Méditation (7)

Peinture de Igor Morski (1960)

Nous parlons d’Eveil, nous parlons de conscience, nous évoquons la rationalité, nous touchons la matière, nous vivons d’Essence, et ceux qui s’endorment, savent-ils s’approcher de ce qu’ils sont réellement, limitant, hélas, la vie au conditionnement et projetant la révolte sans cesse contre les parois de leur caverne ? Un jour, bien proche au demeurant, l’évidence sera vécue comme un drame, ou peut-être bien comme une délivrance ? L’ego est l’enfant de l’immaturité et de la réactivité permanente. Homme, regarde autour de toi, ce monde est ton cauchemar !

L’antitradition selon René Guénon

Image associéePeinture de Pierre Paul Rubens (1577-1640)

 

Les choses dont nous avons parlé en dernier lieu ont, comme toutes celles qui appartiennent essentiellement au monde moderne, un caractère foncièrement antitraditionnel ; mais en un sens elles vont encore plus loin que l’« antitradition », entendue comme une négation pure et simple, et elles tendent à la constitution de ce qu’on pourrait appeler plus proprement une « contre-tradition ». Il y a là une distinction semblable à celle que nous avons faite précédemment entre déviation et subversion, et qui correspond encore aux deux mêmes phases de l’action antitraditionnelle envisagée dans son ensemble: l’« antitradition » a eu son expression la plus complète dans le matérialisme qu’on pourrait dire «intégral» tel qu’il régnait vers la fin du siècle dernier ; quant à la « contre-tradition », nous n’en voyons encore que les signes précurseurs, constitués précisément par toutes ces choses qui visent à contrefaire d’une façon ou d’une autre l’idée traditionnelle elle-même. Nous pouvons ajouter tout de suite que, de même que la tendance à la « solidification », exprimée par l’« antitradition », n’a pas pu atteindre sa limite extrême qui aurait été véritablement en dehors et au-dessous de toute existence possible, il est à prévoir que la tendance à la dissolution, trouvant à son tour son expression dans la « contre-tradition », ne le pourra pas davantage; les conditions mêmes de la manifestation, tant que le cycle n’est pas encore entièrement achevé, exigent évidemment qu’il en soit ainsi; et pour ce qui est de la fin même de ce cycle, elle suppose le « redressement » par lequel ces tendances « maléfiques » seront «transmuées» pour un résultat définitivement «bénéfique», ainsi que nous l’avons déjà expliqué plus haut. D’ailleurs, toutes les prophéties (et bien entendu, nous prenons ici ce mot dans son sens véritable) indiquent que le triomphe apparent de la « contre-tradition » ne sera que passager et que c’est au moment même où il semblera le plus complet qu’elle sera détruite par l’action d’influences spirituelles qui interviendront alors pour préparer immédiatement le « redressement » final (1) ; il ne faudra, en effet, rien de moins qu’une telle intervention directe pour mettre fin, au moment voulu, à la plus redoutable et à la plus véritablement « satanique » de toutes les possibilités incluses dans la manifestation cyclique ; mais sans anticiper davantage, examinons un peu plus précisément ce que représente en réalité cette « contre-tradition ».


(1)  C’est à quoi se rapporte réellement cette formule: « c’est quand tout semblera perdu que tout sera sauvé », répétée d’une façon machinale par un assez grand nombre de « voyants », dont chacun l’a naturellement appliquée à ce qu’il a pu comprendre, et généralement à des événements d’une importance beaucoup moindre, voire même parfois tout à fait secondaire et simplement « locale », en vertu de cette tendance « rapetissante » que nous avons déjà signalée à propos des histoires relatives au « Grand Monarque » et qui aboutit à ne voir en celui-ci qu’un futur roi de France ; il va de soi que les prophéties véritables se réfèrent à des choses d’une tout autre ampleur.


