La Connaissance secrète (1)

Savitri

 

Sur une hauteur, debout, il regardait vers des hauteurs plus grandes.
Nos première approches de l’Infini
Sont des splendeurs d’aurore sur une crête merveilleuse
Tandis que tarde encore, invisible, la gloire du soleil.
Ce que, maintenant, nous voyons est une ombre de ce qui doit venir.
Le regard de la terre vers un vague inconnu
Est le prologue, seulement, d’une ascension épique
De l’âme humaine qui sort de sa platitude terrestre
À la découverte d’un moi plus grand
Et d’une lointaine lueur de l’éternelle Lumière.
Ce monde est un commencement et une base
Où la Vie et le Mental érigent la structure de leurs rêves ;
Un Pouvoir pas encore né doit bâtir la réalité.
Une petitesse à destination de la mort n’est pas tout ce que nous sommes :
Immortelles, nos Vastitudes oubliées
Attendent la découverte au sommet de notre moi;
Immesurées, des étendues et des profondeurs d’être sont à nous.
Parentes de l’ineffable secret,
Mystiques, éternelles dans un Temps pas encore accompli,
Voisines des Cieux sont les altitudes de la Nature.
Vers les hauts pics de ces empires scellés à notre quête,
Trop loin des sentiers battus à la surface de la Nature
Trop éthérés pour qu’y respirent nos vies mortelles,
Une parenté oubliée pointe son aiguille au fond de nous
Et timide, une voix d’extase et de prière
Appelle ces lumineuses immensités perdues.
Même quand nous manquons de regarder dans notre âme
Ou restons incrustés dans la conscience terre à terre,
Même alors, nous avons des arcanes qui grandissent vers la Lumière,
Même encore, il y a des étendues lumineuses et des ciels sereins
Et des Eldorado de splendeur et d’extase
Et des temples à la Divinité que nul ne peut voir.
Une vague mémoire s’attarde encore en nous
Et parfois, lorsque notre regard se tourne vers le dedans,
Le voile ignorant de la terre se lève de nos yeux;
Une brève échappée miraculeuse se fait.
Cette étroite marge d’expérience fixée
Qui nous est mesurée pour vie, nous la laissons derrière,
Nos petites promenades, notre courte portée.
En de grandes heures solitaires, nos âmes peuvent visiter
D’immobiles royaumes d’impérissable Lumière
D’omnivoyants pics d’aigle de Puissance silencieuse
Et des océans de brusque Béatitude, comme un abîme de feu blanc
Et les calmes immensités de l’Espace spirituel.
Dans ce cheminement qui dévoile le Moi
Parfois, l’indicible Mystère
Élit un vaisseau humain de sa descente.
Un souffle vient d’un air suprême,
Une présence s’incarne, une Lumière, un Guide s’éveille,
Une immobilité saisit les membres :
Parfois, transfixé comme un monument de marbre,
Tel un rocher de calme, le corps devient un piédestal
Qui porte un visage de l’éternelle Paix.
Ou bien une Force de révélation déferle comme un torrent de feu:
Venue d’un vaste continent souverain
Une Connaissance transperce, laissant un sillage de mers radieuses
Et la Nature tremble sous le pouvoir et la flamme.
Une Personnalité plus haute, parfois,
S’empare de nous, que nous savons pourtant être nôtre,
Ou nous adorons le Maître de notre âme.
Alors, le petit ego du corps s’efface et tombe ;
Ne tenant plus à son moi séparé
Il perd l’étiquette de sa naissance séparée
Et nous laisse un avec la Nature et avec Dieu.
Par moments, quand les lampes intérieures sont allumées
Et les invités chéris de la vie restent dehors,
Notre esprit siège tout seul et parle à ses gouffres.
Une conscience plus large ouvre alors ses portes;
Une invasion des silences spirituels
Un rayon de la Gloire sans temps se penche un moment
Pour communier avec notre argile saisie, illuminée,
Et laisse sa formidable marque blanche sur nos vies.
Dans le monde oublieux du mental mortel,
Révélés aux yeux clos de l’extase prophétique
Ou dans une profonde solitude intérieure,
Témoignés par un étrange sens immatériel
Apparaissent les signaux de l’éternité.
La Vérité que le mental ne pouvait connaître dévoile sa face
Nous entendons ce que, jamais, les oreilles mortelles n’ont entendu,
Nous sentons ce que, jamais, les sens terrestres n’ont senti,
Nous aimons ce que les cœurs ordinaires rejettent et craignent;
Notre mental se tait sous un midi Omniscient;
Une Voix appelle dans les chambres de l’âme;
Nous rencontrons le ravissement du toucher de Dieu
Dans les intimités d’or du feu immortel.
Tels sont les signes naturels d’un moi plus large
Vivant en nous, non vu par nous ;
Parfois seulement, vient une influence plus sacrée,
Une marée plus puissante soulève notre vie
Une Présence plus divine émeut l’âme.
Ou à travers les revêtements terrestres perce quelque chose,
La grâce et la beauté de la lumière spirituelle,
Les langues murmurantes d’un feu céleste.
Haut étranger que nous sentons, et pourtant nous-même,
Il est, et agit sans être vu comme s’il n’était point;
Il suit la piste de la naissance sempiternelle
Et pourtant semble périr avec sa forme mortelle.
Assuré de l’Apocalypse à venir,
Il ne compte point les moments et les heures;
Grand, patient, calme, il regarde passer les siècles
Attendant le lent miracle de notre changement
À travers l’infaillible cheminement délibéré de la force cosmique
Et la longue marche du Temps qui révèle tout.
Il est l’origine et la maîtresse piste,
Un Silence au-dessus, une Voix au-dedans,
Une image vivante assise dans le cœur.
Une Vastitude sans murs et un point sans fond,
Il est la vérité de tous ces spectacles énigmatiques à travers l’espace,
Le Réel vers lequel tous nos efforts tendent,
Le secret grandiose et le sens de nos vies.
Un trésor de miel dans les ruches de Dieu,
Une Splendeur brûlante sous un manteau de ténèbres,
Il est notre gloire de la flamme de Dieu,
Notre fontaine d’or du délice du monde,
Une immortalité masquée sous une cape de mort,
La forme de notre divinité pas encore née.
Il garde pour nous notre destin dans les profondeurs dedans
Où dort la semence éternelle des choses transitoires.
Toujours, nous portons en nous une clef magique
Cachée dans l’enveloppe hermétique de la vie.
Un témoin brûlant dans le sanctuaire
Regarde à travers le Temps, à travers le mur aveugle des Formes ;
Une Lumière hors du temps est dans ses yeux cachés ;
Il voit les choses secrètes que nulle parole ne peut dire
Et connaît le but du monde inconscient
Et le cœur du mystère des années voyageuses.

