Salamandre

La vision de Aaron se trouble, sa gorge se dessèche et il éprouve un mal fou à déglutir. A son insu, toutes sortes de questions fusent. Celles qu’il sait devoir laisser jaillir, sans quoi, il ne pourra plus retrouver le souffle, ni maintenant, ni jamais. La première est cruciale : d’où vient-on ? La seconde l’est tout autant. : où va-t-on ? Plus que tout, celle-ci vient face à lui, presque provocante : cela a-t-il une importance ? Le regard se cristallise sur un point presque malhabile, car Aaron cherche un point de chute, un point où poser ce regard. Dans le creux de sa pupille dilatée, il entre dans la verdure d’un paysage, une verdure fertile au milieu d’un paysage vide, déshumanisé du triste et macabre néant humain. Il se dit qu’il n’y a nulle rencontre, un désert aride dans les pâles contrastes des plus obscures pensées. Elles se font un passage lugubre parmi les saillis mystérieuses du monde. Aaron tend la main, esquisse une sorte de danse, et pourfend cet amoncellement de dérision.

L’enfant reprend la route, submergé par la chaleur de la campagne. Il avance déterminé et ses souliers, quelques peu usées par un été fortement turbulent, tracent de petits dessins dentelés sur le chemin de poussière. Il chasse loin le doute : si tu doutes, tu n’y arriveras jamais.

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La mort

L’Ami,

Très peu pensent à la mort, beaucoup croient vivre. Il me semble assez étrange d’écrire cela, et pourtant, je vais le faire, comme une autre nécessité, noble nécessité, évidente tâche, qui risque de choquer plus d’un. La mort est une Rencontre. Et je la veux attendre, et tendre toute entière en elle. Je la veux de tous mes vœux qu’elle vienne et me prenne, m’engourdisse, me donne à ne plus voir ce monde, entrer en Lui, mon Divin Réel, car, n’est-il pas ainsi dit : Par la mort nous Le rencontrons et je cultive la mort comme l’on chérit la semblante vie. Je le sais, depuis longtemps, ce que les gens assemblés en rang, comme les épouvantes de leur ombre, ne sont pas vivants. Je regarde autour de moi et ne vois que les fantômes, la parodie d’une vie. Alors, je suis à la cultiver, cette mort, allongée sur le lit, les bras sur mon cœur, et je L’attends, comme l’on attend la visitation, la pleine-Vie, la jaillissante et effervescente, la Joie. Je sais, par avance que l’on sera à ne pas comprendre ce que j’écris. du reste, depuis longtemps, j’écris sur la place publique avec toute la verve de la folie, instillant ma passion au quatre vents semant. Quel prodige que de lancer sur le Forum du monde, la voix la plus improbable et de se sacrifier face à l’intime. Ceci est pure exaltation, bouillonnement, exultation, ferveur de notre être. Nous avons choisi ces vents semeurs. Nous avons ri. Nous avons exposé nos heures et nous avons ri. Le rire triomphe toujours. Un éclat de rire aux quatre vents semeurs. La nuit, j’accomplis mon rituel et prononce l’attestation de la foi comme si cela était la dernière et je ferme les yeux et Lui parle. Je m’abandonne à Lui. Car, de ce monde j’ai vu les derniers éclats, et même l’ami n’est pas l’ami comparé à L’Ami, car, Lui est L’Amant suprême, le Bienheureux, Celui que j’appelle, dans la nuit noire du monde. J’ai cherché L’Amant, et je L’ai vu à chaque instant, et les montagnes avancent implacables et le tonnerre roule et dévale les plaines. Les mains posées sur mon cœur, j’attends mon heure. Je L’attends et La chéris, et Ô Ange Azraël, comme tu es annonciateur de la Bonne-nouvelle. Je pleure d’Amour, de Te voir et mon âme s’épanche de bonheur. Te toucher, Te voir, c’est Le voir et je Te vois. Je vais vous confier ces secrets de la vie durant et vous tenir la main, et caresser votre présence car comment ne pas vous aimer, comment ne pas se préparer à oublier ce monde ? Maintenant, je me prépare. C’est ainsi que la Vraie Vie m’apparaît. Toute la crucialité d’une douleur et toute la Joie de votre approche, celle de Sa Présence.

Les quatre âges, les quatre Yugas

Sans doute n’est-il pas vain d’admettre que nous sommes tous, ces quatre âges, communément répandues dans la cosmogonie hindoue et qui nominent les quatre réalités existentielles de la progression des cycles de l’humanité.

Satya Yuga – Aussi connu sous le nom de Krita Yuga, représente l’âge de la vérité, de la vertu et de la justice.
Treta Yuga – Âge de l’humanité qui manifeste un déclin d’un quart de la spiritualité.
Dvapara Yuga – Dans cet âge, la spiritualité continue de décliner, et la vertu et le péché apparaissent dans une égale mesure.
Kali Yuga – L’âge du conflit, le Kali Yuga est décrit comme un quart de vertu et trois quarts de péché.

