Ma religion est sauvage de Son Seul Amour

 

L’Ami,

Les Beautés de la douceur ne sont pas des mièvreries, ni le signe d’une consommation égoïste de la vie.
Les yeux sont à s’ouvrir autant de fois que les paupières sont ces voiles que l’on soulève.
Combien de fois les yeux sont clos par nos insouciances ?
La radiance du cœur rayonnant n’est pas en ce cœur de chair, ni celui que nous croyons nôtre.
Le coeur est subtil coffre de La Toute subtilité.
Le coeur est le lieu d’un Trésor.
Il est en Lui, ce chemin des étoiles.
Le chemin de la toute possibilité humaine.
Son sublime Devenir.
Les pluies de Lumières sont issues de La Réalité première.
L’Amour est la contraction du Rapprochement.
Lors que Le Soleil se lève, j’y perçois son crépuscule.
Il est aussi Sa Perpétuelle Renaissance.
Il est Son Langage.
Il est Son propre Signe.
Néanmoins, je ne m’y arrête pas.
Je ne m’y enferme pas.
Tout est en cet étrange paradoxe à se vouloir compénétrer chaque merveille de l’étonnement.
L’Ami.
Un Jardin est né de notre commune contemplation.
Il est le fruit d’une multitude d’instants fécondés, en ce Silence.
Il est une vie qui a précédé cette vie.
Dès lors, elle est à s’observer et à se laisser jaillir.
La profusion est à l’image de La Création.
Elle n’est ni figée, ni limitée.
Elle est un mouvement dans l’immobilité.
La quadrature d’un cercle, tel que tu l’évoques si souvent.
Elle est le vertige du Commencement, lors que tout bascule.
Elle est aussi ce qui est à retrouver le lien avec Le Tout.
Réduira-t-on la perception à ce qui est seulement connu ?
Il m’a été donné de comprendre que Le Connu vient précisément des Sources inépuisables de L’Inconnu.
Ceci est à nous éclairer sur ce que nous sommes.
Ceci est à nous éclairer sur L’Étendue Incommensurable de ce qui est.
Certains ne semblent pas réaliser que ce vertige insondable est La Rencontre des fleuves de La Toute Beauté.
Les petits pas font de grands pas.
Si je me surprends en cette Contemplation infinitésimale, je réalise que cette Vie est La Saveur inégalée d’autre chose.
Les uns voient en ceci le refus de la vie.
Je me sens bien désolée pour eux.
Nous traversons tous ce monde, et nous y goûtons tous à notre mesure.
Je ne me sache pas différente d’une autre personne.
Je ne sache pas que je vienne d’une autre planète, ni d’un autre siècle.
Je me suis assise sur le banc des mêmes écoles.
J’ai regardé avec des yeux de bonheur ceux qui m’enseignaient.
Partout, j’ai vu le lieu de l’apprentissage.
Je suis l’enfant goulu des connaissances.
L’Ami, j’ai même pleuré un jour de ne pas avoir assez d’une vie pour tout connaître.
Mais ai-je cherché autres Connaissances que celles qui me mèneraient vers L’Aimé ?
Il est ma seule Orientation.
Il est ce par quoi tout me fait chavirer en L’Amour.
Je ris.
Il est à nous émanciper de tout ce qui n’est pas Lui, et c’est là que je vais.
Il est à m’ouvrir les yeux autant de fois que ces paupières sont à soulever les voiles de ma vision.
Comprends-bien.
Toute occupée par Lui, La Lumière a pris forme et s’est donnée un Nom.
Je n’ai rien cherché.
Cela est venu.
Et j’ai reconnu.
L’Ami.
Mes doigts fiévreux ont tourné tant de pages pour y boire en leur océan.
Je ris.
La rigueur de notre chemin est trempé de l’acier des écorchés.
Je ris.
Il s’agit d’une réelle Joie.
L’Ami.
L’Amour est une profusion de Connaissances qui jaillissent depuis les parois éclairées de la Caverne de notre êtreté.
C’est ainsi.
Nous n’y pouvons rien.
Ce qui nous donne la joie, c’est d’avoir réalisé que ce chemin n’est pas vain.
L’Instant a toutes les stabilités d’une Architecture qu’une Intelligence a architecturée.
Il me donne juste à Le voir.
L’Ami.
Souviens-toi, lors que je t’ai confié ceci : je t’ai dit avec tant de fougue que j’étais contente de Dieu !
Cela semble presque fou !
Dieu est ma Joie.
La Rayonnance de mon cœur est La Prunelle de Son regard.
Dieu n’est pas silencieux.
Il est Sa propre Réjouissance.
Je Lui rends grâce de m’avoir libérée de tous les savoirs.
Il a balayé d’un revers de Main tout ce que j’ai appris.
Il m’a mise à nu.
Je ne suis plus.
Lui seul est.
Et il est un grand Secret en Cela.
Il est à revêtir chacun de mes yeux.
Il est à revêtir chacun de mes souffles.
Il est à ouvrir L’Insondable en cette Voie qu’Il m’a offerte.
Il est à parer les secondes de Son Éternité.
Je t’ai dit aussi ceci : si on m’offrait une autre Voie et une multitude de connaissances et de maîtrises sans cet Amour, alors je m’en détournerais sans hésiter.
Je ne saurais vivre un cheminement dans l’éloignement.
Je ne saurais agréer cette sécheresse que professent des biens pensants.
Ma religion est sauvage de Son Seul Amour puisé en La Primordialité.

