Livre 4

Ecrit en 2016

Je suis à Le vivre.
Non pas à subir.
Mais à vivre !
Il est cet Appel qui donne… à Le vivre.
Comprends-bien…

Comment es-tu à vivre, lors que nous sommes tous à vivre ?
En quoi la vie dont tu parles est différente de la vie d’un autre ?
Dis-nous en plus !

Le précipice est le fil vertigineux d’une vie dont on méconnaît les limites.
Celui qui ne voit pas le précipice, qu’est-il donc à voir ?
Si le pont sur lequel tu avances, t’apparaissait tel quel, tu ferais bien plus attention !
C’est de ne rien voir, que les gens sont absents !
Absents à quoi ?
Ne sont-ils pas à vivre ?
Mais, non, te dis-je, ils sont à subir !
Nous sommes tous à subir !
Cependant, je te le concède, nous ne sommes pas tous à subir de la même façon.
Il en est, et il s’agit hélas de la majorité de l’humanité, qui subissent sans même savoir, qu’ils sont à subir.
Ensuite, quelques-uns éprouvent l’étrange sentiment d’une monumentale supercherie.
Mais, de quelle supercherie, parles-tu ?

Ne t’es-tu jamais demandé, comment dès ton plus jeune âge, tu es emmailloté en un système ?
Emmailloté, ficelé, tout ce que tu veux, mais guère libre !
A peine ouvres-tu les yeux à ce monde, et te voilà asservi, conditionné jusqu’aux fibres les plus intimes de ton être.
Pour qui, pour quoi ?
On fait de toi un consommateur, un collectionneur d’illusions.
Ton estomac nourrit la Bête.
Ton cerveau nourrit la Bête.
Tes membres nourrissent la Bête.
Ton sommeil nourrit la Bête !
Ton sang nourrit la Bête !
Tes yeux nourrissent la Bête !
Tes pensées, sont pour Elle !
Complice, tu es de cette bête, sans même le savoir !

Comment cela, comment cela ?

Même les compilations de connaissances asservissent ton être.

Tu penses que tu penses en ta chair qui pense penser ?

Je suis à éclater de rire !
Quelle absurdité !
Quelle absurdité, te dis-je !

Es-tu à vivre librement ?
Ah, l’esclavage prend d’étranges formes de nos jours !

Peinture de Tomasz Alen Kopera

Une fois, au bord d’un étang, j’étais à observer des grenouilles, qui en leur engouement le plus débonnaire, nous offraient le plus beau des concerts !
Un concert spontané, lors que le Soleil dardaient ses rayons.
Toutes ces grenouilles qui coassaient en un rythme saccadé, chacune en son harmonie, semblaient célébrer un événement des plus phénoménal.
Tout leur corps respirait le chant subtil et insolite.
Je remarquais cependant, qu’une grenouille isolée demeurait silencieuse.
Je m’approchais d’elle, en un mouvement lent.
Son petit corps lisse et humide, d’une couleur verte, tacheté de jaune, donnait à l’animal une presque irréalité.
Soudain, lors que mon cœur se mit à battre plus fort, j’entendis la grenouille penser.
Oui, la grenouille pensait.
Elle pensait si fort que cela en était assourdissant.

Pourquoi, suis-je née grenouille ?
Avant cela, j’étais un têtard.
Je nageais en la profondeur de l’étang.
Je ressemblais à un petit serpent.
Quelque chose de rapide.
De furtif.
Puis, mon corps se mit à grossir, à se transformer.
Je ne sais pas même pourquoi.
Toutes mes sœurs sont à chanter.
Quant à moi, le cœur n’y est pas.
Je suis à me demander, pourquoi je suis une grenouille !
Toutes mes sœurs sont à chanter, et ne se posent aucune question.
Certes, je suis grenouille.
Pourquoi donc suis-je à penser ?
Pourquoi ne suis-je pas comme toutes les grenouilles ?
Un jour, j’ai levé le regard vers Le Ciel, tout mon corps s’est mis à pleurer.
Mon corps suinte l’ivresse d’un autre printemps.
Je le sais, je le sais !

A ce moment, croyez-m’en, j’étais cette grenouille.
J’avais rencontré ma sœur.

Sur la pointe des pieds, je me suis éloignée,
et à mon tour, sous les rayons chaud du soleil, je me suis mise à pleurer.

 

Lire aussi Naissance et Connaissance, Le Recueil

Avant-propos

Livre 1
Livre 2
Livre 3
Livre 4
Livre 5
Livre  6
Livre  7
Livre  8
Livre  9
Livre 10
Livre 11
Livre 12
Livre 13
Livre 14
Livre 15
Livre 16
Livre 17
Livre 18
Livre 19
Livre 20
Livre 21
Livre 22
Livre 23
Livre 24

 

La Mémoire du Jardin

p1030403Photo MS, septembre 2016

 

Lors que je l’imagine assise à la table
Du Jardin, en cette journée d’été si radieuse,
Il me vient, y songeant, l’image d’un retable
Qui la représente en ses trois faces : l’une, joyeuse,

Laisse transparaître l’enfant qu’elle est restée ;

La seconde, plutôt triste, raconte la femme
Que les épreuves ont marquée et même délestée
D’une innocence que le monde des hommes sans cesse diffame ;

La troisième, enfin, est empreinte de gravité ;

C’est aussi la plus étonnante, en vérité,
Car en elle se tient la Sibylle, celle qui veille.

Dans une main, un calame qui ouvre le chemin,

Une épée à double tranchant dans l’autre main,
Elle va droit devant, jamais son esprit ne sommeille.