Puisque tout est en nous, puisque nous sommes Cela qui se manifeste, nous pouvons affirmer que nous sommes ces quatre âges de la Réalité morcelée. De fait, à un moment ou à un autre, nous pouvons même observer ces réalités, comme la manifestation oscillante de notre être. Nous sommes à voir cela surgir avec beaucoup d’étonnement, parfois, avec une sorte de douleur. La conquête intérieure est une conquête qui a pour but de réunir ces quatre âges, ces quatre oiseaux éparpillés que sont nos cycles séparés de L’Union. Cet âge sombre essentiellement caractéristique par sa violence, ses affrontements, son immaturité, est surtout l’âge du conflit intérieur, des peurs paroxysmiques, des heurts permanents. Toute forme de conflit, quelle qu’elle soit, est, de fait, à rendre manifeste cette instabilité et cette dégénérescence. Celui qui retrouve le Satya Yuga en lui, n’adhère plus à cette forme de réalité, ni d’obscurité. Il est dans la plénitude absolue. Rien, ni personne ne l’affecte. Il est dans l’équanimité. Son état ne dépend plus de personne, ni des phénomènes, ni même des réactions. Il est Paix. Quand il s’adresse aux autres, il n’est plus dans aucune stratégie rivalisante, ni domination quelconque. Il est indifférent à la notion de réussite sociale, et même, il n’est plus du tout occupé par ce monde. L’Unité lui donne une Assise aboutie. Il a réintégré tous les âges, et les a vus se résorber en lui, sans plus être le jouet de la séparation.

Temps spirituel (3)

Où que nous soyons, il est une manifestation et le Lieu de la Manifestation n’est pas de notre fait. C’est en considérant que Le Tout est Un, que nous entrons dans l’appréhension unitive. Il s’agit de la pratique la plus éprouvante et la plus enseignante qui soit. Pourquoi éprouvante ? Elle appelle à la concentration permanente de notre réalité existentielle. En remontant régulièrement à la Source-unitive, nous sommes amenés à mettre en pratique le fait de cette Unicité en notre état de présence. Nous devenons les navigateurs patients qui faisons le voyage incessant vers l’Alpha, puis en l’Alpha. Cette constance est le plus difficile des états de Reliance. Nous conscientisons ainsi le Lien, qui correspond à la Verticale, c’est-à-dire à la Cordée avec le Seigneur. Lui qui est l’Alpha sans avoir jamais commencé, et Lui qui est l’Oméga, sans jamais finir. Si nous nous défaisons un à un de ce qui périt, nous entrons dans l’impérissable.

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La France, Essence

Aquarelle de Brittney Lee

A la question posée : Pourquoi aimes-tu la France ? je choisis, aujourd’hui, comme une nécessité incontournable, de faire une réponse publique et consentie. Durant mon petit essai, sans nulle prétention, j’irai du plus relatif au plus absolu de mon être, tout en considérant la possible réponse actuelle comme non limitée et non exhaustive, bien entendu.

Sache, Ami, que cette réalité m’est apparue depuis mon plus jeune âge et que sans prendre aucun recul, j’avais lancé à une de mes amies intimes qui me faisait part de son désir d’aller en Amérique dès ses dix-huit ans, (nous avions dix et onze ans, respectivement) que je ne pourrais, quant à moi, jamais quitter la France, et elle, subitement curieuse, de me demander pourquoi, et je lui avais répondu sans la moindre hésitation : Parce que la France est vraie ! Je me sentais, alors, en cette disposition naturelle, parce qu’il me semblait qu’être ici était le vrai, or, le vrai a toujours été une expansion singulière de mon être-apparu-au-monde. Je ne pouvais m’en détacher, et ce, à aucun moment. La France fait partie intégrante de ce moment, intense moment de Joie et d’Amour. Le cœur naît en sa Patrie et la France tremble en son instant vécu dans tous les instants de Joie.

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Temps spirituel (2)

La pleine conscience est un état d’ouverture dont on ne perçoit les effets qu’au fur et à mesure que l’instant s’offre en sa Réalité Divine. D’où cette appellation inouïe de Conquête, d’Ouverture chez les soufis, Conquête et Ouverture, signifiant ici, libération du monde de la confusion et de la séparation. L’espace s’abolit, et se renforce par la Réalité concomitante et plénière avec ce que l’on nomme alors les correspondances. Sans correspondance, il n’est pas de pleine conscience consciente, mais bien le début de l’élargissement des perceptions. Le corps humain est de toute évidence en lien étroit avec cette Origine, avec son Essence, avec ce Dialogue, ce Va-et-vient, entre le Ciel et la Terre. Il est le Lieu des Tout-Possibles. L’Homme est cette Merveille qui s’éveille par une pratique incessante et voilà pourquoi les priants, les itinérants de l’Âme vivent progressivement ces états multiples des ouvertures de leur Âme. C’est L’Âme qui instruit l’âme, et la Connaissance ne vient pas du mental, ni de la réflexion. Tout itinérant sort des sentiers battus, parce que l’apprentissage est un hors-piste. Réduirions-nous l’homme à l’académique savoir ? Réduirions-nous la chenille à sa chrysalide ? Tel n’est pas Le Souffle initiateur venu depuis La Source, se déversant en La Source.

