La Remontée

Voilà qu’aux premières lueurs du soleil naissant, la terre commence à mugir, la cime des forêts tremble au sommet des montagnes, et les chiens font entendre des hurlements dans l’ombre : c’est la déesse qui approche : « Loin d’ici, profanes, s’écrie la Sibylle, loin d’ici, et sortez tous de ce bois sacré ! Et toi, Enée, marche avec moi, et l’épée hors le fourreau : c’est le moment, Énée, d’avoir du courage et un cœur intrépide. » À ces mots elle s’élance en furieuse dans l’antre ouvert ; le héros se précipite sur les pas de son guide audacieux. […]

Virgile, Énéide, chant VI (extraits)

Une rencontre s’intentionnalise avec et par la lucidité. Pourtant, il se peut que l’un des deux êtres soit en avance sur l’autre. Il se peut même que l’approche soit d’abord sans intention. Il se peut qu’au fil de la rencontre, l’un et l’autre comprennent que rien n’est le fruit du hasard, que l’un et l’autre comprennent que leur réalité est un écho sans fin, le dialogue de l’esprit, celui de l’âme. C’est alors que se révèlent à eux, le lieu de la Conscience.

Sans doute, savait-il qu’Héloïse ne lui laisserait que très peu de champ pour échapper au rendez-vous, illustre rendez-vous, celui qu’il avait toujours su être au plus profond de lui-même. Il savait qu’il avait, non seulement l’intuition d’une telle rencontre, mais il savait aussi, qu’en son for intérieur, il avait quasiment programmé ce rendez-vous. Anticipation, réminiscence, conviction intuitive, nécessité absolutoire… Il n’était pas vraiment important de nommer ce qui était arrivé. Cela était arrivé. Il avait tout quitté pour Héloïse, mais elle avait aussi laissé derrière elle une vie. Dire que cette relation avait commencé depuis longtemps, depuis bien longtemps, en parallèle d’une existence, n’était pas exagéré.

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L’expérience

L'expérience, ce n'est pas ce qui arrive à quelqu'un, 
c'est ce que quelqu'un fait avec ce qui lui arrive.

Aldous Huxley

L’avons-nous épuisé ce rêve jusqu’au bout ? L’avons-nous laissé compénétrer notre âme jusqu’à l’interpellation imminente ? L’avons-nous distingué au milieu des ombres que de subtiles mains gantées font profiler sur le voile blanc ? L’avons-nous mesuré comme l’on mesure le ciel, la mer, les champs, le temps, les lieux ? Avons-nous donné au rêve le poids d’une juste Balance ? Ce rêve persistant, dans les dérives, ces limbes d’un lieu devenu puissant, l’avons-nous transpercé par la réponse à l’Appel ?

Il avait toujours su qu’il la rencontrerait à l’autre bout de la vie. Quand bien même, cette femme en lui n’avait pas vraiment de matérialité, peut-être une âpre concrétude, enracinée au plus profond de lui, une sorte d’abstraction phénoménale, un esprit féminin qui devait le « sortir » de toute projection possible, de tout transfert. Pourquoi s’était-il imaginé que son sauvetage ne pouvait être possible que par le surgissement d’une femme ? La cherchait-il, comme l’on cherche le seul sens possible à la vie ? L’âme est femme, s’était-il dit plusieurs fois. Il avait souffert des appels lancinants de son imagination, la chair de son esprit trouble. Il savait que la frontière avait été franchie, celle qui aurait dû le retenir, celle qui aurait dû être sa loi. Mais il n’avait pas su tenir la bête. Il n’avait jamais pu devenir souverain de cette chose, de ces opacités envahissantes. Elles étaient semblables à l’enfer d’un autre lui. N’était-il pas anéanti par les hurlements assaillants de ses ténèbres. Et il savait qu’il s’agissait de puissantes ténèbres. Il se parlait. Ils finissaient par être nombreux dans le couloir des idées.