Shri Aurobindo, Savitri, Le livre des commencements, Chant Quatre

 

Se lit aussi sur Noblesse et Art de l’écu

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Être ou ne pas être

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Chaque jour, Le Ciel s’unit à notre Âme essentielle, et chaque jour, L’Âme le reçoit ou le rejette. L’Âme relève de La Nature alternative. Ce qui est incisif procède du labour intérieur. Chaque sillon est une cordée qui s’unifie à La Voie ascendante et Mémorielle de L’Evolution Collective, ou bien à une cordée qui s’identifie à la voie descendante de brisement et de L’Involution collective. Mais La Stratégie suprême est de ramener en Elle tout mouvement en unité axiale de L’Acte de Présence et de Reconnaissance. L’Appel procède du désir d’Unification et de Reliance. La condamnation et le jugement sont le fait de la séparation. Des milliards de possibilités sont en cette alternative, le signe du Jugement. La Nature est Sa propre efficiente synthèse. Chaque fois que l’homme se sépare, il ouvre une voie qui lui scelle la Voie unitive. Chaque fois qu’il s’unifie, il résorbe toutes les dissonances et ouvre ainsi une Voie de Clarté. De fait, tout homme est son propre viatique, et tout choix est son propre jugement. Comment peut-on reconnaître l’homme évolutif ? Lors qu’il ne s’identifie plus à son bruit intérieur, et lors qu’il ne colle plus à son personnage. A ce moment-là, il comprendra la fameuse sentence : être ou ne pas être. 