Pour cela, nous devons nous reporter encore au rôle de la « contre-initiation » : en effet, c’est évidemment celle-ci qui, après avoir travaillé constamment dans l’ombre pour inspirer et diriger invisiblement tous les « mouvements » modernes, en arrivera en dernier lieu à « extérioriser », si l’on peut s’exprimer ainsi, quelque chose qui sera comme la contrepartie d’une véritable tradition, du moins aussi complètement et aussi exactement que le permettent les limites qui s’imposent nécessairement à toute contrefaçon possible. Comme l’initiation est, ainsi que nous l’avons dit, ce qui représente effectivement l’esprit d’une tradition, la « contre-initiation » jouera elle-même un rôle semblable à l’égard de la « contre-tradition »; mais, bien entendu, il serait tout à fait impropre et erroné de parler ici d’esprit, puisqu’il s’agit précisément de ce dont l’esprit est le plus totalement absent, de ce qui en serait même l’opposé si l’esprit n’était essentiellement au delà de toute opposition, et qui, en tout cas, a bien la prétention de s’y opposer, tout en l’imitant à la façon de cette ombre inversée dont nous avons parlé déjà à diverses reprises; c’est pourquoi, si loin que soit poussée cette imitation, la « contre-tradition » ne pourra jamais être autre chose qu’une parodie et elle sera seulement la plus extrême et la plus immense de toutes les parodies dont nous n’avons encore vu jusqu’ici, avec toute la falsification du monde moderne, que des « essais » bien partiels et des « préfigurations » bien pâles en comparaison de ce qui se prépare pour un avenir que certains estiment prochain, en quoi la rapidité croissante des événements actuels tendrait assez à leur donner raison. Il va de soi, d’ailleurs, que nous n’avons nullement l’intention de chercher à fixer ici des dates plus ou moins précises, à la façon des amateurs de prétendues « prophéties »; même si la chose était rendue possible par une connaissance de la durée exacte des périodes cycliques (bien que la principale difficulté réside toujours, en pareil cas, dans la détermination du point de départ réel qu’il faut prendre pour en effectuer le calcul), il n’en conviendrait pas moins de garder la plus grande réserve à cet égard, et cela pour des raisons précisément contraires à celles qui meuvent les propagateurs conscients ou inconscients de prédictions dénaturées, c’est-à-dire pour ne pas risquer de contribuer à augmenter encore l’inquiétude et le désordre qui règnent présentement dans notre monde.

Quoi qu’il en soit, ce qui permet que les choses puissent aller jusqu’à un tel point, c’est que la « contre-initiation », il faut bien le dire, ne peut pas être assimilée à une invention purement humaine qui ne se distinguerait en rien, par sa nature, de la « pseudo-initiation » pure et simple; à la vérité, elle est bien plus que cela, et pour l’être effectivement il faut nécessairement que, d’une certaine façon, et quant à son origine même, elle procède de la source unique à laquelle se rattache toute initiation, et aussi, plus généralement, tout ce qui manifeste dans notre monde un élément « non-humain »; mais elle en procède par une dégénérescence allant jusqu’à son degré le plus extrême, c’est-à-dire jusqu’à ce « renversement » qui constitue le « satanisme » proprement dit. Une telle dégénérescence est évidemment beaucoup plus profonde que celle d’une tradition simplement déviée dans une certaine mesure, ou même tronquée et réduite à sa partie inférieure ; il y a même là quelque chose de plus que dans le cas de ces traditions véritablement mortes et entièrement abandonnées par l’esprit, dont la « contre-initiation » elle-même peut utiliser les « résidus » à ses fins ainsi que nous l’avons expliqué. Cela conduit logiquement à penser que cette dégénérescence doit remonter beaucoup plus loin dans le passé ; et si obscure que soit cette question des origines, on peut admettre comme vraisemblable qu’elle se rattache à la perversion de quelqu’une des anciennes civilisations ayant appartenu à l’un ou à l’autre des continents disparus dans les cataclysmes qui se sont produits au cours du présent Manvantara (2). En tout cas, il est à peine besoin de dire que, dès que l’esprit s’est retiré, on ne peut plus aucunement parler d’initiation ; en fait, les représentants de la « contre-initiation » sont, aussi totalement et plus irrémédiablement que de simples profanes, ignorants de l’essentiel, c’est-à-dire de toute vérité d’ordre spirituel et métaphysique qui, jusque dans ses principes les plus élémentaires, leur est devenue absolument étrangère depuis que « le ciel a été fermé » pour eux (3). Ne pouvant conduire les êtres aux états « supra-humains » comme l’initiation, ni d’ailleurs se limiter au seul domaine humain, la « contre-initiation » les mène inévitablement vers l’« infrahumain », et c’est justement en cela que réside ce qui lui demeure de pouvoir effectif; il n’est que trop facile de comprendre que c’est là tout autre chose que la comédie de la « pseudo-initiation ». Dans l’ésotérisme islamique, il est dit que celui qui se présente à une certaine « porte » sans y être parvenu par une voie normale et légitime, voit cette porte se fermer devant lui et est obligé de retourner en arrière, non pas cependant comme un simple profane, ce qui est désormais impossible, mais comme sâher (sorcier ou magicien opérant dans le domaine des possibilités subtiles d’ordre inférieur) (4) ; nous ne saurions donner une expression plus nette de ce dont il s’agit: c’est là la voie « infernale » qui prétend s’opposer à la voie « céleste » et qui présente en effet les apparences extérieures d’une telle opposition, bien qu’en définitive celle-ci ne puisse être qu’illusoire; et comme nous l’avons déjà dit plus haut à propos de la fausse spiritualité où vont se perdre certains êtres engagés dans une sorte de « réalisation à rebours », cette voie ne peut aboutir finalement qu’à la « désintégration » totale de l’être conscient et à sa dissolution sans retour (5).