Le Chant du Merle (3)

                                                                                  Peinture de Tianzhu Qin

 

Il est des paroles que l’on sait échappées
Depuis les Niches de L’Abondance Originelle
Cela est à se laisser déverser depuis le monde Incréé
Et depuis les espaces qu’épouse chaque parcelle,
De ce qui est mouvant et de ce qui épouse Le Créé.
Il est un Récipiendaire qui s’en devient Chair.
Dans La Nuit Profonde des bruissements éthérés,
Lors que L’Encre s’unit aux vibrations de Lumière,
Lors que les Sources du Firmament rejoignent L’Océan.
Les paroles sont les confidences de La Seule Réalité.
Jamais cela ne s’épuise et Le Gardien est vigilant.
Le Chant du Merle est bienveillant de douceur secrète.
Il est à s’écouler depuis son gosier des variations infinies.
Chacune de ses puissantes ondes sont à perler depuis son bec :

Voici les subtils conseils de L’Ami qui veille,
Lors que les étapes du Voyage se révèlent :
Ne te hâte jamais, et suis L’Envol des mouettes.
N’ont-elles pas bravé les écumes bouillonnantes ?
Il est un Royaume que l’on nomme Vallée de La Supplique.
Les étreintes vives du Ciel s’apaisent lors de la prière pénitente.
Ô Lumière, Tu crées La Lumière qui danse en rondes concentriques,
Et voici L’Effusion d’Amour qui vibre de Son Amour Véridique.
Il est à se chercher en ces allées que promène Sa Joie.
Ce sont les paroles du Retour qui sont Le Désir Unique.
Il est une Danse qui devient les Révérences de La Bienséance.
Est-il une Porte qui s’ouvre, sois en silence et patiente.
La mort est le seuil de L’Itinérant qui s’assoit à Sa Table.
Le festif Repas est La Miséricorde dont La Clé est La Faim.
C’est de douleur que le corps s’épanche sur les rives de La Clémence.
Sois celui qui prie en L’Orient de Ton Âme accueillante,
Et ne rejette pas les signes de Son Autorité inégalable.
Il est des Noms unifiés qui sont La Somme Totalisante de L’Un.
Le Souvenir est Son Etat de Présence en ce cœur récitant.
Le Temps est à La mesure de La Conscience, et la force d’une Constance.
Il est des Larmes qui sont les perles du Rosaire d’une main.
Il est une Réalité et puis une autre Réalité, en ce Chemin.
Jamais ne franchis le seuil de ton humilité.
Il est un Lotus Ardent de La Limite souhaitée.
Seules les Louanges des mille Aubes sont L’Offrande.
Ton cœur est en L’Exil des mots que laisse jaillir ton âme implorante.

