Ce que m’apprit le vieil homme au bord de l’eau, assis sous un arbre, et de grâce vêtue, est indicible, puisqu’il faut plus d’une vie, traverser les états multiples de l’être, pour enfin s’asseoir sous un arbre et laisser s’écouler l’eau. Il n’est pas de plus beau combat que celui que l’on mène en soi-même, et feuille à feuille, sur les pages du Livre de L’Entendement, lors que les mots s’alignent et nous enseignent, la vie devient une Corolle au Don suprême. La paix se gagne lors que des luttes, celles que l’on voit en soi, celles-ci deviennent à leur tour des clés. La clé majeure. Qui a fait de la musique reconnaît cet alignement en accord et redécouvre la musique de l’âme. D’où nous parvient, Ô passant, d’où nous parvient ces sons qui dansent et que nos doigts retrouvent sans hésitation ? D’où cela vient-il lors que l’oiseau fait Sa Louange sur la plus haute branche de son cœur et que notre âme s’émerveille ? Ce que m’apprit le Samouraï prend sa source à L’Origine des effluves lors qu’un Lac miroite et se révèle. Il n’est pas de plus beau geste que de garder l’épée dans son fourreau. La noblesse du Samouraï est dans son Silence. Il marche et vous regarde même les yeux fermés car c’est son âme qui s’éveille en L’Intelligence et sa ruse est de tromper la ruse. Rien de plus. Le Samouraï ne s’en retourne jamais. Il est assis sous L’Arbre de l’observance et respire L’Eau odorée de sens.
Recueil d’Océan sans rivage: La Voie du Samouraï
La Voie du Samouraï : épilogue.
L’Épée du Samouraï
Lors que l’arbre en notre position axiale nous donne à cette concentration du Milieu, Centre subtil, lors que le Souffle entre en cette alchimie du fusionnement, lors que L’Apnée suspend le temps, le Corps est Livre. En La Réception de La Conscience unitive, il est un effet visible. Arche, qui es-tu ? Ô Yeux du Cœur, Ô Regard en cette Coupole de la stature ! En les nuits de veille, longues et atemporelles en ce Basculement, lors que le Corps devient Arche voguant sur la fluidité des feuillets, lors que L’Étreinte ne nous lâche plus et contracte le cœur, lors que le fleuve de La Vivance afflue à la cime de La Montagne, lors que soudain, une brise caresse le Dôme imperturbable, lors que l’âme suinte d’une Larme en ce cœur de douceur, lors que les bras dilatent l’espace vénérable, La Lumière jaillit des ténèbres et enveloppe toute chose. Les mantras irriguent le Souffle et compénètrent les veines. Ô Présence qui efface le multiple ! Ô Présence qui donne Le Multiple, en Son Unité paradoxale, en Sa Permanence. Ô Pas qui soulève en la gestualité les voiles de l’Éthéré ! Ici, Rien ne contredit rien ! Concentre-toi en ce cœur. Le sens-tu ? Lui seul appelle la Lumière. Lui seul nécessite la restauration. Lui seul rend malade tout le reste du corps. Lui seul nous délivre de tout. Que se déversent donc les rosées sublimes du Ciel de La Pureté et que viennent les ondes fluviales emplir La Coupe ! Tout s’aplanit. Tout se révèle. L’Intelligence découvre. Chacun des groupes de conscience s’assemble. Chacun s’aligne sur Le Rang de La Sphère qui lui correspond. Il n’est aucune différence entre celui qui prétend lutter contre l’intolérance et celui qui est intolérant. Le vois-tu ? Les groupes sont en une ligne clairement rendue visible. Tout est visibilité. Tout est clair. Et comment le sais-tu ? Lors que Les Yeux sont en l’âme ceux qui ont accès aux deux mondes, sans rupture. Observe ce qui se laisse observer : il s’agit du non-besoin. L’âme se nourrit exclusivement en ce Pays de L’Âme. Comment as-tu migré en Elle ? Il est Celui qui appelle et proclame qu’il est impossible, impossible, impossible de ne pas répondre. Il devient impossible de ne pas L’Être. Qui es-tu ? Je suis un Arbre magistral. Je suis celui qui s’étend jusqu’aux Cieux et qui dansent en ce vent de majesté. Quel est donc ce vent ? Je l’ai appelé Ami. Mais je lui donne aussi d’autres noms. Il m’enseigne inlassablement. Es-tu aussi le vent ? Je pense que tu comprends beaucoup de choses. Qui es-tu ? La Voix. Qui est-cette Voix ? Elle est aussi L’Echo. Pourquoi es-tu si hébétée ? En moi, il est une Béance qui s’ouvre à l’infini. Je chevauche un coursier. Es-tu aussi Le Temps ? Quelque chose qui ne relève plus de la linéarité… Peut-on te rencontrer en-dehors de cette invisibilité ? Je suis ici, là-bas, ni à droite, ni à gauche. Je suis toujours là où tu te trouves. Qui es-tu encore ? Remarques-tu que La Lumière suspend en L’Amour La Seule Réalité ? Qui es-tu ? Entends-tu le ruisseau chanter sans fin la douceur délicate de L’Attention ? Mais qu’est-ce donc L’Attention ? Saisis-tu cette vigilance qui éclaire ton esprit en l’au-delà ? Il est un Regard qui est Un. En Lui, j’ai su qu’Il avait créé ce monde pour que l’on comprenne L’Unicité en L’Altérité. Tel est le cœur qui de Lumière, renvoie les ténèbres en La Lumière. Quelle est donc cette Lumière ?
Le Sourire.
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La Voie du Samouraï : Livres 63 et 64
Livre 63
L’Être est d’une telle complexité qu’il se doit de passer par le morcellement afin de com-prendre et de voir clairement chaque élément de cette complexité, de sorte qu’il sera à même de se résorber en Son Unité, en cet acte du Regard Témoin, devenu Conscience en La Connaissance. De L’Un nous sommes et en Lui nous retournons. Ne confondons pas Unité et conformité. Chaque mot est Son Poids de Sens. Pourquoi cherche-t-on Le Sens en toute Chose ? Ô noble fils, observe le monde autour de toi et tu en saisiras Le Souffle coordonné. Tu es à me demander ce que signifie la coordination ? Toi, adepte de la précision, de la justesse et de la concentration, tu es à même de saisir toute la profondeur de ce qui s’agence en un calcul infinitésimal. Rien n’est accidentel, et si tel était le cas, il faudrait percevoir partout cet accidentel et se laisser vivre sans penser à aucune élaboration, ni chercher l’ordre en codifiant le monde que nous traversons. Or, Ô Noble Samouraï, tu sais de par ton expérience de l’observation que cela ne peut être. Tu sais aussi que ce monde recèle lui-même des Lois physiques et que nous, humains, nous les découvrons comme nous découvrons que Le feu est au dedans de L’Invisible avant qu’il ne soit à apparaître en sa soudaineté, quand même notre modeste action est de l’appeler par le truchement de deux pierres que nous frottons l’une contre l’autre. Ce Monde est Pré-établi, Pré-existant en L’Action perpétuelle et vivante de L’Intelligence. Il ne s’agit pas de tenir un discours exclusivement panégyrique. Nous sommes en notre âme, en cette exaltation qui ne jamais ne se défait de L’Œil interne. Toute notre prodigalité est en fait la concision de l’enthousiasme exponentiel et nous sommes en cette concentration qui semble être prolixe uniquement parce que la plupart des gens sont dans la hâte et réduisent les actes de leur existence en ce désir d’appropriation et d’enrichissement matériel. Nous n’avons d’autres intentions et prétentions que celles d’attirer l’attention de l’autre, de provoquer en lui cet Echo puissant, L’Echo du Silence. Pour ce faire, nous sommes à user du Langage, tandis que celui-ci, Logos de La toute Réalité, exponentielle éclosion des vibrations du Sens et de La Naissance, s’empare de nous. Intelligibilité de La Création qui est Trace et Signe, empreinte indélébile. Lors que nous sommes en cet alignement juste, en cette coordination, en cet Accord, nous devenons Réceptacle et Transmetteur. Tout ce monde en cette Vivance est une Correspondance. Nous ne sommes pas en ce réductible phénomène de la communication, mais bien en Le Fécondé de L’Echange. Plus nous ralentissons le rythme et plus nous entrons au cœur du Vivant. Les vibrations sont de fulgurants mondes qui naissent en simultanéité de Conscience. Aucune mécanicité ne peut s’approprier cela et rien ne peut reproduire Le Vivant mouvant dont les paramètres dépendent d’une Reliance de Lumière.