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Temps spirituel (1)

Temps spirituel.

Où il est question du temps, de l’instant, de la conscience et de l’état de présence. Où il est question de la vie, du mode de vie, du rapport à la Vie, de la sociabilité, de la relation et de la Rencontre. Où il est question de l’occupation, de ce qui nous occupe, de ce qui est notre réalité essentielle. Enfin, où il est question de la spiritualité, de la Tradition, de la Lecture scripturaire, des effets spirituels sur l’être.

Ce qui semble étonnant, et ce, à plus d’un titre est cette dimension du ce qui passe. Ce qui passe procède du monde linéaire, d’une approche spécifique que peut être l’état du repère spatio-temporel. Nous sommes nés avec cette particularité qui est d’appréhender d’emblée le monde par cycles révolus et renaissants en permanence. La nuit et le jour en est la plus commune expérience. Le corps de toute chose est soumis, à plus ou moins long terme, au processus de ce qui passe. Cette non-fixation, cette parfaite régularité et même régulation, nous pourrions le dire, dans ce qui passe est riche d’enseignement, et parfois aussi génère des effets euphorisants. Pour certains, cela est signe de décrépitude, mais pour d’autres, c’est le prodige de la Réalité-Une, manifestée dans le secret profond de ce qui passe. Dans ce qui passe est inscrit la magnificence de ce qui ne passe pas, de ce qui n’est pas soumis au temps, c’est-à-dire au périssement. En cette dynamique puissante est recélée la Perfection-Une du message des vérités de complétude, de la Lumière et de l’Ombre, du négatif et du positif, etc…

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Le Pôle tout rayonnant d’Amour

La Beauté (et qu’est-ce que la Beauté ?) de ce Lieu est désormais plus que certitude, et au cœur profond, tout est rendu visible et en L’Eloquence d’Amour, quand même viennent des temps durs, en la Foi ultimement préservée, la Guidance est une évidence et de tous les mots et de tous les noms et de tous les concepts, philosophiques, idéologiques, et de tous les mélanges, la Foi s’est extirpée. Car, ce n’est pas par le mental que s’appréhende ce monde, mais bien par la Source affluente d’une Vérité originelle. Par les prières et l’orientation, l’âme reçoit et s’élève au-dessus des confusions régnantes, sans nulle peur, hormis celle d’éprouver la crainte révérencielle envers le Seigneur. Ces confusions s’observent et s’éclairent à la Lecture scripturaire, limpide et rayonnante, transmises par le grand Pôle spirituel. Celui-ci échappe au contrôle de quiconque et ne saurait être soumis à aucune altération. Or, le monde périt de toutes ses croyances altérées, celles mêmes issues des illusions et mélanges, mais aussi de la corruption mentale. Cette dernière est à un stade tellement avancée, qu’elle est à se révéler au grand jour et envahit jusqu’aux plus petites cellules de notre être. Mais je vous le dis en vérité, l’ancien monde est mort. Son dernier sursaut est simplement à nous le révéler. Réfugiez-vous en vous-mêmes, dans le secret du Rayonnement d’Amour et nommez-le. Car Il est L’Audient et L’Omniprésent. Car, Il est Le Vivant. Au Centre, dans le Silence de la Stabilité, vous Le trouverez.

Le pur Besoin

Peinture de gustave moreau 1826 1898

Lors que s’achèvent les désirs de l’ici-bas,
Quand il ne demeure plus rien que l’étroit passage,
Lors que l’instant est une Concordance,
Mon Besoin de Toi
Est semblable à L’Echo.
L’entends-Tu ?
Du ventre de mon cœur,
Il est le seul Emoi.
L’entends-Tu, Ô ma Joie ?
Ô mon chant !
L’entends-Tu ? Je Te touche depuis mes larmes.
Mon Besoin de Toi. 


					

Appel

Peinture de George Hitchcock

Il ne reste plus que la Vérité tournoyante,
Comme un enlacement au cœur du constat,
Vérité qui tranche à L’Epée de notre instant,
Tel est l’effet de la Lumière au Désir de Toi.
Le sourire a l’intensité de la Foi.
Comme la mort est solennelle et Citadelle.
Je l’embrasse au Centre de notre aspiration mutuelle.
Ô Viens !
Viens comme Tu as dit de venir !
Ô Viens !
Au dernier Ciel !
Cueillons ensemble nos mains tendues vers Toi.
Ô Viens, ceci est notre Appel !