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Voir aussi sur Noblesse et Art de l’écu

stranny_znak-copyBlason de la ville de Stranný (Tchéquie)

Effluves Fluviales ou pensées sur L’Amour ( 1 )

                                                                                Aquarelle de Kanta Harusaki

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L’Ami,

Tu me demandes de quel sorte d’Amour parlé-je.
Sommes-nous à l’évoquer avec désinvolture ?
J’ai fait mention de légèreté.
Je ne confonds pourtant pas celle-ci avec l’insouciance.
Est-il une Genèse de L’Amour ?
La réponse est certes dans la question.
Cependant, je vais aller au plus près de ce qui se laisse s’éclairer.
J’ai levé le regard intérieur en une sorte de douce perplexité.
Ce sont comme des promenades au gré des chemins de la pensée.
Elles sont tels des fruits mûrs.
Il est un verger qui nous appelle depuis toujours.
Nous ne l’avons certes pas cherché.
Néanmoins, il est là, et bien réel.
Qu’en est-il de ce cheminement ?
Aussi loin que remonte ma mémoire, je ne sais pas ce que veut dire penser.
Je dirai plutôt que la vision silencieuse, celle qui s’offre en ce retrait, est si naturelle qu’il nous a fallu comprendre qu’elle ne l’était pas pour tout le monde.
L’on me dirait que les gens ne savent pas respirer, je répondrais : ils respirent, mais ils ne le savent plus.
Chaque infime de cette vie leur est devenu étranger.
Ils sont à vivre comme des étrangers à eux-mêmes, s’engouffrant dans la routine, se laissant dévorer par elle.
Je le sais.
Je me suis assise en silence et je baisse la tête.
Lors que je la relève, c’est pour sourire.
Il n’est pas un atome qui ne soit sans Amour.
Je dirai même que tout mouvement est Amour.
Il est une Joie qui se renouvelle.
Tout est Amour.
Je ne cesserai de le répéter.
L’Ami, il est à s’occulter des consciences qui s’affaissent, lors qu’elles ne sont plus en ce mouvement de Beauté.
Les ruptures sont comme à produire tantôt une aspiration ascendante, et tantôt à se vouloir gagner les soubassements de la conscience.
Pourtant, tout est Amour.
Il est une violence qui devient le choc de la réunification.
Cela se cherche.
Cela se heurte.
Cela se neutralise.
Cela s’unifie.
Cela s’illumine.
Des oscillations qui n’ont plus d’orientation.
La Lumière se voudrait absorber les ténèbres et pourtant, Cela s’affronte.
L’Origine du Souffle est Amour.
Il s’agit d’une Haleine chaude et conquérante.
Il est aussi Le Désir qui exprime selon chacun La Seule Réalité possible : L’Union.
L’Amour est un ouragan et aussi un doux zéphyr.
L’Amour ressemble à un combat, une sorte de fièvre du Retour.
Tout se désire en Cela.
Tous nous vivons ce scénario paradoxal de L’Unification.
Plus les éléments sont disparates, plus ils sont mélangés, et plus les heurts sont violents.
Cela vient pourtant de L’Amour.
Sans L’Amour, il n’est aucun mouvement.
Tout serait totalement inerte.
Alors Le Tout se voudrait se re-saisir et se trouver.
Lors que j’étais enfant, m’a-t-on enseigné Cela ?
Le cœur se laissait cueillir et recueillir les béatitudes de l’instant.
Je restais des heures en ces ondes de bonheur.
Lors que je marchais seule à travers champs, je me sentais emplie d’un si grand élan d’Amour que j’en avais presque mal.
L’Amour est une Lumière dans un cœur qui reçoit les flèches de La Conquête.
Il se voudrait gravir toutes les possibilités de Sa Conscience.
Il est à se chercher en La Seule Vision éclairante.
Alors, chose miraculeuse : tout est là.
Tout est à danser joyeusement en une saveur qu’un silence traduit par le doux murmure.
Les paroles de La Nuitée sont l’ intimité nuptiale des confidences.
Elles sont L’Intelligence qui tournoie en sphères concentriques.
Les mondes sont alors une valse de Lumière.
L’on se surprend à vouloir dévoiler ces secrets, puis l’on se ravise.
Les subtilités d’un tel phrasé parent de pudeur les douceurs de La Proximité.
L’Ami, j’ai senti les touchers d’un Roi qui sont si délicats que les yeux abondent de larmes de Reconnaissance.
Il est une telle Grâce que nous ne savons plus penser.
Cela ondoie et Cela plane au dessus des Eaux de La Primordialité.
Nous avons perçu le glissement d’une petite embarcation qui se mariait au miroir de L’Âme.
Pourtant, Rien n’est à nous.
Rien en ces mains qui se veulent toujours vides devant Le Roi.
Ceci est à Toi.
Je plie le genou.
L’Amour se cherche toujours un Réceptacle.
Il est à chercher le vide du moi.
Ceci est encore le secret subtil du Périple.
L’Ami, je te veux encore confier prochainement ces idées qui jaillissent depuis les effluves fluviales de La Pensée devenue gouvernail.