Livre 64
La méditation ne sert pas uniquement à donner à l’individu le bien-être et à l’innocenter de son ignorance. La méditation et la prière sont des actes de restauration. Les effets sont certes à engendrer le bien-être, mais le bien-être pérenne est avant tout la résorption de tous les malaises psychiques, brûlés en le four alchimique de notre être et dont le feu ne jamais consume La Réalité, mais unifie peu à peu L’Être en Sa Complétude de Lumière. Samouraï, pose-nous toutes les questions et je te donnerai de par La Grâce de La Réalité, les réponses. Tout être est un Logos, verbe de L’Acte de Présence au sein d’une Phraséologie mémorielle et qui est notre architecture de Conscience. Ce monde n’a pas pour vocation d’être éternel. Il est Le Lieu de L’Apprentissage. Il est Le Lieu qui permet L’Orientation et qui donne, de fait, le chemin du Retour en La Terre Promise. Or, celle-ci n’est pas en ce monde matriciel. Il n’est de Terre promise qu’en l’émancipation et la délivrance de notre moi, réduit et morcelé en l’illusion. Les envoyés ont vu leurs messages altérés et détournés de leur réelle intention. Tous les messages rappellent à l’homme qu’il n’est pas ce qu’il croit. Tous les messages sont à nous dire que ce monde est un monde transitoire. Tous les messages sont à nous donner les clés de notre évolution et de notre transformation. Réduire les rites et les enseignements des Anciens à une pléthore de dogmes et de lois, c’est faire croire aux hommes que la vie en cette matrice est la seule vie qui soit. Toutes les dérives viennent de cette interprétation complètement erronée. Certes, il est une vie sur cette terre, et en vertu de cela, elle est en sa perfection à nous offrir toutes les possibilités de devenir et de transformation, voire de complétude ou supra-complétude. La plupart des connaissances spirituelles sont des connaissances qui ouvrent les consciences et donnent accès aux possibilités de Reliance avec La Demeure finale. La plupart des connaissances ont pour vocation de donner à l’homme qui oublie ce pouvoir de la Mémoire. Tout acte de présence sans reliance est caduque. Toute évolution est émancipation de l’illusion, illusion qui perpétue l’illusion et qui aboutit à des déviances et des chemins tortueux. Ô mon fils tant aimé ! Quelle bêtise qui se répand depuis tant de millier d’années ! Les hommes ne veulent plus sortir de leur rêve, ni n’ont la force de résister face à la bêtise régnante et face à la pseudo-intelligence artificielle. Ils s’enferment en la mécanicité et perdent le fil conducteur véritable. Nous, les Samouraïs de L’Assemblée Céleste œuvrons pour transmettre et provoquer l’Echo en chacun de nos frères. Nous œuvrons ici et sur d’autres plans plus subtils et inatteignables tandis que notre Épée n’appartient pas à ce monde qui a réellement perdu toutes les aptitudes à recevoir les fréquences vibratoires de L’Origine. Nous œuvrons de façon à restaurer peu à peu cette Réalité Essentielle qui ne transige pas et qui n’est aucunement corruptible. Nous ne demandons aucun salaire, ni ici, ni en L’Au-delà. Nous n’attendons aucune reconnaissance. Dieu Lui-même peut tout nous prendre, puisqu’Il nous a tout donné. Nous œuvrons pour La Vérité, qui n’est pas une idée, mais bien Réalité. Il est un Scarabée qui vole encore au creux des espaces invisibles et en son étincelante carapace, il émet des ondes d’une Beauté innommée. Nous l’avons suivi longtemps et l’avons entendu chanter si puissamment que nos larmes ont trouvé un sillon au milieu d’une vallée. Nous l’avons retrouvé et il nous a accueilli en un Sourire ineffable. Ce scarabée a chanté et effeuillé le vent du platane dont les mains secourables ont imploré et soudain c’est en une grandeur remarquable que le tronc frémit et nous parle : le monde ne fait que commencer…
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La Voie du Samouraï : Livres 61 et 62
Livre 61
Quiétude n’est pas indifférence et s’extraire des nues n’est pas extimité. Une société chaotique où tout se frôle et se touche sans profondeur ni cohérence, où tout se courtise sans orientation, où tout se dit sans être compris, où l’être devient la façade d’une devanture, tels des étalages dans un magasin, où tout s’aime sans discernement, où tout se dit sans ne rien dire, n’est finalement rien d’autre que le signe d’un rendez-vous manqué. Des postures caricaturales, des démantibulations, de fragmentation en fragmentation, de fausseté d’endoctrinement en endoctrinement, du temps de la hâte et de la précipitation, du chiffre et de la quantité au détriment de la qualité (ne confondons pas qualité et cherté, ni autres balivernes qui se voudraient nous imposer une modalité de qualité, car celle-ci relève proprement de L’Essence des choses, c’est-à-dire de La Source originelle). Compulsions d’énergie humaine qui s’écartèle sans ne plus savoir ce qui la lie à l’existenciation, monde phénoménal auquel elle s’attache sans vraiment se trouver, sans même plus qu’elle ne sache ce qui la distingue de l’indistinction, sans oser la prouesse du face à face, baignant sans cesse dans le bruit du bavardage exempt de triangulation. Que sait-on ? Que sommes-nous à vivre ? Quand comprendrons-nous que là où tout est manifeste est, de fait, à révéler ce qu’il en est. Ce qui est de celui que nous sommes. En ce Lac de Vie, il n’est que notre juste reflet, miroitement incessant lors que la lumière jette une ombre sur ce qui s’occulte au grand jour de l’hystérie collective. Ô fils tant aimé, n’es-tu pas à me demander : alors, quelle est donc la mesure de toute chose ? Comment ne pas se laisser emporter en cette convulsion du mouvement qui dénigre La Réalité du Vrai Voyage ? Ô Noble fils, je vais te dire ceci : il est des êtres, des êtres foncièrement en apathique dormance, qui se masquent délibérément la face et obstruent leurs yeux. Il vaut mieux oublier, se convainquent-ils intérieurement et en une absoluité quasi inconsciente, ne veulent plus se poser de questions… Lors, ils sont à marcher dans les trébuchements de la négligence, et de l’insouciance, où de moult projections et identifications s’amoncellent, comme autant de miroirs convexes, ou concaves, c’est selon. Ils se collent à leurs semblables qui forment la masse rassurante. Ils ont peur d’être seuls… peur d’être face à eux-mêmes, peur d’être différents. Peur de ne plus rien être, ni même de rien posséder. Peur de disparaître. Peur de ne plus paraître, de ne plus être perçus. Peur du silence. Peur de la nuit de leur cécité qui offre le vide abyssal. Pourtant, pourtant, tout est là qui se dit, en cette occultation, lors que les différences sont les vagues de notre unité, Ô Océan !
