Sourire perpétuel (1)

En Echo au Viatique 61 – Quand le disciple est prêt

Bʟᴀᴄᴋ & Wʜɪᴛᴇ

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– En cette Rencontre, qu’est-il advenu ?
– Un sourire est né.
– S’est-il effacé ?
– Oui, en sa pleine Réalité.
– Quelle est donc cette pleine Réalité ?
– Le Sourire perpétuel.
– D’où Cela vient-il ?
– D’un étonnement émerveillé.

Lors que la brise effleure ton âme, Ô Maître qui s’éveille en ce frémissement de L’Aube, Le Miroir devient alors le reflet suspendu.
– J’ai laissé s’effeuiller chacune des images offertes en cette Lecture possible.
– As-tu perçu en La Montagne de Ton Âme ces bruissements de douceur ?
En ce Silence, Le Maître parle.
Il marche en ce chemin de langueur et de désir.
Il est aussi L’Éclosion d’une Perception.
En ces Pétales, les effluves sont les prémices des paroles qui tremblent de leur Naissance à La pointe du Jour.
Ils sont les bienveillances du Chant de L’Origine.
Ainsi, Le Maître est à s’asseoir sous les ombrages d’un Arbre.
Lors que son Assise est sûre, les flux dansent des notes du Rappel.
Parfois, il faut des milliers de pas avant de parvenir au Maître, et parfois, plus encore.
Il est telle La Fusion en ce Four de Lumière.
Il est un gardien qui dit : n’aie plus peur.
Lors que les tumultes échauffent suffisamment le foyer du cœur, L’Eau des Jardins s’écoule sous la forme de ruisseaux clapotants et viennent suavement tiédir L’Incandescence du Feu intime. C’est là que se déposent des myriades de voiles soyeux de Sérénité. C’est Là aussi que Le Maître parle.
Tantôt, Il est à marcher, et tantôt Il est assis sur Le Siège de La Vision Pure.
Il est à Se recueillir.
Il est à redonner.
Jamais il ne s’approprie Cela.
Il est Celui qui parle et Celui qui est Témoin.
Il est aussi Celui qui voit.
Il est Celui qui touche et anime La Matière.
Elle est deux fois née en L’Esprit de Son Esprit.
La Fleur est resplendissante des multitudes de Fleurs qui jaillissent simultanément.
Une aile de papillon frôle une aile d’oiseau.
L’Esprit est épris de ces vagues qui se succèdent et forment simultanément les mondes de La Pensée.
Le Maître est là, lors que tu Le rencontres ici et partout.
En tout Lieu, Il est L’Enseignant, Le Révélateur du Soi.
– Je chéris tous les maîtres, et vois La Rencontre de Tout Enseignement.
Je suis suspendu à Sa Bouche patiente.
Il est en ce Regard qui me parle, et Il est ce filet d’eau.
Il est cette Libellule, et aussi cet homme qui passe.
N’est-Il pas ce Bâton qui épouse un sentier ?
N’est-il pas cette écume, et ces délicats coups de pinceau sur la poitrine d’un poisson ?
N’est-Il pas Le Ciel qui me regarde en Sa Grandeur ?
Lors que L’Esprit est à rendre visible Le Chemin de La Pérégrination de Ton Âme, il n’est plus un « moi », mais cette Réalité de L’Être.
Lors que Le Maître intérieur apparaît, il n’est plus aucune crainte à avoir : Lui Seul est à rayonner.

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Viatique 61 – Quand le disciple est prêt

Peinture de Franck Boyle.pngPeinture de Franck Boyle

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Ce que tu cherches vient te trouver. En vérité,
Tu réponds juste à ce qui en toi t’appelle.
Chaque pas donne la mesure de ta sincérité.
Tu crois apprendre ? Simplement, tu te rappelles

À ce que tu es depuis ton commencement.
C’est ainsi, Tout est en tout depuis l’Origine
Et la Vie t’enseigne, par le renoncement
Aux illusions qu’un mental réducteur décline

Comme étant le Réel, à aller au-delà
De l’éphémère, au-delà de l’impermanence.
Telle est la voie transcendante dite du Par-delà,
Celle qui, sans cesse, déchire le voile des apparences.

Quand le disciple est prêt, le Maître arrive.
Vois, n’est-ce pas lui qui t’attend sur l’autre rive ?
Celle-ci est en toi et tu es ton propre pont.
Celui qui questionne est Le Même qui répond.