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Comment se rapproche-t-on de Dieu ?

L’on nous demanda, il y a quelques jours : comment se rapproche-t-on de Dieu ? La question me fit rire. Mais je ne m’empressais pas pour autant de répondre, parce que je me méfie des réponses qui se bousculent et se hâtent. Toute réponse n’est pas forcément bonne, mais toute réponse n’est pas forcément mauvaise. Il faut du temps pour prendre le temps. La réponse est d’abord un écho. Si elle ne l’est pas, je me demande ce que cela peut bien être. D’ailleurs, qu’est-ce donc ce merveilleux procédé qui consiste à poser des questions et à en deviner les réponses ? La formulation, à elle-seule, est une pure manifestation de l’énigme. Je dirais même que ce procédé participe de la multidimension. Si nous sommes seul à répondre, la réponse n’a pas de sens véritable. Si nous entrons en résonance avec l’autre, alors la réponse est un écho-vibratoire qui a pour effet de faire avancer. Combien de propos futiles qui stagnent dans les eaux marécageuses de la prétention ? Combien de conversations sont des circuits fermés ? C’est pour cela que le silence est un joyau pur. Beaucoup pensent s’exprimer, mais en vérité ils sont à attraper des fragments psychiques et à les renvoyer dans le monde de la bruyance, une sorte de bouillie sonore, désarticulée dans les mailles d’une communication de façade. Il s’agit bel et bien de l’état de rupture qui a pour origine la tour de Babel. Une incohérence inféconde, qui consiste à s’aligner sur les fils tendus de la confrontation. Comment alors répondre à une telle question ? Comment entrer dans le ton juste de L’Echange ? Il s’agit d’une véritable ascèse, d’une maturation alchimique qui oeuvre depuis très longtemps. Lire la suite

Le Bien universel, la Concertation

Si nous ne pouvons saisir de l’intérieur ce qu’il advient à l’extérieur, alors, vivre est une pure démence. Si nous ne pouvons relier ce qui est visible avec ce qui est invisible, quelle part de la vie sommes-nous à vivre ? Si nous sommes à vivre comme des automates, uniquement liés par nos cinq sens, que reste-t-il de la vie ? La question qui se pose est  : sommes-nous des animaux ? Et si nous le sommes, pourquoi ne pas vivre uniquement comme les animaux, et si nous ne le sommes pas, en quoi se singularise l’Humain ? En nous dépouillant de tout, en nous défaisant de tout, que nous reste-t-il ? Pouvons-nous dire que nous sommes à l’image de la société que nous mettons en place ? Ou plutôt, la société est-elle, de fait, à notre image ? De nos jours, qu’est donc à nous renvoyer la vie sociétale ? Puis-je renoncer à ma singularité, lors que je ne trouve en un système civilisationnel rien qui ne vient faire écho à mon être ? Faut-il se résoudre à plier devant la majorité ? Qu’est-ce donc que cette masse quantitative qui aurait tous les droits sur moi, y compris en déniant l’aspiration que j’aurais de me retirer d’un système injuste ? Est-il une seule autorité qui ait ce droit de vie et de mort sur moi ? Dans quelle mesure, l’autorité s’engage-t-elle pour mon bien, et donc communément pour le bien de tous ? Dans ces conditions, pouvons-nous nous demander ce qu’est le Bien ? Est-il un Bien relatif à chaque personne, et un  Bien commun ? Comment peut-on prétendre instaurer Le Bien, lors que ce Bien est défini arbitrairement et s’impose par la force ? Ne sommes-nous pas parvenus à l’âge de la maturité pour connaître enfin ce qui est bien et ce qui est mal ? Si ce n’est pas le cas, n’est-il pas temps de se concerter, et de laisser la seule autorité possible, celle qui consent à assurer le Bien universel qui est celui de L’Âme ? Toutes autres considérations peuvent-elles être légitimes ? N’y a t-il pas un consensus naturel qui offre la possibilité de passer d’un système à un autre ? Quelle pourrait être l’alternative ?