Livre 62
Sache, Ô Vénéré fils de mon âme, que la Lumière est précisément la seule Concrétude qui se puisse nous éclairer. Or, la Lumière est crue. Elle est La Nudité extrême qui révèle jusqu’à la moelle, notre Corps essentiel. Elle est cinglante et dérangeante. Mais, qui dérange-t-elle vraiment ? Nous avons passablement transposé l’image de l’homme de nos peurs, en une rapacité du paraître hautement narcissique lors qu’il n’est comme fondement à cet étalement, que la manifestation d’un figement, d’une digression, d’un évitement, d’une peur du vide, c’est-à-dire d’une peur devant le réel choix, celui qui remonte à L’Origine. Pour ce faire, l’homme contourne la vraie question, parce qu’il a peur de la vraie réponse, l’incontournable et dérangeante réponse. De peur de se trouver, l’on se perdrait sur les chemins rançonnés. Les chemins de la cécité qui se voudraient éviter de nous défaire de tout confort. Mais de quel confort parlons-nous ? Ce confort auquel l’on s’attache n’en demeure pas moins le signe révélateur d’une angoisse, comme ajoutée au monde phénoménal, monde impermanent que nous craignons de voir disparaître, lors que celui-ci cherche convulsivement et, malgré tout, sa destruction en une cohorte de dénis. Déni et absence, lors que l’oubli est le signe même de l’atrophie évidente de notre mémoire. Mémoire Originelle, celle qui est Souvenance vivante de notre Qualité, Souvenance de notre Origine, Souvenance de notre Devenir. Souvenance de notre Acte d’Être en la simultanéité atemporelle. L’Art du Samouraï est au service de L’Âme ; L’Art est Descente du Divin en La Transcendance qui rappelle Le Réel. Quel Art sinon, lors que le message se perd ? Art ou contre-initiation en la déviance et l’enfermement ? Que de confusions en ce qui se voudrait être la manifestation de la liberté fourre-tout, de l’opinion fourre-tout, du dire et du faire fourre-tout. Celui qui goûte à La Liberté de L’Âme reconnaît la limitation et la fragmentation de ce qui se voudrait confusément imiter cette Liberté, l’usurper en l’absurde de la faconde posturière. Or, naissons-nous libres ou bien sommes-nous à nous incarcérer volontairement, en une démarche claudicante ? Lorsque l’homme comprendra qu’il n’est rien qui ne demeure hormis Le Vivant et que ce Vivant précisément est en Sa Nature à absorber exclusivement tout ce qui est Vivant, il prendra enfin le temps de s’arrêter et de plonger en lui. Un petit homme tenait une boutique dans une ruelle si étroite, qu’il fallait bien connaître son commerce pour aller l’y trouver. Or, ce marchand, dès l’aube, ouvrait grand les rideaux de son magasin et travaillait derrière un immense comptoir. Cet homme tissait des manteaux de laine. Il en avait de toutes sortes. Seulement, ce marchand n’était pas du tout un marchand habituel. Dès qu’un client entrait, il savait parfaitement les mensurations de celui-ci et le type de manteau qu’il lui fallait. Plus que cela, le manteau épousait l’âme du client. Nul ne sortait de cette boutique sans être rendu visible… Nul ne pouvait échapper à sa réalité. Le manteau collait aux vices comme aux vertus de l’acheteur. Le plus terrible, ou le plus extraordinaire était que le client ne soupçonnait nullement ce qui apparaissait aux yeux du tisserand. En effet, il ne dévoilait cette originalité qu’aux initiés, ou à ceux qui entraient en la puissance de la confidence. Le reste le laissait songeur, longtemps, au seuil de la boutique. Comme il en avait appris sur la nature humaine depuis tout ce temps !
© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï
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La Voie du Samouraï : Livres 59 et 60
Livre 59
C’est parce que nous sommes en la lucidité et en la vacuité, que nous sommes à même de reconnaître. Nous obtenons la clarté qui, en son évidence, nous dit : Cela est Cela. La Vacuité n’est donc pas Le Vide, mais bien jaillissement des enfouissements de notre Être. Révélation et plénitude. Unification et cohérence. Comment discerne-t-on le faux ? Sache, Ô Samouraï, qu’est négateur celui qui nie. Et celui qui nie est un séparateur. N’ayant pas réalisé La Conscience de L’Un, il ne peut lui-même s’unifier à tout ce qui est rendu apparent et donc existencié. Son mental est sans cesse à discriminer et à vouloir tout classifier sans le pouvoir relier. Il ne peut davantage parler de ce qui sépare, ni même donner à L’Un Sa toute Réalité. Il n’en possède guère les moyens car il pense encore qu’être réalisé relève du mental, voire de l’émotionnel identitaire. Il pense que la raison et le savoir en son imitation sont les outils de son émancipation. Or, le mental est simplement un niveau véhiculaire de pensées. D’une manière ou d’une autre, celui qui ne voit pas les fragmentations du mouvant est à révéler ce qu’il est, c’est-à-dire, ce qu’il n’est pas. Lors que nous entrons en ce Dedans de La Conscience, lors que La Plénitude est à se vivre depuis l’effectif accomplissement, L’Unité aboutit, non pas à la prude tolérance qui se voudrait par le truchement de moult syllogismes erronés, faire digression et rompre ainsi L’Harmonie Originelle, déviance di-fragmentaire certaine et oh combien manifeste, mais à La Connaissance Primordiale et Reliante. La cohérence de sens procure La Joie pérenne et de fait, nous fait entrer en La Paix, puisque cette cohérence nous donne aussi à La Réalité pleine et souveraine. Effectivement, nous ne sommes plus en une guerre inavouée qui se voudrait territorialiser ce qui de toutes les manières ne nous appartient pas. Être en L’Unité, c’est saisir toutes les subtilités de la multitude, de la différence, de la nécessité de la différence, de la nécessité de la complétude, de la sagesse du mouvement en L’Infini Immutable. Celui qui n’est pas en cette unité aura tendance à vouloir tout uniformiser, ou pire, à ramener les choses à lui, c’est-à-dire les réduire. Ainsi se dévoile sa limitation, son oeuvre séparative. Or, les divergences sont nulles lors que l’on touche L’Essence. Comment reconnaît-on L’Un ? L’Unité est précisément L’Essence, et L’Essence se connaît. Sache, Ô fils bien-aimé, que j’ai été constant dans une troublante inconstance, de même que j’ai parfois cru reculer, lors que des pas de géant me propulsaient bien au-delà de ma conscience en des sphères très subtiles. J’étais absorbé en l’état de complétude et de contemplation. Sache, Ô Samouraï, que j’ai connu le parcours mental et j’ai chevauché la rationalité. Je me suis laissé compénétrer par ces dogmes confortables qui relèvent de l’opinion. Or, La Voie n’est pas l’idée que l’on se fait des choses, ou le fruit d’un endoctrinement, ni celui d’une érudition, et nous le savons bien, parce qu’il existe en nous ce Quelque Chose d’Absolu qui est là. La Voie est déjà tracée en nous, au-delà, bien au-delà. Elle ne fait que reconquérir son Retour. Un Samouraï sincère est en son intention à vivre pleinement et il ne dévie jamais, quand même les apparences seraient trompeuses. En L’Absoluité, rien n’est faux, tout est en ce mouvement combinatoire qui ajuste sans cesse ce qui se voudrait échapper à La Nature de L’Origine. Or, en cette expansion, distorsion, unification, destruction, réunification, L’Âme est tel un Océan puissant. L’intention se reformule sans cesse et se clarifie. L’intention s’étonne et s’intensifie. Mon bien-aimé fils, agis bien en conformité avec les lois, suis ce qui t’est enseigné, conforme-toi à la présence des gestes, entre en ce temps où le Silence est Roi. Celui qui pratique les rites est sur une Voie sûre. Il avance avec certitude dans le couloir étroit et sombre. Dix mille illusions naissent et meurent et naissent encore. Le mental, gouverné par la destruction, se croit être le dominateur. En réalité, il est en cette destruction et en cette ré-harmonisation. Un jour, tout cela est balayé par Le Vent de la dévastation. Tôt ou tard, tout être sera à le vivre, ou ici, ou au moment de la mort. Or, celui qui meurt avant de mourir vit un état de rupture terrifiant. Il entre dans les sphères les plus subtiles qui soient et que le mental limité est loin de pouvoir imaginer. Or, tant que tu n’es pas Bouddha, tu ne peux vivre la mort du Bouddha, ni même le tuer. Tu ne sais simplement pas ce qu’est tuer Bouddha. Je te transmets Cela qui est Le Chemin de La Tradition. Ne l’oublie pas, noble fils.
