Présence ou Réalité de la Remembrance

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Dévoilements

Gustave Doré (1832-1883)

 

Un Jour, il advient un état de rupture et ceci est comme un déchirement qui de nos yeux ôte le voile que l’on nomme illusion.
Il semble nous transpercer de mille flèches, car L’Illusion rugit tel un tigre féroce qui se veut vivre comme un forcené.
De ce combat, est une Sagesse : elle est à nous dire, inlassablement, La Seule Réalité, crue et nue, doucement, sans nous éblouir, sans nous vaincre, juste cette Voix : Je suis là.
Des pans des voiles multiples, des arènes de nos virulences, Le Voyage devient Les étapes multiples de notre être. Chaque dévoilement, est celui qui révèle un de Ses Verbes. Acte d’être !
Lumière qui révèle l’ombre et Nuit qui rend manifeste L’Éloquente Présence !
Prétexte qui dit : Je suis Là !
Merveille d’une Terre que Lui hérite en L’Alliance Souveraine !
Le Victorieux !
Il est Celui qui est en cette Volonté de L’Occultation, car c’est en ce soulevé du Voile, qu’Il est Lui, en Son Regard Témoin. Chaque dévoilement, devient La Transparence d’une Présence, cristalline et qui nous donne à La Connaissance.
Union Parfaite entre Lui qui est, et notre miroir intérieur.
Il nous donne à nous connaître, et en chaque connaissance de nous-même, Il est Celui qui jaillit en Sa Pureté !
Il nous donne les moyens de détecter Le Chemin, puis, Il devient L’Éclaireur.
Les Jalons de La Route sont autant de dévoilements qui deviennent à leur tour cette connaissance.
Les Perles d’un collier que l’on enfile.
Le ruisseau des Eaux douces durant les remous.
Il nous tient en Sa Force, lors que nous savons que nous ne sommes jamais ces remous.
Nous leur disons : je ne suis pas cela.
Nous le répétons inlassablement de par Le Guerrier vigilant qui ne baisse jamais la garde.
Il est L’Architecte de Sa Demeure.
Le Déploiement de cette Géométrie est à nous laisser bouche bée.
Il est Le Patient qui tisse les liens les plus sûrs et jamais ne lâche la main de Son ami.
Il est Le Droit, et L’Autre qu’Il secourt.
Il est L’Enseignant qui nous apprend à détecter les pièges.
Il est Celui qui ne dort jamais !
Il est Le Veilleur assidu.
Sa Présence est Joie.
Cette Matrice qui en Son Féminin, nous apprend à recevoir, à épouser Les Courbes de Ses Douceurs.
Nous sommes en La Révérence perpétuelle, car nous Le voyons, comme nous voyons nos enfants, les passants, la nature… et tout ce qui à nos sens se soumet.

Entre en Mon Eternité (1)

 

Tu as dit : entre en Mon Éternité.
J’ai dit : c’est en Toi que je veux demeurer.
Tu as dit : C’est en Elle que Tu seras à me trouver.
J’ai dit : Ton Soleil est Vivant de Ta Fraîcheur Augurale.
Tu as dit : La Danse semble être La même et pourtant, Elle varie de mon Audience.
J’ai dit : La Lumière irradie une Caverne et C’est en mon Cœur.
Tu as dit : Je te prépare à Mon Jardin Pérenne.
J’ai dit : Seigneur de mon âme, Ton Chant est un Parfum Puissant.
Tu as dit : Les effluves viennent d’une Semence de Lumière.
J’ai dit : Il a Le Mim de la Précellence. En son Ha, j’ai épousé Son Haleine. Il a recueilli mon être en Son Berceau qui est Mim. En Son Dal, j’ai saisi le Bouclier de David et en Son Lam, je me suis accordée en Son Anse qui est Le Mat d’une Voile luminescente. J’ai chanté tels les Oiseaux de L’Océan Archétypal. J’ai souri au Romarin, lors que sa floraison me tendait Les Bras de La Soutenance. C’est En Vénus que je marchais vers L’Assemblée. Ils se tenaient en ces quatre points cardinaux. Je les voyais se réunir tous à ma droite. Je suis entrée en leur intimité de par Ton Intimité. Ils m’ont toujours entendue. Je leur ai présenté les fleuves de notre ravissement et les colliers du Retour. Le Roi David pleurait encore en ces Rivières de L’Incandescence. Le Roi David se tient droit sur un Trône. Il est Le Lac Bouillonnant des Montagnes, et je les ai vues toutes faire Révérence. Son Amour est semblable aux flammes qui jaillissent en La même force effusive de L’Origine. J’ai vu L’Arbre qui remontait jusqu’aux Ciels de La Rencontre. Il est à La fois L’Olivier de Lumière et Le Figuier de La Quintessence.
J’ai trempé les mains en son irradiance. Des torrents ont dévalé en cette Aube de L’Amour. Il est une Âme qui tournoie en cercles concentriques et c’est L’Échappée d’une Spirale.
Tu as dit : Tu as désiré Mon Amour, et Je suis Le Premier à désirer. Tu as soulevé Le Regard du cœur vers Les cimes de La Jointure. Je t’ai dit : si tu penses que c’est Moi, alors c’est Moi.
J’ai dit : Il est un Chant qui hante mon âme, et j’ai dit en ce sourire de L’Amour extatique : je suis, donc Cela est Vrai. J’ai conquis Le Temps et Le Temps s’est ouvert à moi.

