Elévation

Aspirer à s’élever ne relève pas de la volonté propre. Si nous ne naissons pas égaux, nous ne mourons pas égaux, non plus. Ce qu’il nous a été de donner de vivre est dissemblable, d’un individu à un autre. Ce qui est assez étrange, c’est de considérer que l’homme poursuit les mêmes désirs. Voilà qui nous interpelle, une fois de plus : naître, vivre et mourir est une réalité commune. Commune à tous les hommes. Mais ce qui n’est pas commun c’est ce qu’il se passe durant ce parcourt d’existenciation. Certes, nous venons au monde et nous sommes dans les plus élémentaires gestes de la vie, de la survie. Nous vivons des particularités dissemblablement différentes, de variabilité si complexes, que nous pouvons percevoir la différence, même sur un plan linéaire. A bien considérer les choses, nous comprenons parfaitement que nous n’arrivons pas avec les mêmes bagages, mais il est clair que nous ne repartons pas non plus avec les mêmes bagages ; nous ne repartons pas de la même façon. Ce qui est entre la naissance et la mort est notre chemin de vie. Nous sommes tous responsables de cela. Que nous le reconnaissions ou non. Pourtant, nous verrons que les mêmes aspirations se formuleront de différentes manières. Nous constaterons que nous ne vivons pas les mêmes plans de conscience. Les uns aspirent à s’élever socialement, les autres aspirent à s’élever en conscience. D’autres, n’aspirent plus à rien du tout.

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L’expérience

L'expérience, ce n'est pas ce qui arrive à quelqu'un, 
c'est ce que quelqu'un fait avec ce qui lui arrive.

Aldous Huxley

L’avons-nous épuisé ce rêve jusqu’au bout ? L’avons-nous laissé compénétrer notre âme jusqu’à l’interpellation imminente ? L’avons-nous distingué au milieu des ombres que de subtiles mains gantées font profiler sur le voile blanc ? L’avons-nous mesuré comme l’on mesure le ciel, la mer, les champs, le temps, les lieux ? Avons-nous donné au rêve le poids d’une juste Balance ? Ce rêve persistant, dans les dérives, ces limbes d’un lieu devenu puissant, l’avons-nous transpercé par la réponse à l’Appel ?

Il avait toujours su qu’il la rencontrerait à l’autre bout de la vie. Quand bien même, cette femme en lui n’avait pas vraiment de matérialité, peut-être une âpre concrétude, enracinée au plus profond de lui, une sorte d’abstraction phénoménale, un esprit féminin qui devait le « sortir » de toute projection possible, de tout transfert. Pourquoi s’était-il imaginé que son sauvetage ne pouvait être possible que par le surgissement d’une femme ? La cherchait-il, comme l’on cherche le seul sens possible à la vie ? L’âme est femme, s’était-il dit plusieurs fois. Il avait souffert des appels lancinants de son imagination, la chair de son esprit trouble. Il savait que la frontière avait été franchie, celle qui aurait dû le retenir, celle qui aurait dû être sa loi. Mais il n’avait pas su tenir la bête. Il n’avait jamais pu devenir souverain de cette chose, de ces opacités envahissantes. Elles étaient semblables à l’enfer d’un autre lui. N’était-il pas anéanti par les hurlements assaillants de ses ténèbres. Et il savait qu’il s’agissait de puissantes ténèbres. Il se parlait. Ils finissaient par être nombreux dans le couloir des idées.

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Les amitiés objectives

Wilson Henry Irvine, 1869-1936

Héloïse sait qu’elle a choisi, il y a bien longtemps, dans les pérégrinations solitaires, alors que son esprit s’envole bien avant la conscience, bien avant la conscience de l’évidence. Elle sait qu’elle n’est ni d’ici, ni d’ailleurs, qu’elle est sans espace, sans même dénomination, venant de nulle part, venant de partout. Elle est une lettre dans une longue phrase. Elle ne réfléchit pas. Il y a bien longtemps, elle a fait le choix de ne pas vraiment en faire. Elle le sait, puisque depuis toujours, Héloïse se heurte à son pied vacillant, chancellement volontaire, chancellement lié à la seconde, diapason avec l’univers. Simplement cet interstice, cette ouverture, dans le lointain présent.