Marc

 

1 – Naissance et connaissance

Avant-propos

Livre 1
Livre 2
Livre 3
Livre 4
Livre 5
Livre  6
Livre  7
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Livre 20
Livre 21
Livre 22
Livre 23
Livre 24

2 – Lettres à l’Ami

Avant-propos

L’Ami
Puis-je L’ignorer ?
Regard de l’Âme
Cette Pensée
Le Pont Virginal
Un grand éclat de rire
Amour rencontre Amour
Le Silence parle
Je lui montre le Chemin
Hors du Temps
Le Jardin m’appelle
La Vie est une Fontaine
L’Amour du Roi
Deux petites lanternes
Sous Le Platane
Ô mon Inconnu
Nul n’entre en cette Vallée de l’Êtreté sans se déchausser
Le Reflet est Roi
Tremblante Innocence
Sa Pleine Victoire
Je suis Toi, ou l’Aube de Nous
Les plus Belles Parures
Une Vie entière
Nos mots sont des mantras
Nouveau Monde
Gracieuse Libellule
Le Pacte Primordial
Le Devenir de l’Homme
La Bonne Opinion
Le Pur Besoin
L’Encre Inépuisable ou le Pas Sage
L’Aigle
Guimauve
L’Écarlate Sueur d’une Fleur
L’Apparent et le Caché
L’Âme-Sœur
Exaltation
Troublante et Magistrale Beauté
Ton Amour est mon Amour
Ô Toi, Le Voyageur

blason-jardinNoblesse et Art de l’écu

Livre 24

Stanislaus von Chlebowski (Polish, 1835-1884). Mendicant at the Mosque Door

Lors que Le Livre s’ouvre, peux-tu ne pas le lire?
Ne le veux-tu pas?

Comment puis-je lire?

Lors que l’alphabet danse en toi, vois comme le monde est Le perpétuel mouvement qui se chante et s’enchante!
Lors que les pages frémissent en ton être et qu’elles se veulent livrer leur sens, peux-tu t’en détourner?
Lors que les phrases deviennent le miracle qui se révèle en Son Phrasé, te refuses-tu à cette Lecture?
Pourquoi, L’Ami, devant une page à la fois vierge et à la fois pleine, serais-tu comme à ne pas vouloir la saisir?
As-tu observé comme tout est signe, en ce monde, révélé à tes sens?
Ces Signes qui tournoient en cette Joie d’être, ne sont-ils pas à t’inviter chaque jour à la plus belle des Révérences?

Néanmoins, dis-moi comment je puis parvenir à lire!
Je suis l’enfant devant un pupitre et je ne sais ni lire, ni écrire!

Chaque jour, des milliers de phrases sont à virevolter et vouloir tantôt s’asseoir à tes côtés, ou bien tantôt à entrer en toi et caresser ton âme de mille Lumières jaillissantes, de mille chaleurs tendres!
Ces sens se veulent t’appeler depuis L’Aube de L’Origine, lors que Le Soleil en Sa Ronde Amoureuse rayonne et se veut éclairer tous les Mondes!
En toi, ils se veulent faire un Echo, provoquer ton être qui dort en sa pauvreté, en son indigence!
C’est ainsi que se murmurent les beautés et se viennent te rencontrer car, Celui qui les envoie t’aime, n’en doute pas!

Dis-moi, je t’en prie, comment puis-je lire en moi?

Il est un marcheur décidé qui ne recule devant rien, quand bien même, il serait à recommencer le chemin des milliers de fois!
Il cherche inlassablement à vivre!
Car la vie n’est pas celle que l’on croit!
Il le sait!
Il marche!
Cette première Lecture subtile, il l’a lue en lui.
Elle est à l’obséder depuis toujours!
Tantôt lecture, tantôt voix qui s’entend!
Appel Lancinant!
Réponds-donc à cet Appel et sois vigilant!

Qui peut me faire entrer en cette ronde?
Comment être en cette Lecture?

Silence!
Concentration!
Oubli de tout ce qui n’est pas à te rappeler L’Essentiel!

Tu m’as déjà dit cela!
Tu m’as déjà parlé de ce silence!
Malgré tout, j’ai le sentiment d’être un moteur à bruit!

Peu de gens réalisent qu’ils sont asservis par cette pollution sonore!
Ils pensent qu’ils sont cela!
Ils le pensent même en toute sincérité!
Seul un état de rupture conséquent peut nous faire basculer de L’Autre Côté!
Auparavant, les grands sages qui avaient pouvoir de lire en nous, étaient à même de nous aider à entrer en cette perception!
Pourtant, très peu de personnes postulent, car très peu ne savent même pas ce qu’ils recherchent! Cherchent-ils seulement?
Aujourd’hui, tu verras maints disciples autour de sages ou de pseudo-sages, mais la plus part du temps, ils viennent encore pour se bercer d’illusions!
Rares sont ceux qui sont près à payer le prix fort pour être libérés!
Rares ceux qui en sont capables!
Ils s’alcoolisent de discours et vivent en permanence la dualité.
Ils s’identifient à une connaissance sans la vivre depuis l’intérieur.
Il n’est pas facile de se libérer de ce qui semble être notre réalité, lors qu’elle n’est qu’une vague approche.

Le sacrifice est-il si grand que cela?

Le sacrifice est proportionnel à ce qui nous échoit!
Nul n’est à porter plus qu’il ne peut endurer!
Un disciple sincère, est un disciple qui a déjà franchi certaines barrières.
Il est éveillé en ce qu’il cherche!
Un sage sait reconnaître cela!
Voilà pourquoi je dis souvent: le maître fait son disciple, et le disciple fait son maître!

