Ghayn

 

Mille.
Au nombre de l’indéterminé qui ne se manifeste pas.
Au nombre du Mystère de la poignée primordiale,
Au nombre des lettres et des vocables inscrits par le Calame sur la Table préservée,
Au nombre de l’œuf du monde avant qu’il ne soit polarisé,
Au nombre du Ciel premier couvrant notre mère la Terre,
Au nombre de l’Être conçu dans le secret du tout Puissant,
Au nombre des mondes ordonnés par la Sagesse éternelle,
Au nombre du Paradis lorsqu’il se posa au sommet de ce monde,
Au nombre d’Adam lorsqu’il nomma les créatures de l’Eden,
Au nombre de l’Adam-Ève lorsque mâle et femelle, Il les créa,
Au nombre des peuples dispersés quand le jardin fut fermé et que la terre déroula sa distance,
Justice de la Miséricorde.
Au nombre des grains de sable du désert,
Au nombre des gemmes que la terre recèle,
Au nombre des montagnes, des vallées et des plaines,
Au nombre des cascades, des rivières, des fleuves et des océans qui vivifient toutes choses,
Au nombre des feuilles qui bruissent dans le vent de l’éternel Esprit,
Au nombre des grains de blé nourrissant l’indigent,
Au nombre des roses et des jasmins qui ravissent les sens,
Au nombre des orangers qui enchantent les assoiffés,
Au nombre des oiseaux décrivant dans le ciel les versets de l’amour,
Au nombre de leurs plumes frémissantes à l’audition des psaumes du Prophète,
Au nombre des cavales parcourant le désert,
Au nombre des troupeaux qui décrivent l’espace, lui assignant sa limite,
Au nombre des félins qui montre le danger et enseignent la prudence,
Beauté de la Miséricorde.
Au nombre des négligents qui méprisent les lois de l’hospitalité,
Au nombre des patients qui se réjouissent de leur pauvreté,
Au nombre des pèlerins visitant les sanctuaires,
Au nombre des pénitents qui tournent leurs regards vers la source du pardon,
Au nombre des croyants qui soupirent à l’écoute de Sa Parole,
Au nombre des néophytes qui sourient à la Lumière de Sa vision,
Au nombre des connaissants qui scellent Son secret,
Au nombre des amants sous l’emprise impérieuse de Son Amour
Qui se délectent de Son absence,
Aspirant au débordement et à l’ivresse,
Et se noient dans une spiration adorative,
Jusqu’à l’évanouissement de leur être dans la présence de l’Aimé,
Amour de la Miséricorde.
LUI,
Sur qui se porte l’inclination des cœurs,
LUI,
Qui joue de la séparation et du rapprochement,
LUI,
Qui se voile et se dévoile.
Son nombre est sept.
Cycle des jours qui s’enroulent et se déroulent incessamment
Jusqu’à leur terme
Afin que les amoureux parcourent la terre à la recherche de l’Aimé.

Clé de Ghayn

[…]Dans l’Amour réside l’Être primordial[…]
Le croyant qui a donné sa foi plonge alors dans l’ivresse,
Subtile ivresse de celui qui, patient comme le félin,
Gravit les sept cimes du rapprochement,
Et réalise sa route vers les palais du pardon.
[…]Ce monde en rien ne se distingue de Lui[…]
Il est la beauté du ciel
Qui règne toute puissante sur les peuples,
Il est la séparation des mers,
Il est le désert de l’indigence…
Femelle comme l’œuf qui conçoit,
Mâle comme la poignée qui concentre et couvre
Car Il est sans détermination aucune.
[…]Pourquoi donc ce pèlerinage ?[…]
Le pèlerin n’est-il pas l’état limite de l’Adam uni à Ève ?
Nombre d’indigents jamais n’atteindraient au paradis
S’ils n’avaient d’abord été conçus en cette forme.
[…]L’amant le sait quand il entre en adoration[…]
L’espace et la distance sont absorbés par la source,
Le blé abonde en multitude,
L’oiseau à l’abri dans sa cage s’abreuve à l’eau de la rose
Quand le jour entre en lumière…
C’est dans cette cage que s’enseigne la Parole et la Vision intérieure,
C’est dans cette cage que paraît le sourire du Mystère
Et c’est là la raison de l’hospitalité envers le négligent.
[…]Il a disposé un voile entre Son aimé et le sanctuaire[…]
Du Temple sacré au fond de la vallée
S’élèvent les psaumes de l’Éternel Absent.
[…]L’amant le sait, tout est nombre dans le créé[…]
Et le nombre caché du cœur est celui du monde
Et le néophyte se nourrit des versets de la présence
[…]Et la Justice ordonne[…]
Et les cavales enchanteresses du vent,
Du terme fatal, préservent les regards.
[…]Vois la Table en son évanouissement[…]
Contemple ton Prophète et considère l’ampleur de son inclination !
Abandonne-toi à l’audition du Calame
Qui t’ordonne de te réjouir du Secret…
Sache que le Connaissant par Lui est un pénitent
Qui de la voie du Jardin sait les dangers,
Sache que même la Terre invite à la prudence
Celui qui comme toi désire ardemment la douceur de l’oranger.
[…]Les graines du Jasmin germent dans le terreau de la Loi éternelle[…]
Entends la spiration d’amour des lettres
Qui soupirent et se languissent de la Sagesse
Polarisée dans Sa Miséricorde…
Ô assoiffé !
Sois léger comme la plume,
Qui se laisse envoler dans les vents de l’espoir !

Vingtneuvième coffre : Ghayn

Ô Prophète de notre Prophétie !
Ô vierge réceptacle de la Parole infinie !
Ô confident de la montagne !
Ton cœur est apparu à l’aube des mondes
Avant que ne soit décrété le temps,
Avant que l’eau de la Vie et l’argile de la Forme
N’aient accompli leur œuvre primordiale…
Et que fut advenue cette humanité finissante.
Ô compagnon des compagnons !
Ô guide des guides !
Ô maître de tous les maîtres !
Initiateur de toutes les voies !
Refuge des cœurs égarés !
Ô manteau des sanctifiés !
Ô toi le bouclier !
Ô toi la flèche qui atteint toute cible désignée !
Ô médecin des cœurs !
Guérison des corps et leur remède !
Lumière des regards intérieurs et clarté des âmes endurantes !
Ô maître de l’éloquence et du calame !
Tu es celui qui tient la plume et qui écrit
Car enfin, qui d’autre que toi est pour nous
La source de l’inspiration et l’encre à laquelle nous puisons ?
N’es-tu pas le Livre des livres,
Le coffre fort des vocables précieux,
Le régisseur de la syntaxe harmonieuse
Et le sultan de la rhétorique amoureuse ?
Si nous avons suivi ta voie, le mérite t’en revient,
Si nous nous sommes égarés de la vérité, la faute nous incombe
Et que ma voix retourne au silence,
AMIN.

 

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2 commentaires sur “Ghayn

    • Je vous remercie.
      En effet, des prières sont évoquées dans ce triptyque. Il s’agit d’invocations très répandues en islam que l’on fait sur la personne du Prophète pour attirer la Baraka. Mais si on en cherche la raison la plus profonde, il est surtout question de maintenir le souvenir de Dieu en permanence afin que toute la création (c’est-à-dire notre monde et tous les mondes possibles) soit vivifiée, bénie et renouvelée.

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