Je t’ai rencontré longtemps avant que tu n’apparaisses. La sentence est implacable. Il le sait. Peut-il y échapper ? Ni lui, ni Héloïse ne réalisent combien leur relation est le fruit d’une jaillissante maturation. Ils ne le savent pas encore. Lui a beaucoup investigué, à travers une opiniâtreté paradoxale, qui lui a joué bien des tours. Il sait que les mots le façonnent, comme il sait qu’il leur doit beaucoup. Une gravité, le jeu de son éloquence, les possibilités indéniables que les mots vous donnent. Mais, la jouissance est de courte durée. Les mots te rattrapent, dit inlassablement Héloïse. Ils sont aussi vivants que le bruit des vagues. Ils viennent s’enrouler irrépressiblement à l’océan. Ils ne font plus qu’un. Bruit et eau. Pourtant, la rencontre a bien lieu. Elle vient le saisir après une cuisante histoire. Héloïse l’a devinée. Malgré tout, Héloïse ne connaît rien de la vie, de la vie vécue par les hommes de ce temps. Depuis longtemps, elle s’est défaite de tout un système, comme si tout avait été minutieusement consacré au démaillage.

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Le Verbe jaillissant

La Réalité-Une ne saurait exprimer autre que La Réalité-Une. Voici pourquoi, Le Corps-Arche de L’Origine, L’Alpha de notre Être, La Quintessence de cette Réalité-Une, toujours de Réalité efficiente, Immutable, est Celle qui se rappelle à nous et nous guide dans la Nuit obscure, La Nuit totale en son Eclipse, parce que se révélant en cette Profondeur des temps immémoriaux. C’est Elle qui, Jaillissante, est un Fleuve et qui, depuis Sa Source, se jette dans Les infinitudes de notre Océan. Il n’est autre Océan que cette illimité Océan, Réalité de Notre Être-Calame. Il est venu de vous-mêmes, MIN ANFUSSIKOM,* de votre Souffle Référentiel, de Celui qui ne s’altère pas, de votre Réalité Originelle, de Lui à Lui, et Lui vous parle, dans la Nuit obscure, dans le Tréfonds de Votre Mémoire langagière. Eau puissante de La Réalité du Verbe, préservée depuis L’Arche Essentielle. Le Vivant, cette histoire indéfectible de L’Amour, Celui qui donne à La Relation Verbale dans les Flux du Discours, en La Vision descendante, car Celui qui remonte, accueille Celui qui descend. Les Deux sont sur Le Chemin, et Celui-ci est Sa Totalisante Rectitude, car il ne saurait y avoir autre Témoignage que Lui-Même. Lui ouvre aux perceptions unitives et féconde en Ton Âme la Reconnaissance. Il est venu de vous-mêmes, Fils de L’homme, sous des formes diverses afin de s’entretenir à L’Ombre de Son Discours, car nul ne voit Dieu sans qu’il n’y ait un Voile entre Lui et L’Homme, et ce Voile est La Garantie de L’Observance de Sa Réalité révélant Les Convenances, les Signes de La Hiérarchie et de L’Accession à La Connaissance irradiante. Tel souffle et telle Réalité. Telle Révélation de L’Intention et telle manifestation. Ô Homme, lis, en ce Livre, tes réalités discernées au sein de La Réalité discriminante ! Comprends-bien !

*Notes du relayeur :

HASMA HARUN (hasmaharun) - Profile | Pinterest

Il est venu de vous-mêmes un Messager se manifestant à vous, lié à vous par l’intime en vous de ce qui vous assaille, empli de sollicitude vigilante à votre égard, de douceur immanente et miséricordieux pour ceux qui se laissent compénétrer par la foi…

Sourate Tawba, Le Retournement, verset 128, essai interprétatif, et Allah est plus Savant.

Force vitale, Ego, Réalité de La Polarité-Une

Il est des êtres dont l’image manifeste la grâce d’un Au-delà, le dépassement et la lumière contemplative. Ils deviennent des mandalas étonnement réverbérant Le Souvenir.

Cheikh Mawlana Sidi Ahmed Ibn Mustafa Al Alawi Al Mostghanmi de la tariqa soufie Shadhili Darqawi Alawi.

