Neuf cent.
Racine carrée du Ciel
Rapportée au double mystère du Non Manifesté.
« Sois ! »
Consonne de l’occultation,
Consonne de l’apparence
Liées l’une à l’autre
Par le souffle ténu d’une lettre labiale.
Voici !
Sous Son manteau de Miséricorde,
Selon la nature de chacun,
En ordre préconçu
Sans généalogie ni descendance,
Tous les êtres assemblés
Sont engendrés d’une injonction unique et permanente !
Trésor à l’abri des regards indiscrets,
Enchâssé dans l’écrin de Son intimité la plus secrète,
Il fait jaillir la Lumière et l’Eclat de Son amour infini.
Or, cet Amour germinatif réclame sa part
D’attachement et de fidélité
En retour de sa générosité universelle.
Il fait éclore alors les êtres
En multitude sans limite assignable,
Variété sans nombre de couleurs et de formes,
Epanchement incessant du mouvement de la Vie,
Océan sans rivage !
Feignant soudain l’absence,
Il rend Ses serviteurs éperdus et sans souffle,
Soupirants et réclamant un terme à leur séparation.
Car Son apparition au cœur des cœurs fidèles,
Le dévoilement de Sa Parole révélée aux âmes bien nées,
La fraîcheur de Sa tendresse envers les corps purifiés,
Entraîne une inclination aussi soudaine qu’irrésistible
A Le connaître.
Toute noble poitrine le sait :
« Le connaître, c’est L’aimer et L’aimer, c’est Le connaître. »
Certes, Il se cache et pourtant, je le vois !
N’est-ce donc là qu’un jeu de miroir ?
Non !
Son occultation génère la vision de Sa Réalité Essentielle
Et son épiphanie efface toute illusion !
Il est l’Apparent !
Seuls, ceux dont les cœurs sont tissés d’une épaisse ténèbre
Le prétendent inaccessible dans Son occultation.
Si tu Le dis caché, autant Le nier sans ambages,
Du moins, seras-tu sincère
Et laisse-moi à ma solitude
D’où je converse avec tous les êtres de ce monde et de l’autre.
Ni le vocable extérieur ni celui d’intérieur
N’ont de sens pour moi.
Ne désignent-ils pas une Réalité identique ?
Si tu me dis : « Je ne suis pas toi. »
Voici ma réponse :
« Retourne à ton néant,
Je ne vois rien qui ne soit moi-même ! »
Si tu te rends à la Vérité et me dis : « Ô moi-même ! »
Je t’ouvre ma porte et te convie à ma table.
Assieds-toi à la place d’honneur
Et prends possession de tous mes biens
Car je suis ton humble servant et ton vassal.
Son nombre est neuf cent un.
Achèvement de la gestation universelle,
De la multitude des générations millénaires,
A partir d’un seul Être.
Son nombre est dix.
Retour dans le giron de l’Unique.

Clé de Zhā
Discours de l’Unité.
De l’amour coule la vie de l’Être unique…
Or, il est une table préservée
Où s’écrit sans cesse un verbe de nature,
Parole sans fin de tendresse,
Nature inépuisable de gestation.
Puis, s’étend un manteau affluant un épanchement,
Issu de LUI,
Dans les lignages de la filiation universelle.
En retour, le nombre achevé de l’initiale
Ramène insensiblement toute réalité à Sa Réalité essentielle.
Discours de la dualité.
Et ce monde de l’ici-bas est l’empire de la fidélité au Ciel
Et de l’ultime séparation.
Ici, la Vérité est labiale tandis que l’illusion est germinative…
Occultation par l’apparition des apparences !
Discours du ternaire.
Considère la réponse en son écrin,
Considère l’ordre millénaire,
Comprends que celui qui soupire est un océan sans rivage
Dans lequel toute forme plonge ses racines…
Car l’apparent est le miroir de l’infini
Et le néant, celui du non manifesté.
Discours du quaternaire.