Braise d’Amour

L’Ami,

La vie est une Lumière d’Amour qui se cherche en toutes choses.
Les cœurs ont soif de cette radiance qui devient aussi la sérénité de tous.
L’Amour est éclairant.
Il est unifiant.
Il offre la vision de la bonne opinion et couvre les aspérités de chacun.
Sans Amour, tout me semble vain.
Le murmure du printemps naissant est un rayon d’Amour diffus qu’embrasse la Terre entière.
Toutes les blessures guérissent en ce Regard de Bienveillance.
J’ai senti frémir cette nature, lors que la Braise Étincelle du Ciel d’Amour, l’a touchée un soir si proche.
Voici les petites fourmis s’activer.
Les papillons danser.
Le bourdon s’émouvoir des grâces de la nouveauté.
Les feuillages tressauter des suaves caresses d’un vent ami.
Je me suis agenouillée devant le ruisseau bouillonnant de toutes les  vivacités d’une montagne et, je lui ai tendu la main en riant.
Ou bien est-ce l’eau qui riait en m’inondant de fraîcheur ?
Son espièglerie me chatouillait tout le corps.
Mes mains se voulaient l’embrasser et lui dire des « je t’aime », Ô Princesse des Sources enjouées !
Le ruisseau pétillait de vie.
Tu m’as parlé de légèreté.
Oui, L’Ami, il est une ondée de bonheur tendre en cette radiance.
Le sourire est chaleureux des gestes de Beauté, lors que le sentier accueille les pas du pérégrinant contemplatif.
C’est ainsi, la vie est cette prunelle qui, gorgée des étreintes du délice, devient une sève puissante et féconde.
Elle est à se laisser jaillir du plus profond des Sources d’Amour, lors que tout a ruisselé en Son Origine.
L’Ami, la Vie est Amour.
L’Ami, la Vie est un état de Permanence contemplative.
Lors que le Soleil Vivant rayonne en ce cœur, il sait.
Il sait.
Les sagesses sont les sourires de L’Âme.
Elles éclosent en une multitude d’éclosions.
Elles sont l’épanouissement d’un chemin qui dépouille l’itinérant des illusions terribles de l’identification.
L’Amour qui est né depuis les profondeurs abyssales, se sait reconnaître, et s’entretient en l’alcôve des discours intimes.
Il est Sa propre Confidence.
L’abeille s’est approchée en ce geste de pure innocence.
Confiante, son corps dansait.
L’Amour se nourrit de tout et transforme les doutes en paix.
L’Amour est aussi une épée tranchante.
Elle sait.
Le faux du vrai est à se laisser voir.
Comme des fleuves de regards, les yeux deviennent l’acuité.
Pourtant, l’Amour est une vêture que La Miséricorde enveloppe de tendresse.
Il est une rivière de couleur ambre et onctueuse comme le miel.
Elle s’écoule depuis les niches du ravissement.
Si la terre est froide, jette la braise d’Amour !
Oh jette-la en ce geste d’innocence !
Elle est La Braise de La Renaissance !
La Terre le sait.
L’Esprit s’émeut des volutes de Sa Présence.
Soudain, elle est à se réchauffer.
Elle est à vivre Son Sourire d’extase.
Étincelle qui réanime les papillons dormants.
Les bosquets sont les demeures des lutins et des petites fées.
Je les ai aperçus un printemps, lors que les pas de l’enfant ont suivi leur secret sentier.
L’Ami, sens-tu cette beauté nous rappeler que Le Roi est à marcher en La Merveille de Son Royaume déployé ?
C’est Lui qui m’a appris à ne chercher que La Lumière en chaque chose, et c’est bien là que réside le sublime Secret.
L’Ami, belle et radieuse journée au monde entier !
La Braise d’Amour est un Feu radieux de Bonté !

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Mon frère, très Sainte Lumière d’Assise.

