Jamais Cela ne commence, ni jamais Cela ne s’achève (Pensée sur L’Amour 2)

                                                                 Peinture de Frank Dicksee (English, 1853-1928)

L’Ami,

Il est une sorte de Cristal et là, tout est à se poser.
Se poser, puis aussi jaillir en mille étincelances.
Il est une sorte de fluidité que l’on pressent en un toucher de grâce.
Il est un souffle léger qui se vient comme délicatement soulever les dernières poussières de La Roche.
Le mouvement est si délicat, une sorte de caresse que le cœur reçoit.
Est-il en une ouverture ?
Il n’est plus même de Béance.
Cela est à se vouloir éclore en mots multicolores.
L’Ami, j’ai laissé mûrir cette pensée qui se voulait com-prendre.
L’analyse est à balayer ce qui relève du psychisme.
Il ne se saurait avoir aucune prise là-dessus.
Ni émotionnel, ni sentimentalité, ni même nostalgie.
Ni même imitation.
Il n’est donc plus aucune pensée spéculative.
Nous avons pris le temps au Temps.
Il est à se suspendre.
Indéfiniment.
Cela relève d’une véritable prouesse qui n’est pas de nous.
J’en témoigne.
Parce qu’un jour, tout est à être sous La Lumière du Regard.
Nous le savons.
Nous le savons depuis toujours.
Cela est juste à se dévoiler sous les voiles de l’opacité.
L’Ami.
Ce sont les superficialités et les babillages futiles qui nous ont définitivement exilés des inerties de l’éphémère.
Qu’est-ce donc que cet éphémère, si ce n’est l’illusion de vivre cette vie en cet engloutissement qui se voudrait se prendre au sérieux.
N’est pas grave qui veut.
N’est pas lucide qui veut.
Les mots sont les prisons de ceux qui se voudraient exister par eux.
C’est ainsi que la relation humaine est basée sur un immense quiproquo.
Une défiance permanente qui tendrait à vouloir s’emparer de l’autre.
Celui qui ne sait pas qu’il ne s’appartient pas, est à vouloir à tout prix imposer sa loi de dévoreur.
Les créatures ne sont plus humaines de par la déchéance de leur conscience.
Elles sont bien plus barbares que les animaux, même si elles portent des gants de velours.
La mascarade est telle qu’il n’est plus besoin de porter de masques.
Ce serait comme en surajouter.
La vulgarité atteint son apogée.
Les masques sont la réalité de ce monde qui n’est plus à vivre, ni à penser, encore moins à aimer.
Les gens se dévorent sous couvert de relationnel.
Les gens sont en des valses narcissiques outrancières.
Pourtant, celui qui fait du mal aux autres, se fait en réalité du mal à lui-même.
Tout ce gouffre en cette cécité, est à multiplier en ondes cette amnésie ambiante, cette attitude soporifique.
Celui qui aime dira à l’autre : réveille-toi !
Celui qui aime dira : je suis en cette Révérence de L’Amour et tour à tour Tu es moi et je suis Toi.
Celui qui aime, voit.
L’Amour n’est pas aveugle.
Il n’est pas non plus une passion qui devient du cannibalisme.
Il est douce Contemplation et effacement, tour à tour.
Il est à révéler l’Autre en ce qu’il est au plus profond de lui-même.
Il est cette découverte qui se laisse vivre, comme si l’autre devenait le plus précieux des hôtes.
L’Ami.
Je ne cherche pas à exister par l’autre, puisque je suis.
L’Ami, quel est donc ce secret de L’Invité qui vient à la Table servie ?
L’Ami, il n’est pas de plus grand accueil qu’en l’effacement de soi.
Je suis vide de moi et pleine de toi.
L’Ami, comme cela est une grâce que de rencontrer en ce face à face, son Ami.
Comme les yeux s’emplissent de l’Univers en ce Ciel devenu si vaste qu’il peut tout contenir !
L’Ami.
Aimer est ce cœur qui accueille le sourire de ton Âme.
Ne t’ai-je pas dit : la douceur et la lenteur sont une force dont on ne soupçonne pas l’intensité.
Aimer en cette douceur est aller si loin ensemble en Soi, que jamais Cela ne commence, ni jamais Cela ne s’achève.

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