Ruh Allah wa Kalimatou Lah : Esprit de Dieu, Verbe de Dieu.

Christologie et Métaphysique du Verbe de Dieu

Tout ce qui vient avant et tout ce qui vient après, est-il anéanti par la seule réalité exclusive, ou bien, tout procède-t-il de L’Un ? Est-il une raison, une splendeur de sens, un langage faisant acte de résonance à la Lumière de chaque Signe ? Ô Toi Adam, qui es-Tu, lors que le Commencement a anticipé sur le Mystère de Ta Venue ? Somme des Signes en une langue claire, dont l’unité ne peut être remise en cause. Quel est donc ce déploiement en une Histoire scripturaire ? Quel est donc l’Echo en ce cœur récipiendaire ? Il n’est plus de cadre au-dessus du cadre, car l’échelle est une Transversalité indéniable. Toi, Adam, Cœur du recueil ! Rien ne t’est ôté et rien ne saurait être limité en Ta Réalité. Apparition du dialogue au cœur de l’intimité, dialogue entre Atman et Brahman. Ainsi s’établissent les descentes successives depuis les Descentes Seigneuriales, et lors que l’homme ne peut s’élever et trouver la Verticalité, celle de l’unicité Transcendantale, les correspondances manifestées au cœur du Commencement, il ne peut retrouver les étapes de la Réintégration Principielle. Ô Adam, à l’image du Miroir suintant les quatre réalités, au front de la Percée de l’Origine, depuis la Lumière des êtretés archétypales, représentations imaginales au sein de la Réalité la plus élevée, celle du monde relevant du Royaume de la Seigneurie suprême, Elévation mais Descente Première, Ô Adam, il T’a été insufflé, dans la Matrice Matricielle de Son Âme, de Son Souffle des Souffles, procédant du Verbe. Il s’est introduit en chaque parcelle de ton Corps, et Tu fus Celui qui accueillit, en L’Accueil suprême. Tel est le Premier des hommes, issu d’une Matrice pure et lumineuse, vierge limon de l’origine.

Lire la suite

JAMA’A, L’Unification des Réalités

Sourate 96 al-‘Alaq, L’Adhérence*

Œuvre du Grand Œuvre, sans conteste, lors que les Noms désignent Les Souffles du Vocable.

Chaque fois que l’aube se lève, les fruits de la veillée illuminent la Caverne. Tel est le Soleil qui oriente ses Rayons. Pour chaque texte, il est une clé introductive et il nous a semblé opportun, non pas de révéler la substance de ces clés, mais bien de faire mention d’une serrure préexistante. Or, chaque clé est introduite dans la serrure à laquelle elle correspond. Chaque serrure est, de fait, une ouverture. La clé s’efface ; la porte s’efface. L’ouverture est l’état de rupture avec la séparation. L’ouverture est une conquête au sein de l’ombre. Elle est L’Etat d’Être par excellence.

Lire la suite

Fanâ’ et Baqa’*

Résultat de recherche d'images pour "fana et baqa"

 

