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Il apparaît clairement que nous vivons dans un monde totalement morcelé, brisé, et qu’il serait presque vain d’écrire, voire de transmettre, d’échanger, si ce n’est avec nos semblables, où qu’ils se trouvent, du reste. La difficulté réside dans le fait que, non seulement les mentaux sont très différents, et nous aurions tort de méconnaître ce fait, mais que les consciences sont de même très disparates.
La lecture des textes anciens génèrent les mêmes difficultés. Que pouvons-nous comprendre des sagesses ancestrales et qui ont vu jour dans l’Orient de l’âme ? Les hommes sont à ce point fermés dans leur cellule, qu’il devient presque difficile de nous voir et de nous comprendre. Que reste-t-il à l’humanité si ce n’est quelque sentimentalité, quelques émotions pathologiques ? Il s’agit d’un constat déplorable. Notre ère croit vivre l’abondance, pourtant, nous n’avons jamais été aussi pauvres, au sein même d’une multiplicité quasi caricaturale. Les échanges se réduisent à de la communication artificielle, au travers de mots privés de leur sens, de leur substance et malheureusement de leur Essence. Le cerveau s’atrophie et génère de plus en plus l’absurde et la misère mentale. Plus grave encore : le cœur aussi se rétrécit et est réduit à une peau de chagrin. Que nous arrive-t-il ? La perte du Lien avec le Principe supérieur nous mène à ne plus être humain. Dégénérescence à tout point de vue ! L’homme ne peut se ressourcer qu’à partir d’un lieu demeuré intact en lui. Le semblable appelle le Semblable. Voilà pourquoi nous croyons vivre ensemble, mais nous sommes tous compartimentés dans notre mental et nos multiples projections. Pensons-nous que le sauvetage sera collectif ? Et de quel collectif s’agirait-il ? La convergence des esprits vient de la Lumière unitive qui donne à voir, par le Centre réalisé, toutes les singularités de l’Unité. L’Esprit est Convergence et Unité unitive. Tout le reste est une ménagerie artificielle qui ne saurait dissoudre aucun problème.
Toute approche religieuse et spirituelle relève de l’individuation. Mais, plus que tout, il s’agit de retrouver en nous le temps de l’arrêt, de nos ruines, de notre silence, du Silence*, de l’aspiration, du Souffle, de la Parole, de l’Ecoute, de la Joie à écouter, écouter la Voie de la Vertu et des principes, la Voie Métaphysique, la Voie Humaine, la Voie Divine. Cela est ou Cela n’est pas. C’est aussi simple que cela. Cela est en nous et Cela se trouve. Il se trouve, comme Il a créé l’intention de trouver, d’accéder à la Connaissance. Sans défaite, il n’est aucune victoire, et sans renoncement, il n’est aucune Rencontre possible. Notre objectif n’est pas de convaincre. Cela nous importe peu. Ceci s’adresse à ceux qui sont déjà sur le chemin et qui ont levé leur regard dans l’Orient de leur profondeur. L’homme n’est pas une anecdote, ni un segment au milieu d’un néant. La vie n’est pas ce que nous décidons, mais ce qui se laisse lire et découvrir. Telle est la part de liberté qui se trouve dans le secret que chacun doit découvrir en lui-même.
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Notes : * Concernant le Silence, et non ce que l’on croit être l’absence de bruit, il est à préciser que nous entendons par là, la Voie du Mystère, celle qui donne accès à la contemplation et à la Réalité métaphysique des états de l’Être. Ce Silence est efficient et procède des états supérieurs. Pourrait-on parler de vibration fréquentielle à laquelle certains individus parviennent ? Au Saint du Saint, il est à se révéler le Secret, c’est-à-dire, le Pacte solennel de l’initié qui scelle sa relation avec le Seigneur des mondes et qui lui donne à sa réalité plénière et accomplie. En ce profus Silence, le langage est autre, la vision est autre, la transmission est autre, la Beauté est autre, la Lumière est autre, la Relation est autre…