Discours de Trois Roses et des Glorieuses Épées de L’Amour

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Peinture de Igor Levashov

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Qui es-tu ?

Je ne le sais tant que tu n’es pas à le savoir, tandis que Je suis, même si tu ne le sais pas.
Les palpitations ont cette Origine, lors que L’Un éclot en Son Jaillissement.
L’Un est un Commencement, lors qu’Il n’a pas de Commencement.
Il est en ces ténèbres le Premier Regard qui s’éveille.
Il est aussi Celui qui embrasse toutes choses sans avoir besoin d’un Semblable.
Il est donc une Origine qui n’est aucunement l’Origine.
Il est donc ces paupières qui voient le Jour.
Il est donc aussi ce Retour.

Qu’est-ce donc que La Vie ?

Elle est La Nuée des discours qui poursuivent leur finalité.
En Cela, Il est encore Un Voyage qui se veut perpétuelle Conscience et qui s’actualise en ce Berceau de La Source Vive.

Pourquoi L’Eau est-elle vive ?

N’as-tu pas remarqué que ce qui stagne est en son pourrissement ?

La vie est-elle mouvement ?

L’un engendre l’autre et pourtant, l’un n’est pas le même.

Que devons-nous comprendre ?

Que nous sommes à voyager et que Le Voyage est Perpétuel et Suprême.
Je n’ai pas su m’arrêter.
Comme est beau le Voyage qui se découvre en Sa Réalité !

Quel est ce chemin que tu es à parcourir ?

Il est Le Chemin qui naît sous les pieds du Voyant.
Il est aussi à s’entendre.
Il est à se toucher.
Il est à se parler.
Il est un pas qui en amène un autre.

Qu’es-tu à découvrir ?

Trois Roses de L’Innommé, recevant en leur Cœur la Béance de L’Offrande.
Chacune sont à naître en L’Origine de La Non-Naissance, puis par deux fois à vivre et à mourir.
Leur Ultimité est de sourire en ce Discours et de L’offrir au monde entier.

Quel est donc ce Discours ?

Il est La Flamboyance d’une ivresse et La Beauté de Sa Majesté !

Qu’as-tu donc compris ?

Qu’il est un Voyage qui est à se pouvoir laisser dire cet entier Discours :
Je connais Cela, ce n’est pas le même et pourtant Cela Lui ressemble.
J’ai goûté semblable fruit, il ne m’est pas inconnu.
De couleur embrasée et de fièvre irradiante, le Verbe est en Son Éloge Permanente.

Quel est donc Celui qui parle ?

En son effacement, une Révérence a donné place à toute Sa Réalité.

Quelle est donc cette Réalité ?

L’Absolu Amour.

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Voir aussi sur Noblesse et Art de l’écu

wappen_roslebenBlason de Roßleben (Thuringe, Allemagne)

Histoire de mon Maître ( 1 )