Quand il en est un qui s’éteint, il n’est jamais pur Néant, et je Le vis, Lui, céder à L’extinction de mon être, et Lui Seul Être. Il me couvrit de Lui en Lui, m’enveloppa si fort que je restais ainsi longtemps dans L’Hébétude. Puis Il me montra les lettres, les phrases et les verbes. Il me fit saisir La seule Présence, L’Acte de L’Être et je compris qu’en Lui était tout le mystère des Noms depuis les réserves de L’Incréé. Il me donna à cette confidence qui me fit comprendre que L’Éternité est précisément dans Le Verbe, Lui actif, mouvant et fixe, déterminé et indéterminé. Je fus à expérimenter le renversement du cœur, et de fait, j’éprouvai une frayeur monumentale. Mais, Il me permit de par Sa Grâce infinie et Son Illimitée Miséricorde de traverser cette réalité en la résorbant en Lui, Le Vivant, attribut de Son Essence même, par Son Principe de Stabilité (Baqa’). Il donna ainsi pour chaque étape les Noms éternels de Sa Singularité qui sont illimités mais effectifs par étapes d’acquisition qu’Il est Le Seul à vêtir d’un Sceau. En ce point, se déploient les réalités d’une Semence qu’Il actualise de par Sa Qualité de Créateur. Je compris enfin, que Le Vivant est l’excellence de Sa Reliance, ce par quoi en La Conscience tout procède et tout se quintessencie. L’Union Mystique révèle Le Monde Pérenne et La Finalité d’une Election. Entrer en cette conscience, c’est entrer dans le Noyau et se laisser atomiser**. Mais si le pérégrinant n’est pas conduit par les relais du Monde d’en-haut, c’est-à-dire par les sphères de Lumière, les influences subtiles de La Guidance, il se disloque complètement. Cette Réalité est à se vivre au moment de la mort aussi, et pour celui qui s’y prépare, ne serait-ce que par le total abandon à L’Âme supérieure, il réalise que le monde qu’il a traversé était une illusion, que les images et identifications successives auxquelles il s’était attaché n’étaient que des supports de particules pour entrer dans les sphères de la conscience évolutive. La densité entière ne peut avoir son équivalent de résorption par le seul fait du néant. Le néant appelle L’Être et seul L’Être peut susciter le néant, car dire d’une chose qu’elle n’est pas, c’est aussi réfuter la réfutation, car s’il n’y a rien, il n’y a rien définitivement, tandis que s’il y a quelque chose du fait du néant, alors le néant révèle la chose, mais si le néant devient le lieu de résorption, alors, il y a forcément quelque chose. De fait, le néant est la négation même de la finitude, lors que ce qui est exclu est nécessairement l’affirmation de ce qui ne peut s’exclure… Et Dieu est Le plus Savant.


* Notes du relayeur : Baqâ’ («existence», «subsistance») est un terme soufi du vocabulaire de l’islam. L’expérience du fanâ’ (arabe :فَناء [fanā’], littéralement anéantissement ; évanouissement) est généralement suivi par celle du baqâ’ («existence», «subsistance») qui permet au disciple d’intégrer son état d’éveil tout en l’harmonisant avec les contingences spatio-temporelles, les affaires du «bas-monde».(wikipedia)

** Je désire ajouter ceci : la pluralité et la multiplicité de notre petit être sont le prétexte pour se rassembler en L’Un, et à partir de cette atomisation en Lui, il n’est nulle pulvérisation, mais bien Présence en La Présence, c’est-à-dire en La Pérennité, et stabilité. A ce stade de la conscience, le pérégrinant peut continuer d’avancer en Lui, et non plus dans la multiplicité, la défragmentation. Chaque multiplicité devient Le Séjour d’un apprentissage et d’une évolution intérieure. Il n’est donc plus ni Dedans ni Extérieur mais bien comme nous le dit Rumi, Fihi ma Fihi (voir son magnifique ouvrage, Le Livre du Dedans) : à l’intérieur de l’intérieur. Le Centre Suprême.

Genèse d’une Rupture : Périple au cœur de La Shâdhiliyya (4)