(2)  Le chapitre VI de la Genèse pourrait peut-être fournir, sous une forme symbolique, quelques indications se rapportant à ces origines lointaines de la « contre-initiation ».

(3)  On peut appliquer ici analogiquement le symbolisme de la « chute des anges » puisque ce dont il s’agit est ce qui y correspond effectivement dans l’ordre humain ; c’est d’ailleurs pourquoi on peut parler à cet égard de «satanisme» au sens le plus propre et le plus littéral du mot.

(4) Le dernier degré de la hiérarchie « contre-initiatique » est occupé par ce qu’on appelle les « saints de Satan » (awliyâ esh-Shaytân), qui sont en quelque sorte l’inverse des véritables saints (awliyâ er-Rahman), et qui manifestent ainsi l’expression la plus complète possible de la « spiritualité à rebours » (cf. Le Symbolisme de la Croix, p. 186).

(5) Cet aboutissement extrême, bien entendu, ne constitue en fait qu’un cas exceptionnel, qui est précisément celui des awliyâ esh-Shaytân ; pour ceux qui sont allés moins loin dans ce sens, il s’agit seulement d’une voie sans issue où ils peuvent demeurer enfermés pour une indéfinité « éonienne » ou cyclique.


Naturellement, pour que l’imitation par reflet inverse soit aussi complète que possible, il peut se constituer des centres auxquels se rattacheront les organisations qui relèvent de la « contre-initiation », centres uniquement « psychiques », bien entendu, comme les influences qu’ils utilisent et qu’ils transmettent, et non point spirituels comme dans le cas de l’initiation et de la tradition véritable, mais qui peuvent cependant, en raison de ce que nous venons de dire, en prendre jusqu’à un certain point les apparences extérieures, ce qui donne l’illusion de la « spiritualité à rebours ». Il n’y aura d’ailleurs pas lieu de s’étonner si ces centres eux-mêmes, et non pas seulement certaines des organisations qui leur sont subordonnées plus ou moins directement, peuvent se trouver, dans bien des cas, en lutte les uns avec les autres car le domaine où ils se situent étant celui qui est le plus proche de la dissolution « chaotique », est par là même celui où toutes les oppositions se donnent libre cours, lorsqu’elles ne sont pas harmonisées et conciliées par l’action directe d’un principe supérieur, qui ici fait nécessairement défaut. De là résulte souvent, en ce qui concerne les manifestations de ces centres ou de ce qui en émane, une impression de confusion et d’incohérence qui, elle, n’est certes pas illusoire et qui est même encore une « marque » caractéristique de ces choses; ils ne s’accordent que négativement, pourrait-on dire, pour la lutte contre les véritables centres spirituels, dans la mesure où ceux-ci se tiennent à un niveau qui permet à une telle lutte de s’engager, c’est-à-dire seulement pour ce qui se rapporte à un domaine ne dépassant pas les limites de notre état individuel (6). Mais c’est ici qu’apparaît ce qu’on pourrait véritablement appeler la « sottise du diable » : les représentants de la « contre-initiation », en agissant ainsi, ont l’illusion de s’opposer à l’esprit même auquel rien ne peut s’opposer en réalité ; mais en même temps, malgré eux et à leur insu, ils lui sont pourtant subordonnés en fait et ne peuvent jamais cesser de l’être, de même que tout ce qui existe est, fût-ce inconsciemment et involontairement, soumis à la volonté divine à laquelle rien ne saurait se soustraire. Ils sont donc, eux aussi, utilisés en définitive, quoique contre leur gré, et bien qu’ils puissent même penser tout le contraire, à la réalisation du « plan divin dans le domaine humain » (7) ; ils y jouent, comme tous les autres êtres, le rôle qui convient à leur propre nature, mais au lieu d’être effectivement conscients de ce rôle comme le sont les véritables initiés, ils ne sont conscients que de son côté négatif et inversé; ainsi, ils en sont dupes eux-mêmes, et d’une façon qui est bien pire pour eux que la pure et simple ignorance des profanes puisque, au lieu de les laisser en quelque sorte au même point, elle a pour résultat de les rejeter toujours plus loin du centre principiel, jusqu’à ce qu’ils tombent finalement dans les « ténèbres extérieures ». Mais si l’on envisage les choses non plus par rapport à ces êtres eux-mêmes, mais par rapport à l’ensemble du monde, on doit dire que, aussi bien que tous les autres, ils sont nécessaires à la place qu’ils occupent en tant qu’éléments de cet ensemble et comme instruments « providentiels », dirait-on en langage théologique, de la marche de ce monde dans son cycle de manifestation, car c’est ainsi que tous les désordres partiels, même quand ils apparaissent en quelque sorte comme le désordre par excellence, n’en doivent pas moins nécessairement concourir à l’ordre total.