Livre 60
La connaissance du moi, donne La Connaissance du Soi. Le Samouraï s’expose inéluctablement à l’exil, lors qu’il parvient de l’autre côté. Il ne le sait pas vraiment, mais il le pressent. Il a, de par L’Art de Sa Tradition et de par la pureté de son intention, suivi un couloir exigu qui en fait un parfait vassal et un guerrier redoutable. Les gens le craignent car il est en sa vacuité à révéler chacune de leur confusion. Il incommode de par L’Épée de son âme qui est le miroir translucide de l’humanité. Il est ainsi tel Le Prisme de son époque. Jamais il n’est dupe et garde souvent le silence. Il marche dans la rue, semblable au passant et nul n’est à même de pouvoir soupçonner les trésors que recèle son armure. Il marche d’un pas lent et balaye de son regard plein d’acuité le monde, mais garde le silence, quand bien même il voit clairement. Il vêt chacun de ses frères de sa pudeur et de sa mansuétude. Lui-même ayant connu les réalités d’un combat intérieur, un combat qui vient de cette défragmentation de l’être et de l’impact réel de nos temps si ténébreux et confus. Depuis longtemps, toutes les polarités s’inversent et l’opacité attise l’hostilité et le heurt des consciences. Le Samouraï est méconnu, mais il n’en est guère affecté, car, c’est d’abord en lui que le travail se fait. Il sait que chaque pas de lumière lui révèle La Passerelle qui le mène en l’autre monde qu’il visite, du reste sans discontinuité. Il est en ce pouvoir du Verbe et connaît les étapes de la Conscience. Il accède à des ouvertures qui lui donnent en toute lucidité les connaissances des petits mystères et celles aussi des grands mystères. Ne l’oublie pas, Ô fils bien-aimé : L’Âme connaît L’Âme. En Son Essence est une Dimension qui échappe aux yeux ordinaires. Lors que La Tradition, à laquelle il est fidèle, devient La Charpente de Son Arche, il vogue et partout il est chez lui. Il apprend à voir les jeux de l’ego, à distinguer les troubles de la séparation. Il connait même les remèdes. Or, il sait qu’il n’est de remède véritable qu’en l’agrément du remède. Lors qu’il finit de traverser les zones communes de la vie, il est totalement émancipé de tout ce qui fluctue. Même s’il demeure en sa sensibilité intrinsèque, il ne s’identifie jamais à ce qui passe. Ce qui passe est de nature à passer. Lors que Le Samouraï parvient en L’Essence de L’Essence, il entre en La Grâce Royale de La Connaissance. La Lumière l’habite et l’habille jusqu’au bout de Sa Lame amoureuse. La Beauté est Sa Plénitude. Le paysan se leva tout tremblant et vint saluer La Princesse. Celle-ci lui fit de même une majestueuse Révérence. Son Sourire irradiait et Le Jardin était doublement plus rayonnant de Beauté. Elle lui fit quelques confidences qui subjuguèrent le paysan. Il n’osait lui parler. C’est alors que La Princesse lui dit : « Votre Jardin est votre langage et lui, qui parle à mon cœur, me fait vous connaître. De fait, je me connais en vous. Nous ne sommes nullement séparés. Aucun rang social, aucune obédience n’entrent en considération en ce lieu, puisque lors que deux esprits se rencontrent, Le Jardin est leur pleine Réalité. »
© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï
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La Voie du Samouraï : Livres 57 et 58
Livre 57
Lors que La Conscience est libérée de son illusion, il advient que la paix s’installe. Pour certains, cependant, le voyage continue et leur dévoile ainsi d’autres sphères successives, d’autres mondes supra-naturels en cet ici-et-maintenant et qui leur donnent tour à tour, état de conscience et stabilité en La Connaissance. Sache, Ô Samouraï, que celui qui prétend être réalisé et qui ne peut exprimer La Réalité entière de La Tradition depuis l’intérieur, ni d’en expliquer La Sagesse depuis les cycles innombrables de l’histoire de l’humanité, est à révéler son imposture. Que ceux qui ne savent pas se taisent. Que ceux qui défendent des dogmes, les pratiquent, car il n’est rien de plus forfaitaire que de prétendre être reliés à une chose sans en vivre pleinement sa quotidienneté unitive. De fait, Ils feraient mieux de replonger en un Silence salutaire. Que savent-ils, tous ces beaux parleurs de La Réalité Transcendantale ? S’imaginent-ils que cela a pour vocation de satisfaire la part séparée de leur être ? Ne comprennent-ils pas que ceux qui ont été atteints par la grâce du Souffle de La toute Compassion ont vu s’écarter les voiles opaques de leur conscience, et que cela leur a donné une clairvoyance qui leur permet de déceler les figements du mental ? Celui-ci est tel de nos jours, que nous pouvons à peine en révéler la pauvreté et ce en dépit de sa convulsion presque démentielle mise à jour du fait de son orientation exclusivement extérieure. De fait, il n’est qu’à observer ce monde dont la laideur manifeste révèle proprement la laideur intérieure. Toutes nos pensées et tous nos actes se font désormais au grand jour. Même les pires fantasmes deviennent efficients et engendrent un monde infernal. La rapidité, cette hâte d’aller toujours plus vite, opère en ce vivant, si vivant, si modélisable de par Sa Nature, et tend à uniformiser un système de pensée qui génère des mondes terrifiants. Tel est le véritable danger ! Imagine, Ô mon fils, combien les bruits incessants du monde actuel sont à semer la confusion à une échelle dont nous sommes encore loin de soupçonner les effets nuisibles. Une véritable bouillie nébuleuse et dégénérescente est à se répandre telle une peste invisible. Le phénomène est rendu normal, tant et si bien que rares sont ceux qui perçoivent les signes d’un grand trouble. Tout au plus se lamente-t-on de ne pas profiter, comme certains, de la massive libéralisation des jouissances démesurées du matérialisme. Or, la bête est vorace. Les gens titubent sans être ivres. Ils ne sont plus à même de voir, ni de comprendre. Il est dit que la fin des temps annoncera une sécheresse terrible et qu’aucune pluie ne saura être bienfaisante. La terre en l’homme est stérile. Tant que celui-ci ne comprendra pas qui il est, d’où il vient et où il va, les cycles de son enfermement seront à se perpétrer.