 

Mon frère,

Les capucines m’ont menée jusqu’à toi, un doux printemps.
J’ai caressé de leur douceur velours leur réalité qui me chantait ta Présence.
J’ai volé avec toutes les petites ailes qui touchaient délicatement les vagues de L’Azur.
J’ai rompu les lacets de mes chaussures et la rocaille écorchée de mes pauvretés humaines s’est épanchée en ton doux recueillement.
Sur les tapis de fougères et les lits de bruyères, j’ai laissé les promenades devenir le sentier secret vers ton Mystère.
Mon frère, j’ai posé souvent la tête en pensée sur tes épaules bienveillantes.
Tu accueilles les orphelins en ta Lumière qui provient des chaleurs nichées de L’Ailleurs Vivant.
Tu as visité celle qui timidement se voulait être ta sœur.
En toi, j’ai vu Le Seigneur des Mondes et Le lien avec toutes Les puretés de La Tradition.
Est-il une séparation en ce Ciel si Bleu ?
Alors, je suis restée hébétée de reconnaissance.
Simplement.
Depuis les voluptés, qu’un vent sait animer, lors qu’il épouse les branchages de L’Arbre, le soleil devient le Seul Rayonnement possible du cœur aimant.
Il ne vit plus en cette séparation trouble.
Il est bercé par l’immaculé des ruisseaux que font ces doux clapotis scintillants.
Les Aubes ont reçu les gazouillis des chants d’Amour.
L’Âme exulte des éclats du Jour radieux.
L’ océan se voulait tout se danser de L’Universalité.
Il a joué avec les vagues de l’écume candide qui se surprenait mille rivages.
Il n’a rien cherché, excepté cette Source qui le mènerait vers Sa Pleine Liberté en Sa Toute Miséricorde.
Là où l’océan atteint son apogée, là est soudain La Paix.
Mon frère, la délivrance est une solitude de pluralité et une singularité de recueillement qui se désire inonder l’Humanité.
Il est venu en toutes Ses Manifestations et je me suis arrêtée pour contempler.
Juste contempler et soudain, le chant a jailli.
Il s’offre en l’effacement.
Il n’a besoin de personne.
Il est, simplement.
Il est de tels secrets que la raison ne peut plus absorber.
Mon frère.
Le Ciel a plusieurs Demeures.
Elles sont La Miséricorde de Sa Miséricorde.
J’ai pleuré lors qu’un de tes frères de L’Orient* se voulait planter la tente de son âme dans les enfers pour sauver le monde entier.
Certains demanderont d’être abreuvés.
D’autres resteront en leur soif assoiffée.
Mon frère, Le Soleil chante, et La Lune aussi.
Mon frère des capucines, de mon jardin visité.

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* Abù Yazid Bistami, qui vécut en Perse entre le VIIIème et le IXème siècle, est des plus grandes figures du soufisme. Son enseignement était oral, mais ses propos furent recueillis et traduits en arabe après sa mort.
Abù Yazid Bistami doit sa célébrité aux Shatahât, ces dits d’extase, à la limite de l’impiété par leur audace, qui témoignent de la descente de Dieu dans l’homme et la perte de toute identité dans ce ravissement. De ce grand mystique « aux fusées d’orgueil étrange » Louis Massignon disait qu’il avait atteint à « une sorte de suspens de l’âme, qui plane immobile, dans l’intervalle entre le sujet et l’objet pareillement annihilés ».

Saint-François d’Assise, ce frère…

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Dans l’imaginaire collectif, il est le saint qui parle aux animaux, le doux rêveur, le patron des plus petits… Pourtant, saint François d’Assise est un rebelle, un révolutionnaire dans la société italienne et l’Eglise de son temps.

Son premier geste après sa conversion est de distribuer aux pauvres une partie des biens de son père, riche commerçant d’Assise. Lorsque ce dernier le traîne devant la justice, il se déshabille et quitte, nu, le tribunal. L’ordre qu’il crée, presque à contrecœur tant il est hostile aux hiérarchies et aux institutions, ne repose que sur une seule règle : la pauvreté absolue.

Dans une institution catholique vacillant sous les coups des hérésies qui rejettent son luxe et son pouvoir, François d’Assise va faire souffler un vent de jeunesse et de modernisme. Certains, comme l’historien Jacques Le Goff, prétendent qu’il a sauvé l’Eglise menacée par sa décadence interne. Lorsqu’il meurt, à 44 ans, l’ordre des Franciscains est déjà célèbre. Il faut moins de deux ans – un record – au Vatican pour le canoniser. Une manière de récupérer le rebelle.

