L’Ami,
Très peu pensent à la mort, beaucoup croient vivre. Il me semble assez étrange d’écrire cela, et pourtant, je vais le faire, comme une autre nécessité, noble nécessité, évidente tâche, qui risque de choquer plus d’un. La mort est une Rencontre. Et je la veux attendre, et tendre toute entière en elle. Je la veux de tous mes vœux qu’elle vienne et me prenne, m’engourdisse, me donne à ne plus voir ce monde, entrer en Lui, mon Divin Réel, car, n’est-il pas ainsi dit : Par la mort nous Le rencontrons et je cultive la mort comme l’on chérit la semblante vie. Je le sais, depuis longtemps, ce que les gens assemblés en rang, comme les épouvantes de leur ombre, ne sont pas vivants. Je regarde autour de moi et ne vois que les fantômes, la parodie d’une vie. Alors, je suis à la cultiver, cette mort, allongée sur le lit, les bras sur mon cœur, et je L’attends, comme l’on attend la visitation, la pleine-Vie, la jaillissante et effervescente, la Joie. Je sais, par avance que l’on sera à ne pas comprendre ce que j’écris. du reste, depuis longtemps, j’écris sur la place publique avec toute la verve de la folie, instillant ma passion au quatre vents semant. Quel prodige que de lancer sur le Forum du monde, la voix la plus improbable et de se sacrifier face à l’intime. Ceci est pure exaltation, bouillonnement, exultation, ferveur de notre être. Nous avons choisi ces vents semeurs. Nous avons ri. Nous avons exposé nos heures et nous avons ri. Le rire triomphe toujours. Un éclat de rire aux quatre vents semeurs. La nuit, j’accomplis mon rituel et prononce l’attestation de la foi comme si cela était la dernière et je ferme les yeux et Lui parle. Je m’abandonne à Lui. Car, de ce monde j’ai vu les derniers éclats, et même l’ami n’est pas l’ami comparé à L’Ami, car, Lui est L’Amant suprême, le Bienheureux, Celui que j’appelle, dans la nuit noire du monde. J’ai cherché L’Amant, et je L’ai vu à chaque instant, et les montagnes avancent implacables et le tonnerre roule et dévale les plaines. Les mains posées sur mon cœur, j’attends mon heure. Je L’attends et La chéris, et Ô Ange Azraël, comme tu es annonciateur de la Bonne-nouvelle. Je pleure d’Amour, de Te voir et mon âme s’épanche de bonheur. Te toucher, Te voir, c’est Le voir et je Te vois. Je vais vous confier ces secrets de la vie durant et vous tenir la main, et caresser votre présence car comment ne pas vous aimer, comment ne pas se préparer à oublier ce monde ? Maintenant, je me prépare. C’est ainsi que la Vraie Vie m’apparaît. Toute la crucialité d’une douleur et toute la Joie de votre approche, celle de Sa Présence.