Résultat de recherche d'images pour

Un des Maîtres, qui fut présent durant de longues années en mes petits moments de retraite, lors que je m’asseyais auprès de lui, lors même que je ne le connaissais qu’à travers ses ouvrages, et que je me recueillais de Sa Lumière, au-delà du temps et de l’espace, avec une grande ignorance, je dois le concéder, mais en ce désir irrépressible d’aller boire à La Source, Ibn ‘Ata’ Allâh al Iskandari (1259-1309) faisait partie du programme de nos visites consacrées. Or, je pensais qu’il était enterré à Alexandrie, puisqu’il en était originaire (d’où son nom Al Iskandari) et non pas au Caire. Quelle ne fut alors ma surprise, quand au sortir du bus, l’on nous annonça que nous allions le rencontrer, en sa propre cellule de travail et de méditation, là où il reposait. Une grande émotion m’envahit et je regardai avec stupéfaction mon Amie. Il s’agit de Ibn ‘Ata’ Allâh ! ne cessais-je de lui répéter comme abasourdie. Je ne m’étais pas suffisamment préparée et me sentais affligée par cette négligence. Nous fîmes aussitôt la prière d’introduction, et nous gravîmes les escaliers avec vénération. Ô cher Saint de mon âme, tu as irrigué les moments de solitude et tu as suscité en mon cœur l’émerveillement. Combien de fois ai-je lu et relu ce bel ouvrage : La clef de la réalisation spirituelle et l’illumination des âmes ? Et Les Hikams ainsi que La Sagesse des maîtres soufis ? En entrant dans ce mausolée, très sobre au demeurant, je m’approchai du tombeau et appuyai mon front tout contre le caveau vitré. C’est alors qu’il se passa cette chose étrange : je ressentis L’Amour de Ibn ‘Ata’ Allâh m’envahir. Il ne s’agissait pas de mon Amour, élan que j’aurai pu éprouver, mais bien du sien. Cela m’emplissait, m’inondait, me submergeait depuis l’intérieur. Cela ne venait pas de moi, mais bien de lui. Je le sus sans pouvoir l’expliquer, mais je le sus de suite. Cet Amour me tint ainsi durant un long moment sans que je puisse bouger tandis que je fus prise d’une émotion indicible qui se transmuta assez rapidement en sanglots. Presque tout le groupe était sorti, mais il m’était impossible de les suivre. Quelque chose m’en empêchait et c’était Son Amour.

Au bout d’un moment, je parvins à lui parler et lui demander pardon pour notre irrévérence, tandis que je le remerciais de nous avoir tant et tant apporté. Je ne cessais ainsi de lui manifester notre gratitude. Je savais que nous étions chez lui, en Son Être de Lumière et que nous lui devions cette Reconnaissance et cette Révérence. Nous faisons partie de leur famille et chaque fois que nous visitons les Saints, nous devons faire comme s’ils étaient bel et bien vivants, car telle est leur réalité que nous oublions, hélas, bien souvent. Leur éclosion en L’Union Divine leur a donné de passer en L’Éternité de leur propre présence, de Sa Présence en Le Vivant. Tel est Le Flux de La Reliance et telle est La Réalité de La Maisonnée…

La notion de peine chez les soufis : l’école d’Ibn ‘Arabi

Image associée

Ce qui suit est un article de grand valeur, fruit d’un travail indubitablement minutieux, et j’en remercie infiniment son auteur Reza Feiz.

 

Cet exposé est une invitation pour mêler un peu de rêve et de poésie à la rigueur de la réalité juridique. C’est également une tentative, comme M. DELMAS-MARTY l’a souligné, d’aller dans l’enracinement d’une culture pour permettre d’accéder à l’universel [1]
C’est pour cela que j’ai choisi, au sein de l’Islam, le courant le plus authentique et le plus original, mais aussi le plus universel – à savoir le soufisme – et parmi les soufis, j’ai choisi la figure la plus célèbre et la plus représentative : le Sheykh-al-Akbar (le plus grand maître) IBN ‘ARABI [2]
Le titre de cet exposé présente, en apparence, un paradoxe. Entendre le mot « peine » dans la bouche d’un soufi peut paraître surprenant. En effet, le discours des soufis n’est, le plus souvent, qu’amour et sacrifice comme en témoignent leurs poèmes et leurs chefs-d’œuvre, véritables hymnes à l’amour :

« Je n’ai entendu plus douce parole que l’Amour.
Seul souvenir qui reste de la course de la coupole céleste. »

HAFEZ, poète mystique persan (1320-1389)

En réalité, soufisme et amour ne font qu’un. Le soufi n’est qu’amour ; sa vie, n’est que l’expression de l’amour, « comme le sourire est l’expression de la joie » dit RUMI (1207-1273), autre poète mystique. Par conséquent, entendre parler de peines par un soufi peut sembler paradoxal.