Voie du Vivant

Résultat de recherche d'images pour "jean-baptiste peinture"Copie partielle du tableau de José Leonardo

Voie du Silence, Cordée avec Le Vivant, celui qui redonne à chaque chose Vie, de par Le Verbe Jean-Baptiste de La Venue Éloquente (YAHIA), Celui qui nous saisit par sa fougue sans concession, par sa douceur au vent du Désert, celui qui ouvre par La Parole et L’Eau, La Véritable Union Mystique, Vitalité dynamique au sein d’un Baptême qui est Seuil du Renouveau. De La Main de Ton Cœur, Tu dissous en L’Eau nos doutes et irradies Le Cœur, Toi, Verbe rattaché au Père des Lumières de tous les Noms, Sceau des Réalités, Parfum du Monde d’Avant Le Commencement, Toi, qui l’annonces, qui le devances à peine de Ta Présence vivifiante, Rosée de nos Transpirs d’Amour. Je te parlerai des réalités exponentielles des Évangiles (Injil, Najala), qui donne en abondance, en profondeur la bonne nouvelle. Lumière et fulgurance du Tracé en cette guidance, lors que Le Cœur reçoit et nulle différence si ce n’est en ce figement des lettres. Il n’est qu’un Seul Retour et Il prend différents aspects. L’Éclosion de La Semence est irriguée de L’Intelligence, à L’Ombre du Trône, là où La Protection est suprématie du Roi. Pour que la Semence croisse, il faut que l’ancien monde périsse et lors, Le Noyau se fend. Il n’est de Lecture possible qu’en ce Livre ouvert, Arbre de La Connaissance. L’on appelle aussi L’Arbre de La Resplendissance des Majestés ouvertes en Corolles, Mains de L’Arbre des croissances et L’Arbre de toutes les Fleurs en Verbes de La Réalité unitive et singulière, Manifestée en cette Fluvialité de Vibrations, lors que L’Echo devient Silence assourdissant, puis infime phrasé épanché dans les univers singuliers et multiples en leur Révérence. Le Cœur reçoit. Le Cœur est Vase des Recueillements en La Vacuité. Plus il se vide, plus Il reçoit. Mille flèches ont percé Le Tunnel et Le Corps entier devient L’Arbre Cognitif des canaux de Lumière. Le Pérégrinant découvre Le Voyage au fur et à mesure, car de L’Inconnu, il ne connaît rien. Le Parchemin se déploie et chaque mot retentit en force vibratoire, en Ce Corps ordonné selon La Volonté de Celui qui sait. L’Arche est d’abord toute la déconstruction de Ton Corps. Le Corps est régi par l’ignorance, quand même l’homme est à croire qu’il sait tout sur tout. Lors du Basculement, cette mort qui nous réduit à La Poussière, Jean (YAHIA) celui qui redonne vie, qui abreuve le mort des Rosées Célestes, se révèle en Sa Réalité vivante, et Le disciple se retrouve de l’autre côté. Il est agi. Il entre en La Chute nécessaire et découvre les zones infernales, de par une vision sûre. Il s’agit du monde intermédiaire. Il comprend que la distance qui le séparait de cette Lumière est L’Enfer. Il découvre la mort des corps. Ceux qui détiennent l’implacabilité de La Vérité le lui apprennent. Il est en Cela de La Réalité quintessenciée de L’Humanité. Il tremble de peur, et sait que rien ne peut le faire s’échapper de cette Subtilité du Corps entier, dont L’Âme est au-delà de L’Animé (Prakriti en sanskrit IAST ; devanāgarī : प्रकृति)). L’on confond L’Animé qui est le vivant de toute Chose en cette Matrice et L’Âme, d’où ce figement possible en elle, lors que l’on ne sait s’extraire de l’illusion. L’on comprend que L’Enfant intérieur de La Migration, (transformation, transmigration), se devait de s’unir en L’Animé (Prakriti) et L’Âme. Telle est La Réalité humaine.

Voie de convergence lors que tous Les Pérégrinants se retrouvent, tôt ou tard, sur Le Chemin. Ni rivalité, ni séparation. Le Souffle est Un. L’Architecture donne aux questions qui sont réellement des réponses et c’est ainsi qu’Il met ce monde en Mouvant, de sorte que l’on soit à voir enfin en cette Vision contemplative les multitudes de L’Un. Dès que nous sommes dans l’identitaire, nous sommes à la surface des choses, mais lors que nous entrons en L’Essence, en L’Esprit, nous voyons ce qui nous relie et nous entrons en La Perception Reliante de Vie, au Commencement, en La Finalité UNE.