« Maître, veuille à ton misérable serviteur conter ton histoire. »
Il était assis sur une simple peau de bête, en un coin reculée de la caverne.
Souvent, la tête baissée, il semblait à peine respirer.
La plupart du temps ses yeux étaient mi-clos.
– Je t’ai déjà fait part de ce périple, me dit-il.
– Maître, je suis ton obligé.
Ce Sage ouvrit soudain les yeux, respira profondément et tourna son visage vers moi avec une gravité telle, que je me sentis fondre, presque me liquéfier.
Son regard avait la puissance du lynx.
Malgré tout, il émanait de ses yeux une profondeur, que le bleu de sa prunelle accentuait.
Son océan m’enveloppait et j’y plongeais sans pouvoir m’en détacher.
Il baissa de nouveau la tête et isola son regard du monde.
Il se mit à se balancer lentement.
Les vagues de son être submergeaient ce lieu et tout semblait alors devenir mouvant.
Cette fois-ci, il me tint la main fermement et m’emporta si loin que nos corps entiers devinrent éthérés.
Nous parvînmes jusqu’aux cimes des montagnes enneigées.
Le froid ne me glaçait pas.
Un doux zéphyr caressait nos robes de laine.
« C’est ici même que je compris que nous n’étions que de fantomatiques êtres avant de naître au vivant et que les apparences avaient des profondeurs infinies.
Chacune de ces profondeurs sont des voiles posés sur les yeux des fils d’Adam. D’obscurité en obscurité, l’Esprit s’alourdit des contingences et se laissent emprisonnés par les mobilités de l’instant. C’est ici que mes yeux stupéfaits perçurent les incohérences d’une vie réduite à son écoulement. »
Le Maître leva très haut les bras et se mit à danser.
Son corps aminci ondulait en cercles concentriques.
Il souriait et semblait avoir oublier ma présence.
D’avoir vécu si longtemps en sa compagnie, je savais qu’il n’en était rien.
Même lors qu’il dormait, ses yeux continuaient de voir.
Combien de fois, je m’éloignais sur la pointe des pieds, le croyant plongé en son sommeil, et combien de fois était-il à m’interpeller avec une force qui me faisait sursauter :
« Où t’en vas-tu ? »
Cette fois-ci, je me tins non loin de lui, en silence, résistant à peine à cette irrépressible envie de danser aussi.
« J’avais six ans, lors que je compris que le monde était suspendu à une Conscience Suprême. »

Où es-Tu Sublimité de Toi ?
Présence qui me révèle La Présence ?
Tout est à se confondre en Toi.
Qui es-Tu en moi que je perçois ?
Tu es Celui qui se perçoit en ce qui se laisse percevoir.
J’ai vu les palpitations de Ton Occultation.
J’ai compris que Tu es Révérence et encore Révérence.
Tantôt moi, tantôt Toi.
J’ai vu que Tu es Toi en Toi.
Tour à tour Toi et Toi !
Ô Sublimité des Quintessentes Réalités et des Courtoisies de Ta Royauté !

– C’est alors que je quittai père et mère et que je me mis en route, insouciant des difficultés qui se pouvaient rencontrer. Je n’avais que cette seule certitude : ce que je cherchais m’attendait quelque part.
– Maître, sommes-nous tous à la recherche de Quelque chose ?
– Oui, nous le sommes tous, mais rares sont ceux qui le savent.
– Que sont-ils donc à vivre ?
– La plupart sont effrayés à l’idée de vivre. Ils font alors semblant.
– Maître, comment peut-on avoir peur de vivre ?
– La Vie est la plus simple des choses et la plus complexe.
Vivre est une continuité de voyages intérieurs, certains tournent en rond, et d’autres vivent l’état de rupture et perçoivent donc une brèche. Leur Conscience se souvient.
Ils s’immobilisent et lèvent le regard en eux. Ils sont comme l’enfant qui vient de naître. Leur naissance est vécue cette fois-ci en toute lucidité.
– Maître, nous pensons vivre, jusqu’au jour où nous nous apercevons que nous n’étions pas à vivre ? Est-ce cela ?
Il ne me répondit pas et entra en une sorte d’état extatique.
Je me mis alors à genoux.
Il resta ainsi durant un long moment.
Les secondes me semblèrent interminables, et pourtant, il était à se cueillir des milliers de vertiges.
Le silence avait son intensité qui vibrait de mille discours.
« Celui qui vit est à mourir perpétuellement et à renaître aussi. »

( à suivre )

