Comment se rapproche-t-on de Dieu ?

L’on nous demanda, il y a quelques jours : comment se rapproche-t-on de Dieu ? La question me fit rire. Mais je ne m’empressais pas pour autant de répondre, parce que je me méfie des réponses qui se bousculent et se hâtent. Toute réponse n’est pas forcément bonne, mais toute réponse n’est pas forcément mauvaise. Il faut du temps pour prendre le temps. La réponse est d’abord un écho. Si elle ne l’est pas, je me demande ce que cela peut bien être. D’ailleurs, qu’est-ce donc ce merveilleux procédé qui consiste à poser des questions et à en deviner les réponses ? La formulation, à elle-seule, est une pure manifestation de l’énigme. Je dirais même que ce procédé participe de la multidimension. Si nous sommes seul à répondre, la réponse n’a pas de sens véritable. Si nous entrons en résonance avec l’autre, alors la réponse est un écho-vibratoire qui a pour effet de faire avancer. Combien de propos futiles qui stagnent dans les eaux marécageuses de la prétention ? Combien de conversations sont des circuits fermés ? C’est pour cela que le silence est un joyau pur. Beaucoup pensent s’exprimer, mais en vérité ils sont à attraper des fragments psychiques et à les renvoyer dans le monde de la bruyance, une sorte de bouillie sonore, désarticulée dans les mailles d’une communication de façade. Il s’agit bel et bien de l’état de rupture qui a pour origine la tour de Babel. Une incohérence inféconde, qui consiste à s’aligner sur les fils tendus de la confrontation. Comment alors répondre à une telle question ? Comment entrer dans le ton juste de L’Echange ? Il s’agit d’une véritable ascèse, d’une maturation alchimique qui oeuvre depuis très longtemps. Il ne s’agit pas de répondre pour répondre, mais il s’agit plutôt d’entrer dans Le Vivant et Le laisser nous donner à répondre. Pour ce faire, la vacuité permet de percevoir l’effet de la lente progression du Souffle vital, Souffle vital qui nous révèle vibratoirement La Présence, anime notre âme de la Saisie de La Présence et nous amène à la conscience même de cet effet. Alors, le temps de la seconde se dilate et les perceptions augmentent, La Coupe accueille, et nous entendons l’imperceptible mouvement du Zéphyr oriental, tandis que La Réponse nous parvient. Celle-ci et non une autre, destinée véritablement au destinataire. C’est alors que nous devenons les relayeurs et transmettons. Tel est l’Echange avec l’autre. Sans cela, écoutez, prenez le temps d’écouter : la conversation est mécanique, quand même serait-elle chargée de la plus vive émotion et du déploiement de la raison la plus raisonnante. Mais entre-nous, la plupart des conversations sont des monologues émotionnels se réduisant à la subjectivité égotique et qui ne visent jamais la relation. Telle est la différence monumentale de la conversation psychique avec le dialogue de l’âme à l’âme. Ce dialogue est nécessairement animé par L’Amour. Il n’y a de véritables échanges qu’en Lui. Quand ladite personne me posa la question, mon rire fut une réponse. Les mots n’avaient pas forcément lieu d’être. Néanmoins quand cette personne réitéra sa question, je pris le temps de recueillir Le Souffle : Il s’agit d’une pure faveur, lui dis-je. Alors, elle, de me demander : mais qu’est-ce donc cette pure faveur ? La pure faveur est de reconnaître la faveur, fut ma réponse. Pourtant, elle insista pour avoir une réponse concrète et nous poursuivîmes ainsi la conversation. Comment se rapproche-t-on de Dieu ? La réponse est dans la question, mais il en est une multitude aussi et La Vie elle-même est une réponse. Maintenant, la question est : Que signifie vouloir se rapprocher de Dieu ? Qu’implique cette aspiration ?

Celui qui pose la question doit pouvoir se mettre en résonance avec ce qu’il reçoit, sinon sa question n’a pas lieu d’être.