Ces maîtres, que tu te cherchais à l’extérieur,
N’étaient que jalons destinés à te montrer
La bonne direction en ton voyage intérieur.
C’est toujours toi-même que tu es à rencontrer.*

Marc

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* Le soi-même n’évoque pas ici le moi égotique et égocentrique, conditionné et muable, c’est-à-dire la conscience limitée et limitative qui procède du mental ordinaire, mais le Soi ou le Moi profond, libre et immuable. Celui-ci n’est pas davantage à confondre avec le soi des psychologues et des psychanalystes qui désigne l’archétype de l’entièreté psychique qui englobe autant l’inconscient personnel que l’inconscient collectif. Dans l’acception que nous donnons à ce terme, le Soi désigne l’identité première et ultime de l’être.

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Voir aussi sur Noblesse et Art de l’Écu

Engi_Glaris_Suisse

Blason de Schmalfeld (Schleswig-Holstein, Allemagne)

Soleil Divin

Faridoddin ‘Attar: Le Livre de l’Épreuve

 

Un important dit à la chauve-souris : « Faible créature ! Tu es sans nouvelles du noble soleil. Le jour pour toi est tout entier nuit obscure; l’éclat de la lumière blesse ton oeil. Dans la nuit noire tu erres inlassable; aveuglée, tu tournes comme la quenouille. Si avec le soleil tu frayais quelque peu, tu ne fuirais pas ainsi sa splendeur ! Jusqu’à quand dans les trous bâtiras-tu ta demeure ? Regarde le soleil aux rayons diaprés ! Afin de voir ce soleil de feu — approche, deviens l’intime ! »
O prodige, la chauve-souris répondit : « Insensé ! Que ferais-tu de la lune et du soleil ? Ce soleil qui devient noir et se couche dans une source bouillante, ce soleil dont le visage pâlit, qui revêt habits de deuil, erre et va de deuil en seuil, — se meurt de soif, et de douleur baigne à l’horizon dans le sang ! Ne point voir un tel soleil, qu’importe, quand il en est un autre ! Homme, ne dors pas ! Pour un soir, veille, afin de voir dans la nuit paraître le soleil ! Ecervelé ! Le jour pour moi est chaque nuit, car le Soleil divin brille la nuit. Lorsque la nuit ce Soleil-là se manifeste, toutes les créatures du monde sont accaparées par le sommeil ! Ton soleil, à tant d’éclat, se voile le visage de honte : que dis-je, il se sauve de confusion et d’effroi ! Mais pour celui comme moi intime, le Soleil resplendit dans la Nuit noire ! Puisqu’un tel soleil se récolte la nuit, — toi, aveugle endormi, comment le verrais-tu ? Moi, je veille jusqu’au jour; autour de ce Soleil-là, je tourne en me brûlant les ailes ! Et lorsque point ton soleil factice, je retourne à mon nid de ténèbres. Puisque le Soleil divin brille dans la Nuit lumineuse, — voir cet autre soleil n’est pas ma vocation ! »

Si tu es magnanime, tel le faucon, ta place est sur le poing du roi. Et si tel le moustique tu es pusillanime, comme lui tu agiras avec outrecuidance. Alors quelle différence y aura-t-il pour toi entre être et apparence ?

Liberté d’un fou

Peinture de Eugene Alexis Girardet (1853 – 1907) 

 

J’ai frappé à la porte, mais l’on m’a dit : n’as-tu pas compris que tu étais déjà à l’intérieur ?
Je suis resté sans voix.
J’ai bu à La Coupe d’un nectar que l’on est à méconnaître.
L’on m’a dit : cette vie est sans fin.
Je suis déjà mort, ai-je répondu.
Justement, m’a-t-on rétorqué !
Alors, sous la voûte étoilée, lors que la brise se venait m’effleurer, j’ai dit : vois, je suis allongé.
C’est en La Nuit que je suis le plus ivre.
Les poussières d’or survolent les cheveux de chaque constellation.
J’ai tendu les mains, et il m’a été dit : vois les parois d’une tombe qui est plus qu’un asile.
J’ai plongé en La Vue des Lacs de L’Intimité.
Il est une Alchimie et c’est en ce centre que fusionnent, ici, les images de La Pleine Contemplation.
– Renonce ! Vois comme L’autre côté est une Vie entière !
Je ne savais pas, et pourtant, ne l’ai-je pas pressenti ?
J’ai fermé les yeux qui se sont ouverts sur ces mondes du Tout-Possible.
C’est là !
C’est bien là que le Voyage est à se vivre !
Comme est effervescente cette étrangeté !
Je les ai caressé de toutes mes pensées !
Je ne les oublie jamais !
Chacun est en ma larme perlée.
Je les aime.
Je les visite à chaque seconde du Souffle de mon soupir saccadé !
Je L’appelle !
– Renonce !
Je n’ai jamais vécu cette vie comme étant une finitude.
– Renonce !
Comme est belle La Bouillonnance de mon cœur rendu prisonnier !
Peu importe !
J’aime cette Réalité !
Depuis que je me suis allongé, je suis heureux de mourir !
Telle est La Liberté !
J’ai labouré chaque parcelle, et j’ai gratté jusqu’à l’usure.
Je n’ai pas cessé un seul instant de chercher !
Pas un seul instant qui ne soit cette Quête !
Oh, pas un seul instant !
J’ai saisi une toute petite cuillère et c’est avec celle-ci que je creuse !
Creuse, m’a-t-on dit, et alors, j’ai creusé !
Je ne suis jamais fatigué des grains de sables et de l’argile qui crissent !
En eux, une pépite est à jaillir, et mille autres qui suivent.