Sans heurt, avec Amour, Paix, et Sagesse, apprenons à gouverner nos êtres et à répandre la magie lumineuse du véritable dialogue. Telle est La Table Ronde des chevaliers. Tel est le véritable Renouveau : la Concertation.*


*Il est entendu que cette concertation serait unanimement et définitivement disjointe de tout système corrompu et ne dépendrait d’aucune façon d’une quelconque rémunération et ce sous quelque aspect que ce soit, et mettrait en avant uniquement les qualités respectives des hommes affranchis de toutes passions. Sans quoi nous retomberions inévitablement dans un système transfert du précédent.

Innocence et Connaissance

arbre

Le Vivant appelle le Vivant, et nous ne devançons jamais, fut-ce le poids d’un atome, Le Vivant. Nous ne le pouvons pas. Me faut-il ajouter que Le Vivant est hors du temps linéaire, et qu’il ne saurait être limité aux simples contingences, ni être de caractère adventice. La loi de cause à effet est strictement réservée au temps linéaire. Celui qui entre dans Le Vivant, de par Le Vivant, obéit strictement à cette illimitation qui ne saurait être englobée, ni même définie, hormis par Son Illimitation. J’ajouterais aussi que paradoxalement, Le Vivant, tout en offrant l’exponentialité des possibilités, de par notre caractère proprement évolutif, concomitant au Vivant, donne à chaque chose sa place, en une juste mesure, en une véritable synchronicité. Ne pas devancer Le Vivant, c’est ne pas établir en dehors de Lui, un autre pôle que Le Sien, Le Vivant en Sa Réalité de Vivant par excellence. Être relié à Lui c’est donc s’inscrire avec exactitude en Sa Volonté et de fait, être en ce Réel. Le Réel n’est donc pas notre appréhension du monde par le monde, mais bien notre appréhension du monde par Le Vivant, c’est-à-dire par Lui, Origine de toutes choses, Connaissant par l’absoluité de Sa Connaissance, Vision pure, englobant chaque chose, et éveillant chaque chose en La Lumière Divine. Ici, l’homme est à l’image du Dieu Transcendant, car si l’homme est fait à l’image de Dieu, ceux qui ne sont pas à Son Image, sont ceux qui ont involué et ainsi, ne réussissent plus à voir, ni même à comprendre L’Essence des choses. Les êtres qui sont en L’Eveil, sont les ressemblants ; les autres, qui portent bien sûr en eux ce Germe, se doivent de s’éveiller à la conscience du Germe-en-eux. Peut-être qu’un jour, me laisserai-je à aborder les réalités du Kali Yuga. Mais, tel n’est pas notre sujet actuel. Lire la suite

Acte d’Être

 