IBN ‘ARABI, en racontant la vie de deux de ses maîtres, dit du premier que : « Cet homme de Ceuta était un traditionaliste [3] et un soufi. Etre les deux à la fois est une des choses des plus étonnantes ! ». Et à propos de l’autre, il dit : « Il vivait à Séville. C’était un juriste et un ascète. Et cela aussi est étonnant. On ne rencontre jamais un juriste ascète. » [4]
Cette confusion vient souvent du fait que les soufis ne sont pas des juristes ou, inversement, que les juristes méconnaissent le soufisme. Or, le cas d’IBN ‘ARABI qui est à la fois un jurisconsulte, un traditionaliste et un grand gnostique, facilite la conciliation entre théologie juridique et soufisme.

Je tente donc dans cet exposé de présenter la position d’IBN ‘ARABI à propos des peines légales et, par corollaire, de la dignité humaine à travers deux de ses œuvres majeures : Futuhat-al Mekkiya (Les Révélations Mecquoises) et Fusus-al Hikam (La Sagesse des Prophètes) [5]
Ce dernier, un livre très dense qui a été achevé vers la fin de sa vie, est l’œuvre majeure d’IBN ‘ARABI qui a fait l’objet de beaucoup de commentaires célèbres.

Avant d’aller plus loin dans mon exposé, à propos d’IBN ‘ARABI, j’aimerais présenter en quelques lignes la vie de ce grand soufi et savant. SHEYKH MUHYI AL DIN IBN ‘ARABI est né en 1165 à Murcie en Andalousie. Son père était un haut fonctionnaire de l’Etat. Fuyant les troubles politiques locaux, sa famille s’installe à Séville. Le jeune IBN ‘ARABI grandit dans cette ville de l’Espagne musulmane. Très jeune encore, il embrasse la voie soufie et rompt définitivement avec le pouvoir officiel et le monde. Il rencontre de nombreux maîtres ainsi que de grands savants dont le célèbre philosophe AVERROES (cette rencontre historique entre le jeune IBN ‘ARABI et le célèbre philosophe est minutieusement racontée par IBN ‘ARABI lui-même dans ses Futuhat) [6]
Très tôt, il commence à voyager vers le Maghreb, la Tunisie, Fez, l’Algérie, et puis le Magchregh, vers l’Egypte et fait bien entendu le pèlerinage à la Mecque, ville où lui ont été inspirées les Futuhat, les Révélations Mecquoises. Peu de temps avant la « Reconquista » espagnole, il part pour l’Anatolie où il rencontre celui qui deviendra son fils adoptif et son meilleur disciple ainsi que le meilleur commentateur de ses œuvres, SADR-UL-DIN QUNAVI. C’est avec lui et les membres de sa famille qu’il s’installe définitivement à Damas à l’époque du sultan al Zaher, fils du célèbre Saladin. Après avoir laissé une œuvre colossale de plus de 400 ouvrages, il quitte ce monde en 1240 dans cette ville où son mausolée est toujours vénéré sur la colline de Salahiah.

Lire la suite

Genèse d’une Rupture : Périple au cœur de La Shâdhiliyya (3)

Image associée

Chaque souffle est un Voyage. La merveille réside dans le fait même que le Regard Témoin s’éveille simultanément en notre regard et nous donne à cette perception triangulaire. Nous observons ce qui descend en cette Coupe sans en avoir aucunement ni la maîtrise, ni la connaissance. Cela descend simultanément en ce jaillissement unifié en des tiroirs exponentiels rendus manifestes par Cette Supra-Intelligence. C’est Cela même qui provoque en nous cette extase, cette hébétude, ce Temps de La dilatation pure, indépendante de toute projection, issu du monde subtil et éthéré. La poitrine devient le Siège posé sur les fluvialités d’un miroir. L’Eau est alors Lumière et donne aux Reflets multiples des connaissances de La Sagesse Une. Ce qui est lisible devient Source de connaissances effusives et chaque fibre de notre être obéit à La Suzeraineté Indivisible, stabilisé en Sa Gouvernance.