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Je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer.

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Saint François et l’ange (Orazio Gentileschi)

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La pauvreté du christ homme:

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Le Christ est la figure centrale de la foi de François d’Assise. Dans un temps où la piété allait à un Dieu Père Tout-Puissant, il est le premier à engager la chrétienté dans une imitation d’un Dieu homme, à introduire l’humanisme dans le religieux, à ériger la figure du Christ en exemple de vie. Deux ans avant sa mort, des plaies aux pieds et aux mains viennent rappeler celles du crucifié : il est ainsi le premier stigmatisé de l’histoire de l’Eglise. De cette proximité mystique, il tirera son principal enseignement : la primauté de la pauvreté. A ses disciples, il répète :  » Nous devons être fermement convaincus de ne rien posséder en propre, à part nos vices et nos vertus. »

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La liberté d’esprit:

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François d’Assise n’a jamais cherché à créer un ordre religieux. Laïc, il se méfiait des clercs. Son premier voyage au Vatican s’avère houleux, tant il exècre la richesse et le pouvoir étalés. Et toute sa vie ne fut qu’une bagarre incessante contre l’Eglise en tant qu’institution. Il refuse dans son ordre naissant la hiérarchie, notamment celle des prêtres, et, dans la règle, ne demande l’obéissance que si l’ordre « n’est contraire à votre âme ». François d’Assise s’oppose aussi à la société et au milieu religieux de son époque en ouvrant l’ordre aux femmes. Sous la houlette de sainte Claire, il confie à ces dernières des responsabilités égales à celles des hommes.

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L’obligation de gaieté:

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Dans une piété dévorée par la culpabilité, l’excès de discipline et la pénitence, François d’Assise apporte la légèreté : « Heureux le religieux qui prend plaisir et joie dans tout et qui s’en sert pour porter les hommes à l’amour de Dieu. » Le mot d’ordre des Franciscains est : « La pauvreté dans la joie. » La source de la joie est d’ordre divin, c’est une expérience transcendante, un signe de grâce. François d’Assise, homme de son temps et de sa culture, transpose dans son ordre les vertus chevaleresques : le religieux se doit d’être un chevalier de Dieu, doublé d’un troubadour ou d’un jongleur. Chez les premiers franciscains, on chante et on joue beaucoup, François le premier.

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La pureté du corps:

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François d’Assise est mort jeune, à 44 ans, aveugle, le corps usé d’une vie entière marquée par la maladie et la souffrance. De ces douleurs, il tirera une philosophie de vie dans laquelle le corps est certes « l’instrument du péché », mais également un partenaire de vie : « Frère corps est notre cellule et notre âme est l’ermite. » Contrairement à l’opposition classique dans l’Eglise entre luxure et chasteté, François d’Assise propose la notion de pureté, notion qui déborde le sexe et le corps pour englober le cœur et l’esprit. On peut ainsi distinguer la pureté des sens de celle du cœur ou de l’esprit.

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Un esprit écologique:

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« L’obéissance soumet un homme à tous les habitants de la terre et pas seulement aux hommes mais aussi à tous les animaux. » François d’Assise est le premier à répandre l’idée que l’on ne se sauve pas tout seul, que l’humanité et l’ensemble de la création doivent se sauver ensemble. Il faut aimer le monde créé par Dieu parce qu’il est source de joie et de beauté. Le saint révère tellement  » frère Feu » qu’il refuse de moucher les chandelles… A la société moyenâgeuse qui vit le premier âge urbain de l’histoire de l’humanité, il propose de reprendre la route, de retrouver la terre.

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Prophéties:

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Ayant convoqué ses frères peu de temps avant de mourir, en 1226, Saint François d’Assise les a avertis des tribulations futures, disant :

« Mes frères agissez avec force, ayez de la fermeté et soyez dans l’attente du Seigneur.

Une grande époque de tribulations et d’affliction dans laquelle de grands périls et des embarras temporels et spirituels pleuvront, la charité d’un grand nombre se refroidira et l’iniquité des méchants surabondera.

Le pouvoir des démons sera plus grand que d’ordinaire, la pureté immaculée de notre congrégation religieuse et des autres sera flétrie, au point que très peu parmi les chrétiens voudront obéir au vrai Souverain Pontife Céleste avec un cœur sincère et une charité parfaite.