Que nous as-Tu enseigné, dans les réalités de La Vie ? Qu’as-tu renforcé dans les expansions de L’Être ? – L’Acte d’Être. Toi, dont l’humanité n’est plus à contester, Toi dont les soieries de La Chevalerie, préserve en notre cœur, servitude et ivresse des apprentis, Toi dont les rayonnances parfont les qualités du Corps éthéré et du Corps de La Manifestation. Non, Tu ne trompes pas, Tu n’es pas avare des Révérences. Ta Gratitude est La Lumière de L’Orient et Tu subjugues d’incandescence L’Union. Que nous as-Tu enseigné dans les dérogations de L’Aube, que nous as-Tu appris dans les creux de notre souffrance, dans le désert des assoiffés ? – L’Acte d’Être. Tu es en chaque Seigneurie, les aboutissements aurorales du Soleil, quand frémissent les ailes des anges et que les hérauts annoncent les successions qui déploient au Jour Ta Majesté. Ne désespère jamais l’affligé. Il est sous Ton Obédience et du Tout-Possible, au Voyage de La Résurrection, L’Âme connaît L’Âme ! Danse par Deux, par Trois, Il est Le Troisième. Triangularité de L’Intimité quand Çadq fait alliance avec sincérité d’une Vision. A Ta Gauche, auprès du Cœur de L’Amant, Tu as placé celui qui suit Tes pas, dans La Lumière de La Guidance et quand se couche Le Soleil, dans les frondaisons douces de Ton savant Miel, le Fleuve est un Fleuve d’Abondance. Forme aboutie, parachevée en L’Infini, Complétude des Réalisations et que les gestes sont au Zénith de L’Âme immaculée, alors L’Origine en Fulgurance fait jaillir La Perle suintée et La Matrice, au Livre de La Contemplation, effeuille les pages de La Lecture révélée et Le Verbe incarné est devenu Ouvertures (Futuhat) par lesquelles toutes les formes s’acheminent et établissent Le Lien avec les étapes de La Lignée. Tous les Verbes sont les étapes de La Reliance et de La Réalisation, et Tu as suscité d’entre Les Nobles, les perles rares quintessenciées, celles dont les actes d’être, révèlent encore chaque étape en La Seconde. Heure par Heure, Tu es Celui qui veille en La Vigilance du Maître de La Lignée, Réalité culminante du Sceau des Réalités, Ô Maître Parfait en Sa Perfection, quand de chaque révélation est une Perfection, et n’est aléatoire que l’aléatoire en toutes dérivées quand Le Trône assoit en leur absoluité ce que l’on nomme Stabilité. La Vision est noble de Son Acuité dans les gestes de La Manifestation et Chaque Acte est en Réalité La Réalité de Ton Corps de Lumière. Fidélité en La Fidélité, j’ai rejeté le monde des illusions, parce que Tu l’as décrété, et Tu es Le plus Savant, Ô Connaisseur des intentions et de ce que recèlent les poitrines. Toi, GHAÏB, Subtil en Le Subtil. Ici, il n’est Parole qu’en Le Secret et les avertis reconnaissent. Ô Ami, L’Ami est L’Ami de L’Ami. Il enseigne L’Acte d’Être et de Ses Bienfaits, Il est Celui qui se tient debout, et Te montre. Comme Tu Le Vois, comme Tu vois les Autres. Comme Il agit en Toi, et comme Tu agis avec les Autres. La Lumière Divine est Altérité. Comprends-bien…


Note du relayeur : Cet acte de Vie procède du Livre et de Sa Lecture assidue au Miroir du Cœur, réflexivité efficiente du Haut et du Bas, L’Alpha et L’Oméga. Le Très Saint Coran, Lecture Synthétisante est La Clé qui permet chaque ouverture de notre réalité propre. L’Acte du Devenir. Ainsi est La Culminance, L’Apothéose du Voyage dans La Révélation au Sein du Sceau des Réalités, car Le Sceau est Le Secret des initiés.

Les ruissellements de L’Instant – Genèse de l’Amour (2)

 

– Les Ruisseaux suintèrent des clapotis du délicat murmure. Chaque plissement se voulait rejoindre Le Souffle Primordial. Ce fut encore de langoureux appels. Car L’Appel précède L’Appel et Le veut Le retrouver. Il court aussi depuis L’Aube des Mondes, lors que Les ténèbres n’étaient pas obscurcissement, mais bien cavité qui se voulait pur recueillement. Le Néant n’est que l’illusion du Non-être, lors que Le Tout Commencement est L’Incréé ! Sur les plages que foulent les vagues des pas éthérés, les ourlets de ce qui doit se déployer est à se déployer jusqu’au plus intime de L’Univers, s’unissant en ce perpétuel Renouveau, baigné en Le Lac de La Virginité. C’est Là que se trouve Le Bassin Argenté arrosé des Lunes Aimantes. Elles sont les cycles de La Grâce qui se veut encore se rappeler au rythme du Souffle. Le Feu semble froid, or il est L’Actif des mouvements latents. Le Soleil Magistral soulève les Voiles de L’Obscurité et offre les Secrets qui sont en cette Niche que l’on nomme Tabernacle.