Lors que je serai à me taire, alors, j’entendrai sans doute mille voix!

Lors que tu seras à te taire, en ces mille voix, tu entendras La Voix!
Ce jour-là sera une Victoire!

Pour parvenir à cela, dois-je devenir le bon disciple?
Comment reconnait-on un disciple sincère?

Un disciple sincère n’a peur de rien!
Il est près à tout!

Quoi encore?
Quelle est donc la plus grande des qualités d’un disciple?

Il doit aimer à la folie!

Qu’est-ce donc aimer à la folie?

Aimer à la folie, c’est se lancer dans le vide, et ne pas avoir peur du vide!

Est-ce tout?

Aimer, c’est ne plus poser aucune question!

Comment donc aimer?
Je ne sais pas aimer!
Ah non, je ne sais pas aimer!
Si je le savais, serai-je là?

Si tu ne savais pas aimer, tu ne serais certainement pas là!

                                                                                              Naïla

Livre 23

Chaque vie est une page qui en contient mille.
Nous ne croyons plus au Destin, et pourtant, chaque seconde nous rappelle cette étrange histoire qui se déroule.
Nous sommes en ce siècle.
Le siècle est en nous.
Pourtant, sommes-nous cette limitation du Temps?
Je ne parle pas seulement du Temps qui passe.

Comment cela?

J’ai compris que l’instant n’appartenait pas au Temps.

Que nous racontes-tu là?
N’est-il pas une fraction du Temps?

Dès lors que le Temps se suspend en L’Instant, il est à nous révéler L’Atemporalité.
Nous ressentons comme un ralenti, comme si nous basculions en une autre dimension.

Mais, ne vivons-nous pas des multiplicités d’instants qui se succèdent?

Si tu considères L’instant comme une succession d’instants, alors tu n’es pas dans l’Instant, mais dans une linéarité de Temps.
L’Instant dont je te parle vient de l’intérieur et non de l’extérieur.
De plus, il ne peut faire partie du quantitatif.
Il appartient d’emblée au qualitatif.
Dès lors, il entre dans cette dimension verticale.

Je ne saisis pas vraiment la différence.
Selon toi, l’instant n’est donc pas une durée?

Qui dit durée dit horizontalité.
L’instant est perçu depuis l’intérieur et relève de ce que j’appelle La Présence.
Mais beaucoup d’entre nous confonde vivre l’instant et être en Présence.

Si je comprends bien, l’instant est d’abord Présence.
Il ne s’inscrit donc pas dans le temps.
Il relève plutôt d’un état.

Je vois que tu m’écoutes bien.
Tu es en quelque sorte présent à ce qui se dit.
Être en l’instant, c’est être en Présence.
Être en Présence est un arrêt dans le Temps, une brèche qui s’ouvre.
Ni espace, ni temps.
Savourer le Temps est goûter à cette Atemporalité.
Le reste est un « avoir » de Temps qui se déroule sans pouvoir s’interrompre.
Il s’agit aussi du repère que l’on donne à cette ligne défilante.
Lors que tu es en L’Instant, tu n’es plus en ce Temps, quand bien même il semble s’y contenir.
La différence est de percevoir autre chose.
D’être en La Présence.

Dis-m’en plus sur la qualité de Présence!
Comment puis-je savoir que je suis Présent, et dès lors que je suis Présent, à quoi suis-je présent?

La Présence relève d’un champ de conscience très aiguisée.
Pour en valider la qualité, plusieurs facteurs peuvent nous aider à reconnaître si nous sommes présents ou non.
En ce qui me concerne, j’aligne souvent mon état de Présence à mon souffle ou à mon rythme cardiaque.
Pour ce faire, il faut pratiquer certains exercices.
Voilà pourquoi dans toutes les traditions qui relève d’une et même Source, des rites ont été révélés.
Les rites n’ont aucun sens s’ils n’ont pas ce but de nous initier à La Présence.
A quoi serviraient-ils, si ce n’est justement à nous relier à cet Etat de Présence?

Veux-tu me signifier ainsi, que les rites sacrés n’ont de but que de nous rendre conscients à nous-mêmes?

Oui, en un premier temps, et ceci même si nous n’en sommes pas conscients.
Ils rythment notre vie d’une énergie positive de façon à ce que nous restions en état d’éveil.
La majorité des gens dorment et cela depuis des milliers d’années.
Des milliers d’années que nous formons une chaîne d’endormis.
Nous avons beau nous agiter, travailler, nous sommes bels et bien des endormis.
Nous bâtissons des édifices tout en sommeillant.
Nous mangeons de même ainsi.
Nous conversons en ce triste état de non-conscience.
Nous écrivons tout en étant en cette léthargie.
Chacun de nos actes ou chacune de nos pensées sont en ce sommeil.
Nous n’en avons pas conscience car nous adhérons de facto à cela.
Nous y croyons. Nous sommes tous complices de notre sommeil!
C’est ce que j’appelle aussi l’oubli.

Que faire pour ne pas sombrer dans ce sommeil?