Livre 58
Il n’est rien de plus vrai qu’une vie reliée en L’Intériorité. Ô mon fils bien-aimé, sache que la vraie vie est en nous, de même que le cœur des choses. Sache aussi qu’il n’est de réelle séparation qu’en la négation. Tu m’as demandé : qu’est-ce donc que le cœur des choses ? Ô Samouraï, toute idée séparée de sa substance est tenue pour une idolâtrie et toute profondeur est une expérience donnant à chaque chose son goût, tel le fruit révélant la saveur de sa chair et te faisant remonter jusqu’au cœur de Son Origine. Sans cette étincelle, désormais devenue ton épée tranchante, il n’est aucune voie. Car La Voie est Un Rayon qui pourfend le rêve et révèle Le Chemin vers Le Noyau. En cette itinérance, tu perçois La Réalité effective de cette percée, puis tu observes toutes les étapes que tu peux extraire de leur nue de par la lucidité que tu obtiens grâce à La Lumière de ton cœur. Au fil de ton périple tout intérieur, tu seras à réaliser qu’il n’est ni intérieur ni extérieur et pourtant que cette réalité-même n’est jamais antinomique ni paradoxale. Sans cette extériorité, tu ne peux saisir les effets de l’intériorité et sans l’intériorité, tu ne peux observer les effets de La Reliance, puisque les deux perceptions rendues distinctes par un effet de concomitance permanente, mettent en place un lien entre l’idée et sa substance. Celui-ci devient le fil conducteur qui te donne à décrypter les contingences et t’assurer ainsi la guidance vivante en ce monde de transition. Comment donc avancer si le chemin n’est pas rendu visible ? Au départ, tu en connais la réalité par intuition, puis l’aspiration est révélée et s’impose à toi de manière irrépressible. Tu reviens ainsi à ta nature initiale et tu prends conscience que tu es précisément un cheminant. Aussi, peu à peu, cette intuition devient certitude et parachèvement de ton être en la Contemplation pérégrinante. Ô Samouraï, il n’est aucune possibilité d’échapper à ce processus du Retour. Même un aveugle avance sans savoir qu’il avance. Telle est La Destinée. L’Enfer est l’ignorance accrue par l’extinction des sens intérieurs. Si le cœur meurt, ces sens internes meurent aussi. Le fait de ne pas voir n’ôte pas à cette substance Son Absoluité, ni même Sa Véracité, mais révèle plutôt la cécité de celui qui nie promptement cette Réalité. Or, la cécité n’est pas fatalité absolue. Il est toujours une bienveillance qui nous veut nous rappeler à notre Origine. S’il est mille êtres qui se veulent rester séparés et éparpillés, il en est mille autres qui s’impatientent et désirent se mettre en route. Sache, Ô Samouraï, qu’un seul de ces êtres en nous peut réunir toutes les forces les plus incroyables. Mon maître donnait à certains disciples une seule tâche, et ce durant des années. Certains d’entre-eux parvinrent à La Paix de par cette assiduité. Sache, Ô Samouraï, qu’un seul des attributs de Lumière, cultivé avec ténacité et régularité, peut nous faire aboutir au plus inouï des résultats. Il est dit que lors que tu t’orientes dans le but de Le chercher, Le Seigneur s’oriente avec toi. Telle est Sa Largesse. Telles sont les libéralités de Sa Seigneurie. Il est dit : sois seigneurial, et Le Seigneur te vêtira de Sa Parure étincelante. Or, il est une grande sagesse en cette parole, un secret indéniable qui te fait basculer de l’autre côté et qui te donne, non plus à ta simple conscience, mais à La toute Conscience. Alors, tu connais les subtilités de la transformation et de la réalisation. Tu entres au cœur des choses. Ou peut-être, Le Cœur des choses s’ouvre à toi telle une Corolle quintessente. Dès lors, tu n’évolues plus à la périphérie des choses, incarcéré en l’écorce, en la théorie dogmatique, mais tu te retrouves bien en ce Dedans, le sachant avec pertinence, et le révélant sans confusion. Car la nature du Dedans est précisément Révélation. C’est ainsi que le paysan vit s’approcher de lui, en une grâce peu commune, La Princesse. Elle lui sembla éthérée, et néanmoins si présente en sa Réalité, tout en étant impalpable, et si palpable à la fois. Soieries de Beauté évanescente, et éloquence d’une gestualité manifestée. Il fut saisi par cette proximité. La Princesse n’avait jamais été éloignée, puisqu’il sut qu’il l’avait toujours connue et de même que Le Jardin était à Son Image, de même, il comprit que cette oeuvre était précisément La Réminiscence jaillissante de Son Être depuis ses abysses les plus profondes.
© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï
Se lit aussi sur Noblesse et Art de l’écu
La Voie du Samouraï : Livres 55 et 56
Estampe de Utagawa Kunigoshi
Livre 55
Qui résistera à La Puissance Divine s’il ne s’en approche pas avec mesure, tempérance et connaissance ? Or, L’homme a pour vocation de revenir vers Son Origine. C’est un fait, et personne n’y échappera. Lors que l’homme résiste, cette puissance lui apparaît tel un courroux terrible. Ceux qui lèvent leur regard en Lui savent qu’il faut faire acte de réunification. Cela passe par la méditation, par des œuvres de consécration, des dons, et surtout par une réalité d’intention profonde. Sans entrer en La Conscience de L’Intention, le temps se rallonge, les distances aussi. Ô fils tant aimé, je sais que nous vivons des temps difficiles et qu’il suffit d’une seconde d’intention pour qu’alors celle-ci plie les distances que l’on ne soupçonne plus. Aie donc en toi cette pensée unifiante et abandonne toute querelle. Je t’ai vu dernièrement devoir affronter quelques-uns qui te houspillaient. Tu as levé la main avec grande maîtrise, j’en conviens, mais, en levant ainsi cette main, n’as-tu pas donné à ton ennemi l’occasion de te maltraiter ? Certes, les uns et les autres éprouvent tant et si bien le néant en leur cœur froidi que leur seule phénoménalité devient l’offensive. Ils ourdissent des complots et cherchent incessamment à faire montre du territoire qu’ils imaginent être leur. N’est en vérité menacé que celui qui croit posséder. Telle est la crainte de l’homme : perdre ce qu’il n’a pas, ce qu’il n’a jamais réellement eu. Tout compte fait, n’est-ce pas absurde ? Que possède-t-on réellement lors que nous venons au monde nu et que nous repartons de même ? Le fait de ne pas être en La Lumière ternit atrocement les perceptions et le mental, qui a pour vocation d’être un véhicule, devient un véritable enfermement. Certains samouraïs te jalousent ? Ne reçois donc pas leurs injures et leurs dénis. Ceci est à les révéler. Lors que tu les accueilles avec sagesse, ils se sentent d’avantage démunis, et réagissent parfois bien plus violemment que l’on ne saurait le concevoir. Le Samouraï sait quand il n’a plus le choix. Or, il est un seul choix possible : cesser tout conflit. Ta stratégie consiste à ne pas donner prise aux compulsions de ceux qui se vivent profondément comme séparés de leur Principe. Ils vivent en s’adonnant à leurs pulsions et imitent L’Art de la chevalerie, lors qu’en vérité, en eux, il n’est que mensonges et traîtrises. Observe leurs yeux et tu comprendras assurément ce que recèle leur âme. Revenons à cette Puissance de L’Origine qui tend depuis des milliers d’années à se vivre en l’homme par usurpation et ruse. Il détourne cette merveille, ce secret d’entre les secrets à des fins viles et bassement territoriales. Sache, Ô Samouraï, les gens n’ont guère évolué, cela en dépit du fait qu’ils soient à le croire, car ne demeurent-ils pas fondamentalement des rapaces déguisés ? Néanmoins, qui veulent-ils tromper ? Ils sont leur propre piège, puisque c’est en eux que l’illusion s’imprime. C’est par eux que ce monde vomit tous ces immondices du mental qui ne sait plus ni s’observer, ni même se gouverner.