– Est-ce donc Cela L’Amour ?

– Pour chaque germe, il fut un Nom donné, et pour chaque Nom donné, il fut encore une multitude. Parfois, nous sommes à les compter, et parfois, ils adviennent en L’Inconnu de Leur Quantité. Ils sont issus du Mystère de L’Innommé. Ils semblent se froisser sur les Rives des Feuillets Immaculés, et pour toute chose, L’Encre où trempe Le Calame, Un Océan Impérissable et indéfinissable, reste inabordable par les yeux des indiscrets. Ils sont refoulés par de vaillants Soldats de Lumière. Celle-ci opère en le plus grand Fracas assourdissant. Les palpitations de cette Eblouissance de L’Origine se meut en une puissance que nul ne peut concevoir. Elle est tantôt suspendue, et tantôt survole Son propre Éclat. Les Anges qui veillent se disputent le droit de combattre contre les intrus. Ils attendent de les foudroyer. Celui qui s’en approche est à tout jamais en L’oubli de sa propre réalité. Il est à errer en des Limbes de Souffrance, car le seul souvenir qui lui reste est La Séparation. Il est encore à s’affaisser et à être hébété. Les secrets de son inertie hagarde sont alors les lamentations de L’Amant.

– Est-ce donc Cela L’Amour ?

– Celui qui oublie puis se souvient, sait. Il est alors en ce transport que crée en onde L’Intention du Tout Commencement. J’ai vu les cercles concentriques se dessiner telles d’ondoyantes Montagnes. C’est en leur sommité que les renouveaux perpétuels sont à se magnifier. Il n’est pas un seul instant de repos pour cette Danse. Sans cesse L’Écho renvoie à L’Origine du Premier Appel. Chaque cœur qui perçoit en son oreille interne, même en son infime, est alors en cette immobilité qui reconnaît les suaves prémices. C’est là que s’éclaire la cavité et lui donne à écouter. Lors qu’il est à se soumettre en La Vénérable Révérence alors, toute La Caverne de son être reçoit La somme des Rayonnements de ses possibilités. Il renoue avec L’Arbre de Lumière et ses branchages sont les mouvements du Voyage qui se veut enfin se déplier. S’il se détourne comme une sphère qui se veut persister dans l’obscurité, il est alors livré à ses instabilités. Il ne sait plus rien et s’accroche en l’infime part de sa réalité. Plus il est à ressentir les souffrances et plus son être sombre dans les assourdissants vrombissements des tumultes de ses voiles qui sont à s’épaissir et s’entrechoquent en se brisant sur les rives de L’Incréé où il se voudraient retourner. Les élans deviennent pulsation de destruction, car, les mondes inférieurs se voudraient l’engloutir pour s’être séparé de son Unicité. Plus il s’éloigne de la lumière, plus il ne sait plus qui il est. Les Ténèbres deviennent alors sa nature. Il est à dériver dans les affres de L’Ignorance et de La Cécité. Il voudrait appeler, mais il ne sait plus. Les souffrances deviennent muettes et pour remplir le vide des Ténèbres, il est à s’agiter en des compensations troubles et les actes de sa dérive ne sont plus que des tourmentes désespérées pour revenir vers Son Intégrité. Les douleurs envahissent chaque parcelle du Corps et gagnent les éléments vitaux de sa Réalité. Il est à se disloquer sur les parois de L’Oubli. Nulle Conscience de La Lumière, et seule Dimension de Son Éloignement en la plus sourde des ignorances. Les larmes deviennent des laves volcaniques qui brûlent toute perception de La Noble Lumière, sans pour autant anéantir la perception. Les pleurs sont les purulences des soupirs de La Séparation. L’Aspiration est encore, en ces zones inférieures, les soufres de la mémoire de L’Origine. Nul ne peut oublier en vérité. Tout est à vouloir s’unifier et s’unifier.