Encore un peu

En écho à Encore un peu

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Encore un peu qui ne se dit pas.
Encore un peu qui se voudrait, je suis là pour toi.
Encore un peu, qui se voudrait toujours.
Encore un peu qui se voudrait ce rien qui se suspend au souffle du Tout.
Encore un peu qui n’est plus à attendre.
Encore un peu qui s’efface en ce seul instant qui dure.
Encore un peu qui lève le Regard en cet Amour.
Est-il encore autre que celui-ci ?
Marcher, sur L’Allée de notre improbable Rencontre.
Marcher, sur L’Allée des souvenirs qui sont le seul instant.
Est-il encore autre que celui-ci ?
Je ne sais plus.
J’ai vu les yeux levés de celui qui disait : il n’est plus donc aucun retour ?
Les mers de mon cœur ont chaviré.
Je ne sais plus.
Il est des supplices qui deviennent le sourire à tout jamais.
Qu’es-tu donc à faire ?
Je suis là.
Pourrais-je encore être ailleurs qu’en toi ?
Des roses et des lilas en ces mots qui se veulent s’envoler jusqu’à toi.
Te soutenir et t’envelopper.
Ai-je encore une autre vie ?
Vais-je en rire ?
Ce sont les cascades de Joie.
Sais-tu ?
Encore cette Danse !
Encore cette féerie !
Ai-je jamais su vivre en dehors de Toi ?
Encore un peu en Lui et Lui en toi.

Océan sans rivage

Le misérable

                                                                             Voir L’Histoire de Dobri Dobrev

Si je dois avoir le cœur vidé, Ô Seigneur, fais que ce soit pour qu’il se remplisse de Toi.
J’agrée la peine et la peine encore, et toute cette rivière de boue, et ce sang et cet étang !
J’agrée les odeurs et la laideur.
J’agrée les terribles vérités de mon être.
Sais-Tu Dieu ?
J’en ferai un amas.
Ce sera une sphère.
Puis, je la jetterai au loin.
Je dirai : voici mon enfer et voici mon paradis.
Tout cela, je le laisse.
Tout cela, je le laisse.
Il n’est qu’un seul désir.
Ce Désir est Le Désir de Toi !
Ô Mon Aimé, comment T’oublier ?
Ni lois, ni péchés n’ont éteint mon Désir de Toi !
Si tu es feu, je suis feu.
Si Tu es Eau, alors je suis Eau.
Même séparée de Toi, je suis encore avec Toi.

En cette Nuit, je Te veux déposer à Tes Pieds, mon tremblant cœur.
Tiens.
Est-il à moi ?
Tiens.
Il est tout à Toi.
Je suis le papillon qui brûle en cette flamme et autant de fois je brûle, autant de fois, je suis encore là.
En ce feu de L’Incandescent Amour, nul n’est à mourir.
Qui est ainsi à vivre ?
L’Amour est dans le Désir et Le Désir dans L’Amour.
Ne doute jamais que derrière un misérable se cache un Amoureux.
Il est à attendre, en sa pénombre.
Il est à attendre en sa misère.
N’est-il pas à marcher écrasé par le poids de son humanité ?
Il est en ce pas à gravir les terres de son parcours, à traverser les vallées de son corps.
Il est à frôler les aspérités de sa Réalité.
N’a-t-il pas les yeux baissés ?
Son cœur est pourtant ardent de mille feux.
Ne doute jamais que derrière un misérable se cache un Amoureux.
Le plus misérable n’est pas celui qu’on croit.

 

Encore un peu

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Il est un mot, comme cela, qui n’a l’air de rien,
Semblant s’être échappé du coin de la bouche,
Si léger, si fluide, qu’à peine l’oreille le retient,
Pareil, sur une toile peinte, à une infime touche.

Et pourtant, à le bien écouter, il dit plus
Que les autres réunis et bien davantage
Car, en vérité, c’est en lui qu’ils font chorus
Et d’entr’eux tous, il est la perle en partage.
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Marc

Le signe du Capricorne selon Johfra Bosschart

capricorne2Peinture de Johfra Bosschart (1919-1998), artiste hollandais

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Le Capricorne, la chèvre des montagnes ou ibex, est un signe négatif, le troisième signe de terre, donc terre en résolution. C’est le signe du début de l’hiver quand le soleil est le plus bas à l’horizon, lorsque son arc est le plus proche de la terre, que l’obscurité à l’extérieur et le repos et l’hibernation sont à leur apogée, que l’embryon est en place pour la lumière à venir qui, des lors, commence à grandir. Saturne gouverne ce signe.