Le premier acte de conscience est de reconnaître cet état de fait.
Si nous acceptons l’idée que nous dormons, alors nous enclenchons le processus du Réveil.
Peu importe combien de temps cela va mettre, mais cette Un-tension est Capitale!
Elle est même la Grande Clé.
La plus part des gens se refusent à Cela.
Leur sommeil est profond.
Qu’on leur parle ou non, ils n’entendent pas!
Ils ne voient pas!
Tel est le sort des gens.
De plus, nous sommes gouvernés par des endormis.
Des endormis qui guident d’autres endormis.
Autant dire que nous sommes en la plus grande des cécités qui soit!
Nous ne risquons pas de nous réveiller de si tôt.
Allez dire à un dormeur qu’il dort!
En son sommeil le plus profond, dans ce qui lui semble être fermement la Réalité, allez visiter un dormeur en son rêve et dites-lui qu’il dort!
Il vous regardera avec des yeux d’endormis et ne comprendra rien à votre langue!
Si vous tentez de le brusquer, il sera même effrayé!
C’est comme si on lui révélait qu’il était fou!
Cette folie est une alerte terrible pour lui.
Nous remettons en cause son confort.
Son indolence.
Ses croyances!
Son espace!
Son Temps!
Sa vie!
Nul n’est à vivre l’instant, s’il n’est pas éveillé de son premier sommeil!

Autrement dit, je peux croire que je vis l’instant, mais au fond, je suis encore dans cette illusion.
Je suis juste à vivre un instant linéaire en mon sommeil!
A le consommer et non pas à être!

Parfaitement!
Nous avons tellement perdu le sens des choses, que nous ne percevons même plus la Réalité et La Profondeur des mots!
Nous parlons d’instant sans en connaître La Valeur initiale et fondamentale!
Nous sommes en notre mental à absorber des données erronées depuis des milliers d’années!
L’expérience de celui qui s’extrait de cela est absolument révolutionnaire.

Comment cela?

Imagine quelqu’un se trouvant dans une pièce depuis des années.
Il ne connait rien d’autre et pense en toute sincérité que le monde dans lequel il vit se limite à la seule perception qu’il a de cette pièce.
Voilà qu’un jour, une porte s’ouvre et qu’il peut sortir de cet endroit.
Son choc est grand!
Il prend conscience qu’il était bel et bien enfermé.
Il réalise que le monde auquel il croyait n’est pas celui qui est.
Que penses-tu qu’il est à vivre alors à ce moment?
Il se réveille de son illusion, à laquelle il se cramponnait tant!
Tout lui glisse entre les mains.
Il est aussi titubant qu’un petit enfant!
Il regarde tout autour et se dit: que se passe-t-il?
Où suis-je?
Suis-je encore?
Quelle est donc cette mascarade?
Il est soudain à voir toutes choses en leur acuité les plus vibrantes!
Au lieu même de sentir la chose, il la sent doublement.
Elle est à écorcher tout son être!
Très vite, elle le propulse vers L’Inconnu qui se reconnaît.
Tantôt, il est à rire, ivre!
Tantôt, il est à pleurer!
Que fais-je, ici? se dira-t-il.
Comment continuer parmi les endormis?
Il n’a qu’une envie, c’est d’aller voir tout le monde et de dire: réveillez-vous, mais réveillez-vous! Vous n’êtes pas ce que vous croyez être!

Ce que tu es à dire me laisse complètement sans voix!
Dis m’en plus.
Ô dis m’en plus!
Je veux me réveiller et apprendre, encore et encore!
Parle-moi de Cette Présence.
Je pressens que la Clé est Là!

                                                                                                        Naïla

Livre 22

                        Lovers in the storm c.1525 Herat, Savafid period

Ô toi qui t’agites dans tous les sens,
Du dedans et de l’extérieur,
Sois!
Pure Souffle de La Quintessence.
Ô toi qui oublies,
Tu dis: je suis ceci, je suis cela
Dis: je suis!
Cesse-donc ce brouhaha!
Laisse donc cette illusion!
Ô toi, où t’en vas-tu?
L’as-tu seulement compris?
Combien de ces ombres sans consistance?
Combien de leurres es-tu à porter?
Laisse tout cela,
Et, sois!
Tu es as t’accrocher à ta seule perception.
Tu en as fait ton adoration.
Tu as quitté ce monde,
T’es-tu quitté?
As-tu cessé de poursuivre cette ombre?
Lors que les illusions te rattrapent,
un monde t’échappe.
Combien encore qui te maintiennent en cet oubli?
Ô oubli de toi!
Oubli de Soi!
Ô illusion aux multiples visages!
Quand auras-tu le courage de lui tourner le dos?
De faire abstraction de ce moi?
Le chemin est une séparation.
Tes doigts s’y cramponnent.
Tes dents aussi.
Lors que ta victoire vient de ce que tu abandonnes,
Combien de drapés autour de toi?
Illusionniste aux mille visages,
Quand donc abattras-tu les masques?
Ce n’est pas un chemin, mais un tunnel que voilà!
Il est à te cerner en l’étroitesse de tes méandres!
Ne te laisse pas vaincre par cette pauvre vision!
Elle est encore une illusion.
Ô pauvre de ta pauvreté!
Combien de milliers d’années à rattraper?
Comme la misère de ce monde,
est à se dévoiler!
Que sont-ce ces matérialités?
Toutes seront à s’effondrer.
Poussière!
Lors que ton Essence te cherche,
En cette Union,
Ta triste Destinée te fait l’ignorer.
Suis-je dupe des jeux de l’illusion,
égotisme qui cache La Réalité?
Tandis que tu sembles perdu,
Je suis à pleurer!
Comme les nuits sont longues,
lors que Le Jour n’est point à se lever!
Tant d’obscurité!
Voici le sort des éprouvés:
Lors que le monde est à se disloquer
Des cécités de l’individualisme,
Comme le chaos est à régner!
Poussière qui sème la poussière,
Néant qui se voudrait Néant,
en son étrange paradoxe.
Quelle est ta Vie en cet oubli?
Lors que chacun revendique ses passions,
Comme l’ogre est à manger ce monde en sa voracité!