– Est-ce donc Cela L’Amour ?

Les ruissellements de L’Instant – Genèse de l’Amour (1)

Avril 2017

Voici ce qui se surprend au détour d’un Chemin :

– Sais-tu ce qui toujours m’interpelle au plus profond de mon être ?
– Dis-moi !
– Quel est donc Le Tout Commencement ?
– L’Amour sur Les flots bouillonnants.
– Sais-tu par quoi tiennent les Mondes ?
– Dis-moi !
– L’Amour en ces vagues jaillissantes.
– Qu’est-ce donc L’Amour ? Oh ! Dis-moi, qu’est-ce donc que L’Amour ?
– J’ai vu une bâtisse perdue dans les steppes de notre Âme. Elle avait pour nom Solitude.
Au milieu des vents qui se bousculaient, elle tenait en la patience d’un souvenir devenu perpétuel présent. J’ai vu les pierres une à une former l’Édifice. Leur ciment grossier offrait pourtant, les prémices d’une éclosion raffinée. L’Eau et la glaise s’unissaient en un tourbillon de Lumière. Les souffles et les feux épousaient la danse du pétrissage intense. Les cuissons et les levées étaient multiples. Chaque pierre devint le mortier qui s’unifiait à cette danse. Lors que la glaise atteignit son pur modelage, les ténèbres se voulurent accueillir La Lumière. Il se passa alors la plus grande des merveilles : la bâtisse devint un écrin Vivant. Tout s’éclaira en cette steppe et naquit Le Jardin.
– Est-ce donc Cela L’Amour ?
– J’ai entendu la respiration singulière des mers lointaines, et en leur profondeur, j’ai aperçu les étincelances des ondes subtiles. Il est des Flots qui se marient au Ciel de L’Orfèvre. La Vision d’un Œil gigantesque recèle les vagues dansantes de L’Azur de L’Origine. Sur les quintessences de L’Onde Première, L’Âme s’est étonnée des flux de L’Horizon. En leur mouvance, ont surgi les effluves harmonieuses du Verbe Éloquent. L’Encens a de même ondoyé et en volutes mélodieuses, les parfums ont embaumé Le Noble Jardin de L’Âme.
– Est-ce donc Cela L’Amour ?
– Les Sources des Montagnes Bleutées, ont appelé les Forêts Primordiales. La Voûte arborée est devenue Fleuve Seigneurial. Les Luxuriantes Majestés des Verdoyantes vallées se hissèrent, lors que naquit La Beauté des Ailes irisées de Lumière chatoyante d’un Oiseau Auroral. Il se mit à déployer les bienfaisances des ondes munificentes parvenues depuis Le Royaume Éthéré. Les douceurs extatiques alors se déversèrent sur L’Ensemble du Firmament. Les Rayons Du Premier Jour annoncèrent l’ondoiement des Parures Royales.
– Est-ce donc Cela L’Amour ?
– Le Souffle murmurait en ce Roseau Initial les langueurs de La Source qui se voulait conquérir le chemin des Montagnes. Les Ailes puisaient en L’Encre de L’Êtreté les Noms qui se voulaient se rassembler en rangs serrés. Ils avaient reçu cet Ordre Impérial et se fondaient ainsi en La Nuée des Lumières dansantes. Chaque vibration se savaient être Les Phrasées de La Pure Lecture. J’ai entendu les bruissements des feuillets et j’ai su que cela courait depuis L’Aube des Mondes. Chaque Verbe est un acte d’être et chaque point est un illustre mot. Le Langage se désirait en L’Union de L’Âme et se voulait pour chaque mouvement retrouver L’Origine. Je sus que l’inutile sombrait dans une souffrance, lors que les mots justes devenaient Ascension.
– Est-ce donc Cela L’Amour ?