Ma Belle

Tristan et Iseult

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En cette nuit étoilée, ma Belle, nous serons tels des fous, phosphorescence bleutée,
non point de mauvais augure, juste ainsi à s’épancher en l’intensité !
C’est avec toi que je veux être aussi tout le long du jour !
Ne me quitte pas plus que moi-même.
Je suis à tes pieds ma Belle aux yeux de velours !
Ma Rose solitaire, mes soupirs du jour !
A la bouche du Ciel je me suis accroché et je suis à Te parler.
C’est à Toi seule que s’adressent mes murmures !
J’ai marché cette nuit jusqu’au Bleu de Ton Ciel étincelant !
Es-tu à me sourire, je suis non loin !
Qui peut s’éloigner de Ton Parfum, ma Rose ?
Je suis en Tes Bras à mourir !
Le feu de L’Amour est ma torture !
Si tu ne te montres pas, je ne suis rien sans Toi !
Si Tu Te montres, Il n’y a que Toi !
C’est en L’Amour que mon Discours s’abreuve !
Ma Folie ne m’épargne aucune langueur !
En cette Nuit, ma Princesse, mon Altière, je suis encore Là !
Toi seule ravis mon cœur !
Ô Toi, je n’ai pas un seul moment pour n’être plus qu’en Toi !

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Voir aussi sur Noblesse et Art de l’écu

Tisovec_SlovaquieBlason de Tisovec (Slovaquie)

Le Voyage du par delà (2)

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Le Seigneur de La munificence ouvre Une porte à celui qui Le cherche.
Certains demandent Le Paradis.
D’autres perçoivent L’Appel de Sa Réalité.
Ils n’ont plus que cette seule souciance : rejoindre L’Océan de L’Êtreté.
Ils avancent à pas feutrés.
Les âmes errantes sont celles qui se retrouvent sous L’Arbre de Lumière.
Elles n’ont connu que cette seule Présence.
L’Union a déjà eu lieu.
N’en doute pas, Ô toi qui ne connais ces subtilités.
L’Union de toutes les effluves de Ta Majesté et de Ta Beauté est Le Souvenir aujourd’hui de L’Empreinte lisible.
Il est une hébétude, lors que s’écartent les drapés de Ton Occultation.
Les rivières alchimiques depuis Le Feu des profondeurs de L’Origine se sont déversées, et parfois, ce sont les torrents de la violence du Retour.
Les mondes se sont ouverts et L’image flotte en ce Regard de Celui qui observe.
Peut-on simplement l’ignorer ?
N’en doute pas, Ô toi qui es en ton Balancier !
Ta conscience te masque l’authenticité.
Tes yeux sont opaques des tremblements de ta cécité.
Il est un qui de sa pointe aiguisée te donne à douter.
Le doute vient de celui qui a douté.
Souviens-t-en !
L’Éclosion est telle qu’elle ne donne pas la suffisance, mais bien la paix !
Ne sais-tu pas que la vanité est charriée par les mers bouillonnantes ?
Ce sont des soldats qui livrent bataille sans jamais se fatiguer.
Je te ferai le récit de L’Architecture du Maître d’Oeuvre.
En cette Vallée, toutes les connaissances sont de pâles imitations.
La Fleur est mille yeux à la fois.
Connais-tu les océans perpétuels du voyage ?
Chaque seconde est un Enfant qui naît de La Mère des Livres.
En un souffle plus rapide que le mercure, la vivacité de la perception est une Contemplation et les mots s’accrochent à L’Esprit.
Plus le pérégrin avance et plus il est en cet émerveillement.
Il n’est plus aucun savoir, il n’est que naissance sur les rives de L’Ecriture Créationnelle.
Celui qui avance, ne cherche plus rien, puisque c’est Lui qui le fait avancer.
A-t-il jamais souhaité un seul moment se satisfaire d’un décor ?
Se voudrait-il retrouver Le Paradis des sens ?
Comprends-bien !
Seul Celui qui sait, le sait !