L’arrière-plan du tableau forme un grand crâne, le symbole des morts à travers lequel le soleil se lève. Les rayons du soleil écartent le firmament plus sombre pour jeter une lueur dorée sur le paysage rocheux. Ce retour de la lumière apporte une nouvelle vie illustrée tant par les petits enfants qui se dégagent des rochers saturniens, que par Apollon, le dieu soleil qui, s’arrachant aux griffes de l’obscurité, écrase du pied le serpent Apep, symbole égyptien des ténèbres. Le héros solaire Hercule immobilise un crocodile alors que, d’une mortelle étreinte, il serre le serpent dans sa main. Dans la mythologie grecque, Hercule accomplit son premier exploit héroïque en tuant deux serpents tombés sur son corps alors qu’il était encore au berceau. Outre ce symbolisme macrocosmique relatif au retour du soleil, il y a un message microcosmique destiné à l’être humain de ce signe conscient de son évolution : il doit réaliser son propre potentiel.

L’archer qu’il était dans le signe précédent a pointé ses flèches de pensée vers une cible élevée. Maintenant il revient réaliser ces idéaux par un travail régulier et soutenu, la chèvre grimpe toujours plus haut sur la montagne, sans repos jusqu’à ce qu’elle ait atteint le pic solitaire.

Il existe cependant une loi incontournable de la nature selon laquelle toute action provoque une action contraire. Ainsi, là également, le natif du Capricorne rencontre son Saturne, son adversaire. C’est par une erreur malheureusement souvent partagée que l’on considère Saturne comme une planète maléfique et maudite. En fait, elle n’apporte l’infortune que dans le sens matériel. Spirituellement c’est le contraire qui est la vérité. Saturne, le principe cristallisant ou Chronos, le temps, fournit l’opposition par laquelle chaque œuvre est jugée jusqu’à ce qu’elle trouve sa forme définitive. Saturne, qui nous apporte les obstacles et les problèmes, est le grand professeur et initiateur. Aucune œuvre ne peut être considérée comme complète tant qu’elle n’a pas été exprimée en matière solide et tant qu’elle n’a pas résisté au test du temps.

L’initiation a lieu dans la caverne, au plus profond du royaume de Saturne. Tous les dieux solaires sont nés, ont été cachés ou élevés dans une caverne rocheuse à l’époque ou la lumière était la plus faible. Mithra, par exemple, Hermès, Zeus, Apollon, Dionysos et même le Christ sont venus sur terre dans une étable rocheuse. Saturne est représenté comme le père Temps, en face d’une caverne, un passage.

Considérons maintenant les sceaux magiques de la planète Saturne et sa hiérarchie d’anges et d’esprits : à gauche le sceau planétaire est gravé dans une pierre à côté du petit Hercule. A gauche de la caverne se trouve une pierre triangulaire parce que trois est le nombre de Saturne, Ceci est particulièrement associé avec Binah dans l’Arbre de Vie de la Kabbale. Binah est la troisième Séphira au sommet du pilier de gauche, celui de la rigueur. Le symbole astrologique du Capricorne est gravé dans cette pierre. Au-dessus figure le signe de l’esprit planétaire Zazel. Au-dessus de la caverne la triple signature de l’archange Cassiel. Au-dessous des sabots de la chèvre est la signature astrologique de la planète Saturne. A droite de l’entrée de la caverne, gravé dans la pierre est le signe de l’intelligence planétaire Agiel. Au bas de l’angle droit, sur une pierre, figure le sceau de l’esprit planétaire Arathron.

Dialogue 19 – Réalité

Matthieu 10 ( Bible )
« 34- Ne croyez pas que Je sois venu apporter la paix sur la terre; Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. 35- Car Je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; ( … ) »

C’est en cette irréalité que se cache La Réalité.