Petit discours de La Huppe (2)

La Forêt primordiale est une forêt qui prend parfois des teintes bleues, mais la plupart du temps, Elle est d’un vert émeraude. Elle se situe à l’intérieur d’un écrin, serti de rubis et de perles nacrées. Lors que l’aube se lève en cette contrée devenue occulte depuis que les hommes sont entrés en l’âge de fer, ( las ! parce qu’ils ont perdu peu à peu le nom initial de La Forêt, et qu’ils n’ont plus eu accès aux subtilités des mondes, ni plus eu accès au chemin qui y mène) trois soleils montrent leur visage, tandis que La Lune opale les rejoint en une course singulière et fusionne pour ne faire plus qu’un seul astre. Comment les hommes ont-ils bien pu perdre ces richesses ? Ne se sont-ils pas consacrés frénétiquement à développer de façon assez singulière des stratégies pour ornementer leur jour et faire montre de leur puissance chimérique ? Ils ont échafaudé d’étranges tunnels en ce labyrinthe de vie, ce qui les a figés malheureusement dans les sphères intermédiaires et même, ne se sont-ils pas souvent retrouvés à la dérive, au pays des limbes ? Là, règne une atmosphère enfumée et pestilentielle, qui se répand en nues, opacifiant ainsi complètement leur esprit et leur faisant oublier l’essentiel. Depuis, ils ont malencontreusement ouvert les brèches des divers mondes subtils et ont permis aux démons de toutes sortes d’empiéter sur leur territoire, cela depuis des millénaires, tandis que ces derniers s’évertuent à anéantir les fils d’Adam et les déposséder de leur réalité intrinsèque.  Lors de la descente de l’humanité, leur Père avait fait en sorte d’emporter avec lui des pans entiers du Jardin. Il lui avait été accordé de faire plusieurs voyages. Ainsi, il permit le tracé d’un sillon éthérique et fluvial afin que jamais ses enfants n’oublient leur origine primordiale. Le Père de l’humanité avait pris soin de répandre ces effluves édéniques. Il avait découvert en lui le pouvoir de la transformation et celui des reliances. Les arbres du Paradis, qu’il avait ramenés lors de sa descente, s’étaient adaptés aisément à leur nouveau milieu de vie. Ces arbres sont en vérité de grands sages, dont la patience et la loyauté sont, de nos jours, devenues légendaires. Ils éprouvent à l’égard d’Adam ainsi qu’envers sa descendance, un Amour incommensurable et c’est pour cela même qu’ils n’ont pas hésité une seule seconde à s’enraciner dans la Terre Matricielle.

La huppe, qui séjourne toujours en la Forêt primordiale, attend. Parfois elle vient rendre visite à celui qui demeure aujourd’hui dans le grand secret, s’étant réfugié sciemment loin des hommes de son époque. Elle aime tout particulièrement sa compagnie. Ils s’entretiennent longtemps et se remémorent l’âge d’or. Pourtant, la huppe est d’humeur très chagrine.

– L’homme ne sait plus se mettre en son silence et cette matrice qui lui tient de lieu de vie tend à révéler combien le bruit intérieur de son mental, les futilités de ses orientations, au demeurant très rétrécies et limitées, sont à se manifester de plus en plus à l’extérieur. Même son recueillement est entaché de distraction. Il est sans cesse en mouvement. Cette précipitation fait basculer ce monde en une frénésie sidérante. Ils schématisent les relations humaines en un bivouac métallique. Tel est l’âge de fer : ne plus savoir accéder aux réalités de L’Être. Que de bruit ! Que de bruit ! Leur âme a fui leur corps qui s’articule tel un pantin. Tandis que les uns éprouvent la peur de ne plus être, d’autres s’accrochent à la matière comme étant la seule concrétude existentielle. Ne réalisent-ils pas enfin que ceci est une magistrale impasse ? Leur âme pleure et ils ne le savent pas. La peur les gagne et ils ne le savent pas. Ils sont manipulés par toutes sortes de ténèbres, et ils ne le savent pas. En eux est le pouvoir du renversement. Mais, ils ne le savent plus. Les gens ont peur de perdre leur confort. Comment en sont-ils arrivés à miser sur ce qui est impermanent ? Je trouve que les hommes sont devenus fous.