Mémoire atrophiée ( Cycle 1 )

                                                                                      Peinture de Igor Morski

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L’Ami,

Il est une Louange dont La Source est un Secret.
Elle est à vibrer en un Lieu qui n’est ni d’Orient, ni d’Occident.
C’est là que mon aspiration est toute entière.
Il est un banc sur lequel nous nous sommes assis, et ce banc était La Vie elle-même.
Nous nous sommes laissés vivre.
Rien n’a été plus simple que de répondre finalement à L’Appel intérieur.
Tout nous était à nous y inviter.
Cette vie est une Réalité qui ne connaît plus aucun moment de rupture.
Plus rien n’est à envahir ces douceurs que l’on sait subtiles.
Un jour, je serais à dire Adieu à ce monde.
Il est sa destinée.
Nous n’y pouvons rien.
Nous sommes juste en ce Centre, et nous avons cheminé selon les signes qui nous ont été révélés.
Juste Cela, pour que Cela se dise en nous : Cela est.
Les maintes souffrances que nous pouvons expérimenter, viennent de notre nécessaire transition liée à l’alchimie de notre être.
Nous sommes transformation.
Nous sommes La Réalité qui se désire se retrouver dans les méandres de nous.
« Nous » n’est pas seulement d’ici.
« Nous » est une Réalité qui vient aussi d’un Ailleurs, lors que tout est encore en sa transformation.
Pouvons-nous appréhender le temps uniquement par cette perception qui nous donne à le vivre maintenant, en cette linéarité à laquelle nous pouvons, à la vérité, échapper ?
Le terme « échapper » n’est pas forcément le bon.
Il nous aide à nous situer.
Pourtant, le temps n’est pas celui que l’on croit.
Il est une perception posée sur la ligne horizontale.
Dès que nous brisons cette ligne, ( dire qu’elle se brise à un moment donné serait plus juste ), nous sommes comme en une nouvelle perception. Nous naissons à Cela.
Celle-ci nous fait comprendre alors que la vie intérieure possède sa propre géographie, son propre relief. Le mental n’est plus au service de cette mécanicité liée uniquement à la vie extérieure. Quelque chose se passe. Ce Quelque chose nous fait « entrer » en ce nous. Le « Nous » de L’Origine.
Nous prenons conscience d’une autre dimension, d’une Architecture puissante et inouïe.
Nous savons alors que nous ne sommes pas uniquement un sujet sur une ligne de démarcation. Nous ne sommes pas à glisser sur une ligne horizontale. Nous ne sommes pas réduits à vivre ce qui se donne uniquement à se voir. Nous ne sommes pas un maillon d’une chaîne qui se réduit à ce transfert permanent d’un temps à un autre. Nous ne sommes pas uniquement des êtres qui seraient à défendre un territoire, un bien, un clan. Nous ne sommes pas une masse qui serait tout au plus un recyclage de chair et de probables émotions.
Nous ne sommes pas une hystérie ambulante, un magma électrique de pulsions et de compulsions voué à disparaître après cette « consommation » sans sens.
Nous ne sommes pas la préservation d’une espèce.
Nous sommes une Arche.
Nous sommes notre Berceau.
Nous sommes notre vaisseau.
Serions-nous uniquement de la matière ?
Et quelle serait donc cette matière ?
Sommes-nous une somme d’émotions multiples qui se voudrait en une anarchie civilisée, s’ordonner sans pouvoir s’aboutir, et s’enlisant en une boucle infernale ?
Est-ce cela la vie de l’homme ?
Une translation permanente dans un décor différent ?
Ce monde est voué à l’échec total et radical tant qu’il n’aura pas compris qu’il est Son Devenir ici en un Ailleurs.
Tout ce qu’il est à vivre s’inscrit dans une sorte de registre, un disque dur.
Toutes ses pensées.
Tous ses actes.
Tous ses souffles.
Tout ce qu’il fait est lui.
Il est à s’enfermer en lui-même tant qu’il n’aura pas retrouvé la dimension réelle de Lui.
C’est ainsi.
Cette Architecture puissante que nous sommes se laisse envahir par l’oubli depuis des siècles.
Une stratégie incroyable, que nous avons agréé en un Temps reculé, est à se développer en fonction de nos choix.
Tout ce possible est Nous.
L’échec.
La Réussite.
Malheureusement, les hommes s’endorment de plus en plus en une inertie qui est à anéantir un monde entier.
Un cycle entier.
Nous sommes à l’image de Dieu.
Nous avons conclu un pacte primordial.
Nous l’avons accepté.
Mais nous sommes entrés dans l’âge le plus dur, le plus terrifiant : celui de notre oubli.
A cause de cela, nous sommes à nous détruire.
Complètement.
Ne sommes-nous que cela ?
Nous sommes aussi le Souvenir.
Nous sommes Le Renouveau.
Nous sommes L’expansion.
Nous sommes Lumière.
Si nous ne réagissons pas face à cette inertie, nous allons entrer en collision avec nous-mêmes.
Nous sommes à déchaîner nos forces obscures.
Rien ne pourra changer, si nous ne changeons pas.
Pour ce faire, il faut s’arrêter complètement.
Totalement.
Et nous écouter.
Nous.
L’Ancêtre.
Celui qui nous parle.
La Voix.
Il faut pour cela cesser de nous laisser envahir par les fausses interprétations.
Les compréhensions déviées.
Les altérations de notre mémoire atrophiée.
Il faut s’arrêter.
Respirer.
Le laisser venir.
Le laisser remonter depuis notre Origine.
L’accueillir avec Amour.
Et si rien ne vient, me dira-t-on ?
Si rien ne vient, rapprochez-vous de tout ce qui vous apparaît Vivant, Réel.
Rapprochez-vous de ceux qui se souviennent.
D’aucuns penseront que cela les asservirait.
Je leur dis: en vérité, vous êtes déjà asservis, mais vous ne le savez pas.