Chaque fois que nous entrions à l’intérieur des mausolées, conscients de la solennité du moment, compénétrés par cette profondeur révérencielle, émus jusqu’à la moelle de nos os, nous intégrions simultanément Le Souffle de L’Energie Vitale du Saint. Un accompagnateur, disciple de la Tariqa Shadhuliyya entamait une cérémonie qui avait dans un premier temps, pour but de saluer Le Saint, puis dans un second temps, de nous préparer à accueillir les ouvertures spirituelles, quand même nous ne ressentirions pas les effets de suite. Le chant chez les soufis, comme dans beaucoup de Traditions, a cette fonction particulière d’adoucir notre âme, de la préparer à recevoir le flux de la bénédiction, et de lui permettre véritablement de vivre la conscience de la présence pure. A ce moment précis, touché par le flux saint, certains sont submergés par un flot de larmes, sans même pouvoir en comprendre la raison. Quelque Chose les étreints, se dissout au centre de leur cœur et finit par se manifester en  l’abondance des larmes dont ils n’ont aucunement la maîtrise. Le cœur réagit au flux spirituel en se contractant alchimiquement et en se dilatant par cette effusion, cette Rencontre en Lui. Le Souffle de La Compassion Divine touche l’âme du disciple, revêt parfois des formes très singulières et va jusqu’à provoquer chez lui de violents sanglots qui n’ont rien à voir avec l’état émotionnel relevant proprement du chagrin ou même de la joie. Cette Compassion Divine nous prend en otage, si je puis dire, et à aucun moment n’est redirigée vers le « moi ». Le cœur vit une grande dilatation, d’une force insoupçonnée, qui fusionne  spontanément avec Dieu, le monde cosmique et l’humanité entière, de tous temps,  et ce indistinctement.

Plus un cœur est préparé, c’est-à-dire poli, plus il est relié au Centre, plus il sera en mesure de vivre La Présence de L’Unicité sur des plans évolutifs et de fait, supérieurs. Le Périple intérieur de l’initié est donc cette découverte. Celle-ci procède d’un état de Rupture avec le monde impermanent, le monde des images, c’est-à-dire le monde de La Maya. C’est alors qu’il prend de plus en plus conscience du Chemin, de son évolution, des étapes qui jalonnent sa route, des connaissances concomitantes qui relient tout cela avec son existenciation, rendue présente précisément par La Conscience objective de Dieu qui l’éclaire sur toutes choses. Il faut donc comprendre que chaque état de présence correspond à une réalité conscientisée et de fait réellement vécue. C’est en la découverte de ces paramétrages que L’Homme, le fils d’Adam, comprend qui il est et ce pour quoi il est venu au monde. Car, en chacun de nous, il est un Projet de Conscience supérieure et c’est Cela Le vrai Trésor, qui Lui ne dépend plus de rien, vierge des conditions sociales, vierge des conditionnements en tout genre, vierge des opinions, vierge de toute émotivité personnelle et égocentrique, vierges des étapes transitoires et aléatoires. Cela même est La Terre promise que certains cherchent encore à l’extérieur d’eux-mêmes, se cristallisant en permanence dans la dualité, retardant ainsi leur échappée, car cette terre promise dont il est question ici est l’héritage véridique et authentique que foule le nouvel homme libre.

