Ce chemin qui montait

sentier rocailleux

.

Ce chemin qui montait, si rocailleux, si raide,
Était devenu de ma vie l’allégorie.
Au sommet, je m’étais couché sous une pinède
Qui me rappela le cimetière de la Borie. *

Je les revis, placées côte à côte. Deux tombes
Déjà creusées. Comme prêtes… Était-ce un signe ?
Un petit bois, près du grand pré de la combe ; **
Un de ces lieux où le destin vous assigne.

Des gisants y dormaient, éternels pèlerins
Dont jamais je n’oublierais les nobles visages.
J’en fus, à y penser, étrangement serein.

Une boucle se refermait, petit à petit.
Je mesurai les grands jalons de mon passage
En ce monde. Et celui d’une croisée pressentie…

Marc

.
* La Borie-Noble, en Haut-Languedoc, où vécut Lanza del Vasto (1901-1981)
** Allusion à une chanson populaire ancienne, traduite du vieux languedocien, et dont nous publions ci-dessous la version la plus courante.

Le grand pré de la combe
N’est fauché qu’à demi
N’est fauché qu’à demi, la dondaine

Ah ! le bras m’en retombe,
Ah ! faucheur mon ami
Ah faucheur mon ami, la dondaine
La journée est bien longue
Et vous voilà bien las
Et vous voilà bien las, la dondaine

V’là que monte Isabelle
Lui porter à dîner
Tant d’émoi, demoiselle
Tant d’émoi me donnez

Vous ne savez, la belle
Ce qui retient mon bras
L’odeur du foin qui monte
M’empêche de faucher

L’odeur haute et profonde
Qui prend jusqu’au clocher
la cloche la plus belle
Qui s’est mise à sonner

La ronde l’hirondelles
Qui s’est mise à voler
Et vous, surtout, la belle,
Venue ici faner

Et l’envie du potage
Ce soir vous me l’ôtez
car votre amour, ma belle,
M’empêche de manger

Je sais que fille de maître
N’est point pour journalier
Vous le savez peut-être
Jamais ne vous oublierai

Et jusqu’à mon vieil âge
Ne pourrai oublier
Votre si doux visage
Ce sera mon regret

Laisser un commentaire