Des milliers d’années en cette Belle Terre,
Des milliers d’années à supporter l’immonde oubli!
Jour après jour, comme englouti par la torpeur,
Les hommes se sont donnés la main sournoise qui est trahison!
Ils se sont entraînés à descendre en leurs bas-fonds!
Vois comme le mensonge a étendu sa toile, et a pénétré jusqu’à ton intime.
De lui, tu ne sais plus rien!
De lui, tu as tout oublié!
Tu vis dans la mascarade que l’on t’a préparé depuis le sein maternel!
Que reste-t-il de toi, cet être parfait et lumineux?
Des débris nerveux qui s’agitent et qui revendiquent leur droit!
Des fils électriques qui animent tes bras et tes jambes et qui te font bouillonner de pensées chaotiques!
Voici que L’Astre de Ton Orient est à trépasser.
Le voici gagné par l’Ombre!
Le désastre est imminent!
L’Arche Sacrée de La Première vague est à sombrer!
Que veux-tu retenir encore de cet Ancien Monde?
Il a enfoui si loin ton Humanité!
N’as-tu pas compris que ton oubli est à mener ce monde vers sa ruine?
Chaque souffle qui n’est pas Conscience, est un souffle destructeur.
Tout ce qui est, est une cohésion qui tient de La Loi de L’Origine.
Si tu n’es pas présent à Cela, le monde sombre dans la plus terrible désagrégation!
Nous sommes Le Ciment de cette Création!
C’est par notre Lien avec La Pure Conscience, L’Origine de L’Origine, La Source des Sources, que ces mondes sont à tenir!
Sache-le!
Sache-le!

Viens L’Ami, marchons un peu!
Ce précipice devient de plus en plus dangereux!
Nous avons besoin de retrouver le sens à toutes choses.
Nous avons besoin d’étendre cet Amour en sa plus intense profondeur!
Nous avons besoin d’aimer.
Te rends-tu compte?
Aimer.
Sans rien prendre!
Juste Aimer.

                                                              Naïla

Livre 21

 

L’homme est à se méconnaître.
L’oubli est le pire de ses ennemis.
Nul n’a emprise sur celui qui se souvient.
Quand bien même chercherait-on à lui faire du mal, il resterait incorruptible.

Que signifie se souvenir?

Il est un espace où tout est en une perpétuelle ronde.
Une Louange dont on soupçonne à peine La Réalité.
Que savons-nous de ceux qui louent?
En vérité, la Louange est Le sommet de La Souvenance.
Qui est à comprendre que La Vie est La Vie?
Que La Vie est à se chanter.
Ô La Vie se chante.
Elle se fait Louange

Un jour, je l’ai entendue.
Je me suis mise à danser.
Depuis, suis-je à tournoyer en elle
Ou bien est-elle à tournoyer en moi?

Je te le dis, se souvenir est vivre en L’Instant.
Tel le Rappel permanent.
Telle La Création Perpétuelle.
Les Anges sont en cette Luminescence.
Lumière ondoyante qui chante.
Voici Le Souvenir en La Présence.
Souvenir en ce Souvenir.
Tous, nous sommes à y revenir.
Qui est à chercher La Présence en La Présence?
La sublime Souvenance?
Celle qui se proclame en une Pure Louange.
L’Éternelle Lieutenance.

Un jour, je l’ai vue
Elle avait le Regard Étreint
Depuis, je suis sous sous son emprise
Ne me demandez pas de La quitter

Homme, à quoi te sert de bâtir des Lieux de Présence, lors qu’il n’est aucune souvenance?
Homme, à quoi te sert de consacrer des lieux qui n’ont pour objet que d’adorer ton propre reflet?
Homme, quelle est donc ta prétention?
Te veux-tu juste te rencontrer?
N’es-tu pas las de ta misérable solitude?
Coquille à s’émietter…
Le Temple que tu ériges n’est que la manifestation fallacieuse d’une ambition égotique démesurée.
Occuperas-tu les Cieux en établissant à outrance des lieux de ton illusoire conquête?
C’est en toi que se trouvent les lieux du Noble Sanctuaire.
Quelle est donc cette imposture, lors que tu périras, comme ceux qui sont passés avant toi?
Les tours les plus hautes sont le désaveu de ta propre lucidité.
En cette ignorance avérée, tromperas-tu les sages?

Sa Lumière Quintessente
A mis en pièces mon illusion
En La Nuit de mon espoir
Elle m’a saisie et ne m’a jamais quittée
Depuis, je suis son Amante

L’homme a des millions d’années.
Pourtant, en sa fausse gloire, il est à se méconnaître.
Tant d’années et voici qu’il se croit avancé!
Tant d’années, et le voici en la plus affligeante des ignorances.
Il est comme une énergie qui se dévore sans rien donner.
Cruauté atrophiée!

Homme à quoi te sert cette imposture?
Qui veux-tu tromper?
Lors que tu aspires asservir les faibles, tu es à témoigner de ton affligeant échec.
En pensant les dominer, tu as dévoilé ta propre incapacité à te dominer.
Réduit à cette position, c’est toi que tu es à piéger.
Échapperas-tu au regard de Celui qui t’échappe?
Homme, quand te réveilleras-tu?

