
Image trouvée sur le net : aquarelle au café
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Si tu venais à disparaître, je me sentirais disparue à mon tour, déclara Héloïse, un matin, lors qu’ils prenaient leur petit-déjeuner ensemble. Ils aimaient ainsi s’attarder devant la table, table ronde qui accueillait patiemment, jour après jour, leurs interminables entretiens. C’était sans doute à cette heure-ci de la journée qu’ils avaient les idées les plus claires, les idées auréolées d’une nuit profonde et réparatrice. Le café fumait, délectable et chaleureux. Son effluve emplissait la pièce entière, capitonnait chaque objet, chaque étoffe de son être dense et léger tout à la fois. Dès l’aube, il sortait le beurre afin que celui-ci gagnât en onctuosité. Il s’occupait de dresser la table, tandis qu’elle finissait de ranger la chambre. Héloïse le laissait faire. Elle s’étonnait à peine de le voir s’affairer dans la cuisine. Cela répandait, en petites touches, en elle et tout autour, un parfum agréable de douceur et d’harmonie. C’était très tardivement qu’elle s’était mise à boire du café sans ajout de lait, et ce, pour la simple raison, qu’elle aimait se sentir submergée totalement par son arôme. Une maison sans café lui semblait sans vie. Cela remontait à son enfance, alors que très tôt, son père préparait la boisson, quasi sacrée, pour toute la maisonnée. Héloïse se souvenait du bruit de la machine à café qui mixait le grain. Puis, du sifflement de la cafetière. Quels bruits rassurants pour l’enfant qu’elle était ! Quelle senteur mémorable !