La pensée du jour : la dictature parfaite

Huxley_Le meilleur des mondes

 

La dictature la plus parfaite serait la dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader, un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude.

Aldous Huxley (1894-1963)

(cité par Laurent Dandrieu dans son introduction à Retour au meilleur des mondes, 1958)

Petit précis lexical (3)

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Le vois-tu, en La Vie rendue manifeste, en ce Vivant (HAY, HAYYA) pudeur des éloquences primordiales (Hayyaa), il n’est qu’une seule Réalité ? Qui donc souffre, qui donc rugit en Elle qui plie en La Soumission, seuil de toutes les imperfections, Béance de tous Les Basculements ? Ne te prends pas au sérieux et marche au courbure d’un sentier. En L’Effacement, Fanaa, L’Être s’éveille du Rêve, et ressent La Présence, L’Être rendu à La Présence (Hadhra, Haddhara) qui observe, lors que deux voies se proposent à lui : celle du Paradis des sens, ou celle de Lui en Sa Finalité (Al AKHIR, AL AHKHIRA). Obscurité qui se rendit obscure (Zulm, Zalama) qui couvrit La Lumière (Nour), obscurité qui cisaille et se rend injuste, imposant les plus terrifiantes distances, les séparations enchevêtrées, couvrant ainsi L’Essence de Sa Réalité. Laisse donc la souffrance et ploie en Cela, La Voie est étroite et L’on t’enserre si fort que le pèlerin en toi est à peine encore en ce Verbe de Joseph (YOUSSEF), lors qu’il est à te donner l’interprétation (You’ssif), langue décryptée du Rêve, celui de l’illusion des ombres du monde de La Prison, il te donne simultanément à la Prison du Puits (SIJN), (SAJANNA) qui te fait entrer en La Subtilité, Sphère des fulgurances et de ce qui est éthéré en L’Origine de L’Alchimie créationnelle (JINN, JANNA), Rappel de La Dimension Une d’où nous sommes extraits, Eden des Subtilités de L’Esprit et du Corps, mais, en Son Paradoxe, te révèle également La Prison des demeures de La Beauté en leur dévoilement (Kachf, Kachafa). Car tel est soudain ce qui fait acte de révérence en la claire nuit, lors que ton âme veille sur La Chandelle de L’Enfant de La Migration. Voyageur en Lui, tu es en L’Inconnu. Du Connu, tu entres en Lui, Le Caché (Ghaïb), nostalgie de Gharib, Ô Ghorba de ma patrie originelle, tu es déjà en La Présence. Le Corbeau (Ghurab) m’en fait le souvenir, lui qui passe, tranchant avec L’Apparent, le visible (Zhahir) et qui rappelle ainsi Le Caché, (Ghaïb), rendu invisible de par La qualité Essentielle (A’TR) des Choses et des non-Choses (Sh’ayan), en ce corps subtil qui renferme les Souvenances (Dhakaret, Dhakarat, Dhikr). Ce qui était connu, se cacha et se chercha en Son Dévoilement des pluies fécondantes de La Connaissance. Du Souffle (Nefs, Nafaha), s’introduisit (ER-RUH), qui est de par Sa Réalité, Le Repos, Raha. Toute Connaissance est Le Jardin de La Paix (Salem) et de La Délivrance (Taslim).


NB : Ceci me fut inspiré, lors d’une marche qui se prolonge en l’Atemporel depuis mon enfance, lors que le corbeau dans le silence de la campagne, le brisait dans la blancheur immaculée d’une étendue de neige. Ceci est L’Echo de L’Âme qui donne en la clarté du Hors-Temps, ce discours qui nous laisse hébétée. Langage subtil qui ne vient pas du mental, puisqu’il se laisse résonner en ondes éloquentes, lors qu’Il nous appelle.