(6) Ce domaine est, au point de vue initiatique, celui de ce qui est désigné comme les « petits Mystères »; par contre, tout ce qui se rapporte aux « grands Mystères », étant d’ordre essentiellement « supra-humain », est par là même exempt d’une telle opposition puisque c’est là le domaine qui, par sa nature propre, est absolument fermé et inaccessible à la « contre-initiation » et à ses représentants à tous les degrés.

(7) Et-tadâbîrul-ilâh’yah fî’l-mamlakatil-insâniyah, titre d’un traité de Mohyiddin ibn Arabi.


Ces quelques considérations doivent aider à comprendre comment la constitution d’une «contre-tradition» est possible, mais aussi pourquoi elle ne pourra jamais être qu’éminemment instable et presque éphémère, ce qui ne l’empêche pas d’être vraiment en elle-même, comme nous le disions plus haut, la plus redoutable de toutes les possibilités. On doit comprendre également que c’est là le but que la « contre-initiation » se propose réellement et qu’elle s’est constamment proposé dans toute la suite de son action, et que l’« antitradition » négative n’en représentait en somme que la préparation obligée ; il nous reste seulement, après cela, à examiner encore d’un peu plus près ce qu’il est possible de prévoir dès maintenant, d’après divers indices concordants, quant aux modalités suivant lesquelles pourra se réaliser cette « contre-tradition ».

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(René Guénon, Le règne de la quantité et les signes des temps, Chap. XXXVIII : De l’antitradition à la contre-tradition, p.255-260).

L’Art du Samouraï

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Ce que m’apprit le vieil homme au bord de l’eau, assis sous un arbre, et de grâce vêtue, est indicible, puisqu’il faut plus d’une vie, traverser les états multiples de l’être, pour enfin s’asseoir sous un arbre et laisser s’écouler l’eau. Il n’est pas de plus beau combat que celui que l’on mène en soi-même, et feuille à feuille, sur les pages du Livre de L’Entendement, lors que les mots s’alignent et nous enseignent, la vie devient une Corolle au Don suprême. La paix se gagne lors que des luttes, celles que l’on voit en soi, celles-ci deviennent à leur tour des clés. La clé majeure. Qui a fait de la musique reconnaît cet alignement en accord et redécouvre la musique de l’âme. D’où nous parvient, Ô passant, d’où nous parvient ces sons qui dansent et que nos doigts retrouvent sans hésitation ? D’où cela vient-il lors que l’oiseau fait Sa Louange sur la plus haute branche de son cœur et que notre âme s’émerveille ? Ce que m’apprit le Samouraï prend sa source à L’Origine des effluves lors qu’un Lac miroite et se révèle. Il n’est pas de plus beau geste que de garder l’épée dans son fourreau. La noblesse du Samouraï est dans son Silence. Il marche et vous regarde même les yeux fermés car c’est son âme qui s’éveille en L’Intelligence et sa ruse est de tromper la ruse. Rien de plus. Le Samouraï ne s’en retourne jamais. Il est assis sous L’Arbre de l’observance et respire L’Eau odorée de sens.