Mille Ruisseaux, aussi !

La Tour Eiffel ou le signe des temps

The Suspended Champs - Wojciech SiudmakPeinture de Wojciech Siudmak

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Tour, grande tour, sans rien dedans, sans mur ni toit,
Et sans dedans, Babel creuse et pointue,
Le vide en toi se multiplie et s’évertue.

Engin visant à nous laisser pantois
L’orgueil du siècle neuf s’aiguise en toi.
Le siècle qui naquit un jour de foire
Célèbre en toi ses futures victoires,
Il trace en toi sa trajectoire
Sans but ni doute ni recul,
Et puis hausse jusqu’au palier final et nul
L’épouvantail de sa carcasse noire.

Fuselages pendus, vertige aérien,
Lointains ouverts, vent du départ, sillage,
Rails qu’infléchit la vitesse sauvage
Tous convergeant à la cime du rien…
Cage qui fait l’oiseau, vol menteur, faux voyage,
Tout est rouille et ferraille et prison de grillage.

Grise grandeur faite de petitesses,
Quel est-il ce gigantesque insecte ? Est-ce
L’étroit futur dont nous serons vêtus
Quand tout sera parfait dans notre termitière
Quand nos derniers sursauts se seront tus,
Quand la rue aura dévoré la vie entière ?

Vaniteuse machine, absurde bête,
Pou colossal à pattes d’éléphant
Muni d’un cou de girafe sans tête :
Siècle, reconnais-toi dans ton enfant !

Bond triomphal du charbon et du fer
Par où Satan échafaudant ces trous,
Ces barres, ces cassures, bout à bout,
Entend porter jusqu’au zénith l’enfer…
Regardez son échelle encor debout !

Lanza del Vasto (1901-1981)
Le Chiffre des Choses (Denoël 1953)

Lanza del Vasto_Larzac

Paroles d’un Pérégrinant

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Le Pérégrinant s’est exclamé : Est-ce Toi ?
Le Silence s’est brisé sur les éclats d’un Miroir d’Amour.
Le Pérégrinant a poursuivi : Je ne vais plus vers Toi, puisque c’est en Toi que je suis à voyager.
Le Regard s’est levé des grandeurs et des Majestés.
Il a compénétré La Pupille de L’Iris et demeuré en La Contemplation.
Il est une bouche qui s’est exprimée : Des Vastités des Pétales de Ton Azur, j’ai laissé navigué La superposition des Mondes révélés et je me suis étonnée.
Ne suis-je pas depuis en cette hébétude et d’elle me vient La douce perplexité ?
Je suis aussi ce pas qui ne cesse d’avancer et depuis le mouvement le plus lent, je suis restée comme figée.
Pourtant, Il est une pleine immobilité qui devient Pérégrination.
En ces Ondes d’Amour, Les Montagnes ont semblé s’élever.
Sont-ce ces images des Pays de notre Retour ?
Il s’est laissé comme guidé en ces seules réalités.
– Sais-tu encore vivre ?
– Je suis à entrer en La Prunelle de Ton Observance. C’est en Elle, en La Larme de la perpétuelle Étreinte, que je suis à vivre. Je ne saurais plus appréhender autrement ce monde.
Les choses sont à me parler.
Elles cognent en ces battements que sont ceux du cœur.
Je ne sais plus marcher.
Ainsi, se veut se cristalliser la dernière image qui devient Éternelle Union.
Que croyait-on ?
Que la chair est un leurre, lors qu’en Elle est un Noble Dépôt ?
Les paroles se muent en ce Centre telle La Lumière.
Elles anticipent sur la Conscience .
Lors, je suis à voir se succéder L’Esprit, Le Témoin et L’Interprète.
Ils sont en cette suspension du Temps à tournoyer et fusionner.
Ils m’apportent les nouvelles.
Le cœur recèle Le Four de L’Alchimie.
Tout est à se transformer.
Ici.
L’État est Contemplatif.
Il ne peut en être autrement.

