La tentation de la blessure (2)

    Peinture de Rafał Olbiński
Résultat de recherche d'images pour "rafał olbiński"Une des erreurs de Bruckner est de considérer l’individualisme comme un état normal de l’être humain. Or, l’individualisme est un effet de ce que René Guénon a appelé Le règne de la quantité.
Dans une société globalisée centrée sur «l’industrialisme» et «l’économisme», il n’y a plus de place pour l’homme qualifié, c’est-à-dire pour un homme conscient de l’ordre principiel. Une société dont le seul but est de produire une quantité indéfinie d’objets standardisés destinés à être consommés par une multitude, contient en germe sa propre dissolution et ne peut fonctionner que sur le modèle de la fourmilière.
L’individualisme réduit l’individu à une unité purement quantitative et interchangeable.
Mais même l’être humain le plus ignorant ne peut se résoudre à une telle déchéance tout simplement en raison de son humanité et pour amener cet homme à accepter l’inacceptable, il fallait dans un premier temps lui fermer l’accès au ciel : ce fut l’oeuvre des humanistes, des puritains, de Descartes, des encyclopédistes et des philosophes du 19e siècle. Il fallut ensuite lui faire croire que le soi-disant progrès matériel ferait son bonheur et le bercer dans l’illusion qu’en tant qu’individu, il maîtriserait son destin.
Quand à l’infantilisme qu’on observe chez nos contemporains, c’est excellent moyen de les canaliser en leur créant des besoins factices dont le seul intérêt est la nouveauté. Car le règne de la quantité est aussi celui du changement perpétuel, autrement dit de l’agitation pour elle-même.

Jean d’Armelin

 

RÊVE D'UN TOURBILLON TEMPOREL... Ça tourne TROP VITE et L'ARBRE TREMBLE de SES RACINES...!Art de Sophia Michailidou

 

Considérer l’homme comme un accident de la nature, c’est lui ôter, sans conteste, cette Réalité qu’il est d’abord et avant tout Un Projet.
Il est Le Projet par excellence d’une dimension qui nous échappe de plus en plus, siècle après siècle, du fait même de la dépossession progressive de notre Mémoire, Mémoire de L’Origine.
Aujourd’hui, sommes-nous réduits à n’être plus que de la chair intelligente, tout au plus ?
De quelle sorte d’intelligence sommes-nous les représentants ?
Serait-ce que l’intelligence se réduirait à n’être plus que la maîtrise technique d’une vie sociale ?
Cette masse qu’est devenue notre humanité, se valoriserait-elle uniquement au travers des acquis sociaux, des progrès technologiques, et de la qualité d’une vie matérielle ?
Est-ce ainsi que nous établissons le programme de vie de notre humanité : réussir matériellement, nous stabiliser temporellement dans un monde de réjouissance artificielle ?
Dès lors, sommes-nous à même de comprendre que nous ne sommes pas uniquement des êtres éphémères, extraits de nulle part et s’en retournant nulle part ?
Sommes-nous l’apparence lisse et superficielle d’une vie sans relief ?
On nous plaque assez facilement une identité, une raison sociale, une temporalité émotionnelle, une appartenance culturelle et nous voici comme ficelés à un destin de pré-fabrication dont nous aurions peine à nous défaire ?
La blessure est là.
La blessure qui est notre ignorance.
La blessure qui est notre fragilité à accueillir toutes les informations possibles et inimaginables sans aucun discernement.
La blessure qui est notre promptitude à nous laisser guider par des aveugles.
La blessure qui est de nous déresponsabiliser et qui vise à nous séparer de La Connaissance de notre Origine et de notre Devenir.
Nous sommes blessés par notre propre lâcheté, par notre paresse, et nous laissons ce monde périr de par notre absence.
Nous ne savons plus penser.
Nous croyons le faire, mais ce n’est que bruit incessant et camouflage permanent.
Nous vivons submergés par l’inconnu que nous sommes devenus.
Nous entrons volontairement dans un moule pour ne jamais nous poser les bonnes questions.
Et nous mourrons des plus graves blessures qui soient en ne faisant aucun effort pour faire Acte de Retour.
Nous sommes cette innocence perdue.
Nous sommes aussi ce désir de L’Innocence.
Nous ne savons plus ni décrypter ce qui nous parvient comme information en nous-mêmes, et nous voici envahis par des informations extérieures de plus en plus ubuesques.
Nous ne savons plus rien, mais nous continuons de faire semblant de tout savoir.
Jamais nous ne souhaitons faire silence.
Notre pseudo temps de silence ne fait que nous ramener à nous-mêmes et nous nous enfermons dans la plus grande illusion narcissique.
Si nous faisions véritablement silence, nous entendrions, peu à peu, que le Silence est une Voix.
Le Silence est Lumière.
Le Silence est vibration de Guidance.
Le Silence est Réalité éternellement éternelle.
Le Silence est Verbe.
Le Silence est Langage.
Le Silence est Semence de L’Origine et flèche qui court vers Sa Cible.
Le Silence est Jaillissement de Sens.
Le Silence est Poésie de La Quintessence.
Le Silence est Eclairage et minutie.
Le Silence est Innocence et intériorité.
Soudain, Le Silence est un Enfant qui naît et déchire L’Opacité.
Il est La Vue et Le Toucher.
Il est L’Odorat et le pas qui se laisse avancer.
Le Silence est Porte qui donne accès à ce qui est notre Mémoire.
Nous sommes tous sur Le Chemin du Retour.
Celui qui met un obstacle sur le Sentier de La Lumière est celui qui est la tentation de la blessure.
La plus grande aliénation vient de cette ignorance.
Le Désir du Retour en ce Désir de L’Innocence est Le Chemin de La Conscience.

 

Voir La tentation de la blessure (1)

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