Sur les bords d’un ruisseau (3)

Résultat de recherche d'images pour "хоакин соролья и бастида"Peinture de Joaquín Sorolla (1863-1923)

Il revint inlassablement chaque jour à l’endroit où elle l’avait quitté, lui trouvant mille et un noms, car il lui venait ce besoin irrépressible de la nommer et de garder son visage en permanence en ses pensées. Un jour, alors qu’il pensait qu’il allait perdre la raison, il la trouva, de nouveau, assise au bord de l’eau. Elle eut pour lui ce même sourire et lors qu’il la rejoignit, elle lui confia une bien étrange histoire :

« Comme je vous vis, je vous dis aussitôt : je ne suis pas de ce monde et mon rêve à la seconde occupe le Mystère que vous cherchiez sans même le savoir, d’entre vos entrailles, je suis née, et l’océan est tout entier des ramifications d’un Arbre, Je n’ai pas choisi la voie la plus confortable mais pour ne pas Le perdre, je suis allée bien au-delà de la pensée et j’ai franchi maints obstacles. Quand même, vous le savez, mon âme, de lumière et d’obscurité a connu les affres du plus incroyable des voyages. Depuis l’origine, je voguais sur les profondes mers et ne craignais guère ni les colères, ni les abîmes et au vent je lançais mes prières. C’est à force de Le mander, du désir des affamés, du désir des assoiffés, ayant connue au préalable Sa luminescente Présence, au sein même de ma dualité que je souffrais de tout écartement, mais il me fallait traverser les houles de l’océan, cette réalité par laquelle Il voulut me ramener. La Puissance de Son désir fut en réalité Le Gouvernail de mon propre élan. C’est disloquée par l’écume des vagues, anéantie dans les ténèbres de la confusion, goûtant à l’effroi inéluctable que je fus en ces seules dispositions : tenir au mât sans jamais lâcher la cordée. S’Il n’avait pas charpenté Lui-même la coque de ce misérable navire, dans les flots insurmontables, j’aurais péri. Mais ainsi, je pus connaître la fidélité de l’Amour sans faille. En effet, je suis aujourd’hui à vous faire le récit du peu probable, mais en l’instant, il me remonte ces souvenirs presque insurmontables et si je n’avais goûté de même à Sa Constance, je ne serais sans doute pas à pouvoir vous parler. Le silence qui joint les lèvres n’est pas une simple fable et par l’allégorie nous contons ce qu’il faut qui se puisse entendre. La nature de l’homme est prompte à condamner celui qui est dissemblable. Or, là où l’on me mena, il n’est plus ni père, ni mère, ni époux si vaillant soit-il, ni enfants. Tout périt sauf Le Face à Face. Ce que vous percevez est Sa Grandeur louable. Tous vos sens l’expriment et dans les tourmentes de la réalité de votre être, vous saisissez l’imprenable. Il vous montre le peu de chose que représente ce monde, puisqu’il n’est qu’un rêve dans lequel il met des signes. Ne vous prend-t-il pas à Sa Charge, de par La Main invisible ? Si vous n’en avez plus la Remembrance, que vous reste-t-il ? Errements au milieu des pensées et orientations chaotiques. Croyez-vous que les récits de certains conteurs qui nous sont rapportés ne sont que le fruit d’une imagination fertile ? Sondez-bien votre cœur ! »

Méditation (6)

 

Comme nous sommes devenus ignorants, nous oublions que la parole est Vibration et qu’au-delà du Sens, il est encore un Sens. Chaque mot prononcé et même écrit est de fait une onde inextinguible. La Reliance consiste à recueillir les vibrations qui génèrent la Lumière intérieure. Les prières, les mantras, à voix haute ou en soi sont des ondes de lumière semblable à l’eau purificatrice. Nous avons dissocié L’Esprit et la concrétude de L’Esprit. Matière générée selon notre Réalité. Entends le Ruissellement de L’Instant vocable… Tel mot, telle phrase, telle pensée, telle orientation sont au cœur, les aliments de pureté ou de destruction. Il en est ainsi du Regard, de L’Ouïe, du Toucher. Mais tant que le cœur est enténébré, il atrophie tous les sens.