Livre 56
Les samouraïs de L’Assemblée Céleste agissent sur les plans subtils comme il n’a jamais été en aucun temps : Ils ont cette mission qui est de redonner à L’Humanité Sa Réalité Mémorielle. Tous nous œuvrons afin d’éveiller les cœurs purs, les cœurs riches en leur intériorité et emplis de bonté naturelle. Quelques uns sont près déjà et s’ouvrent à cette ère du Renouveau, tandis que d’autres s’enlisent dans les méandres du dualisme et du dogmatisme surajouté et erroné. Il est une Réalité qui se doit d’être proclamée : nous sommes responsables de ce monde, et nous sommes responsables de notre Devenir. Sache, Ô Samouraï, que La délivrance libère de l’espace à La Conscience et simultanément révèle L’Autre Monde par anticipation. Il est des êtres qui accèdent à cette Réalité, sans dissociation et en une perpétuelle continuité, car rien n’est jamais rompu. Lors que nous parvenons à Cela, nous entrons en Ce Regard créateur. En ce Présent de L’Action, c’est-à-dire en L’Acte d’être, et nous n’avons plus d’autre occupation que celle-ci : se relier à ce qui est Lui. Quand bien même serions-nous à nous aligner en cette dimension du Temps linéaire, quand bien même serions-nous à percevoir le passé et le futur, nous sommes en La Création nouvelle et perpétuelle. Le Pont est jeté. L’Esprit voyage partout et sans restriction. Il entre dans Le Jardin D’Éden. Il a accès à toutes les bibliothèques Terrestres, Célestes et Cosmiques. Il est Libre. L’Apocalypse attendue par toutes les Traditions n’est pas une punition comme nous pouvons le croire de par notre limitation, mais le prétexte pour enfin révéler clairement ce qu’il en est de La Réalité. Donner la pleine possibilité à l’homme de comprendre enfin ce qu’il est, et lui permettre de repartir avec de nouvelles informations, de revivifier son programme intérieur qui, las, nécessite une secousse essentielle afin que soit ré-harmonisée La Création, selon Sa Loi intrinsèque. Car, en Elle se trouve la clé de L’Éternité. L’homme aspire à vouloir se libérer de ses souffrances, mais il opte en l’aspect le plus illusoire de sa condition impermanente : projeter en ce monde La Puissance d’Origine et l’y fixer, lors que ce monde n’a pas vocation d’être éternel. L’homme s’est éloigné de sa véritable source d’émancipation : L’Âme. Il a perdu La Lumière en Lui qui le ramènerait à Sa Demeure Première : Le Royaume de Dieu. L’homme a voulu établir une demeure en ce qui ne dure pas. Son atrophie a donné libre-cours à un monde de prédation. Or, la prédation mentale engendre la prédation matérielle et de fait, engendre la Bête dévoreuse. Son oubli le mène de dérive en dérive quantitative et compulsionnelle. L’accumulation des biens matériels et l’ostentation égotique sont le signe d’une grande confusion intérieure. Chercher la qualité intérieure, se mettre en accord avec tout l’univers en ce cheminement c’est d’abord renouer avec Le Seigneur, Lui qui est notre Chemin et notre Retour, notre Vérité, notre Trésor. Lors que L’Aube se levait sur ce qu’Il nommait à présent Le Jardin, lors que les rosées perlaient sur chaque herbe et chaque feuille, lors que le merle entamait sa louange incantatoire, lors que les bruissements légers défroissaient les pétales de velours de chaque fleur et que chacune s’offrait en sa beauté renouvelée d’amour, le paysan perçut un bruit dans la roseraie. Il se leva et fit quelques pas : quelle ne fut sa stupéfaction ! Une femme s’y tenait et lui souriait. Il faillit s’évanouir. Cette femme aussi belle que mille roses à la fois n’était nulle autre que La Princesse.
© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï
Se lit aussi sur Noblesse et Art de l’écu
La Voie du Samouraï : Livres 53 et 54
Photographie de Don Hong-Oai
Livre 53
Le doute assombrit la rétine de celui qui laisse l’incessant bruit devenir une épine. Faut-il vivre ces écorchures de l’innocence, lors que le regard est éperdu et s’élance aussi loin que l’horizon ? Il est des combats que l’on ne mène qu’en soi. Le plus terrifiant est celui que l’on doit mener pour ne pas se laisser affecter par les pierres que lancent ceux qui se séparent de La Lumière et qui pensent qu’ils sont lésés. Le Samouraï ne peut évoluer au sein du monde qu’en ayant permis à la purification d’opérer au centre même du lac de son âme. Il met des années, voire plusieurs vies à se laisser ainsi en cette alchimie effective, et il sait que cela est vrai et juste, car il retrouve les effets de la mémoire d’origine. Implacabilité de la nudité, offerte sous les bourrasques ! Des ouragans qui soufflent et nous apprennent en Le Vivant. La vie n’est pas figée. Elle est en cette Réalité à ondoyer sur les vagues du vent et à peine, aussi imperceptible que cela puisse être, le bruissement nous donne à entendre le mouvement de La Roue Cosmique. En ce Silence, Le Samouraï retrouve le geste de L’Unité, Rassemblement supranaturel car loin d’être régi par notre volonté. Mon Maître n’a jamais tari, ni dans le silence objectif, ni dans le regard, ni non plus dans les mots. Ceux-ci ne sont qu’une légère brise qui vient rompre le figement. Il m’a appris à être en Son Ecoute, à entrer en l’interstice de L’Echo. Il m’a dérouté pour mieux m’orienter. De fait, Ô fils aimé, sache qu’il n’est jamais de déroute, mais plutôt de rectification et d’harmonisation. Chaque Vie est Sacrée de par Le Souffle de Sa Suprême Volonté. Le Temps n’a pas de rides lors que l’océan lui-même devient Son Lac. « – Quand donc savons-nous que la paix s’installe ? demandai-je, un matin, à mon vénérable maître. – Il est un effet qui ne trompe jamais : le collier de perles. – Qu’est-ce donc que ce collier de perles ? m’enquis-je. – Ce sont les sourires perpétuels de l’âme, lors que chaque fragment du moi se réunifie. L’âme est semblable à une petite embarcation qui glisse imperceptiblement, imperturbable devant les agitations. Dans un premier temps, il nous faut certes apprendre à ne plus être. Ainsi, tout semble s’éteindre. Puis, miraculeusement, L’Être jaillit et est touché par la Grâce sans besoin même d’être touché. A peine est-Il en un souffle qui tremble de suavité : à toutes choses, Le Sourire s’impose. -Maître, la mort est une Renaissance, n’est-ce pas ? – Celui qui est envahi par la peur ne peut mourir sereinement. Il ne peut se laisser partir, car les éléments de son être sont éparpillés, et la mort le donne à cette réalité. Le Renoncement à notre moi ne nous prive qu’en apparence de notre vie. Il s’agit en réalité d’un basculement qui nous permet de saisir la nuance entre l’avant et l’après. » Le maître continua de marcher sans m’en dire d’avantage et je compris qu’il fallait que les mots fissent en moi leur chemin… Une hirondelle fendit l’espace en son doux tire-d’aile. Le maître salua de la main l’oiseau qui revint alors vers nous en tournoyant de plus belle. Le Ciel est un lac traversé de mouvements qui font nécessairement écho au silence.