Il est à se découvrir, dans la décomposition, fragmentation nécessaire, tout en vivant de façon atemporelle la défragmentation, la connaissance de ce qui pourrait être aussi appelée Force vitale. Celle-ci, contrairement à ce qui pourrait être compris ordinairement, ne peut être réduite à l’exclusive dénomination qui est celle de l’égo. Compte tenu des manifestations de La Réalité-Une, l’ego n’est en soi ni bon ni mauvais. Il est à réfléchir, selon le prisme de l’être, l’étape conscientisée de l’individu. Celui qui détient la clé de décryptage, celui qui visualise toutes les caractéristiques de la réalité humaine obtient, de fait, la clairvoyance unitive, l’aptitude à déceler toutes les possibilités de l’être, ainsi que toutes les variabilités de celui-ci. Il parvient à la connaissance des états multiples de l’être, non par déduction spéculative du mental, mais parce que L’Esprit en lui, voit et perçoit en vertu de La Conscience Unitive et Descendante qu’est La Conscience Divine. Lors, la force vitale qui l’anime est éclairée par La Lumière et son prisme réflexif est un Prisme dont La Réalité vient de cette Réalité axiale. Il est assez intéressant de se pencher sur le lexique sémitique pour saisir combien l’ego n’a aucune réalité propre et que l’humain est composé de ce que l’on appelle la Materia prima, excellence de L’Excellence, conception insufflé de Force vitale, anima, et de L’Insuffle Divin (NEFS) qui est L’Âme vers laquelle Dieu Lui-même nous enjoint de migrer. L’Excellence réside dans le fait que cette Materia prima est avant tout à nous rappeler l’origine humble de notre réalité, celle que Le Seigneur présenta en Sa Sagesse, en L’Assemblée suprême de La Conscience et lors qu’Il créa par L’Esprit du Logos, Le Discours.

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Le réveil (1)

Quand le matin offre le réveil, l’âme est sa mesure. L’on évite de s’accrocher à toutes formes de pensée et c’est sans doute par l’offrande d’une prière, unie au souffle qui ensemence l’instant de son présent, que la conscience expérimente. L’on respire en silence un long moment, puis l’on laisse la présence faire sa présence. Aucune hâte au lever. Aucune pensée. Le matin respire profondément et circule partout dans les membres et cellules du corps. Celui-ci accueille cet éveil. Cela fait des années que cet accueil est puissant de sa constance. Accueillir la présence, être elle, celle qui s’offre en la plus pure des abstractions. Respirer son respir, expirer son expir. Se laisser cueillir et non plus cueillir. S’abandonner. Lorsque l’on se lève à l’aube, la nuit est encore là, et le frémissement d’une Descente se fait sentir. C’est à cette Descente que l’âme s’ouvre. Toujours en silence, les ablutions éveillent chacun de nos sens, et ces ablutions rituelles sont une invitation, les gestes accomplis dans la lenteur et unifiés au troisième œil de la perception intuitive, celle que l’on unifie dans l’acte dévotionnel de la présence du Cœur Divin. Palper par l’eau restructurée des effets mantriques, liés par cette intensité dense et éthérisée, résorbée par l’intention en ce corps-matière, en cet esprit-âme, verbe sacré exprimé en synchronie du Souffle. Nous allumons une flamme au cœur vif de La Présence, alors que la plupart du temps l’encens est volute attribuée à l’essence angélique de Présence Seigneuriale et transcendante. Le Réveil devient Union de Terre et Ciel. Acte de Retour conscientisé par l’effluve du Voyage nocturne de l’âme vers L’Âme. Le Silence en cette vacuité accueille les entretiens de L’Âme avec l’âme.

Réalité de L’Homme (5)

La principale action régénérante du Corps-Arche est précisément le souffle (نفس) et Souffle Divin (النفس الالهي). Dans toutes les Traditions, l’une des forces majeures de la prière et de la méditation est justement d’activer ce Corps-Arche par Le Souffle, tout en prenant soin de choisir le point stratégique sur lequel Le Souffle polarisé en Dieu, va venir agir. Chez les soufis, la plupart comprennent, en vertu d’une parole prophétique*, que le point central est le cœur (قلب). Plutôt que d’ouvrir d’autres canaux, il est capital d’abord d’activer celui du Cœur, centre névralgique du Corps-Arche, qui à son tour va activer tous les autres points essentiels et libérer les canaux de transmission du Souffle régénérant. Chaque fois que nous entrons en ce Silence du Souffle, nous nous unifions à La Présence et de fait, nous sommes ainsi disposés à L’Accueil, c’est-à-dire, nous permettons à notre âme de s’irriguer des flux descendants du Souffle Divin. Notre Corps dans Sa Perfection est notre médecine essentielle. Il est Le Vaisseau complet que l’on doit permettre d’activer afin d’entrer précisément dans Le Vivant. Chaque fois que nous opérons de la sorte, nous nous régénérons de l’intérieur, sans besoin de faire usage de rien autre que de ce Corps-Esprit, Corps-véhiculaire, devenu Coupe. Lorsque nous comprenons Cela, nous sommes libres. Tout notre mental est irrigué de lumière et parvient alors à traverser, même progressivement, toutes les opacités psychiques du mental, et de fait, dévoiler les effets du Voyage de L’Âme en révélant les liens concomitants et les correspondances avec Le Vivant, c’est-à-dire L’Être au monde et L’Être Supérieur.