Règne de la confusion (2)

Comment se libérer d’une croyance limitante pour vivre ce qui nous tient à coeur?

Le fait que La Lumière exponentielle de L’Origine est à se rapprocher de notre Matrice actuelle donne à la crucialité que nous connaissons aujourd’hui et engendre toutes sortes de phénomènes de plus en plus marqués par diverses compulsions. Cet affolement, même inconscient, révèle précisément la Réalité de ce fait inéluctable. Quand même nous n’avons de prise sur rien, et nous le découvrons jour après jour, quand même nous réalisons que nous faisons partie d’un Tout, d’un gigantisme absolu, quand même nous réalisons que notre lumière de conscience, si infime soit-elle, est une lumière qui vient de ce Quelque Chose qui nous dépasse, quand même nous comprenons que notre intelligence n’est pas, à proprement parler, à révéler que nous évoluons en ce monde actuel de plus en plus marqué par une dégénérescence qui concourt à la destruction du monde et de l’humanité, et ceci est, de fait, on ne peut plus visible, nous ne sommes pas sans remarquer les effets du figement humain. Nous constatons que le monde irrémédiablement génère sa propre perte. Le Monde Occidental est frileux, peureux de se regarder tel qu’il est. Il est effrayé. Il est en cet effroi qui le rend amnésique et totalement irresponsable. De nos jours, nous pouvons le remarquer : l’homme est enfermé dans son psychisme et c’est cela précisément son enfer. Il se borne délibérément à ses propres revendications égocentrées et poursuit sans relâche sa chute comme fasciné par celle-ci, inéluctablement. Il est dit que seuls les gnostiques, les connaissants dans la voie de Dieu ont la clairvoyance. Il est dit que les Anciens n’ont jamais trompé les gens. Il est dit que La Sagesse résout toutes les problématiques et qu’Elle est, de par sa nature, une lumière au sein même des ténèbres. Il est dit que les ignorants fuient la sagesse et s’évertuent à entraîner le plus de monde dans leur chute. Il est dit qu’en dernier recours, lors que les ténèbres prédominent, le véritable homme, l’homme du peuple, la conscience pourrait-on dire aussi, suit sans réserve l’homme éclairé. Il est dit que l’orgueil vient des distances générées par l’aveuglement de l’ego. Il est dit, qu’à la fin des temps, n’entendront que ceux qui peuvent entendre. Il est dit que quand les ténèbres envahissent les sphères de vie, les consciences se ferment et s’obstinent en pensant être dans le juste. Il est dit, qu’à la fin des temps peu supporteront La Lumière qui viendra éclairer toute chose et révélera le déni des hommes. Or, il est un secret insoutenable que l’on ne peut révéler sans faire mal. Mais, tout compte fait, quel est le plus grand mal ? Le fait de se perdre dans des figements psychiques est-il aujourd’hui le seul choix que peut envisager l’homme ?

Méditation (5)

Figures by a Moonlit Shore, 1858 - Ivan Konstantinovich AivazovskyPeinture de Ivan Aïvazovski (1817-1900)

Il est trois sortes de Lumière qui éclairent et qui donnent à La Réalité principielle de toute chose, car nous avons été créés pour atteindre L’Essence des choses. La première Lumière relève de ce qui a trait au monde sensible et nous donne à Sa Réalité. La seconde procède d’une Lumière qui est en nous, placée telle une veilleuse qui attend d’être éveillée, lors qu’elle nous donne à découvrir ce que nous sommes à la lumière de nous-mêmes, tandis que la troisième Lumière est précisément à l’origine des hautes sphères de La Conscience et nous donne à voir par La Conscience Divine qui éclaire toute Lumière. Celle-ci est la plus intense et celui qui est touché par Elle, voit par Dieu Lui-même. Car Seul Lui voit Lui. Il s’agit de La Lumière du Jour décisif et chacun sera amené sans nul doute à La rencontrer dans Sa Réalité Suprême. Or, ne peut soutenir Dieu que Dieu. Il s’agit de La Lumière que peu atteignent en ce bas-monde. Voilà pourquoi certains la nient et la fuient, lors qu’ils ne pourront pas y échapper quand viendra l’échéance. Comprends-bien.

