Je vous aime mes frères, et ne me lasse jamais de m’asseoir sous l’arbre frémissant. De l’avoir vécu, jamais Cela ne se perd. L’Amour est fou de Sagesse, paradoxe inouï, et je suis l’esprit qui voyage de contrée en contrée pour vous rencontrer, mes frères. Il m’a fallu traverser tant de paysages, il m’a fallu marcher si longtemps et souviens-toi, je n’appartiens à personne, car mon âme libre ne sait s’arrêter et si nous avons tant voyagé, c’est pour vous rencontrer mes frères. Pouvais-je aller sans vous toucher, dans l’imperceptible, mes frères, oui dans ce qui ne se dit pas et que le cœur sait ? J’ai encore la soif de vous voir, ici, là-bas, à des années lumières, sur les rives que j’ai reconnues, dans les feuillets que j’ai ouvert, dans les frôlements de vous, dans les indescriptibles approches. Je vous aime mes frères et je marche encore, même lorsque vos noms sont évoqués, Ô Hommes, vous, ceux qui êtes nés, et je tremble de l’indicible révérence de vous aimer. Plus je me suis assise à votre Table et plus aucun met ne m’a semblé aussi bon. Qu’avez-vous fait de votre sœur, qu’avez-vous fait d’elle qui ne sait plus rien goûter qu’à vos mots emplis de lumière, Ô Vibrante Lumière ! Comme me semble terne tout ce qui n’est pas de votre jus, tout ce qui ne s’est pas abreuvé à La Source ! L’Origine a un goût inégalé. Mes frères ! Une goutte est semblable à mille océans, et je demeure assise auprès de l’arbre frémissant, puisqu’en lui, j’ai connu vos prières, votre fidélité, les noblesses et la pudeur. J’ai bu à votre miel, nectar ambré de votre beauté. Vous m’avez tout appris, dans les mondes atemporels, et vous avez jusqu’à ce jour ensemencé les plaines de nos déserts. Je m’assois auprès de vous, mes frères et veuillez ne pas me voir. Continuez, je bois à vos verbes de lumière.