– Peut-être que les hommes ne sont plus des hommes…

C’est alors que la huppe scruta longtemps son ami et émit son chant très particulier. Elle semblait soudain gagnée par une grande mélancolie.

– A quoi reconnait-on les fils d’Adam ? demande-t-elle soudain.

– Tu connais la réponse, noble huppe.

– Les hommes connaissent leur âme.

 

Lire aussi Petit discours de La Huppe (1) et Histoire des hommes

                                                                                                

Petit discours de La Huppe (1)

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Lors que les choses se seront figées en la superficialité sans qu’il n’y ait plus aucune substance en La Réalité unitive des actes, des paroles et de l’origine, alors tu verras combien les sables seront mouvants sous les pas. La hâte sera la compulsion et la distraction, le signe de l’opacité des cœurs. Lors que tu verras que l’on prendra pour guide des aveugles et lors que les confusions seront légion, tandis que le discernement sera pris pour son contraire, fuis dans les montagnes et ne te retourne pas. Tel est l’enseignement du maître qui, en sa véracité, ne trompait pas et ne cherchait nulle approbation. Tandis que les rois s’éventaient de paresse et qu’au grand jour des révélations de leur fausseté, les peuples les suivaient, un, sur la cime éloignée, balayait de son regard l’étendu des dégâts. C’est alors que la huppe qui venait de temps à autre lui rendre visite s’enquit de tant d’obscurantisme.

– L’homme s’évertue en son acte le plus démentiel à renouer avec Le Jardin perdu. Le fait-il avec tant de flagornerie et de nonchalance inconsciente ? Je le soupçonne de confondre durée existentielle et éternité. De même, je le soupçonne de vouloir se vêtir de l’innocence, sans pour autant en comprendre la vraie signification. Serait-il à oublier sciemment que tout est retour, que chaque souffle qui s’éteint est une perte s’il ne s’unifie pas à sa réalité ?

– La huppe ! ton apostrophe me réjouit du fait qu’elle annonce ta présence et je te salue de daigner nous rendre visite en cette modeste tanière. Il y a bien longtemps que nous ne t’avions vue. Tes questions sont à mettre en relief une crucialité évidente. Je sais que ton esprit est vif, et que chacune de tes paroles est, en vérité, un puits de sagesse.

– Vieil homme, ne sois point en de tels éloges qui glissent assurément sur mon plumage sans compénétrer mon âme aucunement. D’ailleurs, te souviens-tu comme nous devisions de cette façon, et comme nous avions compris tout l’intérêt de nous garder de penser que nos mots étaient saisis en leur justesse ? Certes, je suis venue te rendre visite à maintes reprises, et j’ai en mémoire cette conversation concernant les signes que nous renvoie la nature. Néanmoins, il me semble urgemment nécessaire de clamer haut et fort ceci : chaque acte de l’homme est de fait à révéler ses moult tentatives d’imiter l’essentialité de la création. Il ne le sait pas encore. Il le devine à peine. Considère-t-il que chaque concept, que chaque idée, que chaque individu, que chaque singularité, que chaque senteur, que chaque beauté, que chaque éloquence sont de puissantes manifestations liées au hasard ? Pourquoi se réduit-il ainsi ? Le jardin n’est pas perdu. Le Jardin est un trésor phénoménal. Toute sa vie, l’homme marche si près qu’il ne s’en aperçoit plus. Il ne sait plus ni s’étonner, ni explorer l’inédit. Il tourne en rond. Je me suis réfugiée au fond de la forêt primordiale, en ce secret bien gardé, et j’attends.

– Qu’attends-tu noble huppe ?

– J’attends que Le Silence pousse son cri de ralliement.