Cette Blessure

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Fréquemment, lorsque la personne est distraite, sans même qu’elle songe à Dieu, il arrive que Sa Majesté l’éveille, brusquement, comme passe une étoile filante, ou comme éclate un coup de tonnerre, mais elle n’entend aucun bruit : l’âme comprend toutefois fort bien que Dieu l’a appelée. Elle le comprend même si bien que parfois, surtout au début, elle frémit et gémit, quoique rien ne lui fasse mal. Elle ressent les effets d’une blessure infiniment savoureuse, sans déceler toutefois comment elle fut blessée, ni par qui. Elle reconnaît bien que c’est une chose précieuse et voudrait ne jamais guérir de cette blessure. Elle se plaint à son Époux, parfois même à voix haute, avec des mots d’amour qu’elle ne peut retenir. Elle comprend qu’il est présent, mais qu’il ne veut pas se manifester ni lui permettre de jouir de sa compagnie. C’est une peine bien grande, mais savoureuse et douce. L’âme ne peut se refuser à la ressentir, jamais même elle n’y consentirait. Elle y puise de bien plus grandes satisfactions que dans le savoureux anéantissement, libre de toute peine, qu’est l’oraison de quiétude.

Sainte Thérèse D’Avila, Le château intérieur (sixième Demeures, chapitre II,2)

Les perles de la lumière des secrets – XL

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Ô Père ! Me diras-tu quel est cet incendie dans ma poitrine ? Ne vois-tu pas comme je languis de ma Bilqis et de mon Suleyman ! Donne-moi, je t’en prie, de leurs nouvelles ! Ne reste pas silencieux !

« Ô fils du souvenir ! L’union de Bilqis et de Suleyman est une absence et leur séparation est l’essence même de leur fusion en un seul !
Dans l’union, les amants pleurent car ils ne peuvent plus se regarder l’un l’autre et tu le sais, le visage est le miroir du cœur. Leur beauté réciproque est voilée par la fusion et les voilà plongés dans l’océan des larmes !
Dans la séparation, les amants se noient dans la nostalgie de l’union, les voilà qui s’affolent et se cherchent et se perdent eux-mêmes jusqu’au jour où ils saisissent que l’union et la séparation sont une seule et même réalité, une seule et même absence. »

Ce que tu dis ne m’atteint pas et je suis brisé par ton indifférence car mon feu, par le flot de mes larmes, n’est pas éteint !

« As-tu oublié que les larmes sont une eau ignée et qu’elles sont l’aliment même de l’incendie ?
Ô fils de l’oubli ! Il n’y a pas de fraîcheur dans l’amour, ni d’apaisement !
Sois attentif et veille à ce que Bilqis et Suleyman ne s’étendent pas à l’ombre du figuier tant que le feu n’a pas fini son œuvre !
Sache que l’amour doit tout brûler et ne laisser que le désert ! Et effacer jusqu’au nom des amants !
Entends bien !
L’amour doit tout anéantir jusqu’à l’amour lui-même !
Alors, seulement alors, tu verras le figuier et non loin de là, l’olivier béni !

Je suis dans le feu et tu me refuses la paix ?

« Et tu n’auras rien de moi, car je suis le feu ! Brûle et te consumes ! Je suis le feu ! Que brûlent et se consument Bilqis et Suleyman ! Je suis le feu ! La paix et le repos n’entrent pas dans ma province ! Je suis le feu ! Je suis là pour dévaster la terre et le ciel ! Je suis le feu de l’amour ! Vous tous qui tournoyez dans la folie de l’amour, soyez mes papillons ! Car je suis le feu et l’amour, la terre et l’océan, la rive et l’horizon, la nuit des âmes et la lumière des cœurs, je suis l’eau du ciel, je suis ce que tu vois et ce que tu ignores, je suis là quand je m’absente et je m’occulte en ma présence ! Je suis le feu ! Je suis le feu ! Je suis le feu !

En écho au poème de Naïla « Balkis ou le voyage intérieur » publié dans NAISSANCE ET CONNAISSANCE.

Les perles de la lumière des secrets – XXXIX

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« Nous voici les yeux dans les yeux, es-tu toujours mon témoin ? »

Je le suis et mon oreille gauche est suspendue à tes lèvres.

« As-tu ouvert la porte étroite de ton cœur ? »

Tu le sais mieux que moi.