Que sait-on des flux extatiques qui sont les Portes ouvertes à La Pleine Perception ?
Connait-on les états qui s’ouvrent en ce qui est L’avancée du cheminement intérieur ?
Que sait-on de L’Homme puisque nous avons tout oublié ?
Ô Souviens-toi !
Ô Souviens-toi !
Ô Souviens-toi !
Depuis les profondeurs les plus hautes, et depuis Le Commencement en son Commencement,
Depuis les immanences, et depuis les vagues déployées en La Transcendance,
Depuis les étreintes vives de l’Origine,
Depuis L’Onde Suprême lors que Cela est Le Germe de La Primordialité,
Depuis Les Lumières fusionnelles, et depuis les Soies ondulantes de La Présence qui sont Les effluves du Discours d’un Roi,
Depuis L’Intelligence qu’un Gardien Jaloux défend,
De par La Vérité qu’Il est Le Seul à détenir et de par Les Hauteurs qui Lui sont conférées,
Il est Le seul à être magnifié.
Sa Réalité ne peut être en dessous de Sa Réalité !
Qu’est-on à proclamer, lors qu’Il est Le Seul à proclamer ?
Oh, tais-toi, toi qui ne sais pas parler et écoute !
Te voudrais-tu obstruer La Lumière de Sa Majesté ?
Oserais-tu rivaliser avec Son Décret ?
N’as-tu pas connu combien La Montagne s’est effacée devant La Puissance du Roi ?
Poussière qui se voudrait être à parler, lors qu’elle ne sait pas !
Ne sois pas le sourd qui n’entend pas !
Ne sois pas celui qui se rebelle devant La Grandeur du Roi !
Te pourrais-tu soutenir Sa Volonté ?
Combien de temps encore face à l’étroitesse des hommes qui usurpent sans cesse Les Qualités de Celui qui détient toutes les qualités ?
Qu’es-tu à défendre ainsi ?
Un territoire, ou bien Sa Réalité ?
Qui es-tu, en ta pensée exiguë ?
Es-tu à servir ton Roi, ou bien sers-tu tes intérêts bas ?
Toi, l’ignorant, tais-toi et ne prétends pas L’aimer.
Lors que nous servons Le Roi, nous  Le servons tel qu’Il est à l’ordonner !
Entends-tu Son Appel ?
Perçois-tu la réalité de ses vassaux ?
Plies-tu le genou devant Son Prince ?
Toi, l’ignorant, ne prétends pas L’aimer !
En cet instant, n’es-tu pas à t’adorer ?
Le cherches-tu ?
Qu’es-tu à prétendre ?
Il est Celui qui restaure Son Royaume !
Nul ne peut soutenir Sa Réalité, lors qu’Il se présente, si ce n’est Sa Réalité !
Ne confonds pas les émotions éphémères avec La profondeur de Son Vivant !
Dieu n’est pas mort !
Il est Celui qui veille.
Il est Son Gardien !
Sa Majesté et Sa Beauté ne sont pas ta limitation!
Ne Le réduis pas à ton ignorance !
Si tu ne sais pas Le voir, alors laisse tes prétentions qui seront tôt ou tard soumis à Sa Réalité !
Couvre-toi de Sa Miséricorde et attends.
Car, Lui aussi attend.

Et la Lettre engendra le Verbe – Zîn

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Zîn
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Sept.
De l’aurore au couchant de la succession des jours affirmés,
Tu éprouves le déclin de ta force
Et dévale la pente de ta faiblesse naturante…
Du couchant à l’aurore de la succession des jours occultés,
Tu renais dans l’accroissement du cœur
Et dans l’élargissement de ta poitrine…
Souffle de l’expir,
Souffle de l’inspir !
Égarement au désert,
Orientation vers le centre le plus élevé.
Au pied du mur des lamentations du peuple de l’Alliance,
Et sur l’esplanade du rocher d’Abraham,
Vois l’élévation intense de la prière
Des deux nations de l’Unique !
Prépare-toi à l’onction
En prémisse de l’élection du cœur poli
Par l’abrasion du souvenir !
Prépare-toi à l’embrasement de l’âme
Sans qu’aucun feu ne touche
Et confie-toi à l’ombre pacifiée
De l’olivier primordial.
Tu atteindras alors la station du détachement,
Tu marcheras sur les sentiers de la terre
Parmi les créatures aimées,
Dans le feu rafraîchissant du soleil nocturne
Sans que ton pied n’effleure le sol.
Tu connaîtras enfin la vertu vivifiante de l’ascèse et du renoncement,
Nourri par la révélation de l’Unique en Son Livre,
Abreuvé du lait de Sa Miséricorde.
Son nombre est cinquante sept.
Humanité en sa nature édénique
Munie des clés des sept cieux planétaires.
Son nombre est douze.
Cycle solaire de la manifestation des douze portes de la Connaissance.
Son nombre est trois.
Mystère de la Trinité,
De l’Un uni au Ciel fécondant la Terre.
Vie de la vie vivifiée par le Vivant !
Lumière des lumières illuminées par le soleil de l’occultation !
Verbe de la parole manifestée
Sur les lèvres des aspirants à la science de l’Intime.