Suis-je à tomber
Elle est à me relever
Elle est mon Horizon
Elle est aussi mon cœur amoureux
Voici La Ronde
La douceur de Sa Louange
Conscience en cette Onde
Ne limitez jamais Sa Présence
Ô Lumière Ruisselante de La Souvenance
L’oiseau sautille et sait aussi voler…


 

Dis-moi comment me souvenir
Ô dis-moi!
Toi, Montagne, Toi, Océan, Toi, Vent et Toi, Arbre!
Toi.
Petite fleur!
Nuage!
Toi, Le rocher!
Dis-moi.
Toi, fourmi, et toi le papillon!
Toi, que je méconnais!
Moi, qui ne suis qu’un humain, je suis à l’ignorer.

 Naïla

 

Livre 20

David et Goliath par Daniele da Volterra (1509-1566)

.

Apprends-moi à reconnaître ce Goliath.
Je sens bien qu’il est à me faire souffrir.
Je sens bien qu’il est à me torturer aussi.
Dès lors qu’il se veut m’assiéger, je sens sa puissance dévastatrice.
Je sens que mon cœur est à mourir.
Apprends-moi à comprendre.
Est-ce cela le cheminement?

Le cheminement est l’apprentissage qui te délivre de tout autre qui est toi.

Comment se fait-il que je ne suis pas ce que je suis?
Pourquoi « être » tout d’abord en cette négation?

Il est une grande Sagesse à Cela.
Comme il est une grande Sagesse, lors que la coquille est à protéger son fruit.
C’est ainsi.
Quand bien même le fruit est en son entièreté, lors que tu es à le désigner, c’est à l’intérieur que se trouve sa saveur.
Mille Essences en ce Monde de La Quintessence.

Depuis notre plus jeune âge, on nous apprend à nous conformer à un certain usage.
La vie ne « nous » est pas simplement donnée, elle « nous » est conditionnée.
Sans doute doit-on passer par cela.
Tout ce temps à se nier.
Tout ce temps à se retrouver.

Nous apprenons donc à ne pas nous vivre?
Est-ce cela?

L’ignorance est semblable à un héritage.
Pourtant, il suffit d’un instant et tout peut basculer.
J’appelle Cela Le Retour.

Nous ne sommes pas dans la bonne direction, tant que nous ne basculons pas?

Si tu vas comme tout le monde, en ce sens qui semble la conformité, alors, tu es comme emporté vers un mouvement stérile.

Comment faire pour ne pas être dupé?

Le premier pas est un arrêt.
Comprends-bien.

Je ne suis pas tant que « je suis » n’apparaît pas.

Cela est le subtil secret de la négation.
Celui qui s’y arrête est alors englouti.
Il n’a plus aucune réalité.
Il est en ce non-être.
Il est juste à suivre un programme factice qui l’éloigne de Sa Réalité.

Le premier but du Goliath est de t’empêcher de t’arrêter.
Voilà pourquoi il crée le mouvement rapide.
Ainsi, il est à t’étourdir et te faire oublier La Véritable Horloge interne!
Malheur à celui qui ne sait ni ralentir, ni s’arrêter.
Cette vitesse vertigineuse est le plus grand des leurres.
Voilà pourquoi les marcheurs observent mieux le paysage.
Voilà aussi pourquoi, ils sont à retrouver précisément le goût de l’observation.
Voilà aussi pourquoi, ils sont en leurs sens exacerbés.
Voilà aussi pourquoi, ils sont à retrouver le rythme du cœur.

Nier est donc une déviance en ce balancier nécessaire?

Celui qui nie est celui qui s’est arrêté en ce premier mouvement.
Il n’a pas prolongé le mouvement de La Réalité.
Car La Réalité nie en un premier Temps tout ce qui n’est pas Elle, pour affirmer que Tout est Elle.
La Réalité est d’abord La Perception de ce qui n’est pas La Perception.
Cette première constatation te fait ensuite goûter à La Perception de La Perception.
Comprends-bien.

Ainsi est le premier visage du Goliath.
Me faire croire en la perception de la négation et m’y arrêter.

Comprends alors ce que cela induit:
Cette négation entraîne la négation permanente.
La non-reconnaissance.
Elle est le pas qui mène vers la destruction.
Destruction en toi.
Destruction en L’Autre.
La négation est avide de négation et se nourrit en permanence de cela.
Elle te fait croire que tu as tous les droits de détruire ce qui n’est pas semblable à ta négation.
Elle donne mille excuses à tes faux combats.
T’orientant vers l’extérieur, elle te fait croire que c’est l’Autre que tu dois combattre.
En vérité, Il n’est pas de plus durs combats qu’en soi.

Vois comme les hommes sont prompts à faire la guerre en tuant L’Autre de mille et une façons, en se donnant mille et une excuses, lors qu’ils oublient aisément de combattre leurs propres démons!

