Si tu venais à disparaître

Image trouvée sur le net : aquarelle au café

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Si tu venais à disparaître, je me sentirais disparue à mon tour, déclara Héloïse, un matin, lors qu’ils prenaient leur petit-déjeuner ensemble. Ils aimaient ainsi s’attarder devant la table, table ronde qui accueillait patiemment, jour après jour, leurs interminables entretiens. C’était sans doute à cette heure-ci de la journée qu’ils avaient les idées les plus claires, les idées auréolées d’une nuit profonde et réparatrice. Le café fumait, délectable et chaleureux. Son effluve emplissait la pièce entière, capitonnait chaque objet, chaque étoffe de son être dense et léger tout à la fois. Dès l’aube, il sortait le beurre afin que celui-ci gagnât en onctuosité. Il s’occupait de dresser la table, tandis qu’elle finissait de ranger la chambre. Héloïse le laissait faire. Elle s’étonnait à peine de le voir s’affairer dans la cuisine. Cela répandait, en petites touches, en elle et tout autour, un parfum agréable de douceur et d’harmonie. C’était très tardivement qu’elle s’était mise à boire du café sans ajout de lait, et ce, pour la simple raison, qu’elle aimait se sentir submergée totalement par son arôme. Une maison sans café lui semblait sans vie. Cela remontait à son enfance, alors que très tôt, son père préparait la boisson, quasi sacrée, pour toute la maisonnée. Héloïse se souvenait du bruit de la machine à café qui mixait le grain. Puis, du sifflement de la cafetière. Quels bruits rassurants pour l’enfant qu’elle était ! Quelle senteur mémorable !

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Le passage du chevalier

Peinture de Mariusz Lewandowsk

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Ce monde passe et les hommes trépassent. Que de mémoires dissoutes dans l’absence ! Que de mémoires fugaces, dans les oublis du Temps ! Que de Lumières dans la Nuit, et que de modèles à suivre dans les sillons de notre corps ! S’il fallait s’étourdir, alors autant plonger dans un lac scintillant de Lumière ! Autant s’accrocher, à l’aide d’une corde, au Temple de l’Âme ! L’Appel est puissant. La Voix résonne depuis longtemps et le Verbe rayonne tandis que répondre à Son Appel vient sans nul doute de Lui. Il trouva un océan et y pénétra. Les vagues tanguent, Ô mon âme ! Les vagues rugissent et t’engouffrent en la nuit célestielle. Des mots qui surgissent, nous transpercent et les voiles de ténèbres deviennent ceux de la Lumière. L’Océan de ton offrande et l’océan entier submerge de densité, d’intensité, de crucialité, ce couloir obscur. Qu’est-ce donc que cette magistrale immersion, lors que ton cœur soutenu par les piliers de la Majesté, droite et auguste, triomphe et fait sonner le Cor ?

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Noblesse

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La Noblesse procède de la Lumière, tout comme les attributs Seigneuriaux en sont la Manifestation. Hautes vertus sacerdotales qui vêtent les épaules du preux, et combien d’hommes se perdent dans leurs vulgaires aspirations ! Depuis les effluves célestes, les noblesses jaillissent du tréfonds des cœurs et donnent à l’homme ses qualités pures. Il marche sur terre avec la vêture de l’équité, les atours de la beauté. Il émane de lui, et au travers de ses actes, l’essence lumineuse de son cœur. Il ne volera pas les biens des orphelins, ceux-là mêmes qui ont perdu la trame existentielle, les repères et les connaissances. Jamais, il n’abuse de la candeur de l’autre, car telle est la fragilité des orphelins. L’homme vertueux est gorgé d’Amour et entre en état de service vis-à-vis de ses prochains. Il n’élève pas la voix au-dessus des sages, ni n’outrepasse leur rang. L’homme intègre veille sur son âme et soigne son cœur. Il est celui qui entre en harmonie avec l’Intelligence et se montre magnanime et juste envers son prochain. Il prend soin des autres et s’occupe, en premier lieu, à se réformer lui-même plutôt que de chercher à réformer les autres.