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Clé de zîn
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Origine de l’Alliance…
Par laquelle les lumières de l’Unique
Deviennent le lait des paroles vivifiantes…
Ô station la plus élevée de l’âme
En la consolation des souffles qui incessamment alternent…
De l’expiration à l’inspiration…
Est-ce là un mur infranchissable ?
Origine du jour…
Quand les peuples de l’Alliance et du Désert,
De toute la force de leur prière,
S’engagent au feu du souvenir.
Origine du Chemin…
Celui de l’embrasement flamboyant de l’Eden retrouvé
Quand enfin, l’humanité revient à elle !
Origine du Verbe Vivant…
Lorsqu’à l’aurore s’élève le soleil du dévoilement
Et qu’en cette lumière toujours naissante,
L’Aimé apparait…
Polir mon cœur tel un miroir, alors, devient ma loi…
Me séparer, alors, du monde des simulacres devient ma voie !
Origine de la Science de « chez Nous »…
Par l‘Olivier en sa nature humaine,
Par son huile en sa nature lumineuse,
Et par son fruit en sa nature unitive,
Arbre de la science du Bien,
Remède universel contre la maladie de l’égarement
Et contre la faiblesse des âmes…
C’est à travers sa ramure argentée
Qu’il nous faut contempler l’Âme du monde à son couchant
Pour en saisir les allusions subtiles…
Origine du nombre et de la direction de l’orientation des cœurs…
Quand notre père Abraham recevait en son amande subtile,
L’Onction sanctissime du Verbe
Et que s’ouvrait sa poitrine à l’exquise parole de l’ascèse intérieure
Et qu’en sa main furent rassemblées toutes les créatures !
Origine des portes et du déclin…
Origine des clés…
Origine du feu de l’accroissement…
Prière et connaissance…
Origine de l’élargissement…
Par les prières qui montent
Et par le Livre qui descend
De la terre vers le ciel
Et du ciel vers la terre…
Rafraichissement des sept cieux planétaires
Origine des Nations…
Qui ont connu la Miséricorde de l’Election !

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Huitième coffre : zîn
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Ô Origine des confréries,
Tu naquis au cœur de la Cité sûre, en Son sanctuaire,
Bercé trois jours durant
Dans le giron cubique du Bétyle céleste
Au centre du monde des hommes
Comme en gestation spirituelle dans la nature-mère des univers.
Le premier qui te vit, dès l’instant devint ton protecteur,
Lui, ton parent proche, l’homme de confiance, le Messager du Livre.
De Lui, tu reçus ton nom « l’Elevé » et fut attaché au « Très Haut »
Qui est la source et l’embouchure du fleuve de la Connaissance.
Ô orphelin, Ô adopté !
Quand le Livre fut déposé au Cœur de l’Envoyé,
Et que Sa voix se fit entendre proclamant l’Unité,
Tu mis volontairement tes pas dans les siens,
Devenant le premier dans le libre abandon à la Loi nouvelle,
Devenant le premier des disciples,
Le premier réceptacle des secrets du dehors et du dedans
Le premier dans la succession spirituelle,
Et le premier maillon de toutes les chaines initiatiques à venir…
La protection dont Il t’entoura est le manteau du Très haut,
Tu es pour nous, selon les dires de ton propre père,
La porte d’accès de la Science.
Alors que tu devais rester en arrière de l’armée,
Il te transmit les vertus de l’Eloquence parfaite,
Faisant de toi le nouvel Aaron.
Tu es pour nous le Maître de tous les maîtres !
Au milieu de ta bataille, tu reçus le glaive aux deux épines,
Celui du discernement parfait,
Dont le double tranchant sépare l’erreur de la Vérité,
La cruauté de la compassion
Et l’illicite de l’action légitime.
C’est pourquoi cette défaite fut ta victoire,
Car défait en ton âme, tu fus victorieux en ton cœur,
Prêt pour la succession et l’héritage
Et ce, malgré le scandale de ta mort
Dont la main infâme te saisit sur le chemin du sanctuaire.