Vesprée

daniel-f-gerhartz2Peinture de Daniel F. Gerhartz

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Quand vient la vesprée, il me semble voir toujours,
Là-bas, en un Jardin, danser la Dame elfique.
Parfois, elle se prend à courir, ravie d’Amour,
Chantant le Ciel en cette prière chorégraphique.

La voici, assise sous un chêne, psalmodiant
Mille fois le même mantra ; et son corps, qui balance,
En devient presque éthérée, comme irradiant
Une lumière, que baigne le plus profond silence.

Elle marche, sous la voûte des allées arborées,
Et son pied qui titube, touche le sol à peine ;
Elle hume l’air, où mille senteurs se veulent odorées,

Puis, écoute bruisser les feuilles que caresse le vent.
Quand le soir fraîchit, elle revêt son châle en laine,
Et son sourire se veut dire encore : « Droit devant ! »

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Marc

Mémoire parallèle 3 – Vieille cuisine

loren-entzPeinture de Loren Entz

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Le vrai centre du foyer a toujours été
La cuisine où régnait de céans la maîtresse
Des lieux et qui officiait hiver comme été
Devant l’âtre nourricier en vraie bûcheresse.

Petit garçon, je jouais souvent à côté
Du monstre de fer où tout l’an dansait la flamme ;
Parfois des craquements me faisaient sursauter,
Pensant qu’il se jouait là-dedans quelque drame.

Mais le plus souvent en sortaient de bonnes odeurs
De tartes aux fruits qui suivaient la marche saisonnière.
J’entends encore glouglouter la vieille cafetière

Et siffler la bouilloire. Me reviennent les senteurs
Oubliées, les mille petits bruits de mon enfance.
Je garde de ces temps lointains une claire souvenance.

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Marc

Histoire d’un frère et d’une sœur (2)

jenny-nystromIllustration de Jenny Nyström

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La Lumière a débordé des deux regards qui se rencontrent.
En ces yeux ruissellent les Soleils de L’Autre Monde.
En ce vis à vis, les rayons sont les joies profondes de l’innocence.