Au moment décisif de cette crise, un personnage non canoniquement élu, élevé à la Papauté, s’efforcera avec adresse de communiquer à beaucoup le poison mortel de son erreur.

Alors les scandales se multiplieront, notre congrégation religieuse sera divisée, plusieurs parmi les autres seront complètement détruites, parce que leurs membres ne s’opposeront pas mais consentiront à l’erreur.

Il y aura tant et de telles opinions et divisions dans le peuple, et chez les religieux et chez les clercs que si ces jours mauvais n’étaient abrégés, comme l’annonce l’évangile, même les élus pourraient tomber dans l’erreur, si dans un tel ouragan ils n’étaient pas protégés par l’immense miséricorde de Dieu.

Alors notre Règle et notre manière de vivre seront attaquées très violemment par certains.

D’effroyables tentations surviendront.

Ceux qui auront été très éprouvés en bien recevront la couronne de vie.

Malheur éternel à ceux qui s’attiédiront en mettant leur seule espérance dans leur vie de religion, qui ne résisteront pas fermement aux tentations permises pour l’épreuve des élus.

Ceux qui dans la ferveur de l’esprit s’attacheront à la piété avec charité et le zèle de la vérité, recevront des persécutions et des injures comme désobéissants et schismatiques.

Car leurs persécuteurs, aiguillonnés par les esprits mauvais diront que c’est faire un grand hommage à Dieu de tuer et de faire disparaître de la terre des hommes si mauvais.

Alors le Seigneur sera le refuge des affligés et il les sauvera parce qu’ils auront espéré en Lui.

Et alors pour se conformer à leur Chef, ils agiront selon la Foi et ils choisiront d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, gagnant par la mort la vie éternelle.

Ne voulant pas consentir à l’erreur et à la perfidie, ils ne craindront absolument pas la mort.

Alors la vérité sera tenue dans le silence par certains prédicateurs alors que d’autres la foulant aux pieds la nieront.

La sainteté de vie sera tenue en dérision par ceux qui la professent extérieurement, c’est pourquoi Notre Seigneur Jésus-Christ leur enverra non pas un digne pasteur, mais un exterminateur ».

Cette prophétie est citée depuis plus de 750 ans dans toutes les éditions franciscaines.

Dans ses dernières paroles et ses derniers actes commentés par Thomas de Celano dans sa Vita Prima, il est écrit qu’en voyant arriver son dernier jour, Saint François d’Assise appela les frères qu’il désirait revoir dont frère Elie et il bénit chacun d’eux.

Il leur dit aussi :

« Mais malheur à ceux qui se trouveront très satisfait d’appartenir à un Ordre religieux et s’engourdiront dans l’oisiveté sans opposer une résistance continuelle aux tentations que Dieu permet pour éprouver ses élus ; car seuls recevront la couronne de vie ceux qu’aura formés et pétris la méchanceté des réprouvés !
Et vous, tous mes fils, vivez et demeurez toujours dans la crainte de Dieu, car de grandes épreuves vous menacent et la tribulation est proche.

Heureux ceux qui persévéreront dans ce qu’ils ont entrepris, malgré les scandales qui en feront trébucher un certain nombre.

Pour moi, j’ai hâte d’aller maintenant vers le Seigneur et j’espère bien rejoindre mon Dieu que j’ai voulu servir de tout mon cœur. »

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La mort de Saint François d’Assise peint par Giotto

Viatique 54 – Si le grain ne meurt

perceval-sur-sa-monture

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Un seul grain peut-il germer sans être fendu ?
Tel est le sens des grandes épreuves de l’existence.
Nous qui, souvent, croyons que la vie nous est due,
Lors que nous l’esquissons à peine, par ignorance

Autant que par paresse, pensant que le décor,
Que nous ne faisons que traverser, est l’ultime
Réel, voulant nous y prolonger, en ce corps
De chair, et n’offrant à notre âme pas même la dîme

Des forces que l’on consacre à empiler,
Sur le sable du Temps, le vide et l’éphémère.
C’est de non-présence que s’emplit la coupe amère,

De laquelle, encore, l’on se voudrait défiler,
Lors que le glas vient à sonner, à l’heure dernière,
Qui s’ouvre en chaque instant d’une conscience plénière.