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Jean d’Armelin

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etienne-dinetPeintures d’Alphonse-Etienne Dinet (1861-1929)

Dialogue 18 – Le Roi est de Retour

 

 

Il est des souffles ultimes qui sont La Pureté même.
Il est un grand itinérant qui a entendu l’Appel.
Il est en marche et Je l’appelle comme Je l’aime et comme il M’aime.
Est-il un autre qui sache aimer mieux que L’Amant Suprême ?
Les secondes sont des millièmes de secondes encore déployées depuis les vagues de L’Océan éternel.
Est-il un Amour qui périsse lors que Je suis Celui qui aime ?
Est-il un Amour qui s’épuise lors que Je suis La Source même ?
J’épouse chacun des écueils de ton être et Je m’unifie en Ce Mystère de La Présence.
C’est en Ce Retour pur que Je suis Le plus proche de toi, lors que jamais Je ne m’éloigne de ton être.

Sur les ondes qui courent en rondes successives, lors que les rives s’unissent et qu’il n’est plus aucune rive mais uniquement Le Ciel, voici les vibrations d’un Chant Puissant :
Est-il à se pouvoir limiter, lors qu’il est Le Seul Décret depuis L’Origine de L’Origine ?
Mon Regard s’efface en permanence en l’impermanence puis renaît en ce Lac de L’Immortalité.
Le corps est L’Épousée des flux de Son discours qui est Le Seul à jaillir depuis les effluves de son Haleine chaude.
Oh sachez aimer, sachez aimer, car Je suis Le Vrai Amour !
Pureté et délicatesse en ces soies ondoyantes.
Peux-tu encore poser un pas lourd en ce sol de L’Immaculée ?
Les vents célestes sont les vibrantes éclosions du Son de L’Indicible.
Oh sachez aimer, sachez aimer, car Je suis Le Vrai Amour !
La Gorge qui vibre est une Lumière jaillie depuis les Réserves abondantes des Nuits que l’on reconnait.
Sais-tu ce que sont les nuits ?
Elles sont les ourlets de l’intimité qui se veulent entier Secret en notre Alcôve!
Les Mains sont les vives caresses du Seul qui sait toucher !
Oh sachez aimer, sachez aimer !
Les cascades de pudeurs, lors que les Sources bouillonnantes sont à ruisseler de Sa Quintessente Vérité !
Il a drapé les gestes de la pure Poésie et Il a enveloppé les vallées de Son Auguste Majesté !
Il a effleuré les ruisseaux qui se sont mis à chanter.
Les Tapis se sont déroulés en leur Musicalité !
La douceur des nobles Parures de Sa Beauté !
Oh sachez aimer, sachez aimer !
Les corps sont les voiles de Sa Luminescente Présence, et leur parfum, les signes de Son éloquente Révérence.
Il a placé les Montagnes qui voguent sur Les Prestiges de Sa Munificence.
Comme la grossièreté ne sied pas à Son Irradiance !
Comme les négligences sont les vulgaires discours des oubliances de l’Humanité !
Il est à nous convier à La plus belle des Audiences !
Il est Le Roi d’un Royaume intouché.
Les essences de Sa Réalité s’invitent en cet évanouissement.
Je suis à m’effacer et lors, Tu es là.
Mon Révérenciel Roi !
Les Nobles Parures de Ton Manteau flottent en cette Évanescence !
Une à une les vêtures ne sont plus aucun des voiles du monde visible.
Oh sachez aimer, sachez aimer !
Il est un Roi au Cœur de La Lumière qui est à aimer et encore aimer !
Son Regard est ces signes qu’Il a mis en chaque chose et chaque chose est à Le Louanger !
Lors que Dieu marche, Il est Le Pérégrinant de L’Ineffable Grâce !
L’Éclosion des parfums de Sa Majesté !
En ce Jardin des senteurs uniques, il est une Rose.
Elle est Gardienne de L’Eden de Sa Toute Réalité.
Des Rossignols ont inscrit en une écriture que nul ne connaît, les ondes de Sa toute Vibrante Oraison.
Ils sont les oiseaux des mondes célestes que nul n’a visité.
Ils sont les virginales Aubes de La Toute Lyrique Mélopée.
Rose qui ne meurt jamais !
Nul ne l’a vue.
Nul ne l’a respirée.
Nul ne connaît son Velours.
Elle est La Rose de L’éternelle Vénusté !
Rose d’entre les roses.
Nul ne peut L’atteindre s’il ne devient lui-même cette Rose.
Il est des gouffres et des gouffres et mille combats et mille chemins avant de parvenir à oser poser son regard en sa Seule Pensée !
Oh sachez aimer, sachez aimer !
Les pétales de brocart de Sa Magnificence sont les Jardins qui sont à se visiter, lors qu’Il est Le Seul en Son Jardin !
C’est en ces ondoyances que Le Roi est mille fois La Vierge de La Primordialité !
Il est les mille Noms de Sa Révérence Subliminale !
Il est L’Essence en L’Essence Imaginale !
Le Contemplé du Temple en Sa Sainteté !
Le Roi est de Retour, et Sa Lumière L’a devancé !
Il est Le Seul Vrai Amour !
Nul ne sait aimer comme Il est à aimer !