A suivre…

 

Essai de transcription

circles ibnarabi

 

Genèse d’une Rupture : Périple au cœur de La Shâdhiliyya (2)

Résultat de recherche d'images pour "Mosquée bleue au caire"

(…) Nous découvrîmes le Caire. Malgré toutes les images affligeantes des effets de la modernité, que l’on voit un peu partout sur les médias, cette ville fut révélée en sa plus totale virginité. Nous réalisions amplement, avec l’immense gratitude qui jaillissait de notre cœur, que ce Périple, au sens le plus entier du terme, était, à proprement parler, un miracle de Dieu. Toutes les conditions, pour que cela puisse se dérouler le plus favorablement possible, avaient été mises en place. Même si le voyage allait sollicité de notre part un grand effort, lié au fait, que nous allions être presque vingt quatre heures sur vingt quatre à nous déplacer et à visiter les tombeaux des Saints (RA), nous étions en une joie effervescente. Imaginez le bonheur de nous rendre chez « Eux », ceux que nous avions « fréquentés » durant de nombreuses années, vivant et buvant de l’intérieur leurs paroles, marchant à leur rythme jusqu’à basculer en cette puissante vibration d’une Réalité qu’ils étaient à vivre et dont ils étaient à témoigner. Très modestement, presque tremblant, nous avions eu cette hardiesse de la jeunesse de nous « asseoir » en leur compagnie, osant à peine respirer, feuilletant leur livre avec une solennité presque grave. Nous marchions en leur compagnie, rompant avec le rythme pressé du monde environnant. Chaque mot devenait à lui-seul L’Echo en silence. Lire et se laisser compénétrer en cette résonance. Leur propos, à eux-seuls, nous ont guidée dans le labyrinthe de l’existenciation, nous donnant à cette Reliance sans que rien ne nous trouble, venant se loger le plus naturellement du monde en notre cœur. Je savais que ces Saints n’étaient pas morts, qu’ils étaient juste passés de l’Autre côté. La Lumière les avaient traversés et allumés leur Être. Ils étaient telles des veilleuses dans nos nuits obscures. Cette qualité de pionniers est de fait à rendre manifeste des viatiques de Souvenance et de Reliance. L’Âme peut les recevoir. Elles les accueille en la plus intime et profonde Reconnaissance. Les Prophètes et les Saints de toutes les Traditions sont la phase ultime de notre propre culminance, de notre réalité conscientisée. Leurs paroles relèvent des plans supérieurs de notre propre cheminement, et quand même certains Saints n’accomplissent pas toute leur réalité matricielle en ce monde, ils sont des pérégrinants. Ils sont en La Dimension du Supra-Mental et poursuivent leur Ascension sur d’autres modalités. Et comment en serait-il autrement, lors que La Boucle des naissances et des morts est enfin rompue, et que le voyage continue ? Car L’Océan de Dieu est sans fin…

Le Caire est une merveilleuse ville. Lors que nous fûmes sur ses hauteurs, les myriades de coupoles de toutes obédiences offraient une vue assez surprenante : les couleurs semblaient presque irréelles. Je me crus volontiers dans un pays des mille et une nuits. A l’intérieur, l’architecture médiévale était d’une beauté à vous couper le souffle. Ces lieux marginaux de par leurs vibrations spécifiques gardent leur atemporalité et vous donnent à cette perception, même momentanée. Ils sont puissants de cette profondeur, de cette vie intérieure, et ils ont ce pouvoir de vous ramener à l’essentiel. Ces lieux vous arrêtent. Lors, il n’est plus ni lieu ni espace, mais bien cette expansion quasi sur-dimensionnée qui provoque en vous ce Retour. Le Lieu vous appelle et vous parle de vous-même, celui que vous camouflez sans cesse, que vous niez sans même vous en rendre compte. Le Lieu vous dépouille de l’inutile et vous donne de nouveau à votre crucialité. Il devient le prétexte de l’émergence de votre Souvenance. Semblable perception peut se vivre au sein des cathédrales, dans les temples anciens, ou même au sein de la nature. Lors que nous nous préparons à accueillir, nous devenons La Coupe. La Coupe nous donne alors de plus en plus à la réceptivité et donc à la Reliance.