Marc

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Voir aussi sur Noblesse et Art de l’écu

wappen_burg_spreewaldBlason de Burg-Spreewald (Brandebourg, Allemagne)

Lettre à ma sœur

louis_janmot_-_poeme_de_lame_17_-_lidealPeinture de Anne-François-LouisJanmot (1814-1892)

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Des effusions du cœur jaillissent ces mots qui se voudraient t’accueillir en leur plus enveloppée chaleur.
Des profondeurs de ce qui se laisse me traverser, voici les joyaux du Temps qui passe.
En un Jardin qui incessamment se visite, en son intimité que seule connaît l’âme, les ruisseaux vifs de mon embrasement ont creusé le parterre délicat.
Me le crois-tu, ma sœur, qu’en de nombreuses fois, je suis en ta solitude ?
Me le crois-tu, lors que je t’écris, ta douceur est à m’étreindre et à se vouloir devenir les bras de mon Amour sur tes épaules dignes ?
Les affres de ces moments sont les miens à chaque larme qui épouse ton écueil.
Ces heures qui ont vu l’esseulement de la tourmente que le silence étouffe d’un sanglot.
J’ai plongé en cette vie qui se voulait s’écouler paisiblement sur les terres de la proximité.
J’ai levé le regard plus d’une fois vers les sommités élancées.
Mon cœur tressaute de chaque aspérité qui se voudrait tout aplanir du geste simple de la fraternité.
J’ai dit : tout est à passer.
Tout est à se laisser s’écouler.
Tout ici n’est qu’images qui se voudraient nous emprisonner.
La clé de Vie est le Grand Amour.
Celui de la pureté.
Celui qui des deux mains de Lumière est à saisir celles qui cherchent et qui cherchent les autres mains de L’Amour.
Ici est un pont qui se laisse aussi traverser.
Le pont qui relie deux rives, deux destins.
Les océans de ces vagues ont touché mille fois le firmament et ne voulaient plus revenir.
Ces océans mouvants se voulaient fusionner en ce Volcan de L’Amour, lors que L’Aspiration se voulait encore et encore s’élancer et mourir.
Ces doux tumultes qui embrassaient un autre monde.
Il est arrivé, L’Ami, et a pleuré.
Je suis au seuil, agenouillée.
Il est venu, et les regards sont tels des cristaux virginisés.
Voici les sentiers les plus singuliers.
Voici l’étonnement.
Je le sais.
En Lui, je t’ai vue.
En moi, je t’ai accueillie.
Jamais il n’en a été autrement.
Ma sœur, je suis en cette Révérence.
Je suis ici à te vouloir témoigner ce qui n’est plus de ce monde.
Paix sur toi, paix sur tous les univers et paix en cette Unité !
De loin, j’ai entendu L’Appel.
Ta douleur muette est mienne.
Je suis encore à en témoigner.
J’ai rassemblé tous les petits êtres éparpillés.
Il en est encore quelques-uns à se singulariser.
Le chemin est long.
La Demeure est L’Ultime de notre Unique Bonheur.
Je le sais.
Le Voyage est une épopée.
Je le sais.
Au creux de mon ventre, je t’ai épousée.
Tu es ma sœur et je suis à te porter en ma féminité.
Je sais qui tu es.
C’est en l’étrangeté d’un discours que je suis à t’aimer.
Il me fallait te le dire.
Tant de fois, je t’ai parlé.
Toi, L’Amie de L’Ami.
Je ne l’ai jamais oublié.
Il me fallait en cette crucialité te déployer ces mots qui te cherchent.
C’est en eux, et en Lui que je suis aussi à t’enlacer, en cette éternité.
Mille fois ce feux de L’Ardent Désir Divin est à m’amener à l’effacement.
Je me voudrais être déjà en cet Ailleurs à me laisser bercer par Le Seul qui puisse tout unifier.
Je n’ai pas su vivre ce décor.
Pourtant, aujourd’hui je suis à Lui sourire.
Une douceur est à m’envahir.
La vie est à simplement s’écouler.
Je ris en marchant, ma sœur, car Le Soleil est bien Beau.
Ses Rayons sont les bienfaits de L’Intimité.
Il n’est rien qui ne soit à passer.
Le Temps est un enfant gorgé de doux mots.
Je ferme les yeux en ce repos.
Ma sœur.

Océan sans rivage

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semd_fischingenBlasons de Semd (Hessois) et de Fischingen (Bade-Wurtemberg)