L’Illusion du moi

Leira, déesse de l'illusion CN DuperieCarte conçue par l’artiste Jason A. Engle

 

Imagine quelqu’un se retrouvant en la froide et implacable cruauté d’un camp de concentration, asservi jusqu’à la moelle de son être, aux plus intimes de ses fibres existentielles ; imagine les atrocités qu’il serait à vivre, à subir, au creux de sa sombre cellule, celle-ci même dont il ne pouvait ni concevoir, ni supposer la réalité effective ; ose imaginer, si tu le peux, ose imaginer cette totale incarcération, à laquelle il n’est aucune échappatoire. Imagine ce que peut bien subir une telle personne lors que simultanément elle est à voir autour d’elle ce qui est purement insoutenable, lors qu’elle observe d’un œil aiguisé, cette souffrance silencieuse, odieuse, vibrante en ces hurlements terrifiants. Ose, si tu le peux, ose imaginer cette affreuseté se répandant sans que rien ne puisse se faire pour l’empêcher, lors que la douleur extrême lui fait perdre jusqu’à la conscience. Ose ! Puis, imagine aussi, que cette personne revienne du camp. Les tortures se sont apaisées, les tourmentes ont disparu. L’Effroi qui tenaille n’est plus qu’un vague souvenir qui maintient cependant La Question en suspens aux lèvres de la douce Réponse. Imagine, qu’ayant échappé à cette incarcération, ayant réalisé de façon cruciale ce que Cela était à lui révéler, Architecture de La Toute Puissance, et qu’au travers de ces ténèbres, tout se savait se résorber, y compris la souffrance, en La Réponse. Évidence des évidences… Lumière éclatante, absoluité de L’Union, Ténèbres se résorbant en La douce Radiance. Imagine donc que cette personne ne voit plus jamais les choses comme avant, ne le peut simplement plus, ayant de par un effet puissant, percé les secrets de sa condition, imagines-tu qu’elle puisse encore adhérer à la superficialité, l’inconsistance et la négligence ? Pourquoi ne réintègre-t-elle pas la vie comme avant, me demandes-tu ? Justement, parce que la supercherie de ce monde lui a été dévoilé et qu’elle sait aujourd’hui que c’est précisément ce monde, en son système exclusif et réducteur, qui engendre La Bête. Cette personne en a vu tous les rouages, les faussetés et l’illusoire aspiration. Elle est descendue très loin dans les arcanes psychiques, l’illusion du moi qui répugne à se fondre en L’Océan de Lumière, ce moi qui tire vers lui, tel un dernier lambeau, avec beaucoup de pathétisme, l’illusion. De même, qu’au sein de cette rupture, elle a vu Celui qui ne périt pas. Celui qui de Sa Constance, vibre et chante de Lumière, Celui qui au lieu de la rendre amère, rancunière, haineuse, lui a effacé toutes les aspérités et lui a révélé L’Amour en Son Essence, au sein du Silence de vibration agissante et unitive. Telle est la réalité de son témoignage. Tel est son acte de vie : tenter de sortir tous ses frères de l’enfer dans lequel ils se trouvent, lors qu’ils s’accrochent aux morcellements de la survivance, ayant oublié jusqu’à l’oubli de leur oubli.

A suivre…

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