Plus loin, il est un autre Pérégrinant.
Je l’ai rencontré en sa douleur.
Il est prostré par les incohérences.
Il n’ose plus regarder.
– Qu’aurait-il à voir ?
– Il m’a parlé des récifs de la mer houleuse. Il m’a dit, en un seul regard : depuis des cycles et des cycles, l’on a voulu maintenir les gens en une terrible ignorance.
Je pourrais tout te raconter, tout te dire, mais cela va trop vite. Je suis saisi par cette Lumière qui me tire. Comme je souffre pourtant de la déviance de l’humanité !
J’ai désiré m’enfuir, puis je suis revenu vers ma douleur. En Elle, je prie.
– Que peut-on faire ?
– Je suis souvent en ce silence. Le silence cristallise ma prière. J’ai compris que je ne pouvais absolument pas me délivrer, seul. C’est un total non-sens.
– Que fais-tu ?
– Je rassemble toute cette lumière. Elle est Puissante ! Aucune parole ne peut réellement saisir cette illumination !
– Que peut-on faire ?
– Accueillir…

– Est-ce Toi ?
– Oui.

Peinture de Andrei Shishkin.

Source des Aubes Virginales (2)

Naissance et connaissance

 

Grâce Te soit rendue, Ô fluidité des Eaux de La Stabilité,
Grâce Te soit rendue, Ô Rivière des éternelles surabondances,
Grâce Te soit rendue, Ô rafales dansantes des pluies d’un matin,
Grâce Te soit rendue, Soleil des Larmes de mon embrasement,
Grâce Te soit rendue, Universalité des Paroles unifiantes,
Grâce Te soit rendue, Lumière Ascendante de La Fougue étreignante,
Grâce Te soit rendue, Ô Réalité de La Conscience subtile en ces Voyages de L’Esprit.

– Nous sommes-nous arrêtés ?
– Non, jamais !
– Nous sommes-nous lassés d’aller à Ta Rencontre ?
– Non, jamais !
– Avons-nous feint de ne pas voir ?
– Non jamais !
– Avons-nous dédaigné Ton Impétuosité ?
– Non, jamais !
– Sommes-nous fragile de Ta Seule Force ?
– Il est La Seule Force !
– Ô Grâce Te soit rendue !
– Avons-nous méconnu Ton Amour ?
– Non jamais !

Il est une Lumière éclairante.
– Est-elle Enseignement ?
– Il est un Voyage de demeure en Demeure.
– Quelles sont-Elles ?
– L’émerveillement des feuillets qui sont à s’effeuiller !
L’Encre des lignes alignées !
Les Paroles révélées !

– La Lumière est à mettre en Lumière les pages d’un Livre !
Le Sage se tait en cette indicible émotion qui relève du goût.
– Goûte-t-on La Lumière ?
– Elle irrigue, n’en doute pas une seconde !
Elle noie toutes les aspérités.
Elle résorbe toute ténèbre !
– Est-il un dernier Mot ?
– Oui, Il est aussi Le Premier.
– Est-il à s’achever ?
– Le dernier est renouvellement incessant !
– Est-Il enivrant ?
– La réponse est dans La Question !
– Dis-moi ce Mot !
– il est en Son Ultimité !
– Est-Il Le Voyage ?
– Oui.
– Ce mot est Celui qui est à ta bouche Le Seul Souffle !
– Est-Il La Rose Éclose ?
– J’ai vu Son Sourire.
– Est-Il aussi Le Visage ?
– Oui, oui, oui !
– Je sais qu’Il est à s’écouler depuis les fonds Les Plus Obscurs, et depuis les Cimes éthérées.
– Est-ce L’Ascension ?
– Oui, oui, oui !
– Son Mystère est Entier !

Le Cœur d’une Fleur, splendeur des Jacinthes et Rosées de La Roseraie !
Son Cœur est Rouge et Son Centre est si obscur, Son Noyau, si intense, qu’Il est toutes couleurs réunies !

– Ô Pupille des Perceptions !
– Palpitation d’une Rétine Absolue !
– Amour ?
– Oui, oui, oui !