Méditation (4)

Parures Housses de Couette Mandala

 

Toutes les consciences s’enfileront comme des colliers de perles et l’on comprendra un jour pourquoi nous nous heurtions tandis que nous avions pour vocation de nous rencontrer et de nous connaître, puis de nous unir en ce Périple de L’Âme. Nous comprendrons que nous sommes des mots de Reliance, des verbes d’Acte et des Phrasées d’Être.

Genèse d’une Rupture : L’Amie

Permalien de l'image intégréePeinture de Montserrat Gudiol (1933-2015)

Cette Amie de L’Âme, cette douceur qui nous embrasse vient et nous tient par la main comme ne nous lâchant jamais, car elle est notre compagne et sache que L’Amour a tous les visages, Celui de L’Amant. La Célébration extatique est L’Art de l’épanchement, sans que plus rien ne lui donne de nom, lors que tous les noms sont à Lui et ce sont les ruisseaux d’Amour, des Béances de Lumière, L’Accueil qui n’a plus de vie, désormais les réunissant tous, fusionnée en ces vagues, en ces non-lieux, en ces espaces, et d’une promesse faite à l’aube du Jour, le Jour de nos Retrouvailles, chaque jour, Les vibrations accueillent et se répandent en Fleur de Joie. L’Amie est vaillante, fidèle, constante, de persévérance sage, de profondeur, de courage, face à nos tumultes, à nos indécisions, à nos projections, à nos peurs. L’Amie est ici, là-bas, en nous, dans les abysses, au fond des leurres, au puits de notre enthousiasme. L’Amie aux mille et un visages, ici, là-bas, dans les soupirs, sur les herbes folles, dans l’universalité de la prose, des mots qui deviennent Louange, Reconnaissance. L’Amie s’éveille lors que tu t’endors, et c’est d’infinies grâces, de bonté au sommet de chaque base qu’elle t’enlace. L’Amie, je L’ai vue cette nuit du sourire hébétée, et de parler sans force, sans violence, sans rebuffades, sans séparation, et de souffler sur le cœur, en murmurant, afin que L’Echo fluide jaillisse et t’enivre sans relâche. Sans ce Vin d’extase, sans ce Vin de liesse, sans cette nourriture céleste, celle qui vient répandre les purs aliments de bonheur, les filaments de Lumière, je n’aurai pas franchi le seuil. Je suis restée en cette contemplation et par L’Assistance des mondes subtils, par le seul vœu de Ta Connaissance, par L’Amour jailli de nos cœurs, au milieu des roches, lors que l’esprit devient le vent qui de l’intérieur des terres ramène des nouvelles, L’Amie est une femme qui avance et marche tel un homme au milieu des hommes. Elle apprend, et surprend son autre Amie, puis s’en retourne et là de dire : il est un au-delà qui devient l’élévation de La Conscience et les Royaumes sont de plusieurs subtilités et de niveau singulier. L’Un s’éveille dans L’Apparent et les autres poursuivent leur Périple en L’Éternité de Beauté. L’Âme est L’Amie.

Méditation (3)

L’idée magistrale est de considérer La Descente Divine comme la parfaite Rencontre en L’Union avec La Réalité tangible et intangible. L’imaginaire est le fruit de l’ego* qui se projette, tandis que l’imaginal est la perception accueillante d’une Réalité transcendantale. L’ego s’élève en cette ascension par le biais de la transformation.


*L’ego est cette manifestation permanente de la non-neutralité, du mouvant émotionnel qui s’identifie en permanence à ce qui advient, sujet à l’aléatoire qui le sépare du Réel en ce balancier régulier sans pouvoir se résorber en Le Sens, en L’Essence. Accueillir, c’est faire acte de retournement, c’est-à-dire reconsidérer la vie et la percevoir comme le prétexte pour cheminer vers cette Re-connaissance, cette Naissance en Lui.