« Donne-moi des nouvelles de la gauche. »

La gauche est le côté de l’ombre et de la fraîcheur, de la tendresse et du murmure,
C’est la direction de l’isthme et du passage de l’entre-monde.
La gauche comme l’arche du souvenir ouvre la porte des secrets de l’intime,
La gauche comme un crépuscule épuisant le jour, initie la nuit de l’âme qui s’abandonne à la vertu de l’effacement.
La gauche comme une nuit sereine, conduit sur la voie du retour, le pèlerin vertical qui découvre d’un regard les haltes, les demeures et les palais…

« Donne-moi des nouvelles de la droite. »

La droite est le côté du jour et de la chaleur, de la passion et du chant libéré,
C’est la direction de la terre ferme et de la descente depuis la cîme du Sinaï.
La droite comme la huppe messagère, libère le message diffusé par le cœur du monde et le proclame.
La droite comme une aurore renouvelant le jour, invite à l’ouverture de l’âme qui se laisse aller au gré de la rencontre.
La droite comme un jour de joie, mène les cœurs à la danse qui s’enivrent des parfums et se régalent d’une liqueur diaprée.

« Qu’entends-tu par liqueur diaprée? »

C’est la lecture à voix haute du Livre qui circule par le cœur d’un homme et inonde son être tout entier et de lui, atteint tous les hommes et toutes les créatures, haut dans le ciel, bas sous la terre, profondément sous l’océan immense…
Celui qui entend la parole éternelle du Livre, à son insu, fait l’ablution de son âme en purifiant les mains de son action, la bouche de ses paroles, le nez de son odorat, la sincérité de son visage, les bras de la convenance légitime, la tête de sa pensée volontaire, l’oreille de l’audition allusive et des conceptions subtiles, les pieds de la fermeté et de la constance dans l’affirmation du pacte primordial.

« Et si soudain, le maître s’absente qu’advient-il de ce miel ? »

Il se condense en perle d’or au centre du cœur et gouverne la circulation du sang spirituel et des humeurs subtiles vers les organes de l’orant et le retour vers sa poitrine qui est le palais de la miséricorde.

« Que dis-tu de notre lien ? »

Je dis qu’il réside dans une rose qui se nom wirdu. Certains prétendent qu’il s’agit du livre de l’aspirant car ses feuillets contiennent les sciences venues de chez Lui.
Mais je dis que ce wirdu est l’Héritage de la puissance majestueuse de ton père devenue douce par l’amour qui t’enveloppe comme une robe de soie et qui se dépose, légère, sur les épaules de tes disciples. Mais mon Maître est plus savant.

Les perles de la lumière des secrets – XXXVIII

 

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« As-tu saisi la main qui te guide avec sincérité ? »

« Alors témoigne de ce que tu as vu et dis que tout cela, tu l’as perçu par moi ! »

C’est la vérité, je l’atteste.

« Dis-moi, à cet instant, que perçois-tu? »

Mon oreille senestre est tendue vers ton souffle et reçoit des secrets de chez Lui. C’est comme une eau douce et sucrée qui s’écoule lentement par un canal subtil qui relie mon oreille à l’oreillette gauche de mon cœur intérieur. C’est de là, que le secret s’infuse dans tout mon être.

« Qu’en est-il de ta dextre ?

Elle est à l’écoute du monde, elle se délecte des chants d’amours humaines, du chorus des oiseaux du ciel, des conversations des animaux de la terre, du crissement subtil des insectes. Elle recueille aussi les plaintes et les suppliques et pleure avec ceux qui sont plongés dans l’affliction.

« Et que dis-tu du wird ? »

Je dis que c’est la main qui me conduit à la source d’eau au point le plus bas de ma réalité.
Je dis que c’est le lieu de la rencontre, je me présente devant toi et tu m’apporte les fruits de la miséricorde et le lait de la perplexité.
Je dis que c’est la question du moment, celle qui n’est pas connue et qui pourtant se pose comme apparaît soudain le passereau sur la branche.

« De quelle nature est la réponse que tu reçois ? »

La réponse ? C’est le dhikr ! Le dhikr, voilà ta réponse !

« Enfin, parle-moi de la médecine des cœurs. »

C’est un cercle de pluie centré sur le cœur du disciple qui s’étend et se déploie en sphère de tendresse autour de son être ! La pluie de la bénédiction tombe alors de toute part sur lui comme une ablution céleste du corps, de l’âme et de l’esprit. Mais mon Maître est plus savant.

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