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Océan sans rivage

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La parabole de l’éléphant

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Des Indous avaient amené un éléphant.
Ils l’exhibèrent dans une maison obscure.
Plusieurs personnes entrèrent, une par une, dans le noir, afin de le voir.
Ne pouvant le voir des yeux, ils le tâtèrent de la main.
L’un posa la main sur sa trompe.
Il dit : Cette créature est-elle un tuyau d’eau ?
L’autre lui toucha l’oreille : Elle lui apparut semblable à un éventail.
Lui ayant saisi la jambe, un autre déclara : L’éléphant a la forme d’un pilier.
Après lui avoir posé la main sur le dos, un autre dit : En vérité, cet éléphant est comme un trône.
De même, chaque fois que quelqu’un entendait une description de l’éléphant, il la comprenait d’après la partie qu’il avait touchée.
Leurs affirmations variaient selon ce qu’ils avaient perçu : l’un l’appelait « dal », l’autre « alîf »*.
Si chacun d’eux avait été muni d’une chandelle, leurs paroles n’auraient pas différé.

L’œil de la perception est aussi limité que la paume de la main qui ne pouvait pas cerner la totalité de l’éléphant. L’œil de la mer est une chose. L’écume en est une autre. Délaisse l’écume et regarde avec l’œil de la mer.

Jour et nuit, provenant de la mer, se meuvent des flocons d’écume; tu vois l’écume, non la mer. Que c’est étrange ! Nous nous heurtons les uns contre les autres comme des barques.
Nos yeux sont aveuglés.
L’eau est pourtant claire.

Ô toi qui t’es endormi dans le bateau du corps, tu as vu l’eau.
Contemple l’Eau de l’eau.
L’eau a une Eau qui la pousse, l’esprit un Esprit qui l’appelle.

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                      La parabole de l’aveugle guidant les aveugles (1568), Pieter Bruegel the Elder

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Djalâl ud-Dîn Rûmi

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(Le Matnavî, III, 1259 et suiv.)

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*Notes :

Dâl            et                Alif