                                                                                            Naïla

Livre 19

              Peinture de Peter Paul Rubens                    

Ne confonds pas fatalisme et renoncement.
Ces deux réalités ne relèvent pas de la même Source.
Celui qui prône la fatalité n’est pas semblable à celui qui entreprend de renoncer.
L’un se réfugie dans la passivité, tandis que l’autre mène un véritable combat.
L’un excuse sa paresse et son atrophie, tandis que l’autre puise en lui toutes les forces du dépassement et de la vigilance.
L’un se conforte dans sa léthargie et ne cherche pas à s’améliorer, lors que l’autre souffre mille martyres en sa cité intérieure.
Ne confonds pas les ruses innombrables que ton Goliath déploie pour ne pas sombrer.
Il use d’une force terrible qui dévie toute ton énergie pour ne pas aller Vers L’Essence… L’Essentiel.
Il se dresse mille fois sur ta route, quand tu n’es pas même à le voir.
Il prend, à chaque fois, des visages différents de sorte que tu ne le reconnaisses pas.
Il emploie les plus étonnantes stratégies pour te faire oublier le plus important.
Quand il n’est pas à te vaincre, toi docile en ses mains habiles, il se sert de toi pour éteindre la lumière autour de toi.
Tu deviens son instrument en une minutie redoutable.
Il sait comment te manipuler et ainsi faire obstacle à celui qui a pour but de répandre la Lumière.
Il est à agir sournoisement en toi.
Il te susure des milliers de ténèbres en ton oreille, sans jamais se fatiguer. Celles-ci atteignent ton cœur où il se veut régner.
Il prend même le visage de la Lumière afin de te soudoyer.
Il met en place divers plans et établit sa forteresse sans que tu sois à le déceler.
Il te connait mieux que toi même et use et abuse de ta cécité.
Il finit par gagner l’ensemble de ton être, lors que tu mènes les combats pour lui.
Tu es son esclave.
Il achève son empreinte en te conduisant toujours à errer sans découvrir une seule fois le sens à toutes choses. Il fait obstacle à la connaissance. Il t’empêche de progresser.
Il te maintient en cette surdité et tu es son objet.
Il se délecte de ton ignorance.
Il te cloue en la plus pauvre des horizontalités.
Il parvient à te faire entrer en des discours stériles.
Il est à ourdir les plus terrifiants stratèges en te faisant parvenir à cette conviction: tu n’as rien à apprendre de l’autre, car toi tu sais!
Tu sais mieux que lui.
Il est ton danger.
L’Autre cherche à te nier.
L’Autre menace ta vie. L’Autre t’humilie. L’Autre nuit à ton existence.
C’est ainsi qu’il t’asservit et tente d’asservir L’Autre.
Ne vois-tu pas comme tu es prompt à le suivre?
Inlassablement, il te fait tourner en rond.
Te voilà à t’affaisser en ce cercle qui ne parvient pas à se briser et devenir La Spirale ascendante.

Comprends-bien!
La fatalité est l’argument du lâche et du paresseux.

Quand puis-je le détecter en moi?
Dis-moi?

Si tu n’es pas en paix, si tu éprouves cette sorte d’émotion qui te fait réagir dans tous les sens, comme affolé, alors, c’est lui que tu vois et non pas ton véritable être.
Il est celui qui se frustre.
Il est celui qui aime gagner.
Il est celui qui aime régner.
Il n’a pas pour but d’éclairer.
Il est celui qui a peur.
Il est celui qui jalouse.

Si je vois tout cela en moi, comment faire?

Ne t’identifie pas à cet usurpateur.
Vois-le et ignore-le.

Comment cela?

C’est de voir ton Goliath, qu’il meurt.
Il est assoiffé de ta cécité. Il s’en nourrit.
Dès lors que tu le vois, le véritable combat commence.

Quel combat?

Celui de renoncer aux mille visages du Goliath!

 

Naïla

Livre 18

Où cours-tu ainsi L’Ami?

Le fil tendu est si mince.

De quel fil veux-tu parler?

Il est un pont que j’ai nommé le bord d’un précipice, souviens-t-en…
L’équilibre relève d’un grand secret.
Il m’est venue cette pensée aujourd’hui: sommes-nous si stupides que nous sommes à vouloir construire une demeure sur ce qui n’est qu’un pont?
Un fil tendu.
Le pont n’a vocation que d’être un pont, c’est-à-dire un lieu de passage.
Ce monde n’est qu’un pont.
En lui, j’ai même parfois perçu des milliers d’autres ponts.
En cet sorte de Labyrinthe, j’ai compris.

Qu’as-tu donc compris?

Lors que je l’ai vu, sa nature m’a envahi.
J’ai compris que le pont, n’est qu’un chemin qui s’offre en mon âme.
J’ai perçu aussi tous les dangers.
Ce pont est mouvant.
Il emprunte mon visage.
Il emprunte mes actes.
Il est mon face à face.
Il se dresse devant moi, et parfois même disparaît.
Il est tantôt à se raccourcir, et tantôt à se rallonger.
Les rayons d’un Soleil intime le voile ou le laisse se découvrir.
Il est une réalité, et puis il en est une autre, l’instant d’après.
Il est une vision, et il est aussi une obscurité.
Il est de même, une possibilité en La Toute Possibilité.
Il me mène vers ce qui est créé et aussi vers ce qui est incréé.
Le Pont m’a ému.
J’ai compris ce qu’il est en réalité.
Si tu ne vois pas ce pont, alors, tu deviendras décor.
Le décor a pour nature de tomber.
Le décor n’est qu’un décor.
Souviens-t-en.
Tu as même loisir d’orner ce lieu de passage.
Tu peux en faire une cité.
Tu peux y bavarder.
Tout cela sera un jour à tomber, si tu n’as pas eu l’instinct de La Verticalité.
Lors que le pont se trace sous tes pieds, tu es à retrouver cette seule dimension.
Hors cela, tu es en une pure divagation, en ton propre rêve.

Si je ne vois pas ce que tu vois, est-ce bon signe?

Si tu ne vois pas, lors que tu cherches à voir, alors, c’est que tu commences à voir.
Si tu ne comprends pas, lors que tu cherches à comprendre, alors c’est que tu commences à comprendre.
Si tu n’es pas à désirer ce que tu cherches à désirer, alors tu es déjà en ce désir.
Si tu n’es pas à marcher, lors que tu cherches à marcher, c’est que tu es déjà en marche.
Comprends-bien.