A suivre…

Genèse d’une Rupture : Périple au cœur de La Shâdhiliyya

Résultat de recherche d'images pour "Humaythara"

(…) Lors que nous fûmes séparés de notre Maître (RA), appartenant à la confrérie Shâdhiliyya, à laquelle je fus rattachée, conformément au rite initiatique en vigueur dans les confréries soufies, je me mis à chercher activement un autre Lieu en vue d’une pratique spirituelle et ce afin de poursuivre le processus de cheminement, tout en assistant activement aux séances de méditation. Il faut savoir que lors que nous sommes affiliés par le pacte initiatique, nous le sommes, de fait, à vie et ce sur des plans subtils insoupçonnables tandis que le flux spirituel qui remonte jusqu’au Prophète (AS), jusqu’à L’Archange Gabriel (AS), jusqu’à Dieu Lui-même, sans interruption, agit sur notre cœur et corps. Nous recevons effectivement les mantras qui correspondent à notre état et, simultanément, nous recevons l’autorisation de les pratiquer, ce qui place aussitôt le disciple sous la Protection et l’Autorité du Monde Céleste, conformément à la chaîne de transmission, tandis qu’il lui est donné d’accomplir son périple intérieur sous la gouvernance de La Réalité du Sceau de La Prophétie. Je souhaitais ardemment me rendre sur le tombeau de notre Maître vénéré, Al-Shadhuli (RA), souhait quasi irréalisable compte tenu des événements et des moyens financiers dont je disposais. Pourtant, Dieu dans Son extrême Générosité avait entendu mes prières et l’année même qui suivit mon souhait, le voyage fut non seulement rendu possible, mais en des conditions plus que favorables. D’abord, je pus de nouveau poursuivre mes séances de Dhikr (méditation ou Samā‘) au sein d’une petite confrérie française, d’obédience Guénonienne. C’est alors qu’une Dame égyptienne proposa à notre petit groupe de méditants de nous accueillir, et de prendre entièrement à sa charge, et le séjour, et les divers voyages consacrés aux visites des Saints, au Caire, à Alexandrie et bien sûr à Humaythara afin de nous rendre sur la tombe du Maître fondateur de La Confrérie, là-même où je souhaitais de tout mon cœur reformuler mon pacte initiatique. Notre joie fut grande de nous rendre en ces lieux chargés d’histoires certes, ces lieux vivants de par cette Reliance indubitablement géographique et spirituelle. Plus que tout, notre joie fut grande devant La Bonté du Seigneur, L’Audient et Le Tout-Miséricordieux, Celui qui connaît le tréfonds des poitrines.

(…) Chaque fois que nous étions en route dans le but de rendre visite à un Saint, mon Amie et moi-même étions à formuler scrupuleusement des prières d’introduction qu’une disciple et grande Amie m’avait confié préalablement, avant notre départ pour l’Egypte, lors qu’elle tenait, elle-même, cette formule de son propre Maître (RA). Cette prière nous mettait en un état préparatif d’accueil et d’humilité. Il est vrai que cette révérence, cette chevalerie de l’âme touchent mon être d’une manière presque indicible. Mais comme tout acte relié au Centre, il n’est aucune résistance manifestée, ni aucune objection face à ces pratiques qui sembleraient d’un tout autre temps pour la plupart de nos contemporains. Or, l’univers de la spiritualité a pour principe de préparer L’Eveil de L’Âme, de sorte qui lui soit permis « d’entrer » dans le monde de La Royauté Divine, c’est-à-dire le monde révérenciel et cristallin de l’Âme. Cette révérence apporte à celle-ci beaucoup de douceur et de souplesse. Ainsi, l’âme agrée la vacuité, devient la Coupe et reçoit les fruits célestes, quand même à aucun moment, je n’ai envisagé personnellement rien Autre que Dieu Lui, en Son exclusivité essentielle.

A suivre…