Peinture de Tobias Verhaecht (1561 – 1631)
L’inversion est telle que la plupart des gens appréhendent, par leur mental, bien entendu, les perceptions du Réel, de façon inversée. Quand l’ignorance parle, effectivement, elle donne à sourire au sage. Non pas qu’il soit dans une stratégie de moquerie, ni même de raillerie ; le sage est depuis fort longtemps délivré de cela. De fait, il existe des gardiens, d’une vigilance que l’on soupçonne à peine, qui viennent, tels des adjuvants imperturbables, remettre à sa place l’initié et l’enseigner. Outre le fait de n’être pas dans cet égarement, l’humour est d’abord une auto-dérision salvatrice pour le sage. Néanmoins, nous dirons que la majorité qui raille autrui se raille elle-même, mais ne le sait pas. Mais là n’est pas la question. Dans la compression cognitive des phénomènes de perceptions, le cœur interne est, indubitablement, le plus grand des relais qui soit. Il est de fait à chercher une connexion en permanence entre l’éphémérité et le stable (puisque sa réalité d’être est ainsi conçue), c’est-à-dire avec l’axe qui fait jointure avec la verticalité, axe strictement aligné en une concordance de points que l’on peut retrouver dans le langage stellaire. Nous sommes loin d’avoir compris cette correspondance et de fait, l’humanité patine de ne plus rien saisir de cette réalité dont il est le logiciel parfait, si je puis dire. Dans les faits, il n’existe aucune imperfection, mais plutôt un réajustement constant, et c’est cela qui donne les effets du mouvant et de l’impermanent qui caractérisent ce monde matriciel. Plus l’on s’obstine afin de ne pas accueillir ce réajustement et plus l’on est à ouvrir des champs magnétiques de parcours distancés par rapport à notre origine. Le fait de ne pas lire en cette matrice les signes, et de ne plus les relier à notre existenciation n’est rien autre qu’à révéler notre éloignement du Principe. Mais nous ne pouvons en aucun cas forcer l’autre à com-prendre Cela qui est depuis toujours. Tout au plus sommes-nous à vouloir réveiller en lui les germes de ses possibles. Ce type de connaissances ne procède pas du mental, ni de la raison, mais d’une connexion concomitante et simultanée avec Le Centre. Sans retrouver ce centrage, cette polarité, nous sommes tels de simples satellites ne pouvant avoir accès qu’à une seule chose à la fois, en des répétitions successives et figées sur des séquences plus ou moins courtes. L’Alchimie de L’Arborescence relève d’une telle fulgurance que l’on ne peut y entrer qu’en devenant soi-même cette fulgurance. Tout le reste de la représentativité est parcellaire et incomplet. L’ignorant ne peut que se taire devant un sage, quand même il aurait moult questions à lui poser, mais alors, cela impliquerait qu’il se soit enfin extrait de son infra-être-au-monde. En chacun, nous saluons la venue en cette Matrice, une venue agréé en d’autres paradigmes, et que peu gardent en mémoire. Nous avons consenti à vivre en ces schémas existentiels. Sommes-nous pour autant à bien comprendre ce que cela signifie, ce que cela implique ? Chose non moins remarquable est cette surprenante vision séculaire, uniformisée, qui se voudrait être la règle de tous les paradigmes existenciés actuels. C’est comme si, de se retrouver au nivellement le plus bas de l’être serait la vérité immuable, alors que ceux qui la proposent en tant que telle ne sont plus en mesure d’accéder à ces simples réalités. Que s’est-il passé pour que l’homme vive de nouveau les chocs de la tour de Babel ? (…)