Livre 54
L’humilité qui est à se révéler depuis Quelque Chose qui nous en donne la douceur, nous fait entrer en La Révérence et aussi en une certaine vigilance. L’on peut parler aussi d’observance. Lors que mon âme s’apaisa des tumultes de la séparation, j’appris à voir et à écouter. Ou plutôt, je sentis que chaque chose m’appelait et me parlait. Les ailes des oies sauvages interpellaient mon goût du voyage. Vers quelle Destination sommes-nous à nous orienter ? Ces pas en l’intériorité de mon maître me donnèrent au Temps vertical. Un maître polarise son disciple. Un maître nous permet de pratiquer aussi la lucidité, jusqu’à ce que celle-ci redevienne notre nature efficiente. Or, mon maître m’a ouvert à La Voie et m’a mis en confiance, car, j’ai reconnu sa réelle bienveillance. Il n’est de haine et de rage qu’en l’ignorance. Las, cette laideur est manifeste depuis des milliers d’années. Pourtant, la prédation vient de l’origine divine du Souffle. Effectivement, Le Seigneur domine. Il est Le Puissant Souverain en Son Royaume. Il est l’action descendante et nous fait par là-même vivre La Contrainte Révérencielle. Mais lors que nous ne sommes pas reliés à notre principe, nous sommes fragmentés et chacun de ces fragments se voudrait se séparer et dominer. L’élément épars de notre Être entre en la plus grande des confusions et en la plus grande des rivalités. Néanmoins, il est inutile de donner plus d’importance à ces sortes de phénomènes. Il faut s’en dissocier puis les neutraliser par cet entretien intime qui est de leur dire : je vous vois, retournez donc en Ma Singularité. Mon Unicité vous redonnera chaque part de vous en La Lumière de La Toute-Bienveillance. Je suis votre Père et je suis votre Mère. Je suis votre Matrice Essentielle. Je vous aime. Revenez en votre Berceau de L’Esprit. Vous croyez que vous serez engloutis, mais en fait, je vous ferai Don du Collier de Perles qui est Reliance, et vous serez en L’Unité Primordiale. Lors, vous agirez en La Lumière. Vous entrerez dans La Paix et L’Harmonie. Le Paysan surprit les mondes secrets de La Nature. Ceux-ci se révélèrent à lui et lui donnèrent les noms. Leur verbe existencié en l’essence lui ouvrait successivement les mondes de la connaissance subtile et intuitive. Chacun de ces noms agissait sur son âme et l’ennoblissait. Pourtant, le paysan s’effaça totalement et laissa les verbes courir en son corps et en son esprit et lui faire acte d’allégeance. Plus il se laissait compénétrer et plus il recevait les clés de tous les phénomènes. Son cœur s’élargissait des beautés intérieures qui se donnaient aussi à se révéler à l’extérieur. Chaque chose lui souriait. Chaque parfum était un univers entier de possibilités qui l’invitait en La Réalité substantielle. L’Amour était, tour à tour, folie et sagesse. Il comprit ceci : pour entrer dans Le Jardin, il fallait devenir Le Jardin. Or, seule la folie, c’est-à-dire, L’Échappée, Le Retour sur Soi, L’émigration de Son Être vers La Réalité Suprême en La Réalité Suprême, permet de s’extraire de L’Inertie et d’entrer en La Vraie Vie.
© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï
Se lit aussi sur Noblesse et Art de l’écu
La Voie du Samouraï : Livres 51 et 52
Livre 51
Lors que l’on se laisse à cette exclusive orientation, qui se formule intentionnellement en La Lumière, il est une porte qui s’ouvre à notre conscience et un couloir exigu apparaît. Or, paradoxalement, plus nous avançons en ce chemin étroit et plus L’Espace s’élargit. Nul ne peut imaginer combien cela est même singulier pour un Samouraï qui s’exerce assidûment. Ô fils aimé, sache que le commencement n’est pas celui que l’on croit. Nous apprenons à retrouver les gestes primordiaux que notre nature intrinsèque garde intacts, vierges de toute altération. Lors, nous enfilons, comme nous enfilerions un gant, tous les mouvements qui nous relient en L’Intelligence. De cette précision qui vient d’Elle, nous entrons en l’hébétude, car nous sommes en permanence à reconnaître Cela qui se vit et qui fait jaillir La Gratitude. Cette Reconnaissance est une expérience dont nous ne pouvons rien dire, lors même qu’Elle se dit en nous. Nous nous en approchons, nous en sentons la Présence, La Réalité, nous L’entendons même, car Elle est Verbe, et Elle nous donne l’acuité qui est jubilatoire. Nous ne sommes pas à nous auto-satisfaire, et comment le pourrions-nous ? Celui qui vit l’expérience de la déchirure n’est plus jamais comme avant. Il entre pleinement en ce Regard témoin qui le donne entièrement à La Contemplation, c’est-à-dire au Temps atemporel. Le commun se voudrait tout obtenir de cette paix, de cette Lumière, de ces ouvertures gnostiques sans faire aucun effort. Mais Il se trompe. La Terre est un Champ que l’on cultive. Tantôt nous plongeons nos mains jusqu’aux entrailles de notre Mère nourricière et tantôt, Elle est Celle qui nous couvre de Sa Mansuétude. Qu’est-ce donc que L’Harmonie ? La brise vient te caresser et dépose sur ta joue la tendresse, paroles fluviales qui se veulent t’éveiller tout entier. Elle n’est pas à t’endormir. Elle réveille chacune de tes réalités. N’oublie pas cette bienveillance, Ô Samouraï, toi qui de ton épée fends l’invisible, car Elle est en toi ! Tu es tout occupé à la méditation. Ton ascèse est La Présence et Elle te donne à toi-même. Elle rectifie avec toi les sinuosités et t’apprend ce qu’est La Vie en cette Reliance ; elle est ton labyrinthe. Qu’est-ce donc que L’Harmonie si ce n’est La Cohésion ? Que peut signifier être dans Le Réel si Tu n’es pas à être en L’Unité de La Cohérence ? Mon maître tranchait, implacablement, et je l’ai vu tant de fois asséner des coups sur la tête de ses disciples. Lors de nos promenades méditatives, il lui arrivait de rompre le silence et de me dire soudainement : – celui qui t’aime ne te trompe jamais. Il peut frapper dur, mais, il est à rectifier ce qui n’est pas bon. Il te dit : je ne te laisse pas dans l’erreur. Je n’entretiens pas ton illusion, car ce que j’aime pour moi-même, je l’aime aussi pour toi. Je lui demandai alors : Maître, est-il une erreur, quand tout est vrai au Regard du Vrai ? Le maître se tourna vers moi et plongea son regard intense jusqu’au plus intime de mon être. Il me parlait ainsi sans même que besoin se fasse sentir d’ouvrir la bouche. Un frisson me parcourut l’échine et je l’entendis : l’erreur est de ne pas voir l’erreur.
Livre 52
– Maître, l’injustice ne consiste-t-elle pas à entretenir le faux ? – Certes, mais lors que la vérité est lancée, le faux tombe tôt ou tard. Ne t’occupe pas de cela. La Lumière est puissante et c’est en Elle que L’Épée est tranchante. En nous, lors que le faux tombe, il tombe aussi partout. C’est Le Miracle du travail sur soi. En allant vers La Lumière, nous aidons les autres à y aller. Nous sommes fermes de par cette fermeté qui vient de La Nature essentielle et de cette Origine d’où nous venons et où nous retournons. La Lumière Divine fait Son Oeuvre et Celui qui s’en sépare volontairement, qui entretient le vice des hommes, périra sous L’Épée. Il suffit qu’un seul cœur reçoive La Lumière en cet Amour et en cette sincérité, et la face du monde change. Telle est La Prophétie des Assemblées Célestes. Tel est Le Samouraï qui oeuvre exclusivement pour La Lumière, en Elle et par Elle. Il ne cherche ni complaisance, ni retour. Il est en cette Joie perpétuelle qui unifie chaque instant en La Présence. Il n’induit personne en erreur car il cultive sa terre proprement. Il prend soin de nettoyer son âme et d’être en la vigilance. Il sonde et balaye sans état d’âme ce qui nuit. Ainsi est Le Paysan qui laisse parler Sa Terre. Elle est langage qui se retrouve, elle est intuition, elle est Amour. L’Amour n’est pas un vulgaire commerce. L’Amour sait ce qui nuit à L’Amour. L’Amour est intelligence, Autel suprême consacré à Lui. Si tu trahis Cela, c’est toi que tu trahis. Si tu trompes l’autre de par ton ignorance, ta responsabilité est grave. La Bienveillance est de ne pas laisser l’autre dans l’illusion. S’il perçoit ton coup comme injuste, c’est qu’il est foncièrement dans sa propre injustice. Il laisse l’ombre le gagner et le séparer de Tout. Or, nous sommes reliés et de par cela nous sommes à revenir, quand bien même nous ne le savons pas. Le Paysan laissa la terre le guider et il lui offrit ses services. Il se mit à la voir, et il la laissa le regarder. Ce miroir le donnait tout entier à une douce présence lors que son âme entière palpitait de cette immense réalité. Il ne vit plus Le Jardin comme une simple consécration. Le Jardin entier se déployait en sa toute dimension. Il devenait telle une Corolle qui s’épanchait de Son essence. La Nature entière Le venait Le visiter. Mais plus que tout, Il vit une source exultante jaillir sous ses pieds. Il pleura l’indicible mystère qui l’avait fait grandir en cet Amour. La princesse qu’il aimait, était Le Jardin même de son âme. Enfin, il le comprenait.
© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï
Se lit aussi sur Noblesse et Art de l’écu
La Voie du Samouraï : Livres 49 et 50
Livre 49
Toute l’histoire de l’humanité a été façonnée par la peur. L’homme éprouve cette viscérale peur d’Être. S’il ne projetait pas en lui la durée, il comprendrait qu’il n’y a que l’instant. Projeter vient de la peur et entraîne le désir de dominer. Le sentiment de perte entraîne aussi la peur. Or, si l’homme cessait de s’approprier, il ne sentirait plus cet effroi presque indicible. Tout espace vital qui se voit menacé est la conséquence d’une illusoire perception. Même les idées s’expriment semblablement à des conquêtes inavouées. Or, celui qui te veut du bien, ne cherche ni à te posséder, ni à t’enfermer, ni même à te conditionner dans un espace-temps. Il est à te donner tout l’espace pour que tu te trouves toi, quand même serait-il à bousculer ton inertie. Mais, celui qui a peur ne peut entrer ni dans l’émerveillement, ni en relation avec quiconque, ni même vivre le vrai partage. Souvent, sur la route, l’on rencontre des marcheurs. Quelques-uns te tendront naturellement le pain. D’autres ne te verront pas même. Pourquoi donc ? Sont-ils à se voir pour voir l’autre ? Sont-ils à se connaître pour connaître l’autre ? En L’Etant, il est une gratuité du Regard. Pour atteindre cette profondeur de sentiment, il est nécessaire de connaître la mort en tous ses états. La mort est un rappel constant et redonne à chaque chose sa pleine dimension. En ayant vécu cet effacement, cette occultation nécessaire, le Samouraï vit la mort qui réduit en poussière tout ce qui est périssable. celle-ci te donne à voir. Rien ne subsiste face à la mort si ce n’est ce qui ne jamais s’efface. Une fois expérimentée cette pleine réalité, tu es en Ce Regard de L’Être. Tu épouses chaque regard de Vie. Tu n’en négliges aucun. Le Samouraï connaît la valeur de la vie et connaît la sacralité de chaque regard qu’il pose sur l’autre, car il connaît le regard Réel. Il n’est pas séparé et il ne se sent pas enchaîné. Il n’éprouve pas la menace, il ne vole rien, puisqu’il n’est pas dans l’illusion que Cela lui revient. Il ne cherche pas à paraître, mais à Être. Il entre en Son Éternité. Son Silence est le résultat d’une application minutieuse et consciencieuse de sa pratique. Chaque jour, son geste lui donne à entrer en la profondeur. Cette minutie remonte depuis le lieu de sa découverte. Il se découvre Samouraï. Il ne prétend pas à Cela. Il est Cela qui se déploie. Lors que je quittai ma famille, je savais que Cela me le donnait à le vivre sans que je n’y fusse conditionné. Autre chose se révélait et me guidait. Sache, Ô Fils aimé que lors qu’une question hante ton âme, elle te libère de tout ce qui n’est pas à te donner La Réponse. Le Samouraï ne ment pas. Il ne trompe pas. Il étudie chaque stratégie de l’âme et les recense pour les avoir toujours reconnues, parce que La Question connaît précisément La Réponse.
Livre 50
Il est une Réalité que nous ne pouvons ignorer aujourd’hui. Tout cheminant est en Son déroulé de vie. Il ne saurait échapper à ce qui se présente à lui, quand bien même serait-il à le croire. Il ne s’agit nullement de nous enfermer dans l’idée d’une fatalité. Ce qui advient est clairement lisible dès lors que nous sommes assez lucides pour observer que la multiplicité et la différence sont une Réalité indéniable dans le cycle de l’humanité. Nous ne naissons pas tous dans les mêmes cultures, ni dans les mêmes schémas de pensées. La langue qui éclot de par un héritage familial et contextuel est encore une des caractéristiques qui nous donne à nous développer de telle ou telle manière. Pourtant, nous ne sommes pas foncièrement conditionnés par le contexte social, culturel et économique. Il serait injuste de prétendre que notre évolution fût complètement et définitivement liée à cela. Nous observons des spécificités de destinées qui sont telles des échappées de conscience. Dire que mon maître usa d’une stratégie à mon égard, bien cruelle aux yeux de certains, est encore se placer en-dessous de la réalité. Il me dévasta complètement. Les premières années furent les plus difficiles. J’étais le plus grand des rustres. Tout ce qui relevait de la subtilité m’apparaissait comme foncièrement inutile. Pourtant, n’avais-je pas cette Question primordiale au goût du souffle vital qui me taraudait ? Qu’est-ce donc que La Vie ? Cette Question en faisait poindre d’autres et jamais rien ne me semblait définitivement acquis. Ma jeunesse était impétueuse. La vanité me collait à la peau. Mon maître me fit vivre la totalité de l’inconfort. Tout ce qui me sécurisait, il me l’ôtait. Jamais je ne pouvais m’installer dans la routine. Il me remettait en cause sans cesse. Il n’agissait ainsi qu’avec moi et je tempêtais. Je pouvais même entrer dans des colères quasi meurtrières. Je montais sur les collines et pratiquais le maniement du sabre durant des heures. Je redescendais avec l’impression d’avoir combattu un dragon. Mon dragon. Quand je le vis, quand je vis qu’il me colonisait avec mon total assentiment, alors je compris que je ne devais plus le combattre. Car plus je levais mon arme contre lui et plus je lui donnais de la force et du pouvoir. J’appris à le voir mais aussi à lui dire implacablement : tu ne passeras plus. Je ne te donnerai plus cette part en moi que tu dévores. Je t’ai enfin reconnu. C’est ainsi que le paysan reprit son labeur. Il sua sang et eau et ne céda pas devant la tentation de tout abandonner. Or, il se passa cette chose extraordinaire : tout devint plus vrai encore. Son Amour naquit dans les décombres. Il le vit jaillissant, lumineux et il le contempla comme un parfait étranger. Ce n’était plus lui qui cultivait son jardin, mais bien le contraire : le Jardin le cultivait. Chaque graine devenait une lumière à son cœur chagriné. Chaque plant l’arrosait de sa tendre présence. Le Jardin n’était plus à l’extérieur, mais bien en lui. Il appris à marcher au milieu des allées et à se laisser compénétrer par le langage de chaque chose. Le Jardin était à resplendir non pas grâce à ses efforts, mais à partir d’une Source beaucoup plus ancienne, au-delà de lui-même. Tout le voulait lui en manifester la réalité. Tout lui en donnait la juste mesure.
© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï
Se lit aussi sur Noblesse et Art de l’écu