Littéralisme de la conscience figée

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Lors que le mental appréhende, à lui-seul, le monde dans lequel il évolue, et vous comprendrez que ce mental, ou niveau de conscience, est aussi répandu au sein du monde religieux que dans celui qui s’inscrit hors de la religion, lors que ce mental désire comprendre par lui-même, il se trouve réduit par le peu d’éclairage cognitif, ce qui rend exiguës les possibilités d’interprétations du Vivant. Ainsi, le mental jette sur la vision un écran opaque, dont il peut, à lui-seul, difficilement se défaire. Le mental est une cavité sensorielle exiguë de nature. L’individu qui ne fait intervenir que son mental pour « lire » ce monde, se trouve d’emblée coupé de tous les autres flux possibles de son système cognitif. Il fait usage d’un « lieu » très restreint de son cerveau. Il tend à fixer ses pensées au sein de cette petite parcelle de son être. Il tourne en vase clos. A ce stade de fonctionnement, le mental interprète la vie, selon une littéralité qui fige le monde et ne peut externaliser ses maigres aspirations (car, j’estime qu’il s’agit de maigres aspirations, compte tenu de la réalité exponentielle de l’homme) qu’à travers un égo disloqué et déséquilibré. Qu’il soit religieux ou non, ce type d’individu devient hostile à tout ce qui n’est pas lui. Il s’appuie sur cette solidification pour entreprendre tous les actes réfractaires afin de lutter contre l’esprit. Nous l’aurons compris, cette littéralité peut être aussi bien matérialiste que religieuse.

Il est entendu que nous retrouvons les mêmes caractéristiques chez les uns comme chez les autres. Tous sont des manifestations d’un égo limité et dangereusement dominateur. La vision qu’ils ont du monde est une constante effigie qu’ils érigent comme la seule possible représentation de leur être et du monde. Ils sont, du reste, tellement figés qu’ils compulsent en permanence, comme au sein d’une boucle infernale, autant en eux-mêmes qu’à l’extérieur. Ennemis acharnés de l’Esprit, ils fuient, en des stratégies telles, qu’ils provoquent guerre, incendie, tremblement de terre, destruction, lois erronées, système de valeurs déviées, matérialisme outrancier, affaissement généralisé, totalitarisme etc… Tels sont les littéralistes. Ce sont les combattants des ténèbres (le mental étant la partie la moins éclairée de notre être, la lumière n’y ayant accès que de façon infime). Finalement, ils expriment leur incapacité à circuler au sein de leur propre système cognitif, et leur incapacité à être reliés à l’Intelligence suprême. Voilà pourquoi ils multiplient sans cesse leurs actions à l’extérieur, compulsant en permanence et révélant le champ limité de leur aptitude à la Vie. Voilà pourquoi, les idéologies (qu’elles soient scientifiques ou autres), les doctrines, les pensées philosophiques issues du monde moderne, sont, à elles-seules, les signes d’une réduction effective de la vie par le mental. Tant que l’homme n’aura pas compris qu’il est plus qu’un monde visible, un monde qu’il prive d’âme, de substance, et bien sûr d’essence, imagerie de dupes, hélas, conçue par un mental exclusif, il ne pourra comprendre qu’il est à la fois le symbole et le symbolisé. Il ne comprendra pas le langage de la Manifestation Divine, de l’Esprit en lui. Il sera un étranger au sein d’un monde qu’il a perdu. Il sera de nouveau, cette Atlantide engloutie. Il vivra de nouveau le déluge de son propre être. Il succombera à la division de son être. Car, lire littéralement, c’est se diviser en permanence. Telle est la compréhension que l’on peut avoir de cette ère dans laquelle nous vivons. Nous avons cédé au lieu de décéder à notre mental obstructeur. Nous avons dressé des barrières au sein même de notre être. Nous avons perdu, une fois de plus, les clés ouvrantes de notre conscience-une, en l’isolant dans ce mental restrictif. Nous en sommes venus, et ceci est l’absurde machination synthétisante du siècle, à vouloir créer un robot qui cumulera les multitudes innombrables de notre mental figé tout en croyant que cela est un progrès. Comme il est risible de s’émerveiller d’un mental augmenté ! Pourtant, il ne sera qu’un mental augmenté. Une sorte d’oie que l’on gave et qui engendre une excroissance figée, euh, pardon, une ex-conscience figée ! Et la bête d’engendrer la Bête !

NB : Je tiens à ajouter ceci : aujourd’hui, ce monde tend à « représenter » partout ce déséquilibre terrifiant de l’ère du mental régnant : devenu la projection physique du mental, celui-ci gagne symboliquement le territoire entier du monde. Car, en une inversion phénoménale, le symbolisé se symbolise de façon massive.

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