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Le bourreau

Peinture de Paul Delaroche (1797-1856)

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Vous êtes-vous déjà demandé si le bourreau, exécutant la sentence irréversible, n’était qu’une espèce d’exécutant mécanique, incapable de ressentir la moindre empathie pour le condamné, ou bien un être dont le destin passablement cruel, le plaçait, à chaque exécution, face à lui-même ? Ce bourreau, autrement que formel, peut prendre tous les visages, y compris celui de l’ange. Mais, saviez-vous, qu’au Décret ultime, les anges obéissants à la Loi Naturelle, ceux des mondes inférieurs, seront eux aussi submergés par la Compassion universelle, totalisante, et cesseront d’appliquer la sentence infernale ? Pour certains êtres, les distances sont pliées, et ils entrent en l’universalité épandue d’Amour, nimbée de Sagesse. Leur cœur, ruisselant de lumière Divine, est fermement établi, y compris en ce monde instable, ce monde soumis au mouvement. Ces êtres répondent à l’Appel des mondes supérieurs, à leur bénéfique influence. Or, le Bien est ce vers quoi nous tendons, dès lors que nous acceptons de nous soumettre à l’Appel lumineux de la Voix Divine, de la Loi que Dieu a instaurée. Quant à certains bourreaux, n’ont-ils pas à subir aussi cette exécution fatale et terrible, tandis que leur cœur s’endurcit et qu’ils ne sont plus à même de saisir les réalités de leur frère, ni d’entrer en ce Dialogue intime de l’âme apaisée ? Le bourreau et la victime sont étroitement liés. Comprenez ce qui s’énonce ici ! Y a-t-il véritablement injustice et comment échapper au sort implacable de la cruauté ? Il n’est de réalité qu’Une et c’est en se laissant œuvrer en cette juste vision des choses que l’on échappe à tout bourreau.

Création perpétuelle

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Chaque jour renouvelle son acte de foi, et chaque jour, la foi porte les univers. Chaque jour, les cœurs sont appelés et chaque jour, depuis cet Appel, les êtres découvrent, s’ils répondent à l’Appel, les lumières de la Connaissance. A polir son cœur, l’on perçoit ce qui était là, déposé au sein de la surface lisse d’un Miroir, les écritures de la préexistence, celles du moment de Cordée, les beautés principielles et leurs correspondances. Alors, la vie bascule en une Réalité retrouvée et c’est là que l’âme s’apaise et avance dans l’indicible pays immaculé. Oh ! Instant où la lecture quintessenciée s’offre et l’on se penche sur les majestés de l’Unité. Que nous importe ce monde et ce qu’il contient, puisque de l’écriture, nous retenons l’essence, l’encre d’un Calame subtil et d’avoir lu, l’écriture s’efface pour laisser l’encre couler en effusifs sens. Ce monde est semblable au Livre, support matérialisé et dont le secret réside sous les voiles subtils de l’écriture, que le Miroir se met à révéler.

Le point du cœur

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Ne demandez rien à ce monde ! Ne vous y arrêtez point ! Continuez tout droit et s’il vous échappe un soupir, ne regardez ni à droite ni à gauche. Tremblez-vous d’effroi devant l’injustice ? Négligez-vous tel moment ou tel autre ? Que faîtes-vous de votre noble aspiration ? N’attendez rien de ce monde car il croule comme une lune vaste et pleine, le ventre rond d’un monde, qui s’effondre au firmament. Ce langage, pour être compris, nécessite une terre vierge, une terre d’accueil, un état d’âme prêt à s’extirper de toutes attaches. Il faut beaucoup d’audace pour rire devant les jeux qui s’enchaînent, les cadres qui nous dépassent, les morts qui n’ont de forme que celle d’un tremblement humain. Ne souhaitez pas l’emporter, ce monde, car, il s’efface au creux d’une vague scélérate, d’une écume chargée d’amertume depuis le fonds des âges, les soubresauts du Kali Yuga.

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Quel Bonheur ?

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D’une certaine façon, quoi que l’on dise, et bien que je puisse saisir les raisons d’une telle prédisposition, je m’étonne de ceux qui recherchent le Bonheur en ce bas-monde, comme si celui-ci était le seul monde possible au sein d’une seule existenciation. Or, ce monde, est-il une fin en soi ? Ce Bonheur, est-il ce qui préoccupe la plupart des gens ? Certes, le fait d’être en paix est le signe d’une unité. Le fait de migrer en tout état de conscience vers le Soi, vers le Seigneur ultime et suprême, le Souverain de notre âme, est encore un pas de plus vers la délivrance. Or, la délivrance est avant tout la libération de notre âme encline à usurper le rôle de la Souveraineté, tout en étant incapable de reconnaître la Source. Si le fait de s’interroger sur notre réalité est le principe révélateur d’un degré d’éveil, le fait d’entrer dans les arcanes subtils de notre être relève de la Connaissance préexistentielle. Or, c’est de l’ignorance que l’on veut se délivrer et cette ignorance est le véritable fléau. Ce que nous ne savons pas, c’est qu’il existe plusieurs sortes d’âme.

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