J’ai entendu les clapotis de la pluie qui dansaient sur les joues de ma sœur.
Elle a le sourire qui inonde les plaines de mes épanchements étourdis.
Le vent a fait valser les feuilles que l’on caresse et que l’on effeuille avec les doigts maladroits.
Je t’ai vu poser sur chaque nervure, ton souffle délicat et l’interrogé des arcs de tes yeux.
J’ai perçu tes pas contemplatifs sur les sentiers sauvages, que traversaient des lapins égarés.
Les brumes de l’automne matinal t’embrassait du léger frisson.
Ton capuchon en laine te grattait le front.
Tu as couru tant de fois et tu te retournais pour me sourire au vent.
Je sais que je suis ton frère qui te rencontre à l’Aube des firmaments.

J’ai trempé tant de fois les mains dans la glaise froide, et j’ai versé les flaques d’eau en ce pétrissage.
Je me suis assise sur le rocher et je t’ai attendu.
Mon frère.
Compagnon secret de mes incartades.
Je suivais les mouvements obliques et dansant des papillons bleus.
Au creux de la paume, je murmurais les ruisseaux de leur tendresse.
Ils étaient si subtils en leurs ailes de velours, et souvent, j’y sentais la soie de leur amour.
Les herbes faisaient glisser mes chaussettes.
J’ai longtemps observé les dentelles des champignons aux senteurs de la terre amoureuse.
Les châtaignes ont chauffé les mains glacées qui cherchaient à se réfugier dans les poches du manteau.
Au loin, les corbeaux croassaient et déchiraient le silence de la campagne.
Les champs se cachaient sous le manteau de neige.
Mon frère, je t’ai attendu en ce silence.
La Lune s’invitait sous notre regard ébahi.
Comment le ciel noir devenait l’invitation d’un Astre qui luit ?
Tu traînais mon pas sur le sentier du retour et je t’appelais doucement, puisque l’on sait que quelqu’un, là-bas, nous attend.
Je t’ai vu en cet interstice glisser allègrement les collines sur des luges de fortune.
Certains finissaient dans l’eau froide du ruisseau.
Alors, je riais pliée en deux car, combien de fois, ne m’étais-je pas aussi trouvée au fond de l’eau ?
C’est un bain chaud qui nous accueillait à la maison.
N’ai-je pas attrapé un jour, une grosse fièvre après avoir joué dans la neige, sans pouvoir, ni vouloir m’arrêter ?
Bonnet, écharpe et manteau étaient trempés.
Comme était bon le lit, ces jours brûlants d’insomnie !
Comme j’aurais aimé ne jamais plus me réveiller de cet état duveteux.

Tes longs cheveux au vent sont une invitation au voyage incessant.
J’ai pris refuge sous la tente du chaman et me suis laissée grisée par le vol de L’Aigle Puissant.
En volutes éternelles, L’Azur est devenu Le royaume des ailes qui épousent Le Ciel.
Sur les dunes océaniques, le Souffle s’est exacerbé des prières, et toutes les incantations sont devenues Réalité.
Près d’un Rocher bleu, les fleuves ont chanté les scintillements de L’Oraison Céleste.
Depuis les envolées qu’un cheval auguste a permis en L’Ailleurs mélodieux, les mains ont embrassé les nuages qui fuyaient.
La Rose sauvage nous a appelés et nous a offert une Roseraie que seuls les enfants qui gambadent en déchirant leurs vêtements peuvent approcher.
J’ai souri aux gazouillis des oiseaux, et je me suis laissée à voler sur leur dos.
J’ai peint de mon regard leurs ailes.

Aujourd’hui, mon frère, c’est toi qui me cherches.
Je suis sur ce rocher peuplé de mondes féeriques qui se visitent en ces yeux troublés par les larmes de notre absence.
En cette prairie, ne m’oublie pas.
Les voûtes des arbres cérémonieux ont cette révérence que le temps est à magnifier en ce regard des jeux d’antan.

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Océan sans rivage

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Voir aussi sur Noblesse et Art de l’écu

oedheim-copyBlason de Oedheim (Bade-Wurtemberg, Allemagne)

Histoire d’un frère et d’une sœur ( 1 )

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Plaise à mon frère de savoir que la Contemplation est antécédente à ce regard.
La glorification des jours simples avait l’effet des nostalgies d’une dévotion Amoureuse.
Les ondoiements du Temps ont leur Noce qui ont lieu en un autre Espace et en un autre Temps.
Peu le savent, car leur yeux collent uniquement à la ligne fixe et horizontale.
Or, il est un oiseau qui épouse chaque mouvement de son Ciel intérieur, et lors que la pupille se dilate des effets de la suprême stupeur, tout devient Présence atemporelle.
Les ailes frôlent les portes de L’Éther et le bec de L’Oiseau recueille une à une les perles de La Sagesse.

