, à laisser les mille feux de la folie t’écorcher, car en elle est un Lieu qui garde de la traître raison. L’oubli du monde est gage d’une florescence nouvelle qui te donne à l’ignorance. Celle-ci est pure nudité qui te sauve lors que les flots de l’océan se font impétueux. Celui qui est sur le Chemin dit Adieu à tous les raisonnements et s’attache uniquement à L’Amant.

– Mais l’on me jettera l’opprobre, répliqua le Chevalier, ma réputation sera ruinée.

– Justement, hors des sentiers conventionnels se trouve un secret, lui répondit le vieil homme.

– Mon cœur sera -t-il préservé de son propre feu ?

– De quel feu désires-tu te prémunir, Ô Chevalier ?

– De celui qui ronge et détruit tout Retour possible vers Le Roi.

– Tout ce qui vient te heurter est la véritable protection. Tout feu qui incendie ton cœur est souffrance qui te maintient en vie. Tout conformisme est destruction. Lors que tu te débats en tes entrailles, tout le reste disparaît et seule la crucialité t’empoigne et te donne à La Conscience. Maintenant, va ! Je te visite en chaque instant qui est notre rencontre au Jardin de l’abondance.