Genèse d’une Rupture : L’Autre

Résultat de recherche d'images pour "alexi zaitsev"Peinture de Alexi Zaitsev

     L’idée de vivre pour soi uniquement m’a toujours semblé proprement insupportable. Ce schéma, tracé à l’avance, comme une nécessité, me glaçait d’horreur. Cela ne circulait pas un seul instant dans mes veines, ni ne voulait s’incruster d’aucune façon en rien dans mon être. J’ai toujours eu un regard très ralenti, comme si je me dédoublais simultanément, tout en vivant les actes de tous les jours. Très tôt, à l’école, je voyais que les enfants étaient déjà enfermés dans des schémas. J’observais cela avec gravité. Je sentais que la plupart des enfants vivaient exactement comme leurs parents. Tout le monde était d’accord pour vivre de la même façon, penser de la même façon. Personne ne remettait en cause cela. Leur monde était comme figé. Je jouais souvent avec les garçons car les filles m’ennuyaient avec leur poussette, landau et compagnie. Avec les garçons, j’entrais dans des jeux imaginaires d’une grande puissance, et je pouvais devenir un indien, un cow-boy, ou même un escaladeur. J’ai appris très tôt à partir dans la campagne, toute seule, à l’aventure. C’est durant ces interminables escapades que je devins familière des herbes hautes, des sauterelles, des papillons, et de toutes sortes de petites bêtes. Chacune était une personne pour l’enfant que j’étais. De fait, rien ne m’était étranger. Je n’avais pas peur d’escalader les rochers, ni de me réfugier dans les bras des arbres. Je prenais le temps de tout observer avec une minutie qui rallongeait le temps. Tout se ralentissait de cette crucialité. Je pouvais regarder la lumière à travers une feuille, et suivre les pourtours ou les nervures sans me lasser. Je touchais tout cela qui me parlait, qui me disait tant de choses en son langage secret. J’écoutais. Je pense que l’état de béatitude vient surement de ces longs moments de solitude, et je pleurais d’amour en me laissant traverser par le vent du printemps. Il me prenait des fous rires rien que par sa force caressante. Je lui disais bonjour, et je lui murmurais des choses comme si je le reconnaissais à chaque fois. Il m’enivrait de ses voyages et de son invisible présence.

     Tout a toujours été vivant et plein de rire et de joie ! Je passais des heures à sculpter des formes dans le sable. Lors que j’avais faim, je prenais un caillou et je le mettais dans la bouche. Parfois, je me nourrissais de feuilles, ou de baies sauvages. J’allais recueillir quelque sève d’érable. Je scrutais le ciel avec émerveillement et je rusais souvent en hiver pour sortir plus tôt le matin afin d’attraper La Lune. J’étais fascinée par La Vie. Tout me parlait de Quelque Chose, et tout me disait que Cela était La Joie et L’Amour.

   L’Autre, c’est La Vie-Elle même, si vivante de messages multiples, si riche de transmission, si Etant de L’Etat. La Vie s’accueille de sa propre dimension, Don précieux d’interpellations diverses. Perception qui n’est pas une habitude, tout en étant neuve d’évidence. C’est en cette concentration constante que Cela commence comme à nous lancer la cordée de Reliance. Rien n’est anodin et tout attire le regard. Tout est à chanter et tout nous invite à cette Quête, Quête de Soi, Quête de L’Autre. Tout m’a appris à être émerveillée de celui qui est là, présent à soi, comme une Beauté à découvrir en permanence. Lors, je n’ai jamais pu considérer L’Autre comme un étranger, plutôt comme un autre Soi, et je trouvais naturel de ne pas se manquer. La plupart des gens ne voient jamais L’Autre, car ils ne voient rien, ni même eux-mêmes, étrangers qu’ils sont à La Vie, se moulant à la hâte indifférente, cultivant une sorte de nébuleuse entraînante et visant uniquement la survivance.

Alexi ZaitsevPeinture de Alexi Zaitsev

3 commentaires sur “Genèse d’une Rupture : L’Autre

    • L’Altérité est un niveau de conscience. Étrangement, plus nous sommes en une individuation et plus nous voyons L’Autre. Plus La Conscience est éclairée et plus son champ de vision s’étend. Cela ne veut pas dire que nous soyons en une sociabilité quantitativement et nécessairement exprimée, mais plutôt en cette Réalité Compassionnelle et en une Empathie reliée directement à L’Amour inconditionnel. Moins nous sommes proches de l’individuation et plus nous recherchons à multiplier les présences et relations, car notre vie intérieure très pauvre ne suffit pas à nous donner un sens à notre vie. Nous sommes dans le besoin de vérifier notre existence, de la prouver, de nous donner l’illusion de vie. Mais, nous ne tissons pas forcément des liens d’humanité avec l’autre pour autant, puisque ne cherchant en l’autre que notre ego.

      La Réalité de L’Autre est notre Réalité. Si nous avons percé en nous, nous percevons L’Autre en cette Unité de La Vie. Nous ne sommes pas en cette logique égotique du « j’aime » ou du « je n’aime pas ». La vraie Relation à L’Autre est plutôt : je suis là, présent à toi, comme présent à mon être, et présent en La Présence. Je te vois. Je sais. Voilà la réelle relation. Tout le reste est arrangement égotique pour se donner le change et fuir notre réalité.

      A observer, l’on apprend beaucoup. A méditer, l’on obtient des clefs. A se relier, l’on est à vivre. A vivre, nous aimons sans condition. L’Amour n’est pas un commerce d’intérêt. Il est Voyage et découverte mutuelle en La Présence…

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