En cette image presque obsédante et quasi surnaturelle, s’élargissent encore les perceptions du monde.

La petite fille, accueillie par les bras d’un amical bouleau, sourit aux feuilles qui dansent, lors que la brise embrasse les branches.
Son cœur tressaute.
Il est une dilatation subtile qui vient des profondeurs de l’âge.
C’est en une vague légère que la petite fille visite son frère.
Durant des heures, elle s’évade.
La voilà, parcourant la prairie sur l’épaule de son frère, complice de ses multiples incartades.
Combien de fois, échevelée, s’est-elle retrouvée en ces jeux presque dangereux, que le petit garçon aimait à vivre en compagnie des siens ?
N’ont-ils pas parcouru la vallée des indiens et chevauchés des chevaux sauvages ?
Ces fous qui cherchaient sans cesse les émotions exaltantes ?
Le ciel devenait le témoin de leur enfantine ivresse.
Combien de fois, la petite sœur manquait de rouler sur l’herbe en bataille que les pas des garçons foulaient ?
Elle se voulait veiller sur son grand frère.
Souvent, elle était dépassée par le rythme poussiéreux et les sueurs que les sentiers d’antan, n’épargnaient pas aux petits fripons.
Mon frère, mon frère, fais attention, je suis là.
Je ne sais pas toujours te suivre en tes exploits de trappeurs.
J’ai nagé avec toi dans la rivière poissonneuse.
J’ai ri lors que vous étiez à construire des radeaux à l’aide de chambres à air.
Les pêcheurs vous poursuivaient de leurs jurons, car vous perturbiez les poissons qu’ils avaient pour ambition d’attraper.
Je vous ai suivi jusque dans vos batailles de cow-boys et d’indiens.
J’ai confectionné avec vous des arcs.
Tu m’as appris à retirer l’écorce des branches, et à tailler les flèches.
Je me suis souvent perdue dans les prairies et je t’appelais.
Je te retrouvais alors endormi.
Comme j’ai aimé te suivre partout en te prenant discrètement la main.
Sens-tu comme je suis là depuis toujours ?
J’ai gravi les rochers, et me suis peinturlurée les joues pour vous ressembler, vous les apaches et les sioux de la campagne.
J’ai tressé des couronnes et j’ai hurlé, même tard dans la nuit, pour imiter mon frère.
N’ai-je pas assisté à la plus improbable des processions ?
Comme j’ai ri lors que je vous vis avec vos encensoirs faits de boites de conserve.
Vous enfumiez ainsi les chemins en vous prenant très au sérieux.
Qui donc ouvrait la marche ?
Les meilleurs moments étaient quand je te retrouvais assis dans le train, et qu’en voyant les vaches dont la robe était marron, tu les prenais pour des bisons.
Mon frère, j’ai voulu boire à chaque image de ta prunelle.
Mon frère, je n’ai pas voulu perdre un seul moment de ta présence.
Mon frère, je me suis lovée en ton cœur palpitant.
Je suis souvent revenue de mes voyages dans le temps avec cette forte mélancolie.
Je ne voulais pas te quitter.
Je ne voulais pas te perdre.
Je murmurais encore et encore au vent, des complaintes pour imprégner ton âme de ma présence.
Je te voulais que tu me cherches inlassablement et me retrouves en cette rive où je t’attends.
J’ai imbibé ton être des effluves de mon souvenir.
Mon frère matriciel en cet esprit et en ce Jardin de notre Essence, lors que L’Esprit sait se reconnaître.
En ces prairies primordiales, ivre, nattes au vent, le sol gambadait de nos chevauchées sauvages.
L’Aigle tournoyait et nous ramenait des nouvelles d’un autre âge.
C’est en ces contrées lointaines que Le Ciel semblait le plus proche.
Des images qui s’harmonisent en ces exaltations que l’on ne limite pas.
Mon frère, nous avons marché sur les rives du Temps Vertical, et nous avons visité les lieux de notre intime humanité.
Mon frère, nous avons marché jusqu’à ce que nous croise Le Temps.

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Océan sans rivage

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Voir aussi sur Noblesse et Art de l’écu

coat_of_arms_of_massachusetts-svgBlason du Massachussetts (Etas-Unis d’Amérique)