Le fil si fin est ma propre réalité.
Je suis à l’élargir depuis Le Souffle de La Toute Possibilité.
S’il se brise, je suis encore à le reconstituer.
Il est le Pont qui s’offre à mon regard.
Il est celui qui m’invite à avancer.
Le fil si fin tendu est encore un pont qui se veut être une Traversée.
Sous les pas de L’espoir tendu vers La Toute Réalité, je suis à me fondre en ce pont de L’Êtreté.
J’ai vu les couleurs de L’Azur et les Radiances de la fusion.

L’Ami, où cours-tu ainsi?
Marchons ensemble sur le Pont.
Le Pont est la garantie de l’Autre Rive!
Le Pont est L’Union.
Chaque chose en ce cheminement est vivant de La Vie que tu as occultée.

Comment as-tu vu le Pont?
Qui te mène vers cette Réalité?

L’Ami, L’Amour est le flot de vie qui circule en ces veines.
Chaque veine est mon passage et mon unité.
Le Fleuve d’Amour a Sa Destinée.
Le Cœur reçoit en Son Secret La Couleur des jalons de ton Aspiration.
Chaque jalon est une perle teintée.
Chaque teinte est une essence qui se retrouve en Sa Source.
Le Pont est mille fontaines qui jaillissent en ton parcours.
Il est un Appel, et lors que tu réponds à L’Appel, alors celui-ci devient La Réponse.

Soudain, je Le perçois comme une invitation.
Je Le vois tel que je pressens L’Autre Rive.
Le Pont est à unir ce qui semble séparé.
Le pas que je fais est ma réponse à L’Appel.

L’Appel est La Réponse à Son Appel.
Comprends-bien.


 

Montagne, j’ai vu Ta cime Éternelle.
Elle m’est apparue au petit matin.
Je l’ai sentie depuis l’intérieur.
Mon cœur a soupiré d’Amour.
Pourtant, j’ai eu cet étrange sentiment.

Lequel?

Montagne, je suis fou.
J’ai vu durant un laps de temps infime que j’étais la Montagne.
L’Autre versant de mon Être.

                                                                Naïla

Livre 17

 

Mendiant, l’âne n’en a pas fini avec toi.
Ne compte pas qu’il se taise encore.
Cela viendra sûrement.
Cet âne veut se lamenter.
Il veut déverser en toi tous ses regrets.
Il veut aussi te regarder bien en face et te scruter.
Toi qui sais garder longtemps le silence.
Mendiant, m’entends-tu?

Te raconterai-je les périples d’un homme qui se voulait récolter des nouvelles?

Des nouvelles?
Quelles nouvelles?

Son cœur ne pouvait se fixer sur aucune chose en ce monde.
Il se sentait perdu.
Il avait beau faire les gestes, son corps n’était qu’un automate.
Il décida, un jour, de devenir un marcheur.

Un marcheur?

Il se disait qu’en allant, il arriverait bien Quelque part.
La Vérité lui semblait Ailleurs.
On avait beau lui dire: « Reste avec nous. C’est ainsi que tu apprendras.
Vivre parmi les gens est un apprentissage. »
Il regardait les autres hagard.

Que me veulent-ils? s’interrogeait cet homme.
Pourquoi sont-ils tous à me retenir?
Ne voient-ils pas que je ne comprends rien à leur monde?
N’ont-ils pas ressenti la douleur que j’éprouve lors que je suis à accomplir les gestes mécaniques?
Leur monde me semble si étroit, lors que je pressens l’univers entier en moi.
J’ai besoin de rencontrer ce qui me cherche, car je le cherche en moi.
Qu’ont-ils à limiter La Vie à leur vie?
Opinion contre opinion.
Monde contre monde.
Individu contre individu.
Chose contre chose.
Moi contre moi.
La prison les envoûte, lors qu’ils ne sont pas à saisir cet Au delà.
Ici ou ailleurs, ils ne voient rien que leur leurre.
J’ai besoin d’arracher tous les vêtements que l’on m’a fait porter.
C’est en ma nudité, que je pourrais peut-être voir.
Je ne suis pas cela, je ne suis pas cela.

Ce marcheur n’a rien emporté avec lui, juste sa foi.
Elle lui a donné, jour après jour à manger et à boire.
Il n’a rien pris, juste son amour.
Il lui a donné, jour après jour, à voir le chemin.

J’ai peur de la faim et de la soif.
J’ai peur d’avoir froid.
Je ne suis pas un marcheur.
Je veux rentrer le soir et retrouver la même chose.
Je veux m’allonger, jour après jour sur mon lit et dormir.
Je suis cet âne qui n’a pas la force de partir.
En me racontant l’histoire du marcheur, j’ai maintenant, deux fois plus peur.

Peur de quoi?
Peur de perdre ce que tu perds déjà chaque jour?

Soudain, le marcheur rencontra une flamme.
Elle lui parla.
Il en fut troublé.
A-t-on jamais vu une flamme parler?
Il avait traversé un désert aride.
Il était épuisé.
C’est alors que cette flamme surgit à ses côtés.
Elle l’enveloppa d’une douce chaleur, à la nuit tombée.
Elle fit pour lui quelques pas de danse et chanta longuement.
Il la regarda comme hypnotisé.
A ses pieds, jaillit une source.
Il se mit à pleurer.
La flamme devint son amie.
Elle ne le quitta pas de la nuit.
De sa voix douce, elle lui promit d’être là, à tout jamais.
Le cœur de l’homme, alors s’embrasa.
La Lumière atteignit son cœur endolori par le long périple.
Une fleur suintante d’Amour irradia en lui.
Avait-il trouvé ce qu’il cherchait depuis si longtemps?

J’ai donc peur de tout ce que je peux perdre, et je suis à perdre tout ce dont j’ai peur.

                                               Naïla