Sois le corps de la généalogie,
Sois le mouvement de la lumière
Qui se déploie dans les siècles des siècles
Et qui rejaillit dans les cœurs à chaque époque !
Sois le dévoilement qui ouvre les portes !
Deviens le vassal, deviens le noble !
Sois ennoblit par le fraîcheur de la vision
Et entre enfin dans l’intimité du mystère !
Discours du quinaire.
Les portes du Palais ! Les portes du Palais !
Entendez les éclats de rire issant de la salle au Trésor !
En livrée de couleur, les serviteurs vous accueillent
« Miséricorde aux âmes bien nées !
Prenez place à la table d’honneur selon votre nature ! »
Ô créatures natives !
Méditez selon l’ordre des neuf cent souffles de l’initiale de l’Apparent,
Lui dont l’intérieur est une absence,
Origine de toutes les descendances.
Discours de l’hexagramme.
L’universel engendre la polarité sphérique du ciel
Et le carré terrestre et les nombres à la suite.
Le cœur, lui, se tient debout en solitude volontaire,
De lui s’échappent des chapelets de vocables,
Sa parole est sincère qui fait éclore en sa poitrine
Les lys de la fidélité et les roses de l’achèvement du chemin.
Au dessus et au delà se tient une assemblée devant le Seigneur de Vérité.
L’on se doit de saisir dans l’instant donné les éclats de Son épiphanie
Et de Son essentielle Réalité.
Discours du septénaire.
Ô moi-même !
Tu es mon écrin
Et je suis ton regard.
Discours de l’octonaire.
Je veux suivre Ton inclination
Et plonger dans Ta générosité,
Je désire Te connaître,
Que notre conversation
Sans fin se poursuive,
Que je sois préservé
Des ténèbres de l’extérieur
Et que Tu m’acceptes dans ton intimité.
Discours du novénaire.
Ta vision de Moi est secrète
Et mes lettres sont voilées
Par le rideau de Ma Miséricorde.
Ainsi, je m’efface et me sépare
Bien que je reste apparent et présent
À cette multitude qui m’ignore, tout en me connaissant.

Vingt-huitième coffre : Zhā
Qui connaît cette « science de chez Nous » ?
Qui a su lire Ses feuillets issus du discours de la Table ?
Qui a reçu la charge du dépôt afin de le restituer
Dans sa pureté originelle d’âge en âge ?
Qui, paré des joyaux du savoir et des convenances,
Peut s’asseoir sur une lande asséchée
Et lui rendre une vie florissante ?
Qui ?
Si ce n’est toi, Ô Verdoyant !
Qui depuis l’origine des siècles parle aux Prophètes et aux Saints ?
Ô Khadir !
Tu es l’éclair du dévoilement !
Car plus qu’une parole, ton verbe est l’acte d’un glaive
Séparant le vrai de l’erreur
Et une lumière qui dissout les ténèbres et rend la vue aux aveugles.
Le sceau de la sainteté a témoigné que, sans toi,
L’univers manifesté ne saurait subsister !
Et ta parole vivifie la moindre des créatures.
Ainsi, le poisson de Moïse est sorti de la mort
Pour retourner à l’océan.
Il en est peu qui savent que tu es une Miséricorde venue de Lui
Et que tu détiens les clés d’un autre monde
Et une guidance pour les ardents.
Ô Maître des maîtres !
Tu te ris de l’impatience de Moïse
Car les secrets t’apparaissent sans voile
Et ta connaissance embrasse sa science.
Soucieux des convenances, les apparences n’affectent pas ton jugement.
Alors, tu fends la conque du cœur
De crainte que l’âme malveillante n’en prenne possession.
Puis, tu anéantis l’âme déloyale
Et ainsi tu préserves la pureté de la foi
De l’âme bien née et du noble cœur.
Enfin, tu relèves le mur de inhospitalité
Pour maintenir séparés le monde inférieur et le monde supérieur
Si bien que le trésor enfoui reviendra le temps venu aux héritiers orphelins.
