Influence et Echo-Résonnance

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Nous l’avons déjà exprimé, et nous n’aurons de cesse de le faire, la lecture actuelle du monde est d’abord et avant tout d’ordre psychique. L’on pourrait aussi ajouter ceci : l’appréhension de celui-ci se fait à partir de couches opaques et ce, hélas, de plus en plus épaissies. Lors, quelle est donc l’interprétation* possible ? Les compréhensions des uns et des autres sont la révélation d’un affaissement généralisé qui dure depuis longtemps (depuis l’ère du Kali Yuga, cycle d’une chute remarquable de l’homme).

Cette solidification des mentaux et bien entendu celle des cœurs engendrent une rigidité de plus en plus marquée et un rejet de plus en plus avéré des réalités ontologiques, ésotériques et métaphysiques. La vue limitée de l’égo dresse des barrières quasi insurmontables et génère une hostilité accrue de l’homme vis-à-vis de l’Unité, vis-à-vis de l’Intelligence, vis-à-vis du Sacré. Il est impossible de s’entendre, de se voir, et de s’accueillir, dès lors que le psychisme se territorialise, impose son opinion, et ce de façon grégaire. Le marécage mental empêche de voir le Réel**. Mais plus que tout, il jette sur celui-ci son interprétation limitée et réduit toutes choses, y compris les mots, la réalité du vivant, du Vivant. Il n’est pas rare d’observer que les uns et les autres confondent influence et résonnance (Echo-Résonnance). L’une relève uniquement de la sphère psychique et l’autre révèle la capacité de l’accueillant à accueillir les signes (les lettres de la Vie) et d’entrer en résonnance avec les paroles vibratoires. Car tout est Verbe de Dieu et tout est possibilité d’entrer en résonnance, en interprétation avec le Principe Supérieur. Nous sommes semblables à un instrument de musique qui entre en vibration avec le jeu du musicien. Il arrive, hélas, que l’instrument ne soit plus capable de cueillir les notes et d’en faire jaillir les sons… Ce qu’il faut comprendre, c’est que celui qui évolue dans le domaine spirituel, et non dans ce qui n’est qu’une parodie de l’esprit, et celui qui évolue au sein de la religion, et non dans ce qui n’est qu’une espèce de religiosité, ne subit jamais aucune influence. Il est dans ce que l’on peut appeler l’étonnement, le merveilleux, la douce perplexité, le sens des choses, l’essence des choses. Tel est le propre de l’homme qui s’éveille. Comment peut-il réduire l’étonnement à une influence ? Toute religion, toute approche spirituelle et méditative, toute réalité métaphysique sont la Vie, l’Accueil, l’Echo-Résonnance. D’où cette réalité de la Triangularité, cette approche de l’observé-observant. Il n’est aucune espèce d’influence dans la Religion, mais plutôt d’Appel si profond, si tenace, de vibration si intense, que le cœur cesse de battre au rythme du monde (l’impermanent), mais bien au rythme du Cœur du Cœur, au cœur du Créateur, au cœur du Centre-Vivant : Echo-Résonnance !

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Note du relayeur :

*Interpréter : au lat. class. interpretari « expliquer, éclaircir ; prendre dans tel ou tel sens ; traduire », lui-même dérivé. de interpres, -etis, v. interprète. L’on est enclin à cette autre acception : entrer en relation avec l’une et l’autre des correspondances d’un terme avec un autre. Il s’agit donc de voir ce qui s’établit (lien) comme sens possible entre deux mots, entre deux manifestations illocutoires, et donc de saisir le lien avec ce qui est l’essence des choses. Nul doute, l’interprétation relève de l’Intelligence.

**Le Réel est la Réalité unitive que tout aspirant est amené à découvrir en lui-même, à vivre dans la toute plénitude de l’existenciation, en parvenant, par l’Unité principielle à la Contemplation-active au sein de ce monde et en vue correspondante au sein d’un Devenir, car ce qui est sur la Terre est au Ciel et ce qui est au Ciel est sur Terre. رَبَّنَا آتِنَا فِي » الدُّنْيَا حَسَنَةً وَفِي الآخِرَةِ حَسَنَةً وَقِنَا عَذَابَ النَّارِ » « La plupart des invocations du Prophète (Sallallâhu ‘alayhi wa sallam) consistaient à dire : « Seigneur Dieu ! Donne-nous dans ce monde une belle part et dans l’au-delà une belle part et préserve-nous du châtiment du feu ». » Rapporté par Boukhari dans son Sahih (hadith n°6389).