*Il y a dans le corps un morceau de chair qui, s’il est sain, rend tout le corps sain ; mais s’il est corrompu, tout le corps devient corrompu. Il s’agit du cœur. (Hadith authentique rapporté par Boukhari et Mouslim).

Réalité de L’Homme (4)

Celui qui se laisse saisir par le temps, comprend la magie-une de La Vie et dès lors, pris par elle, se laisse guider au sein même de Son Appel. N’est-il pas lui-même au sein d’une absoluité ? Quand même, le temps semble être une succession de repères, le temps est aussi une entité interactive, au même titre que l’espace. Si vous observez votre vie, vous vous laissez observer par le temps et vous comprenez alors que celui-ci vous révèle Son Vivant : il n’est nullement réduit à votre perception linéaire. De même, vous ressentez exactement la même chose pour le lieu, l’espace physique. De fait, ni l’un ni l’autre ne sont fondamentalement ceci ou cela que vous croyez être. Le Vivant est un mouvement perpétuel de Signes, créés perpétuellement. Rien n’est jamais figé, rien n’est jamais fini. Voilà pourquoi une intelligence artificielle ne pourra jamais englober cette Réalité perpétuelle. Elle sera toujours soumise à la solidification de sa propre artificialité. De plus, au contraire de l’intelligence artificielle, L’Intelligence pure ne cherche pas les réponses, ni ne s’inscrit dans l’expérience limitative de l’aspect séquentiel de l’existence.

Si le temps et l’espace sont autres que de simples phénomènes observables, alors que dire de toute cette manifestation existenciée ? Si nous considérons que ce monde porte en lui son sens, s’il est aussi Intelligence, que dire de L’Homme ? Que dire de Sa Réalité-Une et exponentiellement extensive ?

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Méditation (38)

Les phénomènes sont comme des glissements imperceptibles, reflétés dans le lac de notre Regard. Quelque chose qui relève de la quadrature du cercle. Ce qui passe et ce qui reste. Pourquoi chercher à retenir ce qui est de nature à passer ? Et pourquoi fuir ce qui est de nature à te faire passer ? Étrange et insolite, l’homme qui s’engouffre dans les dérivations ! Un reflet sur l’eau est semblable à un froissement dont les plis deviennent une écriture. Puis la main du vent chasse l’image et voici que l’eau reste. J’ai vu un homme tenter de retenir les images, il ne voyait plus le ruisseau.

Introduction à l’étude des influences collatérales et concomitantes

Dès lors que Le Vivant est Vivant et que rien ne saurait être séparé de ce Tout ; dès lors que tout procède d’une décision Alpha, contenant les Germes d’une Semence unique en exponentialité, et dès lors que ce monde et tout ce qu’il contient en sa part visible ainsi que sa part invisible se donne à être connu ; dès lors que ce monde visible contient le monde invisible et que nous en sommes en quelques sortes la clé ainsi que la serrure, alors il ne nous échappe pas que La Sagesse inscrit en toute chose son signe, et que chaque signe a vocation de nous donner à voir et à saisir les effluves de La Réalité, ainsi que les liens entre elles. Nous sommes bien ce corps : notre propre embarcadère, notre propre embarcation et notre propre voyage, mais nous ne le savons plus. Plongés, pour certains de façon permanente, dans l’oubli, Léthé, les hommes ne savent ni reconnaître le message, ni saisir les subtilités profondes de l’existence. L’enfer, ce n’est pas les autres, mais bien l’oubli. L’enfer c’est l’ignorance de L’Être. L’enfer, c’est réduire cette vie à une uniformité restrictive et se placer en une non-considération de L’Essence des choses. Il s’agit à proprement parler du déni. Mais ceux qui pratiquent le déni sont en vérité à démontrer eux-mêmes de l’impossibilité de ce déni, puisque la négation se devrait en toute logique, être pratiquée en toute chose, ce qui est absolument impossible. Le monde est une croyance à lui seul. Lire la suite